13 novembre 2023

Les Tribulations de Balthazar Kober (1988) de Wojciech Has

Titre original : « Niezwykla podróz Baltazara Kobera »

Les tribulations de Balthazar Kober (Niezwykla podróz Baltazara Kobera)Allemagne, XVIe siècle. L’adolescent Balthazar, naïf et un peu bègue, est capable de parler avec les morts, notamment son frère jumeau décédé à l’âge de cinq ans et sa défunte mère. L’archange Gabriel lui est aussi apparu. Son père l’envoie apprendre la théologie à Dresde, sous la tutelle d’un recteur plutôt inquiétant. Tourmenté par ses camarades, il a une vision qui lui demande de retourner voir son père mourant. En chemin, il rencontre l’extravagant Papagallo à la tête d’un groupe de saltimbanques, sorte de société secrète. Il entrevoit une jolie joueuse de luth, Rosa, dont il tombe amoureux. Il rencontre ensuite le Maitre (Michael Lonsdale), qui le prend pour disciple, lui ouvre l’esprit et conforte sa foi. Balthazar compulse de gros manuscrits interdits par l’Église, découvre les arcanes de la cabale, les symboles du monde à l’envers. Parvenu à Venise, il retrouve Rosa sur le fleuve des morts…
Les Tribulations de Balthasar Kober est un film franco-polonais écrit et réalisé par Wojciech Has, son ultime long métrage, d’après le roman de l’écrivain français Frédérick Tristan, Les Tribulations héroïques de Balthasar Kober publié en 1980. L’histoire est riche (exceptionnellement, le résumé ci-dessus est complet pour aider à mieux comprendre, j’aurais aimé lire ce type de résumé avant de voir le film). Aspirant à l’illumination spirituelle, le jeune Balthazar parcourt une Europe engluée dans les problèmes religieux à la recherche d’une jeune fille qui, à ses yeux, représente la Grâce. Il s’agit donc d’un parcours initiatique dans la veine du Manuscrit trouvé à Saragosse, mais les aventures sont ici plus sombres et moins picaresques. Plus gênant, l’ensemble sonne faux, le récit peine à nous intéresser et paraît même ennuyeux. Il ne reste qu’à admirer l’esthétisme de Wojciech Has, certains de ses plans sont de véritables tableaux. (1)
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Rafal Wieczynski, Michael Lonsdale, Adrianna Biedrzynska, Gabriela Kownacka, Emmanuelle Riva, Daniel Emilfork, Zbigniew Zamachowski
Voir la fiche du film et la filmographie de Wojciech Has sur le site IMDB.

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(1) Le site de la cinémathèque polonaise qui permet de voir ce film précise dans sa présentation : « L’intrigue est ennuyeuse mais l’esthétisme travaillé du film est remarquable. Il s’inspire des peintures de la fin de la Renaissance et du début du baroque peintes par Sandro Boticelli, Rafael Santi, Rembrandt, Michel-Ange Le Caravage ou Hieronim Bosch. En plus de cela, on pourra noter un certain surréalisme typique de Wojciech Has. » (lien)

Rafal Wieczynski dans Les tribulations de Balthazar Kober (Niezwykla podróz Baltazara Kobera) de Wojciech Has.
Adrianna Biedrzynska dans Les tribulations de Balthazar Kober (Niezwykla podróz Baltazara Kobera) de Wojciech Has.
Jerzy Bonczak et Michael Lonsdale dans Les tribulations de Balthazar Kober (Niezwykla podróz Baltazara Kobera) de Wojciech Has.

