12 mars 2022

Faire face (1950) de Ida Lupino

Titre original : « Never Fear »

Faire face (Never Fear)Carol, une jeune danseuse, devient brusquement malade, atteinte de poliomyélite. Elle doit renoncer à son métier et intègre un centre de rééducation. Son partenaire danseur et fiancé veut continuer leur relation mais elle pense préférer faire face à la maladie toute seule…
Faire face (Never Fear) est un film américain réalisé par Ida Lupino. C’est le deuxième long métrage de l’actrice devenue réalisatrice, le premier qu’elle prend en charge de bout en bout. Elle en a coécrit le scénario en s’inspirant d’un épisode de sa vie quand elle était adolescente, seize ans plus tôt. Elle a tourné son film en décors réels dans l’hôpital où elle a été soignée, certains figurants sont de vrais patients. Le récit nous montre les différentes phases par lesquelles passe la victime, un long parcours de rééducation qui altère la confiance en soi et obscurcit toute vision d’avenir. Le film est ainsi un habile mélange de documentaire et de mélodrame. Si quelques effets peuvent paraitre un peu trop appuyés, la réalisatrice montre une grande sensibilité dans son récit et évite toute mièvrerie. Le film n’eut aucun succès à sa sortie, en grande partie parce que la polio était alors une maladie qui faisait peur. Aujourd’hui, ce virus est considéré comme éradiqué dans de nombreux pays grâce à la vaccination.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sally Forrest, Keefe Brasselle, Hugh O’Brian, Lawrence Dobkin
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 Faire face (Never Fear)Keefe Brasselle et Sally Forrest dans Faire face (Never Fear) de Ida Lupino.

11 mars 2022

Les adolescentes (1960) de Alberto Lattuada

Titre original : « Dolci inganni »

Les adolescentes (Dolci inganni)Francesca, adolescente de dix-sept ans, issue d’un milieu aisé, se réveille un matin après un rêve sensuel qui la trouble. Au lieu de se rendre au lycée comme habituellement, elle fait une visite impromptue chez Enrico, un séduisant architecte, ami de la famille mais de vingt ans son aîné, car il était dans son rêve…
Les adolescentes (Dolci inganni = douces déceptions) est un film franco-italien, co-écrit et réalisé par Alberto Lattuada. Cet éclectique réalisateur italien a touché à tous les genres au cours de sa carrière. Ici, il s’agit d’un portrait de jeune fille dans ligne de son Guendalina (1957). Mais alors que ce dernier était de facture classique, Les adolescentes est plus libre de forme, montrant une certaine inspiration de la Nouvelle Vague. Les jeunes filles de Lattuada sont sérieuses : si leur principal sujet de préoccupation est l’amour, elles restent réfléchies et s’interrogent sur l’amour physique. En 1960, le sujet était tabou et le film fut malmené par la censure (toute la scène qui ouvre le film a longtemps été coupée), d’autant plus que la jeune fille côtoie des personnes aux mœurs très libres. En outre, Lattuada se plait à souligner la sensualité et la féminité des adolescentes. Il parvient parfaitement toutefois à restituer la complexité de l’adolescence et du passage à l’âge adulte qui peut s’avérer, comme le titre original l’indique, être décevant. Le film connut le succès. Il a révélé Catherine Spaak, alors âgée de 15 ans.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Christian Marquand, Catherine Spaak, Jean Sorel, Milly
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Les adolescentes (Dolci inganni)Catherine Spaak et Christian Marquand dans Les adolescentes (Dolci inganni) de Alberto Lattuada.

