24 avril 2022

Le Kid de Cincinnati (1965) de Norman Jewison

Titre original : « The Cincinnati Kid »

Le Kid de Cincinnati (The Cincinnati Kid)Surnommé « le Kid de Cincinnati », Eric Stoner est un as du poker à La Nouvelle-Orléans des années 1930. Lorsque le vieux briscard Lancey Howard, le « Roi du poker », arrive pour un court séjour, une rencontre est organisée. Le Kid a bien l’intention de lui ravir son titre…
Le Kid de Cincinnati est un film américain réalisé par Norman Jewison, d’après un roman de Richard Jessup. L’histoire rappelle fortement L’Arnaqueur (The Hustler, 1961, de Robert Rossen avec Paul Newman) qui se déroulait dans le monde du billard. Il faut bien avouer que le poker est moins cinégénique que le billard mais la partie en elle-même, qui occupe le dernier tiers du film, parvient assez bien à nous tenir en haleine. La tension est assez forte, sans être très intense toutefois. L’opposition générationnelle entre les deux opposants est finalement peu exploitée. Si le film peut nous laisser sur des impressions mitigées, c’est surtout du fait de sa très longue mise en place qui peine à intéresser, et donne même une impression de remplissage. Les personnages n’ont que peu de profondeur et le personnage du Kid ne provoque pas l’empathie. Les rôles principaux sont pourtant bien tenus et Ann-Margret se montre particulièrement sensuelle dans son rôle de tentatrice vénéneuse. Le Kid de Cincinnati ne tient pas la comparaison avec L’Arnaqueur.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Steve McQueen, Edward G. Robinson, Ann-Margret, Karl Malden, Tuesday Weld, Joan Blondell, Rip Torn, Jack Weston, Cab Calloway, Jeff Corey
Voir la fiche du film et la filmographie de Norman Jewison sur le site IMDB.

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Remarques :
* Le film devait être réalisé par Sam Peckinpah mais celui-ci fut renvoyé par les producteurs dès les premiers jours pour être remplacé par Norman Jewison.
* Le film français longuement décrit par la petite amie du Kid est La Kermesse héroïque de Jacques Feyder (1935).

Le Kid de Cincinnati (The Cincinnati Kid)Cab Calloway, Edward G. Robinson (de dos), Jack Weston, Steve McQueen et Karl Malden (debout de profil)
dans Le Kid de Cincinnati (The Cincinnati Kid) de Norman Jewison.

Le Kid de Cincinnati (The Cincinnati Kid)Steve McQueen, Ann-Margret et Tuesday Weld dans Le Kid de Cincinnati (The Cincinnati Kid) de Norman Jewison.

Le Kid de Cincinnati (The Cincinnati Kid)Steve McQueen et Edward G. Robinson dans Le Kid de Cincinnati (The Cincinnati Kid) de Norman Jewison.

7 mai 2014

5 cartes à abattre (1968) de Henry Hathaway

Titre original : « 5 Card Stud »

5 cartes à abattreDans une petite bourgade du Far-West, une partie de poker tourne mal : l’un des joueurs, un étranger, est surpris à tricher. Furieux, les autres joueurs le pendent, un seul d’entre eux (Dean Martin) essaie de s’opposer et se fait assommer. Peu après, les participants à ce lynchage se font tuer un à un… 5 cartes à abattre est adapté d’un roman de Ray Gaulden (1). C’est un western assez atypique : il est en réalité plus proche d’un film policier à suspense que d’un western. Robert Mitchum interprète ici un pasteur qui manie le colt et la Bible avec autant de dextérité, une composition qui n’est pas sans rappeler celle de La Nuit du chasseur. Cette similitude atténue quelque peu le suspense. On pourra aussi regretter que certains personnages secondaires soient bien mal développés. Inger Stevens et surtout Roddy McDowall font une belle prestation. L’ensemble n’est pas mémorable, sans toutefois être déplaisant à regarder. La musique est de Maurice Jarre et l’entêtante chanson du générique est interprétée par Dean Martin.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Dean Martin, Robert Mitchum, Inger Stevens, Roddy McDowall
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Remarques :
* 5 Card Stud est le nom d’une variante de poker (1 carte fermée et 4 cartes ouvertes)

* Homonyme (sans aucun autre point commun) :
5 Card Stud de Hank Saroyan (2002) avec Khrystyne Haje

(1) Un autre film, La Main qui Venge (Dark City) de William Dieterle (1950) avec Charlon Heston et Lizabeth Scott, repose sur une histoire assez proche : c’est un film noir se déroulant à l’époque actuelle, en milieu urbain, où un joueur se suicide par pendaison après avoir perdu de l’argent qui ne lui appartenait pas dans une partie de poker. Ne croyant pas au suicide, son frère venait se faire justice.

