11 février 2024

Love Life (2022) de Kôji Fukada

Love LifeTaeko vit avec son époux Jiro et son fils Keita, issu d’un précédent mariage, dans un immeuble près de ses beaux-parents. Keita est champion local du jeu Othello. Tandis qu’elle découvre l’existence d’une ancienne fiancée de son mari, un drame provoque la réapparition du père biologique de Keita…
Love Life est un film franco-japonais écrit et réalisé par Kōji Fukada. Son histoire nous montre le dérèglement de l’harmonie d’un couple qui se trouve confronté à un drame et les errements pour le trouver un nouveau chemin, tout en évitant le carcan des rapports familiaux. Comme souvent dans la littérature ou le cinéma japonais, les émotions sont intériorisées et s’expriment avec douceur sans perdre de leur force. L’approche du cinéaste est délicate et subtile. Il n’use d’aucun effet facile pour créer l’émotion. Kōji Fukada insère toujours dans ses histoires un personnage qui réapparaît de façon incongrue et c’est à nouveau le cas ici avec le premier mari de Taeko. En revanche, il n’y a cette fois aucune note fantastique. Love Life est un très beau film, l’un des plus beaux du cinéaste.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Fumino Kimura, Kento Nagayama, Tomorô Taguchi, Atom Sunada
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Fumino Kimura, Tomorô Taguchi et Kento Nagayama dans Love Life de Kôji Fukada.

21 avril 2023

Suis-moi, je te fuis (2020) de Kôji Fukada

Autre titre : « Fuis-moi, je te suis »
Titre original : « Honki no shirushi: Gekijō ban »

Suis-moi, je te fuisEntre ses deux collègues de bureau, le cœur de Tsuji balance. Jusqu’à cette nuit où il rencontre Ukiyo, en lui sauvant la vie sur un passage à niveau. Malgré les mises en garde de son entourage, il est irrémédiablement attiré par la jeune femme… qui n’a de cesse de disparaître.
Suis-moi, je te fuis est un film japonais réalisé par Kōji Fukada. Il s’agit de l’adaptation d’un manga de Mochiru Hoshisato que le réalisateur a d’abord adapté en une série de dix épisodes de 23 minutes, diffusée au Japon en 2019. Le succès a été tel que la chaîne a demandé à Fukada de remonter la série pour l’exploiter en un long-métrage de près de 4 heures. Il est sorti en France en deux parties : Suis-moi, je te fuis et Fuis-moi, je te suis mais il s’agit bien d’un seul et unique film : il n’est pas envisageable le voir le second sans avoir vu le premier et ne voir que le premier serait dommage car les personnages acquièrent vraiment de l’épaisseur dans la seconde partie. L’histoire n’est pas banale. Les personnages des films de Fukada ont toujours quelque chose d’étrange et c’est encore le cas ici. La première partie nous laisse plutôt insatisfait mais la seconde nous permet de mieux les cerner et de comprendre leur comportement. L’ensemble est beaucoup trop long (il me semble qu’il aurait très possible d’en faire un film de 2 heures) mais les spectateurs les plus motivés ne seront pas déçus : les films de Kōji Fukada sont semblables à nul autre.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Win Morisaki, Kaho Tsuchimura, Shôhei Uno, Kei Ishibashi, Akari Fukunaga
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Remarque :
* La version complète du film, sous le titre The Real Thing, a été sélectionnée en compétition lors du festival de Cannes 2020 (festival annulé).
* Le cinéaste découvrit le manga The Mark of Truth (Honki no Shirushi) de Mochiru Hoshisato lorsqu’il était étudiant de cinéma au début des années 2000.

Suis-moi, je te fuisKaho Tsuchimura et Win Morisaki dans Suis-moi, je te fuis de Kôji Fukada.

