8 juillet 2013

L’homme de Rio (1964) de Philippe de Broca

L'homme de RioAppelé du contingent, le jeune Adrien Dufourquet arrive à Paris, bien décidé à passer ses huit jours de permission avec sa fiancée Agnès. Au même moment, un mystérieux voleur dérobe une statuette maltèque au Musée de l’Homme. Peu après, Agnès est enlevée sous les yeux d’Adrien qui se lance à la poursuite des ravisseurs… On peut raisonnablement affirmer que L’homme de Rio est la plus belle réussite du cinéma français dans le cinéma d’aventures de divertissement. Directement inspirée des aventures de Tintin (1), cette histoire montre une perfection dans son écriture et dans son déroulement. Elle est très cohérente avec un mélange idéal de péripéties haletantes et d’humour. La légèreté prime d’ailleurs sur la tension. Il n’y a aucun temps mort et la richesse des situations est époustouflante. En perpétuel mouvement, Jean-Paul Belmondo (alors dans sa meilleure période) est parfait dans ce rôle de risque-tout pour les beaux yeux de sa belle, la délicieuse Françoise Dorléac, lumineuse, pétulante, espiègle, absolument craquante. Philippe de Broca utilise merveilleusement les décors naturels de Rio et surtout de Brasilia, ville alors en chantier et quasiment vide. L’homme de Rio a eu une forte influence sur de nombreux films, en France et au-delà. C’est un film qui se revoit toujours avec grand plaisir.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jean-Paul Belmondo, Françoise Dorléac, Jean Servais, Adolfo Celi
Voir la fiche du film et la filmographie de Philippe de Broca sur le site IMDB.

Voir les autres films de Philippe de Broca chroniqués sur ce blog…

L'homme de Rio

Remarques :
* Le scénario a été écrit par Philippe de Broca et Jean-Paul Rappeneau avec l’aide de Daniel Boulanger et Ariane Mnouchkine.
* L’homme de Rio a inspiré Steven Spielberg pour Les Aventuriers de l’Arche perdue. C’est particulièrement net quand on voit la scène des statuettes à la source du fleuve.
Françoise Dorléac* Françoise Dorléac avait 21 ans au moment du tournage de L’homme de Rio. Avec son jeu légèrement en rupture, sa vivacité, sa voix grave, son naturel, elle développe un charme auquel il est difficile de rester insensible. Sans cet accident de voiture qui lui a coûté la vie peu après en 1967, il ne fait nul doute que la popularité de l’actrice aurait égalé sinon dépassé celle de sa soeur (Catherine Deneuve).
* Jean-Paul Belmondo a réalisé lui-même la plupart des cascades dont celle, assez spectaculaire, sur la façade de l’hôtel de Copacabana.
* Le tournage a été fait dans l’esprit Nouvelle Vague : équipe assez réduite, scènes de rue tournées in situ, …


L'homme de Rio

L'homme de Rio

L'homme de Rio
Françoise Dorléac et Jean-Paul Belmondo dans L’Homme de Rio de Philippe de Broca.


(1) Philippe de Broca avait été pressenti pour réaliser Tintin et le mystère de la Toison d’Or (Jean-Jacques Vierne, 1961) mais il avait préféré refuser, craignant d’être enfermé par le carcan imposé par le personnage. Il aspirait à plus de liberté dans l’écriture d’un grand film d’aventures. En outre, il n’aimait guère le côté asexué de Tintin et l’absence de personnage féminin.

6 juillet 2013

La Dixième Victime (1965) de Elio Petri

Titre original : « La Decima Vittima »
Autre Titre (Belgique) : « La Grande Chasse »

