13 mai 2022

De sang-froid (1967) de Richard Brooks

Titre original : « In Cold Blood »

De sang-froid (In Cold Blood)1959. Récemment sorti de prison, Perry Smith retrouve son ancien ami Dick Hickock qui lui propose un « coup facile » : s’emparer du contenu du coffre dans la maison d’un agriculteur prospère…
De sang-froid est un film réalisé par Richard Brooks, adaptation du roman homonyme de Truman Capote publié en 1966 et qui a connu un immense succès. L’histoire est inspirée d’un fait divers réel qu’il relate fidèlement, sans ajout fictionnel. Après ses mésententes avec Tennessee Williams sur Sweet Bird of Youth (1962), Richard Brooks a tenu à avoir cette fois les mains libres pour écrire lui-même l’adaptation, sans intervention de Truman Capote. Ce dernier a accepté car (contrairement à Tennessee Williams) il tenait Brooks en haute estime. Le réalisateur a dû batailler avec les studios pour imposer le noir et blanc, nécessaire selon lui pour créer une certaine tension. Il a aussi réussi à refuser de faire jouer les stars que la Columbia désirait engager. Le propos de Brooks est très différent de celui qu’il tenait quelque dix ans auparavant (dans Blackboard Jungle par exemple) : il ne cherche pas à expliquer le geste criminel par l’environnement familial ou social, il relate les faits et dresse le constat d’une violence gratuite. La forme du film est aussi originale que brillante. Richard Brooks prend des libertés étonnantes avec la chronologie dans le déroulement du récit et se montre très inventif sur le montage : nombre de transitions sont inattendues et forcent l’admiration. La musique est signée Quincy Jones. De sang-froid est un film assez superbe et d’une indéniable force.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Robert Blake, Scott Wilson, John Forsythe, Paul Stewart, Gerald S. O’Loughlin
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De sang-froid (In Cold Blood)Scott Wilson dans De sang-froid (In Cold Blood) de Richard Brooks.

De sang-froid (In Cold Blood)Robert Blake dans De sang-froid (In Cold Blood) de Richard Brooks.

Remarques :
* La moitié des scènes de la séquence dans la maison des Cutter, qui dure 19 minutes, a été tournée avec uniquement des lampes torches que tiennent les acteurs. Celles-ci étaient dotées de piles surpuissantes qui ne duraient que 3 ou 4 minutes.

* Le roman de Truman Capote a été adapté à la télévision française en 1972 : De sang-froid, téléfilm français réalisé par Abder Isker, avec Michel Beaune, Geneviève Fontanel.
Il a également été adapté en série TV en 1996 : De sang-froid, mini-série américaine réalisé par Jonathan Kaplan.

De sang-froid (In Cold Blood)Gerald S. O’Loughlin, Robert Blake, James Flavin, John Forsythe, Scott Wilson et John Gallaudet
Photo publicitaire pour De sang-froid (In Cold Blood) de Richard Brooks.

14 août 2021

Elmer Gantry, le charlatan (1960) de Richard Brooks

Titre original : « Elmer Gantry »

Elmer Gantry, le charlatan (Elmer Gantry)Elmer Gantry est un représentant de commerce, bon vendeur mais dont les résultats sont très inégaux : on le voit tantôt avec une belle allure, tantôt dans un état proche du vagabondage. Il est également très religieux, connaît la Bible par cœur, chante les hymnes d’une belle voix. Dans une réunion évangélique, il est subjugué par celle qui se fait appeler sœur Sharon Falkoner. Il réussit à l’approcher et à en devenir l’associé…
Elmer Gantry est un film écrit et réalisé par Richard Brooks, d’après le roman homonyme de Sinclair Lewis publié en 1927, écrivain qui reçut à la fois le Pulitzer et le prix Nobel de littérature. Les évangélistes sont une tradition typiquement américaine et un grand nombre d’entre eux ont sillonné les Etats-Unis, tout particulièrement dans les années 1920, époque où se situe le roman (1). Le sujet était (est toujours, d’ailleurs) particulièrement risqué et Richard Brooks eut toutes les peines du monde à financer son audacieux projet. Le récit dénonce bien entendu le charlatanisme mais aussi la propension des gens ordinaires à croire à des choses simples. Le propos est loin d’être sommaire ou manichéen. Arriviste et même cynique, Elmer Gantry est néanmoins un personnage attachant (le réalisateur en donne même une image christique dans la scène où il se fait conspuer), ce qui le rend particulièrement riche et complexe. Burt Lancaster y contribue grandement par son interprétation hors-pair. Face à lui, Jean Simmons montre beaucoup d’intensité dans son jeu. Elmer Gantry est une œuvre intelligente et particulièrement intense.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Burt Lancaster, Jean Simmons, Arthur Kennedy, Dean Jagger, Shirley Jones, Patti Page
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Remarque :
* L’histoire évoque celle de The Miracle Woman de Frank Capra (1931) avec Barbara Stanwyck. Le personnage de la prédicatrice de ces deux films est inspiré par le même personnage réel, Semple McPherson, qui officia dans les années 1920 et 1930.

