12 décembre 2022

Vaurien (2020) de Peter Dourountzis

VaurienQuand il arrive à Paris, sortant de prison, Djé n’a pas d’argent, ni d’endroit où dormir. C’est un caméléon, double et trouble, séducteur et vil. Toujours, il parvient à se frayer un chemin, s’immiscer dans les groupes, donner confiance. Et disparaître dans les ombres…
Vaurien est un film français écrit et réalisé par Peter Dourountzis. Il s’agit du premier long métrage de cet ancien coordinateur départemental du SAMU social, après trois courts métrages en 2014 (Errance) et 2015 (Le Dernier Raccourci, Grands Boulevards). Il a choisi un angle surprenant et risqué pour cette histoire, jonglant entre le charme de son personnage (Pierre Deladonchamps y est très séduisant) et sa face monstrueuse qui ne nous est dévoilée que lentement. De ce fait, l’ensemble paraît ambigu et assez inconfortable. Au final, on se demande un peu quel est l’intérêt d’un tel film.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Pierre Deladonchamps, Ophélie Bau
Voir la fiche du film et la filmographie de Peter Dourountzis sur le site IMDB.
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VaurienPierre Deladonchamps et Ophélie Bau dans Vaurien de Peter Dourountzis.

17 juin 2022

Hospitalité (2010) de Kôji Fukada

Titre original : « Kantai »

Hospitalité (Kantai)Mikio Kobayashi mène une vie paisible dans sa maison de Tokyo aux côtés de sa femme Natsuki, de sa fille Eriko issue d’un premier mariage, et de sa sœur Seiko. Épaulé par sa femme à la comptabilité et d’un unique employé, Mikio gère une petite imprimerie qui occupe le rez-de-chaussée. Un jour, un inconnu fait son apparition, il se présente comme étant le fils d’un ami du défunt père de Mikio…
Hospitalité est un film japonais écrit et réalisé par Kōji Fukada. Bien qu’il ait été réalisé en 2010, alors que le cinéaste japonais n’avait que trente ans, il n’est sorti en France qu’en 2021. L’histoire est teintée d’un léger mystère qui la rend originale et plaisante. Dans sa mise en place, elle évoque celle d’Harmonium, que Fukada tournera en 2016, mais le développement est différent. Il s’agit ici à la fois d’une chronique familiale et sociale mais aussi d’une fable satirique sur l’acceptation des étrangers (qui au Japon est particulièrement faible). Fukada se moque également de l’immobilisme et de la volonté de ne pas faire de vagues, de rester dans les normes. Tout cela est traité avec humour, distillé à petites touches, dans un climat un peu étrange qui éveille et maintient notre intérêt.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kenji Yamauchi, Kiki Sugino, Kanji Furutachi, Bryerly Long
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Hospitalité (Kantai)Kiki Sugino et Kenji Yamauchi dans Hospitalité (Kantai) de Kôji Fukada.

7 mars 2018

L’empereur du Nord (1973) de Robert Aldrich

Titre original : « Emperor of the North Pole »

L'empereur du Nord1933. La Grande Dépression a transformé des milliers d’américains en vagabonds qui errent à la recherche d’un travail, voyageant illégalement en train pour traverser le pays. L’un d’eux, surnommé Numéro 1, met au défi Shack, un chef de train brutal et sadique, en annonçant qu’il voyagera sur son train jusqu’à Portland. Un jeune hâbleur du nom de Cigarette sera aussi du voyage…
L’empereur du Nord est librement inspiré d’un roman de Leon Ray Livingston, From Coast to coast with Jack London (1917), qu’il écrit sous le pseudonyme de « A-No.-1 » (1). Robert Aldrich évacue tout aspect humaniste ou social : le drame de cette période de crise est ici réduit à la confrontation aussi violente qu’inutile de deux individus. Il en fait un jeu du chat et de la souris, impression renforcée par la musique qui évoque les films muets burlesques dans certaines scènes, mais la violence est omniprésente (le meurtre de la scène d’ouverture est rapide mais vraiment horrible). Comme dans nombre de ses précédents films, Aldrich dépasse la notion de bien et de mal ; les victimes peuvent ici se transformer rapidement en bourreaux. Le principal attrait (à mes yeux, du moins) du film réside dans la performance des acteurs avec ce face à face de deux « trognes » de cinéma et dans la belle photographie. Le film est en général très apprécié. La fascination de l’homme pour la violence est toujours aussi surprenante…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Lee Marvin, Ernest Borgnine, Keith Carradine, Charles Tyner
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(1) Le scénario s’inspire certainement également de The Road (1907) où Jack London raconte sa vie de vagabond. Jack London a effectivement rencontré un « No. 1 » mais ne l’a pas mentionné dans son livre. Jack London aurait lu une préversion du livre de Leon Ray Livingston et l’aurait qualifié de « pure fiction à 98% ». Bien que Jack London ait porté ce surnom de Cigarette quand il était vagabond, le personnage de Cigarette dans le film d’Aldrich n’a rien à voir avec lui.