3 janvier 2023

La Scandaleuse de Berlin (1948) de Billy Wilder

Titre original : « A Foreign Affair »

La Scandaleuse de Berlin (A Foreign Affair)Berlin, 1948. Phoebe Frost (Jean Arthur), membre d’une délégation du Congrès américain, enquête sur le moral des soldats qui occupent la ville. Très vite, elle découvre qu’ils prennent du bon temps et que l’un d’eux a une liaison avec une femme soupçonnée d’être une ancienne nazie…
La Scandaleuse de Berlin est un film américain réalisé par Billy Wilder. Il en a cosigné le scénario avec son compère Charles Brackett et Richard L. Breen (aucun lien avec le sinistre Joseph Breen) d’après une histoire de David Shaw. C’est alors qu’il était en Europe au lendemain de la guerre pour rechercher sa famille (1) et tourner pour le gouvernement américain un court métrage sur les camps de la mort (Death Mills, 1945) qu’il eut l’idée de départ de La Scandaleuse de Berlin. Les conséquences de la guerre et de la dénazification n’est pas un sujet qui prête à la légèreté et pourtant Billy Wilder réussit à en faire une comédie tout en restant ancré dans la réalité, ce qui est remarquable. L’équilibre est parfait. Les vues extérieures ont été tournées sur place dans un Berlin en ruines, tout le reste étant fait en studio à Hollywood. Le cinéaste introduit très habilement une critique du puritanisme alors en grande vogue aux Etats-Unis. Si le scénario est vraiment brillant, l’interprétation n’est qu’adéquate. Farouche opposante au nazisme (2), Marlene Dietrich n’a accepté qu’à contre-cœur d’interpréter une ancienne nazie et elle ne montre aucune ardeur. Face à elle, John Lund est bien terne. Le tournage fut tendu du fait de rivalités entre Marlene Dietrich et Jean Arthur. Mais cela n’oblitère en rien la réussite de l’ensemble. Plutôt ignoré par la critique à sa sortie, parfois même accusé d’anti-américanisme aux Etats-Unis, le film dut attendre les années 1980 pour être reconsidéré.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jean Arthur, Marlene Dietrich, John Lund, Millard Mitchell
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La Scandaleuse de Berlin (A Foreign Affair)Marlene Dietrich, John Lund et Jean Arthur dans La Scandaleuse de Berlin (A Foreign Affair) de Billy Wilder.

La Scandaleuse de Berlin (A Foreign Affair)Billy Wilder et Marlene Dietrich sur le tournage de La Scandaleuse de Berlin (A Foreign Affair) de Billy Wilder.

Remarque :
* Par certains côtés, le scénario évoque celui de Ninotchka de Lubitsch (1939), également scénarisé par Billy Wilder et Charles Brackett, le personnage tenu par Jean Arthur étant à rapprocher à celui tenu par Greta Garbo (une femme très rigide dans ses convictions qui s’éveille à l’amour).

(1) La famille de Billy Wilder a disparu dans les camps.
(2) Pendant la guerre, Marlene Dietrich a fait partie des acteurs/actrices  les plus actifs dans les tournées USO pour remonter le moral des troupes américaines.

5 octobre 2022

Les hommes le dimanche (1930) de Robert Siodmak, Edgar G. Ulmer et Rochus Gliese

Titre original : « Menschen am Sonntag »

Les hommes le dimanche (Menschen am Sonntag)A Berlin, un samedi, Erwin aborde une jeune femme dans la rue et ils sympathisent. Ils se donnent rendez-vous pour aller passer le dimanche au bord du lac. Ils viennent chacun avec un(e) ami(e)…
Les hommes le dimanche est un film muet allemand réalisé par Edgar G. Ulmer et Robert Siodmak, c’est le premier long métrage de chacun des deux. Le scénario est signé par le jeune Billy Wilder (23 ans) sur une idée de départ de Curt Siodmak, frère de Robert. Le film se situe entre le documentaire et la fiction. Le générique du début indique qu’il s’agit d’un « film sans acteur » et présente le vrai métier des interprètes des cinq personnages principaux. Le film a deux aspects : d’une part, l’histoire de l’escapade dominicale de ces personnages avec une approche très cinématographique des plans et des cadrages ; d’autre part, des scènes plus générales, plus documentaires, qui nous montrent la vie de Berlin à cette époque. Le film a été tourné sous la république de Weimar (donc avant que les nazis prennent le pouvoir), à la fin d’une période plutôt faste (seconde moitié des années 20, juste avant la crise de 1929). Par ses scènes documentaires, Les hommes le dimanche s’inscrit dans le mouvement de la Nouvelle Objectivité qui délaissait l’expressionnisme pour revenir au réel et au quotidien (on peut considérer ce mouvement comme précurseur du néoréalisme italien des années 40). Le film a été récemment restauré dans un état proche de celui d’origine.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Erwin Splettstößer, Brigitte Borchert, Wolfgang von Waltershausen, Christl Ehlers
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Remarque :
Non crédité au générique, Rochus Gliese aurait tourné certaines scènes documentaires.