(1) Pour des raisons strictement budgétaires (liées aux costumes), Richard Brooks a déplacé l’action dans les années trente. Il tenait toutefois ne pas la replacer dans les années cinquante pour éviter de trop grandes polémiques.

Elmer Gantry, le charlatan (Elmer Gantry)Burt Lancaster dans Elmer Gantry, le charlatan (Elmer Gantry) de Richard Brooks.

Elmer Gantry, le charlatan (Elmer Gantry)Jean Simmons dans Elmer Gantry, le charlatan (Elmer Gantry) de Richard Brooks.

9 avril 2018

Graine de violence (1955) de Richard Brooks

Titre original : « Blackboard Jungle »

Graine de violenceUn jeune professeur d’anglais est recruté par une école secondaire d’enseignement professionnel d’un un quartier populaire de New York. Il se heurte à l’hostilité des élèves et à leur désintérêt. La violence est très présente…
Basé sur un roman d’Evan Hunter, Blackboard Jungle est un film très novateur à la fois par le regard porté sur la délinquance juvénile et par son message anti-raciste. Le film est pratiquement une étude sociologique, débouchant sur la proposition d’utiliser des moyens détournés ou inhabituels pour parvenir à intéresser ces élèves particulièrement difficiles. Glenn Ford utilise ainsi un magnétophone, un film, des activités parascolaires, méthodes très peu usuelles à l’époque mais qui ont fait leur chemin depuis. Le film est aussi novateur pour sa musique : le générique débute sur « Rock Around the Clock » de Bill Haley qui attira en masse un public jeune et n’est pas étranger au grand succès du film. Celui-ci, en retour, ouvrit un véritable boulevard pour le rockabilly. Hormis Sydney Poitier, les élèves sont interprétés par des acteurs non-professionnels ce qui donne une très grande authenticité à l’ensemble (plusieurs firent carrière ensuite). Blackboard Jungle fut imité et lança une vogue de films sur la délinquance juvénile, de qualité inégale. Film franchement avant-gardiste, il semble toujours d’actualité aujourd’hui.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Glenn Ford, Sidney Poitier, Vic Morrow, Anne Francis, Louis Calhern, Margaret Hayes, John Hoyt
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Remarques :
* Les pressions internes à la Fox furent fortes pour bloquer le projet, puis pour empêcher la sortie du film. L’argument avancé est que le film allait ternir l’image des Etats-Unis. Richard Brooks s’en sortit en rajoutant un message avant le générique de début.
* L’ambassadrice des Etats Unis en Italie a réussi à empêcher que le film soit présenté au Festival de Venise puis a tenté de bloquer sa sortie en Europe.
* A sa sortie, le film fut interdit en Géorgie car il montrait un élève noir dans une classe de blancs.
* Le service juridique de la Fox a demandé à Sydney Poitier de signer un serment de loyauté stipulant qu’il n’avait pas l’intention de renverser le gouvernement des Etats-Unis (papier qu’il a réussi à ne pas signer).
* Certains cinémas coupèrent le son du générique du début car le rock and roll était suspecté d’avoir une mauvaise influence.