9 mars 2022

Le Train (1973) de Pierre Granier-Deferre

Le TrainMai 1940. Dans une ville des Ardennes, l’invasion allemande précipite Julien Maroyeur et sa famille dans un train qui doit les évacuer hors de la zone des combats. Sa femme et sa fille ont le droit de monter dans une voiture de première classe, mais Julien doit monter dans le dernier wagon du train : un simple fourgon à bestiaux où se trouvent déjà d’autres voyageurs dont une belle et mystérieuse jeune femme sans bagage…
Le Train est un film franco-italien de Pierre Granier-Deferre. Après Le Chat (1971) et La Veuve Couderc (1971), le réalisateur a choisi une nouvelle fois d’adapter un « roman de mœurs » de Georges Simenon. Il a également puisé dans ses propres souvenirs de l’exode de 1940 qu’il a vécu adolescent. De ce fait, il parvient à ajouter de petits éléments de légèreté malgré le dramatique de la situation. Il s’agit de l’histoire d’une liaison extraconjugale dont la délicatesse et la douceur tranchent avec la brutalité et la dangerosité de l’environnement. L’interprétation des deux acteurs principaux est tout en retenue. Romy Schneider et Jean-Louis Trintignant, certes tous deux dans le style de rôles où ils excellent, montrent une grande justesse et apportent beaucoup d’humanité à cette histoire. En revanche, les autres personnages paraissent un peu trop typés. Pierre Granier-Deferre a en outre utilisé quelques images d’archives pour bien établir le cadre de l’histoire avec un passage du noir et blanc à la couleur assez réussi. L’épilogue est tout à fait différent de celui du roman.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Louis Trintignant, Romy Schneider, Maurice Biraud, Anne Wiazemsky, Régine
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Le TrainJean-Louis Trintignant et Romy Schneider dans Le Train de Pierre Granier-Deferre.

Ne pas confondre avec :
Le Train (The Train) de John Frankenheimer (1964) avec Burt Lancaster et Jeanne Moreau

7 mars 2022

Arabesque (1966) de Stanley Donen

ArabesqueA Londres, le premier ministre d’une république orientale demande à David Pollock, spécialiste des hiéroglyphes, de s’infiltrer chez son adversaire, Nejim Beshraavi, un magnat du pétrole, pour y décoder un message secret. Mais Beshraavi prend David en otage. Il parvient à s’évader grâce à l’aide de Yasmin, la maîtresse de Beshraavi…
Arabesque est un film américain réalisé par Stanley Donen qui reprend les principes de son Charade qui avait connu un beau succès trois ans plus tôt. Il s’agit donc d’une comédie où un homme paisible se retrouve embarqué malgré lui dans une histoire d’espionnage assez extravagante. Cette situation fait penser à Hitchcock, notamment La Mort aux trousses mais le ton est beaucoup plus léger, les méchants sont hauts en couleur et l’esthétique est raffinée. Les décors et les innombrables tenues de Sophia Loren (créées par Christian Dior) donnent à l’ensemble une tonalité très mode sixties. Les couleurs sont éclatantes, les mouvements de caméra sont vifs et les cadrages élaborés. Rebondissements et scènes d’action s’enchaînent bien, il n’y a que peu de temps morts. Amusant et plaisant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gregory Peck, Sophia Loren, Alan Badel, Kieron Moore, Carl Duering, John Merivale, Duncan Lamont
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ArabesqueSophia Loren et Gregory Peck dans Arabesque de Stanley Donen.

5 mars 2022

Super 8 (2011) de J.J. Abrams

Super 8Durant l’été 1979, dans une petite ville d’Ohio, un groupe d’adolescents profitent des vacances pour tourner un petit film de zombies en Super 8. Alors qu’ils filment une scène dans une gare désaffectée, ils sont témoins d’un spectaculaire accident ferroviaire d’un mystérieux train militaire…
Super 8 est un film de science-fiction américain écrit, produit et réalisé par J. J. Abrams. Il est également produit par Steven Spielberg qui s’est personnellement impliqué dans l’écriture et dans la préparation du film. Et effectivement, le résultat est tout à fait dans l’esprit du réalisateur d’E.T. et de Rencontres du troisième type (sans parler de l’affiche ci-contre…) L’histoire donne une grande place aux adolescents, cherchant visiblement à retrouver l’innocence des premiers blockbusters de science-fiction. Elle n’y parvient pas entièrement mais se révèle assez plaisante. Les auteurs ont bien su générer un certain mystère en cours de déroulement, mystère qui fonctionne bien car on ne sait pas à quoi s’attendre. Certains phénomènes sont vraiment inattendus. La dernière partie, celle qui nous dévoile tout, est moins convaincante mais l’épilogue a le mérite d’être beau. Divertissement assuré. Grosse promotion à sa sortie en salles et gros succès.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Joel Courtney, Elle Fanning, Kyle Chandler, Ron Eldard, Riley Griffiths, Noah Emmerich
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Super 8Elle Fanning et Joel Courtney dans Super 8 de J.J. Abrams.