Les hommes le dimanche (Menschen am Sonntag)Wolfgang von Waltershausen, Christl Ehlers et Brigitte Borchert dans Les hommes le dimanche (Menschen am Sonntag) de Robert Siodmak & Edgar G. Ulmer.

13 juillet 2022

Des roses pour le procureur (1959) de Wolfgang Staudte

Titre original : « Rosen für den Staatsanwalt »

Des roses pour le procureur (Rosen für den Staatsanwalt)Dans les derniers jours de la Seconde Guerre mondiale, un jeune soldat allemand est condamné à mort pour avoir volé deux boites de chocolat. Il parvient à s’échapper le jour de son exécution. Dix ans plus tard, il se retrouve par hasard face au procureur militaire qui l’a condamné. Celui-ci est devenu procureur civil après avoir caché son passé nazi…
Des roses pour le procureur est un film ouest-allemand de Wolfgang Staudte, réalisateur est-allemand passé à l’ouest en 1956. Il a signé après-guerre des films sur la culpabilité allemande et anti-nazis. Celui-ci pointe les imperfections de la dénazification et dresse un portrait satirique de la justice. Assez étonnamment, le ton est assez léger, proche de la comédie, une condition imposée au réalisateur pour bénéficier du budget nécessaire. Le dosage entre tragédie et comédie est réussi et la force du propos n’est aucunement diminuée par les nombreuses notes d’humour. En outre, le film bénéficie d’une solide interprétation qui contribue à le rendre assez remarquable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Martin Held, Walter Giller, Ingrid van Bergen, Camilla Spira, Werner Peters
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Des roses pour le procureur (Rosen für den Staatsanwalt)Martin Held et Walter Giller dans Des roses pour le procureur (Rosen für den Staatsanwalt) de Wolfgang Staudte.

Remarque :
* En marge du récit principal, quelques scènes (et les roses du titre) évoquent l’affaire Zind, du nom d’un professeur qui avait réussi à fuir le pays en 1957 après des propos antisémites justifiant le gazage des Juifs.

27 octobre 2021

Lola, une femme allemande (1981) de Rainer Fassbinder

Titre original : « Lola »