Blackboard jungle
Paul Mazursky, Vic Morrow, Glenn Ford et Sydney Poitier dans Graine de violence de Richard Brooks. Le jeune garçon derrière Vic Morrow (juste sous Glen Ford) est John Erman, futur réalisateur et producteur de télévision.

11 août 2017

Les Frères Karamazov (1958) de Richard Brooks

Titre original : « The Brothers Karamazov »

Les frères KaramazovHomme vulgaire et sans principe, Fiodor Karamazov a trois fils très différents : Alexeï est un homme de foi, Ivan est un intellectuel matérialiste et athée, Dimitri est un militaire chez qui le vice et la vertu se livrent une grande bataille. Les tensions sont fortes entre le père et chacun de ses fils… Richard Brooks réalisant une adaptation de Dostoïevski, cela a de quoi surprendre car l’univers habituel du réalisateur américain semble bien éloigné de « l’âme russe ». Pourtant, son adaptation se révèle assez réussie. Elle est en tous cas fidèle avec une bonne retranscription du caractère exalté des personnages. Yul Brynner est Dimitri, le personnage ici le plus complexe dont il montre bien le caractère tourmenté. Richard Brook a toutefois un peu plus de mal à dépasser le niveau conflictuel familial pour restituer toute la dimension métaphysique du roman. On ressent bien les hésitations, les tiraillements de la conscience des personnages, mais cela reste timide. Les questionnements sur l’existence de Dieu et sur le fondement de la morale sont toutefois esquissés. La reconstitution est bien réalisée et l’on remarque un bon travail sur la couleur. Le film n’a pas connu le succès et il est généralement (trop) sévèrement jugé aujourd’hui.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Yul Brynner, Maria Schell, Claire Bloom, Lee J. Cobb, Albert Salmi, William Shatner, Richard Basehart
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Les Frères Karamazov
Richard Basehart, Yul Brynner, William Shatner et Lee J. Cobb (allongé) dans Les frères Karamazov de Richard Brooks.

Les frères Karamazov
Maria Schell et Claire Bloom dans Les frères Karamazov de Richard Brooks.

Les frères Karamazov
Richard Basehart, Lee J. Cobb, Yul Brynner, Albert Salmi et William Shatner dans Les frères Karamazov de Richard Brooks.

Les frères Karamazov
Yul Brynner et Maria Schell dans Les frères Karamazov de Richard Brooks.

Les frères Karamazov
William Shatner et Lee J. Cobb dans Les frères Karamazov de Richard Brooks.

Remarque :
– La distribution est particulièrement cosmopolite ce qui contribue, sans aucun doute, à la crédibilité du film : Yul Brynner est originaire de l’île de Sakhaline à l’extrême-est de la Russie, Maria Schell est née à Vienne, Claire Bloom est née à Londres, Lee J. Cobb est né à New York et William Shaftner est né à Montréal.

Autres versions :
Les frères Karamazov (Die Brüder Karamasoff) de Carl Froelich et Dimitri Buchowetzki (1921) avec Emil Jannings
Der Mörder Dimitri Karamasoff de Erich Engels et Fyodor Otsep (1931) avec Fritz Kortner
Les frères Karamazov (I fratelli Karamazoff) de Giacomo Gentilomo (1947) avec Fosco Giachetti
Bratya Karamazovy de Ivan Pyrev et Kirill Lavrov (1969)

1 novembre 2013

Dollars (1971) de Richard Brooks

Titre original : « $ »

DollarsAlors qu’il installe des systèmes de sécurité dans une grande banque de Hambourg, l’américain Joe Collins met au point un plan pour dévaliser, avec son amie Divine, les coffres loués par des trafiquants de drogue. Il est certain que ceux-ci ne porteront pas plainte… Après l’échec commercial de son film précédent The Happy Ending, Richard Brooks se doit de prouver à ses producteurs qu’il peut encore faire des films à succès. Il écrit donc une histoire de casse intelligent où des petites crapules volent des grosses crapules. Le titre Dollars laisse présumer un contenu sous-jacent dénonçant l’attrait de l’argent mais il n’en est rien. L’histoire est assez classique et il est bien difficile d’y trouver la marque de Richard Brooks. Le point fort du film est plutôt à chercher du côté de son efficacité et de son énergie. La poursuite qui occupe une bonne partie de la seconde moitié du film est pleine de rebondissements. L’ensemble est toutefois un peu long et, surtout, un peu vain.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Warren Beatty, Goldie Hawn, Gert Fröbe, Robert Webber, Scott Brady
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22 août 2013