3 mars 2022

A Man Called Adam (1966) de Leo Penn

A Man Called AdamAdam Johnson est un brillant trompettiste (cornettiste plus exactement) en proie à des problèmes de santé, à l’alcoolisme et un tempérament très changeant. Un soir, après avoir été interrompu en plein concert par un poivrot, il envoie promener durement ses plus fidèles musiciens et amis…
A Man Called Adam est l’unique long métrage de Leo Penn (père de Sean Penn). Blacklisté par McCarthy, le réalisateur a en effet bifurqué vers Broadway dès ses débuts dans les années cinquante puis vers la télévision. Le scénario, signé Lester et Tina Pine, ne s’inspire pas de la vie d’un musicien en particulier mais propose le portrait d’un musicien de type « génie tourmenté », le genre qu’il faut mieux avoir en disque qu’à la maison. On découvre qu’une culpabilité tenace est la cause principale de son instabilité. De plus, le racisme ambiant exacerbe les tensions. Le film bénéficie de l’excellente interprétation de Sammy Davis Jr. Les amateurs de jazz sont comblés car les parties jouées par l’acteur sont doublées par le grand Nat Adderley et il y en a suffisamment pour nous ravir. Louis Armstrong, à défaut d’être un grand acteur, est toujours enchanteur quand il monte sur scène.  Sammy Davis Jr. chante deux morceaux et Mel Tormé nous fait un beau « All that Jazz ». Musicalement, c’est un délice.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sammy Davis Jr., Louis Armstrong, Ossie Davis, Cicely Tyson, Frank Sinatra Jr.
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A Man Called AdamSammy Davis Jr. et Frank Sinatra Jr. dans A Man Called Adam de Leo Penn.

2 mars 2022

La Tête à l’envers (2017) de Josef Hader

Titre original : « Wilde Maus »

La Tête à l'envers (Wilde Maus)Un célèbre critique musical est brutalement renvoyé de son journal. Le coup porté à son égo est tel qu’il perd tout sens de la mesure, cache la vérité à sa femme, et décide de se venger de son ancien employeur, d’une façon aussi abracadabrante qu’inefficace…
Josef Hader est une star du comique stand-up en Autriche. Il a écrit et réalisé son premier long métrage La Tête à l’envers où il tente de mêler tragique et comique dans une satire de la classe moyenne et intellectuelle. La mise en place est assez réussie et laisse augurer une suite savoureuse mais, hélas, il n’en est rien. Plus le film avance et plus l’histoire semble s’enliser. Imbu de lui-même et entêté, son personnage principal s’enferme dans une spirale de bêtise et, plutôt que de percevoir l’humour des situations, on ressent de l’embarras à la vision de ses frasques. Les personnages secondaires ne sont pas assez développés, ils paraissent un peu bâclés et aucun personnage n’est un tant soit peu sympathique…

Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Josef Hader, Pia Hierzegger, Georg Friedrich, Jörg Hartmann, Denis Moschitto
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 La Tête à l'envers (Wilde Maus)Josef Hader dans La Tête à l’envers (Wilde Maus) de Josef Hader.

1 mars 2022

Police (2020) de Anne Fontaine

PoliceVirginie, Aristide et Erik sont trois policiers du XXe arrondissement de Paris. Leur vie professionnelle les confronte à des réalités souvent difficiles et leur vie personnelle est également compliquée. Un soir, ils se voient confier une mission inhabituelle pour eux, le transfert à l’aéroport d’un demandeur d’asile dont la requête a été refusée, et qui ne parle ni français ni anglais…
Police est un film français coécrit et réalisé par Anne Fontaine. Il s’agit de l’adaptation du roman homonyme d’Hugo Boris paru en 2016. Le récit sait donner de l’épaisseur à ses trois personnages et rend compte de leurs difficultés à combiner désirs humanistes et impératifs professionnels. Si l’histoire n’est pas très crédible, ce dilemme est, lui, certainement bien réel. Le film d’Anne Fontaine s’écarte des clichés faciles et des à priori pour se concentrer sur ce que ressentent ses personnages. Le film n’a hélas pas trouvé grâce auprès des critiques et du public. On lui reproche le plus souvent ses bons sentiments et son manque de vraisemblance. Il faut savoir dépasser cela car c’est surtout une histoire humaine…
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Virginie Efira, Omar Sy, Grégory Gadebois, Payman Maadi
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PoliceVirginie Efira, Grégory Gadebois et Omar Sy dans Police de Anne Fontaine.