Lola, une femme allemande (Lola)En 1957, un nouveau directeur de l’urbanisme prend ses fonctions dans une ville de Bavière. Originaire de Prusse orientale, l’homme apparaît rapidement peu enclin aux compromissions, ce qui inquiète les notables de la ville qui profitent de la reconstruction pour s’enrichir…
Pour Lola, Rainer Werner Fassbinder s’est inpiré du roman d’Heinrich Mann, Professeur Unrat, qui avait déjà engendré L’Ange Bleu (1930). Il en a transposé l’histoire dans l’Allemagne des années cinquante en pleine reconstruction. Ce n’est toutefois nullement un remake car le cinéaste s’est éloigné le plus possible du film de Sternberg pour ne garder que la situation de base : un fonctionnaire sage et consciencieux tombe amoureux d’une femme de petite vertu et se retrouve transformé par cet amour non partagé. Fassbinder ne suit pas non plus le schéma classique du film dénonçant la spéculation et l’hypocrisie d’une classe de notables aux moeurs dépravés. On peut même dire qu’il s’abstient de porter un jugement politique ou moral. Il semble plutôt s’attacher à montrer qu’un système basé sur une fausse honnêteté perdure en se construisant sur le fonctionnement réel des individus, incluant leurs désirs et leurs fantasmes. Fassbinder parvient à créer des personnages forts, même si c’est au prix d’un jeu des acteurs assez appuyé comme c’est le cas pour Mario Adorf. Il crée aussi une atmosphère douce tout en étant incisive. Le cinéaste fait une utilisation étonnante de la couleur en éclairant les personnages en bleu, jaune ou rouge selon leurs sentiments, procédé qui en d’autre mains aurait paru simplet. Le film a été parfois mal perçu pour son contenu, jugé pas assez militant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Barbara Sukowa, Armin Mueller-Stahl, Mario Adorf, Matthias Fuchs, Helga Feddersen, Karin Baal, Ivan Desny, Hark Bohm
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Remarque :
* Lola s’incrit dans une trilogie que Fassbinder a appelée BRD (= BundesRepublik Deutschland), qu’il n’a pas tournée dans l’ordre chronologique :
BRD 1 : Le Mariage de Maria Braun (1979) (‘BRD 1’ non mentionné au générique)
BRD 2 : Le Secret de Veronika Voss (1982)
BRD 3: Lola, une femme allemande (1981).

Lola, une femme allemande (Lola)Armin Mueller-Stahl et Barbara Sukowa dans Lola, une femme allemande (Lola) de Rainer Werner Fassbinder.

Lola, une femme allemande (Lola)Barbara Sukowa et Mario Adorf dans Lola, une femme allemande (Lola) de Rainer Werner Fassbinder.

12 octobre 2021

Intrigo: Mort d’un auteur (2018) de Daniel Alfredson

Titre original : « Intrigo: Death of an Author »

Intrigo: Mort d'un Auteur (Intrigo: Death of an Author)Dans sa villa perdue sur une île grecque, un célèbre romancier reçoit la visite d’un apprenti écrivain qui lui raconte les grandes lignes de son futur roman dans l’espoir d’avoir des conseils. Il commence à raconter l’histoire de son roman, celle d’un homme dont l’épouse lui annonce en plein voyage romantique qu’elle le quitte pour un autre…
Intrigo : Mort d’un auteur est un thriller helvético-germano-américain coécrit et réalisé par le suédois Daniel Alfredson. C’est le premier film d’une série d’adaptations de nouvelles de l’auteur suédois de romans policiers Håkan Nesser. L’intrigue, assez tortueuse mais bien construite, se déroule en Allemagne dans le monde de l’édition. Le climat créé est vraiment très plaisant et la superbe voix de Benno Fürmann y contribue grandement. Les personnages semblent très proches de nous. Tous les rôles sont très bien tenus. On est rapidement happé par cette histoire, et que certains éléments ne soient pas très crédibles n’y change rien. Bizarrement (du moins à mes yeux), le film ne semble pas plaire… est-ce par manque de scènes d’action ? A noter que le film n’est pas sorti en salles en France.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ben Kingsley, Benno Fürmann, Tuva Novotny, Michael Byrne, Veronica Ferres, Daniela Lavender
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Intrigo: Mort d'un Auteur (Intrigo: Death of an Author)Benno Fürmann dans Intrigo: Mort d’un Auteur (Intrigo: Death of an Author) de Daniel Alfredson.

Intrigo: Mort d'un Auteur (Intrigo: Death of an Author)Benno Fürmann et Ben Kingsley dans Intrigo: Mort d’un Auteur (Intrigo: Death of an Author) de Daniel Alfredson.

