23 avril 2023

Madeleine Collins (2021) de Antoine Barraud

Madeleine CollinsJudith a depuis des années une double vie : en Suisse, elle vit avec Abdel avec qui elle élève une petite fille ; en France, elle est la mère de deux garçons avec Melvil. Elle justifie son absence régulière en prétextant des voyages dans d’autres pays européens pour son métier de traductrice…
Madeleine Collins est un film français écrit et réalisé par Antoine Barraud. Il s’agit d’un film assez troublant qui brouille constamment les maigres pistes offertes au spectateur. Le début nous fait penser à L’emploi du temps d’après le roman d’Emmanuel Carrère mais rapidement on se rend compte que la situation est bien différente, même si ces histoires ont pour thème commun le mensonge. Nous restons très longtemps dans l’ignorance face au comportement des personnages mais l’explication arrive doucement dans le dernier tiers du film. Antoine Barraud a su capter puis garder toute notre attention. Il faut bien entendu éviter de lire des commentaires sur le film qui dévoileraient trop de choses. Virginie Effira est parfaite, y compris dans les scènes les plus intenses. L’ensemble est assez brillant et bien écrit.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs : Virginie Efira, Quim Gutiérrez, Bruno Salomone, Jacqueline Bisset, Thomas Gioria, Valérie Donzelli
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Madeleine CollinsQuim Gutiérrez et Virginie Efira dans Madeleine Collins de Antoine Barraud.

20 avril 2020

Voyage à deux (1967) de Stanley Donen

Titre original : « Two for the Road »

Voyage à deux (Two for the Road)Après douze ans de mariage, Joanna et Mark forment un « vieux » couple. Lassés, se disputant de plus en plus, ils songent au divorce. En voyage sur la Côte d’Azur, ils se remémorent plusieurs de leurs voyages passés…
Sur un scénario de Frederic Raphael, Two for the Road nous montre le lent délitement d’un couple. Il mêle les récits de plusieurs voyages successifs que le couple a faits au même endroit depuis qu’ils se connaissent. La construction est très originale car elle ne repose pas sur des flashbacks formalisés ; nous sautons brusquement d’une période à l’autre soit du fait du lieu (ils sont passés au même endroit lors d’un voyage précédent), soit du fait d’une similitude de situation. Il arrive même que les personnages d’une période voient passer devant eux les personnages d’un autre voyage! Le principal indice pour savoir à quelle période nous sommes est le moyen de locomotion (qui va de l’auto-stop au luxueux coupé Mercedes), et accessoirement les habits que porte Joanna (qui vont du plus simple au Paco Rabanne). Il faut avouer que ce type de construction est plus amusant que pratique pour discerner l’évolution de leur relation. Il permet toutefois d’évoquer, de façon un peu pêle-mêle, un ensemble de bons souvenirs qui vient contrebalancer la forte amertume qui marque leur vie actuelle. La vision sur le mariage n’a finalement rien de bien original mais le film est plaisant  du fait de ses constantes surprises. Bonne interprétation d’Albert Finney (devenu particulièrement amer et odieux) et d’Audrey Hepburn.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Audrey Hepburn, Albert Finney, Eleanor Bron, William Daniels, Claude Dauphin, Georges Descrières, Jacqueline Bisset
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Voyage à deux (Two for the Road)Albert Finney et Audrey Hepburn dans Voyage à deux (Two for the Road) de Stanley Donen.

3 juillet 2019

L’Amant double (2017) de François Ozon

L'amant doubleChloé se plaint de douleurs au ventre. Les médecins lui affirmant que l’origine est certainement psychologique, elle se décide à aller consulter un psychothérapeute. Rapidement, ils tombent amoureux l’un de l’autre et s’installent ensemble. Mais elle découvre alors que son amant lui a caché une partie de son identité…
Librement adapté d’un roman de l’américaine Joyce Carol Oates, L’Amant double est présenté sous le terme un peu de racoleur de « thriller érotique ». François Ozon joue avec le thème du double maléfique pour créer une atmosphère intrigante et oppressante. Il montre beaucoup de savoir faire dans la réalisation mais beaucoup moins dans le déroulement du récit. La tension ne monte pas vraiment en intensité et le dénouement est particulièrement décevant, même un peu grotesque. Avec tous ses effets assez gratuits, l’ensemble paraît bien superficiel, du moins à nos yeux car le film a su séduire une partie de la critique.
Elle: 2 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Marine Vacth, Jérémie Renier, Jacqueline Bisset, Myriam Boyer
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L'amant double
Jérémie Renier et Marine Vacth dans L’Amant double de François Ozon.