Doux oiseau de jeunesse (1962) de Richard Brooks

Titre original : « Sweet Bird of Youth »

Doux oiseau de jeunesseParti depuis quelques années pour réussir, l’ex-barman Chance Wayne revient dans sa ville natale au volant d’une superbe Cadillac décapotable. Il est accompagné d’une ancienne star de cinéma alcoolique qu’il a pris en charge. S’il revient, c’est pour voir son ancien amour Heavenly mais le père de la jeune fille, un politicien conservateur qui dirige la ville, ne voit pas ce retour d’un bon oeil… Quatre ans après La Chatte sur un toit brûlant, Richard Brooks adapte une autre pièce de Tennessee Williams à l’écran, Doux oiseau de jeunesse. Elia Kazan l’avait montée à Broadway avec succès et Brooks en reprend quatre acteurs principaux (1). Comme souvent avec Tennessee Williams, il s’agit d’un drame qui va sonder les tréfonds de l’âme humaine. Ici, tout tourne autour de la soif de réussite et de l’absence de mixité sociale. Chance Wayne (quel nom !) mise sur son physique pour avoir, lui aussi, sa chance et obtenir un raccourci vers le haut de la hiérarchie sociale et, par là même, vers son ancien amour. Paul Newman paraît être l’interprète idéal pour exprimer toutes les facettes de ce personnage finalement plein de naïveté. Il avait de plus l’avantage de bien connaitre le rôle. Il faut excuser la fin en happy end, qui paraît plaquée et même un peu idiote, nécessaire pour que le film passe la censure (2). Doux oiseau de jeunesse connut un grand succès.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Paul Newman, Geraldine Page, Shirley Knight, Ed Begley, Rip Torn, Mildred Dunnock, Madeleine Sherwood
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(1) Paul Newman, Geraldine Page, Madeleine Sherwood (Miss Lucy) and Rip Torn (le fils) tenaient le même rôle dans la pièce à Broadway qui fut jouée 375 fois à partir de mars 1959.
(2) Dans la pièce originale, la fin est assez dure : ce que l’on craint que le fils puisse faire à un certain moment (sur le capot de la voiture), il le fait vraiment. Et il n’y a pas de départ ensuite.

16 avril 2013

La chatte sur un toit brûlant (1958) de Richard Brooks

Titre original : « Cat on a Hot Tin Roof »

La chatte sur un toit brûlantDans une prospère plantation du Mississippi, on fête le soixante-cinquième anniversaire du patriarche, Big Daddy, qui est sur le point de mourir d’un cancer. Le couple de son fils, Brick, est en pleine crise. Il repousse constamment sa jolie femme Maggie et tente de noyer son dégoût dans l’alcool… La chatte sur un toit brûlant est une pièce de Tennessee Williams qui remporta un grand succès à Broadway sous la direction d’Elia Kazan. Mais c’est pourtant Richard Brooks qui l’adaptera au grand écran (1) avec un couple d’acteurs très photogéniques : Elizabeth Taylor et Paul Newman. Hollywood oblige, toute référence à l’homosexualité de Brick a été gommée mais il reste toute la puissance et l’intensité qui sont propres aux pièces de Tennessee Williams. La frustration, la cupidité, le mensonge, la culpabilité nourrissent l’atmosphère surchauffée de ce drame familial qui débouche sur des réflexions plus profondes sur la vie ou la mort. La chatte sur un toit brûlantTous les rôles sont magnifiquement tenus à commencer bien entendu par le tout jeune (et très beau) Paul Newman et une Elizabeth Taylor dont la sensualité a de quoi réveiller un mort (2). Burl Ives, de son côté, exprime une force peu commune. Oui, finalement, malgré toutes les concessions faites lors de l’adaptation, La chatte sur un toit brûlant conserve bien toute sa puissance.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Elizabeth Taylor, Paul Newman, Burl Ives, Jack Carson, Judith Anderson, Madeleine Sherwood
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Remarques :
* Burl Ives (Big Daddy) et Madeleine Sherwood (Mae) tenaient déjà le même rôle dans la pièce jouée à Broadway sous la direction d’Elia Kazan ; Ben Gazzara interprétait Brick et Barbara Bel Geddes était Maggie.
* Le film était prévu pour être tourné en noir et blanc mais Richard Brooks insista pour tourner en couleurs afin de profiter des yeux bleus de Paul Newman et ceux d’Elizabeth Taylor, couleur violette. Les couleurs sont d’ailleurs superbes.