Remarques :
* Le titre original, Emperor of the North Pole, se base sur une blague du milieu des vagabonds, qui disait que le meilleur vagabond du monde serait « Empereur du pôle Nord », manière de dire qu’il régnerait sur un désert.
* Le titre original fut ensuite raccourci à Emperor of the North pour ne pas prêter à confusion, l’univers arctique étant considéré comme un  box office poison  (repoussoir de succès).

L'Empereur du NordErnest Borgnine dans L’empereur du Nord de Robert Aldrich.

L'Empereur du Nord
L'Empereur du NordLee Marvin et Keith Carradine dans L’empereur du Nord de Robert Aldrich.
L'Empereur du NordErnest Borgnine n’a pas son pareil pour nous faire de telles trognes… Ernest Borgnine dans L’empereur du Nord de Robert Aldrich.

17 avril 2014

Une vie de chien (1918) de Charles Chaplin

Titre original : « A Dog’s Life »

Une vie de chien(Court métrage, 3 bobines, 33mn) Après avoir dormi dans un terrain vague, Charlot essaie en vain de trouver du travail. Il prend la défense d’un petit chien errant et ils deviennent inséparables… Une vie de chien est le premier film de Chaplin pour la First National. C’est aussi le premier film dans son tout nouveau studio de La Brea. Par rapport aux films de la Mutual, Chaplin franchit un pas. Louis Delluc dira de ce film que c’est « la première oeuvre d’art complète du cinéma ». En effet, Une vie de chien préfigure Le Kid de façon étonnante : Chaplin joue toujours sur le registre burlesque mais il prend, plus que jamais, la défense des laissés pour compte. Son personnage n’est pas à proprement parler un marginal, il désire s’insérer dans la société mais n’y parvient pas. Ce contenu social ne l’empêche pas de placer de très nombreux gags : il faut le voir échapper à un policeman, ingurgiter en catimini les beignets du marchand ambulant, la scène la plus mémorable étant celle où après avoir assommé un voleur, il passe les mains sous ses aisselles pour parler par gestes au complice assis en face. Un petit bijou.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance, Bud Jamison, Albert Austin, Tom Wilson
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Remarques :
* Fin 1917, Charlie Chaplin a signé à la First National pour 8 films de 2 bobines à réaliser en 16 mois. De plus en plus perfectionniste, allongeant la durée de ses films, il lui faudra plus de 4 années pour venir à bout de son engagement. C’est grâce à ce contrat que Chaplin a pu faire construire son propre studio, sur La Brea Avenue dans un champ de citronniers… (Voir l’emplacement actuel sous Google Maps… aujourd’hui, ce sont les locaux de la Jim Henson Co. et le quartier est passablement plus construit…)

15 octobre 2012

Une aussi longue absence (1961) de Henri Colpi

Une aussi longue absenceThérèse tient seule un bistrot de banlieue avec une jeune employée. Observant un vagabond qui passe tous les jours devant sa devanture, Thérèse croit reconnaître son mari, disparu quinze ans plus tôt pendant la guerre. L’homme est amnésique… Une aussi longue absence est le premier long métrage d’Henri Colpi, monteur réputé(1). Le scénario est cosigné par Marguerite Duras qui a écrit les dialogues. C’est un film sur la mémoire, sur l’incertitude, sur l’amour aussi, celui qui défie le temps. Colpi met cette histoire en images avec une certaine délicatesse et, à l’instar de Thérèse, il nous faut capter des bribes, nous avançons à petit pas, sans certitude. Le début du film exprime même une certaine vacuité et le film prend petit à petit de l’intensité pour devenir au final très émouvant. Loin de toute débauche de dialogues, Une aussi longue absence est un film très sobre.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Alida Valli, Georges Wilson, Charles Blavette
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Remarques :
* Palme d’or à Cannes en 1961 (ex-aequo avec Viridiana de Bunuel).
* La chanson « Trois petites notes de musique », écrite par Henri Colpi et Georges Delerue, est chantée par Cora Vaucaire. Elle a été reprise par Juliette Gréco et Yves Montand.

(1) Henri Colpi a été le monteur d’Alain Resnais notamment.

19 mai 2012

Au fond des bois (2010) de Benoît Jacquot

Au fond des boisEn 1865, un jeune vagabond reçoit l’hospitalité chez un docteur et sa fille dans un petit village de l’Ardèche. L’homme semble avoir un étrange pouvoir de magnétisme sur les objets et les personnes… Basé sur les écrits de l’historienne Marcella Iacub, Au fond des bois nous entraîne dans une histoire où la nature tient une grande place. L’animalité des personnages est également très présente. Mais c’est surtout un film sur la manipulation, qui est rendue d’autant plus prégnante par le choix des acteurs, notamment de Nahuel Pérez Biscayart avec ses yeux globuleux et son regard troublant. L’histoire a cependant bien du mal à se développer et la répétition de certaines scènes devient pesante. La réalisation est parfaite et on remarque également la belle musique de Bruno Coulais. Au fond des bois a le mérite d’être original et déroutant mais cela ne le rend pas pour autant intéressant.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Isild Le Besco, Nahuel Pérez Biscayart, Jérôme Kircher, Mathieu Simonet
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