17 juin 2022

Hospitalité (2010) de Kôji Fukada

Titre original : « Kantai »

Hospitalité (Kantai)Mikio Kobayashi mène une vie paisible dans sa maison de Tokyo aux côtés de sa femme Natsuki, de sa fille Eriko issue d’un premier mariage, et de sa sœur Seiko. Épaulé par sa femme à la comptabilité et d’un unique employé, Mikio gère une petite imprimerie qui occupe le rez-de-chaussée. Un jour, un inconnu fait son apparition, il se présente comme étant le fils d’un ami du défunt père de Mikio…
Hospitalité est un film japonais écrit et réalisé par Kōji Fukada. Bien qu’il ait été réalisé en 2010, alors que le cinéaste japonais n’avait que trente ans, il n’est sorti en France qu’en 2021. L’histoire est teintée d’un léger mystère qui la rend originale et plaisante. Dans sa mise en place, elle évoque celle d’Harmonium, que Fukada tournera en 2016, mais le développement est différent. Il s’agit ici à la fois d’une chronique familiale et sociale mais aussi d’une fable satirique sur l’acceptation des étrangers (qui au Japon est particulièrement faible). Fukada se moque également de l’immobilisme et de la volonté de ne pas faire de vagues, de rester dans les normes. Tout cela est traité avec humour, distillé à petites touches, dans un climat un peu étrange qui éveille et maintient notre intérêt.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kenji Yamauchi, Kiki Sugino, Kanji Furutachi, Bryerly Long
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Hospitalité (Kantai)Kiki Sugino et Kenji Yamauchi dans Hospitalité (Kantai) de Kôji Fukada.

16 juin 2022

Le Soupir des vagues (2018) de Kôji Fukada

Titre original : « Umi o kakeru »
Autre Titre français : « L’homme qui venait de la mer »

Le Soupir des vagues (Umi o kakeru)En quête de ses racines, Sachiko rend visite à sa famille japonaise installée à Sumatra. Tout le monde ici essaie de se reconstruire après le tsunami qui a ravagé l’île il y a dix ans. A son arrivée, Sachiko apprend qu’un homme mystérieux a été retrouvé sur la plage, vivant. Le village est à la fois inquiet et fasciné par le comportement de cet étranger rejeté par les vagues…
Le Soupir des vagues est un film japonais écrit et réalisé par Kōji Fukada. Il s’agit à la fois d’un conte à connotation écologique et d’un chassé-croisé amoureux. L’ensemble est délicat avec une grande simplicité de mise en scène. Une fois de plus, le cinéaste montre son attachement aux films européens, et plus particulièrement ceux d’Eric Rohmer, dans sa façon de filmer les hésitations amoureuses. Le volet « conte fantastique » de l’histoire reste retenu, sans spectaculaire. L’inconnu, qui de toute évidence symbolise la Nature et plus particulièrement la mer, évoque une présence bienveillante que l’on peut perdre. Le film est ainsi entre deux genres sans franchement tomber dans l’une ou l’autre catégorie. Kōji Fukada l’a tourné entièrement en Indonésie.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Dean Fujioka, Mayu Tsuruta, Taiga Nakano, Junko Abe, Adipati Dolken, Sekar Sari
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Le Soupir des vagues (Umi o kakeru)Junko Abbe et Dean Fujioka dans Le Soupir des vagues (Umi o kakeru) de Kôji Fukada.

10 juin 2021

L’Infirmière (2019) de Kôji Fukada

Titre original : « Yokogao »