19 août 2013

L’homme au bras d’or (1955) de Otto Preminger

Titre original : « The Man with the Golden Arm »

L'homme au bras d'orFrankie revient dans son quartier après un séjour forcé dans un centre de désintoxication. Il est bien décidé à changer de vie : au lieu de continuer à être donneur dans les parties de poker pour deux petits arnaqueurs, il veut maintenant être batteur dans un groupe de jazz. Mais ses anciennes mauvaises fréquentations vont tout faire pour le faire replonger… En adaptant ce roman de Nelson Algren, Otto Preminger dut batailler contre la censure et le film sortit sans le fameux sceau MPAA. L’homme au bras d’or n’incite pourtant pas à s’adonner à la drogue, loin de là, mais son tort selon le Code Hays était d’en parler. Il nous montre en effet, sans fard et sans crainte de choquer, l’enfer de l’addiction et l’incroyable difficulté d’en sortir. Les scènes de sevrage sont marquantes. En cela, il évoque le film de Billy Wilder Le Poison (The Lost Weekend, 1945) qui traitait de l’alcoolisme. Fort bien interprété par Frank Sinatra, L’homme au bras d’or est un film courageux, plutôt difficile et le très grand succès du film à sa sortie n’en que plus remarquable. Le film est également célèbre pour son thème musical créé par Elmer Bernstein, une telle utilisation du jazz n’était alors pas si courante, et pour son admirable générique de début créé par Saul Bass.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Frank Sinatra, Eleanor Parker, Kim Novak, Arnold Stang, Darren McGavin
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Remarque :
Otto Preminger avait déjà eu à batailler contre la censure pour son film La Lune était bleue (The Moon Is Blue, 1953), une comédie dans laquelle figuraient des mots interdits par le Code Hays : virgin, seduce et mistress (soit : vierge, séduire et maitresse). Le film avait également été diffusé sans le sceau MPAA.

13 avril 2013

An Eastern Westerner (1920) de Hal Roach

An Eastern Westerner(Muet, 23 min) Un jeune homme habitant New York mène une vie oisive. Exaspéré, son père l’envoie dans le ranch de son oncle dans le grand Ouest. Le train le dépose dans la petite bourgade de Piute Pass où sévit le violent Tompkins. Celui-ci tente d’abuser d’une jeune fille… An Eastern Westerner est l’un des premiers films qu’Harold Lloyd a tourné après son grave accident où il perdit le pouce et l’index de la main droite (1). Il faut toutefois prêter soigneusement attention pour remarquer qu’il évite le plus souvent de servir de sa main. Le film se déroule en deux parties : la première assez courte dans un dancing-hall new yorkais (où il est interdit de se trémousser « Shimmie dancing prohibited »), la seconde dans le grand Ouest, dans la rue du village et dans le saloon. L’histoire est assez proche de celle de Billy Blazes, Esq. tourné un an plus tôt. Les gags sont classiques mais très bien amenés, parfaitement enchainés. An Eastern Westerner est un bon court métrage d’Harold Lloyd.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Mildred Davis, Noah Young
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Remarque :
On notera la similitude des masques portés par les sbires du méchant Tompkins avec ceux du Ku-Klux-Klan.

(1) En août 1919, Harold Lloyd se rend à une séance photo. L’une des poses qu’il doit prendre est d’allumer négligemment une cigarette avec la mèche allumée d’une bombe qu’il tient à la main. Du fait d’une erreur d’accessoire, il se retrouva avec une vraie bombe dans la main. L’explosion fut terrible, le blessant au visage et lui arrachant le pouce et l’index de la main droite. Pendant tout le restant de sa carrière, Harold Lloyd utilisera une prothèse très bien faite, cachée par un gant couleur chair, pour que cela ne se remarque pas à l’écran et il utilisera beaucoup sa main gauche. Toutes les prouesses acrobatiques qu’il fit par la suite paraissent d’autant plus extraordinaires quand on sait qu’il n’avait plus que trois doigts valides à la main droite.

29 septembre 2012

Comme un torrent (1958) de Vincente Minnelli

Titre original : « Some came running »

Comme un torrentMilitaire démobilisé, Dave Hirsch revient dans sa ville natale après une longue absence, accompagné par une fille rencontrée dans un bar. Ecrivain de talent mais sans succès, porté sur l’alcool, il retrouve son frère qui l’avait abandonné et qui a réussi socialement… Adaptation d’un roman fleuve semi-autobiographique de James Jones, Comme un torrent est un grand mélodrame dont le point fort est l’excellente caractérisation des personnages. Comme un torrent La palette de comportements est large, peut-être même trop large pour garder son authenticité. Dean Martin et Shirley MacLaine font de belles prestations, le choix de Frank Sinatra est bien entendu plus discutable (est-il vraiment un acteur ?) Incapable de répéter une scène ou de faire de plusieurs prises, le crooner a certainement gêné le perfectionnisme de Minnelli, qui apporte comme toujours beaucoup de soin à la reconstitution et au cadrage, utilisant beaucoup ici les plans larges. Le film montre une belle progression dans l’intensité et la célèbre scène finale, dans la fête foraine, en est le moment le plus fort.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Frank Sinatra, Dean Martin, Shirley MacLaine, Martha Hyer, Arthur Kennedy, Leora Dana
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Remarques :
* Le personnage de Dean Martin, avec son chapeau qu’il ne quitte jamais, a inspiré Godard pour le personnage joué par Michel Piccoli dans Le Mépris.
* Le titre Some Came Running vient d’une phrase de l’Evangile selon Saint Marc que James Jones avait placé en épigraphe de son roman.
* Vincente Minnelli précise dans son autobiographie : « Le film a été tourné dans le ville de Madison dans l’Indiana qui avait été élue « petite ville de province type » par un comité d’efforts de guerre en 1941, qui avait utilisé les décors naturels de la ville à des fins documentaires. » A noter que le documentaire de 12 minutes en question, The Town (1944), a été réalisé par Josef von Sternberg.