(1) Elia Kazan était en désaccord avec Tennessee Williams à propos de certaines modifications nécessaires selon lui. La situation se reproduira avec Doux oiseau de jeunesse (Sweet Bird of Youth) dont la pièce sera montée à Broadway par Elia Kazan pour être ensuite portée à l’écran en 1962 par Richard Brooks (avec… Paul Newman dans le rôle principal).
(2) On pourra remarquer que toute cette sensualité dégagée par l’actrice, loin de nous détourner de l’action, intensifie le drame car elle amplifie l’importance du refus de Brick.

3 février 2013

Les Professionnels (1966) de Richard Brooks

Titre original : « The Professionals »

Les professionnelsA l’époque de la Révolution mexicaine, un riche propriétaire texan recrute quatre hommes pour aller délivrer sa jeune épouse qui a été enlevée et emmenée au-delà de la frontière. Chacun est expert en son domaine : le maniement des armes à feu, éclaireur et tir à l’arc, le dynamitage, le soin des chevaux… Avec le recul, il apparaît clairement que Les Professionnels de Richard Brooks s’inscrit pleinement dans une période charnière du western, une époque où le genre cherchait un nouveau souffle entre classicisme et irruption du western italien, avant de déboucher sur des films plus violents comme La Horde sauvage de Peckinpah (1). Ici, l’accent est mis sur les personnages qui, outre leur excellence dans un domaine particulier, sont dotés d’une vraie personnalité et d’une conscience qui entrainent questionnements et dilemmes moraux. Richard Brooks donne ainsi par leur biais une certaine dimension philosophique et politique à son film. Mais le film garde ses scènes d’action, bien amenées par un scénario qui se déroule intelligemment. Sous une apparence de film d’action, Les Professionnels est donc doté d’une indéniable profondeur ; il peut ainsi être vu à plusieurs niveaux. On remarquera la belle utilisation des décors naturels et l’excellente interprétation.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Burt Lancaster, Lee Marvin, Robert Ryan, Woody Strode, Jack Palance, Claudia Cardinale
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(1) La Horde sauvage (The Wild Bunch) de Sam Peckinpah (1969).

28 décembre 2012

Lord Jim (1965) de Richard Brooks

Lord JimSur un navire rouillé mené par un capitaine sans scrupules, James Burke est poussé à accomplir un acte de lâcheté qui va le hanter durablement. Il va tenter de se racheter en épousant la cause des indigènes Malaisiens en lutte contre un dictateur brutal… Ce roman de Joseph Conrad, déjà adapté par Victor Fleming à l’époque du muet, permet à Richard Brooks de réaliser une grande production prenant pour cadre l’Indonésie et son pouvoir évocateur d’aventures et de dangers. Il parvient à faire oublier le côté aride et austère de ce long voyage expiatoire d’un homme hanté par son passé sans toutefois trahir l’esprit du roman. Richard Brookes utilise fort bien Peter O’Toole, fraichement auréolé de son Lawrence d’Arabie, remarquable par la richesse de son jeu mais qui, seul, a bien du mal à insuffler une dimension épique à cette histoire très mouvementée. Lord Jim reste un film plaisant mais il semble manquer l’étincelle qui aurait pu le rendre grandiose.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Peter O’Toole, James Mason, Curd Jürgens, Eli Wallach, Jack Hawkins, Paul Lukas, Daliah Lavi, Akim Tamiroff
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Version précédente :
Lord Jim par Victor Fleming (1925) avec Percy Marmont.