Les trois films Intrigo :
1. Intrigo : Mort d’un auteur de Daniel Alfredson (2018)
2. Intrigo: Chère Agnès de Daniel Alfredson (2019)
3. Intrigo: Samaria de Daniel Alfredson (2019)

29 juillet 2021

Le Dernier Témoin (1960) de Wolfgang Staudte

Titre original : « Der letzte Zeuge »

Le Dernier Témoin (Der letzte Zeuge)En pleine réunion, un industriel est interrompu par un coup de fil personnel urgent. Sa jeune maitresse l’informe qu’elle vient de retrouver son bébé assassiné dans son appartement. Désemparée, elle va chercher refuge chez un ancien amant. Quand la police arrive sur les lieux, la mère est tout de suite soupçonnée du crime…
Le Dernier Témoin est un film allemand réalisé par Wolfgang Staudte. Il est basé sur un livre de Maximilian Vernberg qui mettait en cause le fonctionnement de la justice allemande de l’époque, critiquant les enquêtes préliminaires expéditives, les conditions primitives de la détention provisoire et les partis-pris moraux des tribunaux. Son livre ne trouvera un éditeur qu’après son adaptation en film. Les scénaristes Robert A. Stemmle et Thomas Keck ont créé un scénario pour illustrer le propos. Nous assistons aux interrogatoires qui ne ménagent guère les suspects, puis à l’enquête de l’avocat de la défense. L’ensemble est prenant même si l’on peut être déçu après la projection de réaliser qu’il est entaché de nombreuses incohérences. Toutefois, le but initial de critiquer le système judiciaire allemand est bien atteint. Le film a connu un certain succès en Allemagne à sa sortie.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Martin Held, Hanns Lothar, Ellen Schwiers, Jürgen Goslar, Adelheid Seeck
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 Le Dernier Témoin (Der letzte Zeuge)Ellen Schwiers (au centre) dans Le Dernier Témoin (Der letzte Zeuge) de Wolfgang Staudte.

23 juillet 2021

Benni (2019) de Nora Fingscheidt

Titre original : « Systemsprenger »

Benni (Systemsprenger)Benni est une petite fille de neuf ans, agressive, ne pouvant rester longtemps dans une famille d’accueil ou dans un centre spécialisé. Madame Bafané, des services sociaux, la confie à Micha, un éducateur qui a travaillé avec des garçons délinquants…
Benni est écrit et réalisé par la cinéaste allemande Nora Fingscheidt. Elle dit avoir eu depuis longtemps l’idée de faire un film sur une petite fille « sauvage » car elle était elle-même ainsi quand elle était enfant. Le film lui a demandé quatre années de recherches et d’écriture. D’emblée, on est frappé par la violence de la fillette et le film se reçoit comme un coup de poing. Hormis l’évocation d’un traumatisme ancien, ce n’est pas l’origine de cette attitude qui est l’objet du récit mais la difficulté à prendre en charge de tels cas extrêmes lorsque les parents, en l’occurrence la mère, sont totalement dépassés et ont jeté l’éponge. Le film tire sa puissance de son authenticité, due certainement à la qualité du travail de documentation de la cinéaste mais aussi au jeu extraordinaire de la très jeune actrice Hélena Zengel : malgré son visage angélique, elle fait vraiment peur lorsqu’elle part en crise, nous sommes loin de la crise d’enfant gâté. Albrecht Schuch fait également une belle prestation. Le film est un peu trop long, plutôt dur mais doté d’une indéniable puissance.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Helena Zengel, Albrecht Schuch, Gabriela Maria Schmeide, Lisa Hagmeister
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Benni (Systemsprenger)Helena Zengel dans Benni (Systemsprenger) de Nora Fingscheidt.

Benni (Systemsprenger)Helena Zengel et Albrecht Schuch dans Benni (Systemsprenger) de Nora Fingscheidt.