 

Homonymes :
Police de Maurice Pialat (1985) avec Gérard Depardieu, Sophie Marceau, …
Polisse de Maïwenn (2011) avec Karin Viard, Joey Starr, …

28 février 2022

Sommaire de février 2022

It Must Be HeavenLa Vengeance d’HerculeA la recherche de Vivian MaierLe FlingueurFrankenstein s’est échappéSoldat bleuPanic RoomLes Pièges de Broadway

It Must Be Heaven

(2019) de Elia Suleiman

La Vengeance d’Hercule

(1960) de Vittorio Cottafavi

A la recherche de Vivian Maier

(2013) de John Maloof et Charlie Siskel

Le Flingueur

(1972) de Michael Winner

Frankenstein s’est échappé

(1957) de Terence Fisher

Soldat bleu

(1970) de Ralph Nelson

Panic Room

(2002) de David Fincher

Les Pièges de Broadway

(1960) de Robert Mulligan

Présumé innocentJudyLes Fleurs de ShanghaiDeux heures moins le quart avant Jésus-ChristDécision à SundownLa Quatrième Dimension30 minutes de sursisLa Chute d’un caïd

Présumé innocent

(1990) de Alan J. Pakula

Judy

(2019) de Rupert Goold

Les Fleurs de Shanghai

(1998) de Hou Hsiao-hsien

Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ

(1982) de Jean Yanne

Décision à Sundown

(1957) de Budd Boetticher

La Quatrième Dimension

(1983) de John Landis, Steven Spielberg, Joe Dante et George Miller

30 minutes de sursis

(1965) de Sydney Pollack

La Chute d’un caïd

(1960) de Budd Boetticher

Adieu les consLacombe LucienLa Vie à l’enversAlwaysLe Procès de Julie RichardsGrand Central

Adieu les cons

(2020) de Albert Dupontel

Lacombe Lucien

(1974) de Louis Malle

La Vie à l’envers

(1964) de Alain Jessua

Always

(1989) de Steven Spielberg

Le Procès de Julie Richards

(1964) de Larry Peerce

Grand Central

(2013) de Rebecca Zlotowski

Nombre de films présentés : 22

27 février 2022

It Must Be Heaven (2019) de Elia Suleiman

It Must Be HeavenA Nazareth puis à Paris et à New York, Elia Suleiman observe et découvre des parallèles inattendus…
Le réalisateur palestinien Elia Suleiman tourne peu. Dix ans après Le temps qu’il reste, il se met en scène pour nous livrer sa vision du monde à travers une série de petites saynètes. Il ne parle pas (il prononce en tout et pour tout deux mots), il observe dans une position attentive et circonspecte, sans intervenir, avec son habituelle impassibilité apparente. Comme toujours avec Suleiman, l’humour et le saugrenu tiennent une grande place mais, cette fois, sans éviter parfois une certaine artificialité. Hormis le thème de l’appartenance à un peuple et de l’identité palestinienne, le fond de son propos est de pointer certains travers de notre société : il fustige ainsi l’individualisme, les dogmes religieux, le besoin sécuritaire, l’omniprésence de la police. Parfois, Elia Suleiman manque de finesse (les armes à New York par exemple) mais c’est assez rare. A l’opposé, certaines allégories sont un peu difficiles à décrypter (la femme aux deux cruchons par exemple). Inévitablement, l’ensemble manque un peu d’unité et de liant. Un peu décevant à sa vision, It Must Be Heaven est un film que l’on apprécie plus en y repensant…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Elia Suleiman, Tarik Kopty, Ali Suliman, Grégoire Colin
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 It Must Be HeavenElia Suleiman dans It Must Be Heaven de Elia Suleiman.

 It Must Be HeavenElia Suleiman dans It Must Be Heaven de Elia Suleiman
(dans toute une série d’étonnants plans de Paris vidé de ses habitants)