28 août 2016

Tiens bon la barre matelot! (1959) de Norman Taurog

Titre original : « Don’t Give Up the Ship »

Tiens bon la barre matelot!John Paul Steckler, septième du nom, est lieutenant de la Marine des Etats-Unis. Le jour-même de son mariage, il est convoqué : on le somme de restituer un navire de combat dont il a été brièvement responsable et dont on ne trouve plus aucune trace. Sinon, il devra payer plusieurs millions de dollars… La base de départ du scénario de Don’t Give Up the Ship est si farfelue et si improbable que l’on se réjouit d’avance d’en voir le développement. Hélas, il n’est pas vraiment à la hauteur des attentes, enchainant des gags très classiques de façon presque routinière, sans pousser vraiment le nonsense. Toutefois de bonnes répliques, issues le plus souvent de quiproquos, viennent relever l’ensemble. Don’t Give Up the Ship fait partie des films tournés par Jerry Lewis peu après sa rupture avec Dean Martin, avant qu’il ne commence à en réaliser lui-même. A cette époque, l’acteur avait signé un avantageux contrat avec la Paramount qui voulait avoir chaque année un Jerry Lewis pour l’été et un pour Noël. Celui-ci est celui de l’été 1959.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jerry Lewis, Dina Merrill, Diana Spencer, Mickey Shaughnessy, Robert Middleton
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Remarque :
Aux Etats-Unis, Don’t Give Up the Ship est une phrase célèbre pour avoir été les derniers mots prononcés par un officier américain en 1813, le capitaine James Lawrence, juste avant de mourir dans une bataille contre un navire anglais. Depuis, cette phrase est devenue un cri de guerre ou un slogan mis sur des drapeaux. Le titre français, quant à lui, montre que la cible visée par les distributeurs français était plutôt jeune.

Don't give up the ship
Diana Spencer, Jerry Lewis et Robert Middleton dans Tiens bon la barre matelot! de Norman Taurog.

Don't give up the ship
Mabel Albertson, Jerry Lewis, Diana Spencer et Dina Merrill dans Tiens bon la barre matelot! de Norman Taurog.

10 août 2016

La Toile de l’araignée (1955) de Vincente Minnelli

Titre original : « The Cobweb »

La Toile de l'araignéeLe docteur McIver (Richard Widmark) dirige avec passion une clinique psychiatrique sans se rendre compte qu’il délaisse sa femme et ses enfants. Il encourage ses patients à s’autogérer mais une banale histoire de changement de rideaux va créer de multiples foyers de tensions… La Toile de l’araignée est adapté d’un roman très remarqué de William Gibson. C’est un mélodrame très adulte qui entremêle subtilement plusieurs petites histoires où docteurs et patients sont mis sur le même plan, apportant autant de problèmes psychologiques et de situations critiques. Minnelli n’a pas son pareil pour laisser transparaître le mal-être de ses personnages, sans grand éclat ni excès, laissant une grande place à la psychologie. Il a réuni un beau plateau d’acteurs où l’on remarque Richard Widmark dont la richesse de jeu étonne dans un type de rôle assez inhabituel pour lui. Il faut aussi citer la belle prestation du jeune John Kerr. Le seul choix discutable est celui de Charles Boyer qui ne semble guère à l’aise avec son personnage. Minnelli utilise merveilleusement les plans larges du Cinémascope et le Technicolor. Avec La Toile de l’araignée, il signe là un film profond et séduisant par sa maturité. Le film fut un échec à sa sortie.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Richard Widmark, Lauren Bacall, Charles Boyer, Gloria Grahame, Lillian Gish, John Kerr
Voir la fiche du film et la filmographie de Vincente Minnelli sur le site IMDB.

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La Toile de l'araignée
Laureen Bacall et Richard Widmark dans La Toile de l’araignée de Vincente Minnelli.

Remarques :
* Le film est souvent rapproché, voire qualifié de prélude à La Vie passionnée de Vincent Van Gogh que Minnelli tournera l’année suivante (avec Kirk Douglas dans le rôle principal).
* Le titre français est souvent déformé en La Toile d’araignée.
* La fin du film diffère de celle du roman, ce dénouement très hollywoodien ayant été jugé plus conforme aux codes de censure. Dans le roman, le docteur reste avec l’autre femme (si vous avez vu le film, vous comprenez certainement de qui il s’agit).
* William Gibson, l’auteur du roman, n’est pas le même William Gibson auteur du Neuromancien.

La Toile de l'araignée
Charles Boyer et Gloria Grahame dans La Toile de l’araignée de Vincente Minnelli.

La Toile de l'araignée
Laureen Bacall et Lillian Gish dans La Toile de l’araignée de Vincente Minnelli.