2 décembre 2018

Le Magnifique (1973) de Philippe de Broca

Le MagnifiqueAu Mexique, un requin dévore un espion prisonnier d’une cabine téléphonique jetée à la mer. On appelle à la rescousse l’agent français Bob Saint-Clar, le meilleur agent secret du monde. Celui-ci est dépêché sur place où l’attend la très belle Tatiana. Sur une plage exotique, ils sont attaqués par une horde d’ennemis envoyés par l’infâme Karpov…
Sur une idée de scénario originale, Philippe de Broca nous sert un grand divertissement, très farfelu mais pas idiot du tout : il a une façon très amusante d’explorer les rapports entre la fiction et la réalité, (on remarquera les multiples façons de passer de l’un à l’autre, aucune n’étant utilisée deux fois) et également les rapports entre un créateur et sa création. La parodie des films d’espionnage et de la littérature de gare est assez outrée et Belmondo s’en donne à cœur-joie, bondissant et multipliant les effets de cape. Jacqueline Bisset apporte une belle touche de charme et de douceur.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Paul Belmondo, Jacqueline Bisset, Vittorio Caprioli, Mario David, Jean Lefebvre
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Remarques :
* Aucun scénariste n’est mentionné au générique du fait d’un conflit entre Francis Veber et Philippe de Broca en cours d’écriture. Le scénario fut alors repris par Jean-Paul Rappeneau et Daniel Boulanger. Francis Veber a refusé que son nom apparaisse au générique.
* Jean-Paul Belmondo a gardé le surnom Le Magnifique après ce film.

Le Magnifique
Côté pile : Jacqueline Bisset et Jean-Paul Belmondo dans Le Magnifique de Philippe de Broca.

Le Magnifique
Côté face : Jean-Paul Belmondo et Jacqueline Bisset dans Le Magnifique de Philippe de Broca.

6 janvier 2018

Bullitt (1968) de Peter Yates

BullittLe lieutenant de police Frank Bullitt est chargé par un sénateur de protéger un témoin prêt à témoigner contre la Mafia pendant un week-end…
Bullitt est un film que tout le monde connaît pour sa scène centrale de 10 minutes, une poursuite automobile qui a révolutionné le genre. Depuis ses tous débuts, le cinéma a bien moult fois montré des courses-poursuites motorisées de toutes natures mais jamais de façon si spectaculaire. Utilisant avec une certaine maestria la topologie si particulière de San Francisco, l’anglais Peter Yates transforme les bolides en animaux qui bondissent et rugissent de leurs huit cylindres. Il multiplie les angles de vue, adoptant même une vision subjective qui donne des haut-le-cœur dans les descentes, avec un montage particulièrement efficace. Toute cette scène fut tournée sans trucage, sur les lieux réels, comme le restant du film qui offre cependant beaucoup moins d’intérêt. L’histoire n’est guère passionnante.  Si Peter Yates sait créer de belles images, avec un certain style d’ailleurs (on le voit dès le générique), il se révèle totalement incapable de donner la moindre épaisseur à ses personnages. Il se contente de les filmer, in situ, parfois au plus près de leur quotidien, dans un esprit presque Nouvelle vague ! Gros succès commercial.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Steve McQueen, Robert Vaughn, Jacqueline Bisset, Don Gordon, Robert Duvall
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Bullitt
Course-poursuite dans les rues de San Francisco dans Bullitt de Peter Yates.

Bullitt
Steve McQueen pilote lui-même dans certaines scènes de Bullitt de Peter Yates, mais pas toutes. On peut le remarquer à la position du rétroviseur : quand il est plus haut et ne montre rien, c’est Bud Ekins qui pilote. Les vitesses réelles ont été jusqu’à 170 km/h. Pour en savoir plus sur les voitures

19 octobre 2014

La Femme du dimanche (1975) de Luigi Comencini

Titre original : « La donna della domenica »