La dixième victimeAu 21e siècle, un jeu a été créé pour canaliser la violence et éradiquer les guerres : des « chasseurs » doivent traquer des « victimes » désignées par un ordinateur et les tuer. Les joueurs sont tour à tour chasseur et victime et doivent tenir dix rounds pour être sacré champion. C’est ainsi que le romain Marcello se retrouve chassé par une jeune new yorkaise Caroline. Tous deux sont de redoutables joueurs… Adapté d’une courte nouvelle de Robert Sheckley, La Dixième Victime d’Elio Petri joue plus sur le registre de la satire et de la comédie que sur celui de la prospective sérieuse. C’est donc avec ces yeux-là qu’il faut le regarder et goûter le style pop art des décors futuristes, des réflexions sur le divorce (l’italien explique à l’américaine qu’en Italie on ne se marie plus car il est devenu trop difficile de divorcer), sur le culte de la jeunesse (il garde ses parents chez lui dans une sorte de grand placard) ou sur la religion (amusante scène des adorateurs du soleil, cérémonie interrompue par des manifestants que Mastroianni traite de « néoréalistes »), La dixième victime des costumes (certains auraient été dessinés par Courrèges) et, bien entendu, la critique des media, la télévision américaine en l’occurrence. Elio Petri exploite la plastique d’Ursula Andress (qui bien entendu a une scène où elle sort de l’eau…), l’actrice apportant une note un peu facile de charme. De son côté, Marcello Mastroianni (teint en blond) traverse tout cela avec grand flegme, il semble même quelque peu absent. La Dixième Victime est loin d’être un grand film mais il reste intéressant pour ses multiples petites notes satiriques et son atmosphère pop art.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Ursula Andress, Elsa Martinelli
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Remarques :
* La Dixième Victime est basé sur une nouvelle d’une vingtaine de pages que Robert Sheckley a écrite en 1953 : La Septième Victime. Peu après, il développera à nouveau le thème pour écrire une autre nouvelle, Le Prix du danger, qui sera adaptée au cinéma par Yves Boisset en 1983. A noter enfin que Robert Sheckley a novelisé le film d’Elio Petri sous le titre La Dixième Victime en 1965.
* La façon dont Ursula Andress se débarrasse de son chasseur au début du film a inspiré Mike Myers pour ses fembots d’Austin Powers.

4 juillet 2013

La Servante (1960) de Kim Ki-young

Titre original : « Hanyo »

La servanteMarié et père de deux enfants, un séduisant professeur de musique est aimé en secret de ses jeunes élèves. Il embauche comme servante une très jeune femme au comportement étrange… Film perdu récemment retrouvé et restauré, La Servante est un film vraiment très étonnant. En rupture avec le cinéma de son époque, le coréen Kim Ki-young crée un huis clos oppressant et puissant. La progression de la tension est presque insidieuse : le film débute de façon anodine, presque légère mais l’atmosphère vire lentement à l’étrange et finit par devenir perturbante et dérangeante. Certes, Kim Ki-young n’hésite pas à appuyer très fort ses effets, de façon presque outrancière parfois, mais jamais sans excès. La servante Il joue très bien avec la configuration des lieux, comme par exemple avec une baie vitrée ouvrant sur un grand balcon. Il joue également beaucoup avec l’éclairage pour renforcer le sentiment d’étrangeté, les murs apparaissant parfois presque vivants. La performance de l’actrice Lee Eun-shim est remarquable, elle tint si bien son rôle que sa carrière en fut perturbée : après La Servante, les producteurs étaient réticents à l’engager car une bonne partie des spectatrices continuaient de la haïr profondément. Kim Ki-young tournera à nouveau la même histoire par deux fois.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Lee Eun-shim, Ju Jeung-nyeo, Kim Jin Kyu
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Remakes :
Hwanyeo de Kim Ki-young (1970)
Hwanyeo ’82 de Kim Ki-young (1982)
The Housemaid (Hanyo) de Im Sang-soo (2010)

Pour en savoir plus, lire la présentation d’Olivier Bitoun sur DVDClassik

3 juillet 2013

La Ciociara (1960) de Vittorio De Sica

Titre français parfois utilisé : « La Paysanne aux pieds nus »

La ciociaraEn 1943, une jeune veuve fuit les bombardements de Rome pour retourner dans son village natal, dans les montagnes du Latium. Elle espère ainsi mettre sa fille à l’abri en attendant que la guerre finisse enfin…
Adapté d’un roman d’Alberto Moravia (1957), La Ciociara marque le retour au pays de Sophia Loren après quelques années à Hollywood. Agée de 26 ans à peine, elle personnifie de façon magistrale l’idéal de la mère italienne, opiniâtre et généreuse. L’actrice s’impose non seulement par sa beauté souveraine mais aussi et surtout par son jeu, étonnamment riche et puissant. Les autres personnages sont inexistants et c’est là sans doute un peu le défaut du film. De Sica a eu beau lui opposer un jeune acteur français très prometteur, Jean-Paul Belmondo, pour interpréter le jeune intellectuel pacifiste qu’elle rencontre ; rien n’y fait, on ne voit qu’elle. Vittorio De Sica, qui a été l’une des grandes figures du néoréalisme, fait évoluer son style pour se rapprocher du mélodrame à l’américaine mais sans excès toutefois, il parvient à conserver un bonne part d’authenticité et de naturel. La Ciociara fut un immense succès et reçut de nombreux prix.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sophia Loren, Jean-Paul Belmondo, Eleonora Brown
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La Ciociara