18 octobre 2020

La Fille Rosemarie (1958) de Rolf Thiele

Titre original : « Das Mädchen Rosemarie »
Autre titre français (TV) : « Prénom : Rosemarie »

La Fille Rosemarie (Das Mädchen Rosemarie)Dans l’Allemagne des années cinquante en plein renouveau économique, une jeune femme cherche à séduire des industriels dans l’espoir de s’intégrer à la haute société. Réalisant qu’elle ne pourra y parvenir vraiment, elle accepte de pratiquer l’espionnage industriel sur l’oreiller pour le compte d’un mystérieux entrepreneur français…
Ce film allemand de 1958 s’inspire directement d’un fait divers survenu l’année précédente à Francfort-sur-le-Main : le meurtre d’une prostituée de luxe, Rosemarie Nitribitt, qui a causé un grand scandale car le carnet d’adresses de la jeune femme était rempli de noms d’hommes politiques et d’industriels du pays. Ce meurtre n’a, à ce jour, toujours pas été élucidé. Cette histoire est surtout l’occasion pour le cinéaste de livrer un portrait mordant des milieux économiques et financiers et de ridiculiser l’arrivisme des grands industriels. Il le fait non sans humour, ce qui donne parfois un ton de comédie à l’histoire. Le film est assez remarquable sa belle photographie noir et blanc et la qualité de son interprétation. Il permit à l’actrice Nadja Tiller de connaitre une notoriété internationale. Peu connu aujourd’hui, La Fille Rosemarie connut pourtant un grand succès à sa sortie et remporta le Lion d’or à la Mostra de Venise. Avec le recul, le film nous apparaît assez unique en son genre.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Nadja Tiller, Peter van Eyck, Carl Raddatz, Gert Fröbe, Hanne Wieder, Mario Adorf, Horst Frank
Voir la fiche du film et la filmographie de Rolf Thiele sur le site IMDB.

Remarques :
* Les films allemands des années cinquante ne sont pas si nombreux. Parmi eux, La Fille Rosemarie est considéré comme étant le seul critiquant le miracle économique de la république de Bonn.
* La Fille Rosemarie est le film le plus remarquable de la filmographie de Rolf Thiele avec une adaptation de Tonio Kröger de Thomas Mann, sélectionnée au Festival international du film de Berlin 1964.

La Fille Rosemarie (Das Mädchen Rosemarie)Nadja Tiller et Carl Raddatz dans La Fille Rosemarie (Das Mädchen Rosemarie) de Rolf Thiele.

16 août 2020

Charlie Chan aux jeux olympiques (1937) de H. Bruce Humberstone

Titre original : « Charlie Chan at the Olympics »

Charlie Chan aux jeux olympiques (Charlie Chan at the Olympics)Alors que son fils aîné est en route vers l’Europe pour aller concourir aux jeux olympiques, Charlie Chan est témoin du détournement d’un avion expérimental de l’armée américaine dans le ciel d’Honolulu. L’avion est retrouvé mais une pièce essentielle pour son guidage a disparu. Le détective va suivre la trace des espions jusqu’à Berlin…
Quatorzième film de la série avec Warner Oland,  Charlie Chan aux jeux olympiques est cette fois plus centré sur l’espionnage que sur un meurtre classique. L’intrigue est un peu confuse du fait du nombre de personnages impliqués et paraît moins bien construite qu’à l’habitude. En revanche, le film est très particulier parce que les jeux olympiques en question sont ceux de Berlin en 1936. Toute publicité pour le régime nazi a visiblement été évitée et, si le film utilise des images d’actualité de la cérémonie d’ouverture, tous les drapeaux ont été gommés (on entrevoit toutefois brièvement des saluts nazis lors de l’arrivée de la flamme). Autre particularité, le film utilise de vraies images, intérieures et extérieures, du dirigeable Hindenburg (retouché image par image à la main pour effacer les croix gammées sur la queue de l’appareil) peu avant la catastrophe de Lakehurst qui aura lieu quinze jours avant la sortie du film.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Warner Oland, Katherine DeMille, Pauline Moore, Allan Lane, Keye Luke
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Voir les autres films de H. Bruce Humberstone chroniqués sur ce blog…

Remarque :
* Katherine DeMille est la fille adoptive de Ceci B. DeMille.

Charlie Chan aux jeux olympiques (Charlie Chan at the Olympics)Morgan Wallace, Warner Oland et Katherine DeMille
dans Charlie Chan aux jeux olympiques (Charlie Chan at the Olympics) de H. Bruce Humberstone.