La femme du dimancheA Turin, le commissaire Santamaria (Marcello Mastroianni) enquête sur le meurtre d’un architecte poseur et obsédé sexuel. Ses recherches le mènent directement à interroger des membres de la haute bourgeoisie de la ville, notamment Massimo Campi (Jean-Louis Trintignant) riche bourgeois homosexuel et son amie Anna Carla Dosio (Jacqueline Bisset) la jeune femme oisive d’un riche industriel… L’adaptation de ce best-seller de Carlo Fruttero et Franco Lucentini a été écrite par le fameux duo Age et Scarpelli. Certes, La Femme du dimanche n’est pas un des films majeurs de Luigi Comencini mais il constitue une intéressante tentative de mêler intrigue policière et analyse sociale. La femme du dimanche Alors que ses producteurs le pressaient d’en faire un film policier grand public, Comencini a su, en filigrane, mettre en évidence les rapports de classe dans une ville, Turin, où il y a environ 700 000 siciliens, les pauvres, et 300 000 turinois, les riches (1). Avec tant de talents réunis, on peut se demander pourquoi le film n’est au final pas plus convaincant. Peut-être est-ce du à la dose d’humour introduite qui nous pousse à ne pas prendre tout cela très au sérieux. De ce fait, La Femme du dimanche manque quelque peu de force mais son contenu assez subtil le rend intéressant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Jacqueline Bisset, Jean-Louis Trintignant, Aldo Reggiani
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Remarque :
* La musique est d’Ennio Morricone.

(1) Ces chiffres sont donnés par Jean-Louis Trintignant dans une interview télévisée à propos du film. (Voir…)

La Femme du dimanche (La donna della domenica)Jean-Louis Trintignant et Jacqueline Bisset dans La Femme du dimanche (La donna della domenica) de Luigi Comencini.

18 juillet 2013

Cul-de-sac (1966) de Roman Polanski

Cul-de-sacAprès un mauvais coup qui a visiblement mal tourné, deux gangsters blessés arrivent dans un château anglais isolé habité par un quadragénaire qui a tout abandonné pour vivre avec sa très jeune épouse. Le plus valide des deux gangsters n’a aucun mal à prendre le dessus sur eux… Cul-de-sac, le film de Roman Polanski, est beaucoup de choses à la fois : c’est indéniablement une tragédie puisque l’irruption d’un élément étranger, rustre et brutal, va provoquer une grave et profonde crise dans ce couple mal assorti. C’est tout aussi indéniablement une comédie car, de l’humour, le film en regorge, un humour noir, un humour qui peut faire grincer des dents sans doute mais qui fonctionne parfaitement. C’est également un film de suspense et de tension, Cul de Sac est l’un des plus beaux huis clos (en plein air) qui soient. Polanski mêle tous ces éléments avec habilité mais, si le film a tant marqué les esprits, c’est surtout pour son inventivité et sa grande liberté de ton, notamment dans la description des rapports à l’intérieur du couple : si l’homme fait preuve de tant de lâcheté face au gangster, c’est aussi parce qu’il est dans une impasse face à sa femme, il sent qu’en seulement dix mois, elle se détache de lui, il est prêt à tout accepter pour la garder et il reproduit ce comportement masochiste sur le truand qui s’impose, lui non par le charme, mais par la force. Il a déjà dépassé le point de non retour et le cul-de-sac n’est pas seulement celui du château isolé sur son île, c’est aussi le cul-de-sac émotionnel de l’homme. L’irruption du gangster n’est qu’un révélateur, d’ailleurs lui aussi se fera manipuler par la femme qui est le véritable personnage fort de cette histoire. Polanski fait une description sans fard de cette relation et, comme souvent avec lui, il y a quelque chose de troublant dans son propos qui nous renvoie sur nous-mêmes.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Donald Pleasence, Françoise Dorléac, Lionel Stander, Jack MacGowran, Jacqueline Bisset
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Cul-de-sacRemarques :
* L’affiche américaine de Cul-de-sac portait le slogan « Parfois, on ne peut plus rien faire d’autre qu’en rire », une mise en garde qui traduit probablement l’embarras des distributeurs américains du film. L’accueil fut effectivement très mauvais, la critique assassinant le film, le jugeant malsain. Le film fut retiré très rapidement des écrans. Le film fut heureusement mieux reçu en Europe.

* Cul-de-sac a été tourné entièrement sur Holy Island, une petite île située tout au nord de l’Angleterre (juste sous la frontière avec l’Ecosse), sur la côte est. L’île n’est toujours accessible que par une route submergée à marée haute. Elle porte un petit village de 160 habitants, les ruines d’un monastère du VIIe siècle et… le haut perché Lindisfarne Castle où le film a été tourné.
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Voir photos du Lindisfarne Castle
Petite note : le groupe de folk Lindisfarne a choisi son nom d’après ce même château.