Remarques :
* Le projet d’adapter le livre de Moravia avait été envisagé dès 1957 à Hollywood pour être dirigé par Cukor avec Anna Magnani dans le rôle de la mère et Sophia Loren dans le rôle de la fille. Anna Magnani craignant d’être éclipsée, le projet ne se fit pas.
* Signification du titre : La Ciociara = « la femme de Ciociarie », Ciociara (Ciociarie en français) désignant dans le langage populaire une région du centre de l’Italie dans le Latium, au sud-est de Rome.
* Sophia Loren reçut un Oscar pour La Ciociara, le premier Oscar attribué à un acteur s’exprimant dans une autre langue que l’anglais. Le film reçut la Palme d’Or à Cannes en 1961 et Sophia Loren le prix de la meilleure actrice.
* La scène dans l’église est hélas basée sur des faits réels. Entre avril et juin 1944, les Goumiers marocains du corps expéditionnaire français se sont rendus coupables de crimes de guerre dans les environs de Monte Cassino, c’est-à-dire la Ciociarie : un rapport récent estime que plus de 2 000 femmes ainsi que 600 hommes auraient ainsi été victimes de viol et de violences. Le chiffre est certes discuté mais la réalité ces exactions est certaine. Il faut toutefois souligner que ces viols n’étaient pas le fait uniquement des soldats d’origine africaine : ceux commis par les G.I. sont également très nombreux et les estimations du nombre de viols commis par les soldats russes en Allemagne sont ahurissantes.

La Ciociara

Remake :
La Ciociara de Dino Risi (TV, 1989) avec Sophia Loren dans le même rôle.

12 juin 2013

Une poule, un train… et quelques monstres (1969) de Dino Risi

Titre original : « Vedo nudo »

Une poule, un train... et quelques monstresLe titre français voudrait nous laisser croire qu’il s’agit d’une suite au très bon film de Dino Risi Les Monstres mais il n’en est rien. Certes, il s’agit d’un film à sketches mais le sujet est moins vaste puisqu’il s’agit ici uniquement d’attirance sexuelle. En cette fin des années soixante soufflait une vague de libération sexuelle et il était ainsi possible de parler plus librement et … de montrer plus de choses. Ce dernier point est très net dans le dernier sketch, celui qui a donné son titre au film, dont l’histoire ne semble être qu’un prétexte pour nous montrer (très brièvement) des femmes entièrement nues. Les autres sketches lui sont bien supérieurs avec une mention spéciale pour le quatrième, Le Voyeur, un sketch très court qui repose sur un gag vraiment énorme. Nino Manfredi interprète brillamment le rôle principal de toutes ces petites histoires. Très bon divertissement,  Vedo nudo est un film peu connu de Dino Risi. Il connut pourtant un grand succès à l’époque et Dino Risi fera deux autres films sur le même modèle (1).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Nino Manfredi, Sylva Koscina, Véronique Vendell
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Les sketches :
1. La Diva (La Diva) : une starlette de cinéma amène un accidenté de la route à l’hôpital. Le personnel n’a d’yeux que pour la jolie star… (amusant)
2. Procès à huis clos (Udienza a porte chiuse) : un homme est accusé d’avoir eu un rapport avec une poule (le gallinacé). Pour se défendre, il raconte comment la poule l’a vampé… (très court, excellent)
3. Ornella (Ornella) : Un jeune employé des postes qui aime à se travestir en femme entretient une relation épistolaire avec un industriel. Celui-ci vient pour « la » rencontrer… (un peu long)
4. Le Voyeur (Il Guardone) : Un homme un peu myope espionne sa jolie voisine… (très court et excellent)
5. La Dernière Vierge (Ultima Vergine) : alors que les media ne cessent de parler d’un violeur en cavale, une jeune femme voit arriver chez elle un homme qui se prétend être réparateur de téléphone… (excellent)
6. Ma motrice chérie (Motrice Mia !) : un homme trompe sa femme avec… une locomotive. (assez court, très original)
7. Je vous vois nue (Vedo nudo) : Un rédacteur en chef d’un magazine de mode voit les femmes qu’il rencontre comme si elles étaient nues… (moyen)

(1) Sexe fou (Sessomatto) de Dino Risi (1973) et Les Derniers Monstres (Sesso e volentieri) de Dino Risi (1978).