L'Infirmière (Yokogao)Ichiko est infirmière à domicile. Elle travaille au sein d’une famille qui la considère depuis toujours comme un membre à part entière. Mais lorsque la cadette de la famille disparaît, Ichiko se trouve suspectée de complicité d’enlèvement…
Le réalisateur japonais Kôji Fukada poursuit l’exploration de l’ambiguïté de la personnalité et ses multiples facettes. Son récit est construit sur une temporalité double : son héroïne change de coiffure au tout début du film ce qui permet ensuite de distinguer le présent du flash-back… mais nous finissons tout de même par prendre l’un pour l’autre ce qui ajoute à la confusion. L’ensemble est beaucoup moins réussi qu’Harmonium, en partie car son héroïne nous apparaît avant tout comme une victime (1). En réalité, le personnage qui instillerait le plus de trouble est la fille ainée, Motoko, dont la personnalité inquiète beaucoup plus que celle de l’infirmière. Je dois avouer avoir passé une bonne partie du film à me demander où le réalisateur voulait en venir. Un film bien difficile à saisir.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Mariko Tsutsui, Mikako Ichikawa, Sôsuke Ikematsu
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(1) Probablement, les différences de culture peuvent modifier notre perception du film : en France, nous avons une image positive des infirmières, à priori nous les voyons comme des personnes bienveillantes. Il semblerait que ce ne soit pas la même chose au Japon où l’on s’en méfie car elles sont en contact avec des malades (notion de pureté). Cette méfiance se serait même transformée en ostracisme avec l’épidémie du Covid-19.
Toujours sur cette question de différence de culture, il y a cette question de la culpabilité. On peut être frappé par le fait que l’héroïne éprouve malgré tout une certaine culpabilité et présente constamment ses excuses. La culpabilité n’est pas ressentie de façon identique dans toutes les cultures, surtout dans ses implications sociales. De plus, nous pouvons avoir tendance à assimiler des excuses à un aveu alors qu’au Japon, elles ne sont qu’une politesse sociale.

Remarques :
* Propos de Kôji Fukada : « Ichiko apprend à ses dépens que la position sociale, l’estime de soi et les liens humains sont comme les différents étages d’un bâtiment construit sur un sol sablonneux. Et ce sol n’est pas uniquement sous Ichiko, il s’étend sous chacun d’entre nous ». (Extrait du dossier de presse)
* Le titre original « Yokogao » signifie « De profil ». « Ce qui est intéressant avec un profil, c’est que vous pouvez voir un côté ou l’autre, mais jamais les deux profils en même temps », explique Kôji Fukada, soulignant l’idée de dualité de ses personnages. (Extrait du dossier de presse)

L'Infirmière (Yokogao)Mikako Ichikawa, Miyu Ozawa et Mariko Tsutsui dans L’Infirmière (Yokogao) de Kôji Fukada.

2 mai 2018

Harmonium (2016) de Kôji Fukada

Titre original : « Fuchi ni tatsu »

HarmoniumArtisans, Toshio et sa femme Akié vivent avec leur fille dans une paisible banlieue japonaise. Ils ne se parlent que près peu. Un matin, Toshio voit un homme se tenir droit comme un i devant son atelier. Cet homme, visiblement, il le connaît. A la grande surprise de sa femme, il lui propose du travail et de l’héberger…
Ecrit et réalisé par le japonais Kôji Fukada, Harmonium est une histoire bien étrange et sombre. On peut même la qualifier de cruelle, le film s’inscrivant ainsi dans la lignée des films japonais d’auteur des années soixante et soixante-dix. Le déroulement est paisible, faussement paisible car il nous dévoile peu à peu certains aspects très noirs de l’âme humaine. Koji Fukada veut ébranler l’idéal que représente la famille dans le cinéma japonais : il part, selon ses propres termes, d’une « famille déjà effondrée » car « considérer l’effondrement d’une famille comme une tragédie c’est idéaliser ce qu’elle aurait pu être ». A mes yeux, son histoire explore plutôt l’incommunicabilité, la culpabilité, l’éthique de la parole donnée et même les concepts de Bien et de Mal. Le propos est assez noir et implacable, tout en contraste avec la réalisation très délicate de Fukada. Au final, Harmonium est un film assez prégnant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Tadanobu Asano, Mariko Tsutsui, Kanji Furutachi
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Harmonium
Tadanobu Asano dans Harmonium de Kôji Fukada.

Harmonium
Kanji Furutachi, Tadanobu Asano, Mariko Tsutsui et Momone Shinokawa dans Harmonium de Kôji Fukada.