11 juin 2013

La nuit des généraux (1967) de Anatole Litvak

Titre original : « The Night of the Generals »

La nuit des générauxEn 1942, à Varsovie, une prostituée est assassinée sauvagement. Un témoin a vu le pantalon du meurtrier, un pantalon de général. Le major Graü enquête et ses soupçons se portent rapidement sur trois généraux de la Wehrmacht… Librement adapté d’un roman de Hans Hellmut Kirst par Paul Dehn et Joseph Kessel, La nuit des générauxmêle habilement une intrigue policière à des faits historiques. La construction mêle également le présent et la passé puisque l’enquête se poursuit 20 ans plus tard. Le film soulève la question de la différence entre crime de guerre et crime tout court. La reconstitution est soignée et tous les seconds rôles sont parfaitement tenus. Tout serait parfait si Peter O’Toole n’avait pas tant chargé son jeu, compromettant ainsi quelque peu la crédibilité de l’ensemble.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Peter O’Toole, Omar Sharif, Tom Courtenay, Donald Pleasence, Joanna Pettet, Philippe Noiret, Charles Gray
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Remarques :
* On remarquera la présence de Juliette Greco, chanteuse dans un bar parisien.
* La carrière et la réputation du colonel Joachim Peiper, le plus jeune colonel SS (29 ans), a influencé les auteurs pour créer le personnage du Général Tanz.

6 juin 2013

Major Dundee (1965) de Sam Peckinpah

Major DundeeAlors que la guerre de Sécession touche à sa fin, une quarantaine de guerriers indiens menés par un chef belliqueux font régner la terreur au Texas et au Nouveau Mexique. Le Major Dundee, commandant d’un fort qui sert de camp de prisonniers de soldats sudistes, décide d’aller traquer ces indiens qui se sont réfugiés au Mexique pour l’hiver. N’ayant pas assez d’hommes, il est contraint d’enrôler des voleurs et des sudistes… Basé sur un livre de Harry Julian Fink, Major Dundee est un film assez étonnant où Sam Peckinpah bouleverse les codes du genre. Les motivations de son héros ne sont guère nobles, elles sont plutôt à chercher du côté de la rancoeur et de la haine. A l’instar de sa troupe hétéroclite, sa stratégie n’a guère d’unité ; confuse, elle évolue au gré des évènements. Le film est dominé par la haine et les conflits entre les personnes, nord/sud, blancs/noirs, blancs/indiens, sur lesquels vient se greffer la guerre au Mexique. Le film pêche surtout par le déroulement de son scénario, faiblesses longtemps attribuées aux coupes sauvages faites par les studios, mais force est de constater que le visionnage de la version longue récemment restaurée ne fait que renforcer cette sensation de longueurs et de scènes inutiles. En fait, ce sont les scènes d’action qui ponctuent le film, scènes assez violentes comme toujours avec Peckinpah. Film assez confus, Major Dundee fut un échec commercial.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Charlton Heston, Richard Harris, James Coburn, Senta Berger
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26 mai 2013

Vivre sa vie (1962) de Jean-Luc Godard

Vivre sa vie: Film en douze tableauxVendeuse dans un magasin de disques, Nana a du mal à boucler ses fins de mois et se fait expulser de son logement. Pour l’argent, elle se prostitue une première fois et continue ensuite… Troisième long métrage de Jean-Luc Godard, Vivre sa vie porte le sous-titre Film en douze tableaux qui annonce sa structure, assez élégante. C’est le portrait d’une jeune femme de 22 ans qui vend son corps sans vendre son âme, et qui tente de garder le contrôle sur sa vie. Ce portrait prend parfois la forme d’une introspection vue de l’extérieur, ce qui est habile de la part de Godard. Il mêle à cette « pensée en marche » quelques éléments de film noir ; pas toujours très réussie, cette intégration est certainement le côté le moins réussi de son film. Anna Karina est le pivot central de Vivre sa vie : Godard filme celle qui est alors sa femme sous tous les angles, de dos, de face, avec même quelques superbes regards-caméra appuyés. Coiffée à la Louise Brooks, elle montre une magnifique présence, empreinte de naïveté et de douceur. Vivre sa vie est remarquablement construit et développé, Godard montrant une grande maîtrise dans sa réalisation.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Anna Karina, Sady Rebbot
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Remarques :
* Le texte lu par Godard en voix-off dans le dernier tableau est extrait de la nouvelle d’Edgar Allan Poe, « Le Portrait ovale ».
* Le philosophe qui discute avec Anna Karina dans le café est Brice Parain (c’est un vrai plaisir de l’écouter parler).
* Jean Ferrat apparaît dans une scène, devant un jukebox qui joue l’une de ses chansons, « Ma môme ».
* Le jeune homme taciturne qui joue au billard, puis qui lit Edgar Allan Poe est joué par Peter Kassovitz, père de Matthieu Kassovitz.

23 mai 2013

Promenade avec l’amour et la mort (1969) de John Huston

Titre original : « A Walk with Love and Death »

Promenade avec l'amour et la mortDans la France du XIVe siècle, pendant la guerre de Cent Ans, un jeune étudiant épris de liberté et de poésie quitte Paris pour aller voir la mer. En chemin, il rencontre la mort, omniprésente, mais aussi une jeune fille noble dont il s’éprend… Dans ses mémoires, John Huston affirme n’avoir tourné Promenade avec l’amour et la mort que pour donner à sa fille de 16 ans, Anjelica, un premier rôle et en faire une actrice. C’est un autre jeune débutant qui lui fait face, Assi Dayan, qui n’est autre que le fils de Moshe Dayan (1). Loin du modèle hollywoodien des films historiques, le film de Huston est une réflexion sur l’amour et la liberté. Il est finalement assez marqué par l’époque de son tournage, c’est-à-dire le mouvement hippie et Mai 68 : ces deux êtres purs cherchent à combattre la désolation de la guerre par l’amour, ils aspirent à une vie où ils pourront choisir leur destin sans entrave ni règle de caste. C’est une vision assez originale de cette partie de l’Histoire, plus souvent utilisée pour son côté épique. Assez dépouillé, le film utilise largement les décors naturels. Promenade avec l’amour et la mort n’eut que peu de succès. Pourtant, il ne manque pas d’attrait.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Anjelica Huston, Assi Dayan, Anthony Higgins
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Remarques :
* Ecrit par Dale Wasserman, le scénario de Promenade avec l’amour et la mort est l’adaptation d’un roman de Hans Koningsberger.
Burg Lichtenstein * Le tournage ne put se dérouler en France comme prévu du fait de Mai 68 et de ses revendications salariales, incompatibles avec le budget du film. Le choix se porta alors sur la Tchécoslovaquie mais l’invasion soviétique (fin du Printemps de Prague) empêcha le projet d’aboutir. Le tournage se déroulera finalement en Autriche. Le château à la superbe silhouette élancée est le Burg Lichtenstein (qui, malgré son nom, n’est pas au Liechtenstein, mais dans la ville Maria Enzersdorf, non loin de Vienne).
* Certains costumes, notamment la robe d’Angelica Huston, ont été dessinés par Leonor Fini, la célèbre artiste peintre surréaliste. La musique médiévale a été composée par Georges Delerue.

(1) Moshe Dayan est alors le Ministre de la Défense israélien, bien connu du monde entier pour son rôle prépondérant pendant la guerre des Six Jours. Assi Dayan était alors en rupture avec sa famille et son milieu. Il reviendra ensuite en Israël pour y faire une carrière d’acteur, réalisateur et producteur.

10 mai 2013

Violence sans raison (1969) de Kôji Wakamatsu

Titre original : « Gendai sei hanzai zekkyo hen: riyu naki boko »

Gendai sei hanzai zekkyo hen: riyu naki bokoTrois jeunes garçons de vingt ans habitent ensemble dans un minuscule appartement. L’un travaille, les deux autres se prétendent étudiants. Leur désoeuvrement n’a d’égal que leur frustration de ne pouvoir vivre des moments plus intenses… Dans ce Violence sans raison, Wakamatsu dépeint avant tout la frustration de ces trois grands adolescents, frustration sociale, sentimentale et sexuelle, frustration face à la vie qu’ils ne savent aborder. Le film a été tourné rapidement (Wakamatsu a sorti onze films en 1969), dans un style très Nouvelle Vague mais sans prendre le soin de développer les personnages ce qui génère un certain sentiment de vide. Wakamatsu a réservé sa traditionnelle séquence en couleurs à une expérimentation audacieuse : les garçons épient le couple de l’appartement voisin par un trou dans la cloison et l’on voit ce qu’ils voient, c’est-à-dire de minuscules bribes d’images mouvantes sur un écran noir. C’est étonnant (mais un peu monotone…) En dehors de quelques passages inventifs, ce Violence sans raison semble un peu trop marqué par la précipitation.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Yuko Ejima
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