(Presque) homonymes (mais sans autre rapport que le titre) :
La Toile d’araignée (The Drowning Pool) de Stuart Rosenberg (1975) avec Paul Newman
La Toile d’araignée (Das Spinnennetz), film allemand de Bernhard Wicki (1989) avec Ulrich Mühe

22 juillet 2016

Toute la mémoire du monde (1956) de Alain Resnais

Toute la mémoire du mondeTourné par Alain Resnais juste après Nuit et Brouillard, Toute la mémoire du monde est un documentaire de 20 minutes qui nous présente la Bibliothèque Nationale sous un jour nouveau et original. Alain Resnais a une approche presque clinique de cette vénérable institution : il montre le contenant, puis le contenu, avant de décortiquer méthodiquement ses principes de fonctionnement. Il a l’approche ethnologique que pourrait avoir un extra-terrestre. Sa caméra est fluide avec ces superbes travelings lents et majestueux dont il a le secret. On ne s’en lasse pas  ! Bien entendu, la question de fond soulevée, « comment assurer la mémoire », a aujourd’hui de nouveaux outils, informatiques notamment, pour être abordée. Mais elle reste la même bien que, face à l’explosion de la communication, la difficulté soit de nos jours moins sur le « comment sauvegarder » que sur le « quoi sauvegarder ». Sur le plan cinématographique en tous cas, Alain Resnais continue avec ce court métrage d’apporter au ton nouveau au documentaire.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: (voix) Jacques Dumesnil
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Remarques :
* Dans les années cinquante, la Bibliothèque Nationale est en pleine modernisation et extension. Le projet d’un court métrage pour la mettre en valeur est d’abord porté par la RTF, avec le Ministère des affaires étrangères pour co-producteur. Il est ensuite repris et mené à bien par la volonté de Pierre Braunberger.
* La musique est de Maurice Jarre.
* Dans l’équipe d’Alain Resnais, parmi les quelque 25 collaborateurs, on remarque les noms d’Agnès Varda et Chris Marker (… et de François-Régis Bastide).
* Le microphone qui descend dans l’image est sans aucun doute un clin d’œil à Orson Welles.

Toute la mémoire du monde
La Bibliothèque Nationale est l’acteur principal de Toute la mémoire du monde de Alain Resnais.

15 juillet 2016

La Femme aux maléfices (1950) de Nicholas Ray

Titre original : « Born to Be Bad »

Born to be BadDonna (Joan Leslie) accueille de bon coeur sa cousine Christabel (Joan Fontaine) sous son toit sans savoir qu’elle va s’arranger pour attirer l’attention de tous les hommes que Donna fréquente, à commencer par son riche fiancé… Born to Be Bad fait partie des premiers films de Nicholas Ray. Ce mélodrame paraît nettement moins remarquable que ses autres réalisations. L’intrigue est finalement assez conventionnelle et donc prévisible, avec une dimension psychanalytique sous-jacente qui reste hélas non développée. L’ensemble est sauvé par une belle interprétation, y compris dans les seconds rôles. Joan Fontaine casse ici son image habituelle de jeune femme parfaite et irréprochable. Le directeur de la photographie est le très expérimenté (et talentueux) Nicholas Musucara. On remarquera de nombreux très beaux plans et la prédilection de Nicholas Ray pour les escaliers… Le talent et l’inventivité de Ray pour la mise en scène sont patents dans la scène d’ouverture qui introduit un à un les principaux protagonistes en un vaste ballet de personnages sur un simple palier.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Joan Fontaine, Robert Ryan, Zachary Scott, Joan Leslie, Mel Ferrer
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Remarques :
* Born to Be Bad fait partie des quelques films dont Nicholas Ray refusait de parler.
* La scène de fin en happy end sur le tarmac de l’aérodrome a été ajoutée à la demande d’Howard Hugues (qui venait de racheter RKO Pictures). Cette scène fait sourire tant elle paraît peu crédible. Il est d’ailleurs peu probable qu’elle ait été tournée par Nicholas Ray. Le simple fait de voir soudainement Zachary Scott aux commandes d’un avion surprend… sauf si on se rappelle qu’Howard Hugues est un grand fan d’aviation !
* Le film n’est sorti en France qu’en 1985.

* Homonyme (sans aucun rapport) :
Born to Be Bad de Lowell Sherman (1934) avec Loretta Young et Cary Grant, film de la 20th Century Fox qui n’est, semble t-il, jamais sorti en France.

Born to be bad
Zachary Scott, Joan Fontaine et Mel Ferrer dans Born to be Bad de Nicholas Ray.

Born to be bad
Harold Vermilyea, Joan Leslie et Robert Ryan dans Born to be Bad de Nicholas Ray.

25 juin 2016

C’étaient des hommes (1950) de Fred Zinnemann

Titre original : « The Men »

C'étaient des hommesBlessé de guerre et paralysé des jambes, Wilcheck est soigné dans un hôpital pour soldats paraplégiques. Il refuse de voir sa fiancée de peur de lire la pitié dans ses yeux mais celle-ci s’obstine et sollicite l’aide du docteur… Produit par Stanley Kramer et réalisé par Fred Zinneman (futur réalisateur de Le Train sifflera trois fois et Tant qu’il y aura des hommes), The Men est un film peu connu qui cherche à mettre en valeur un autre type de bravoure que celui du combat, celui qui est nécessaire pour rebâtir sa vie en fauteuil roulant. Assez inévitablement, le film est alourdi par un excès de sentimentalisme sans que cela oblitère toutefois le propos. The Men est le premier film de Marlon Brando. Adepte de la fameuse Méthode de l’Actors Studio, l’acteur est allé vivre plusieurs semaines dans un véritable hôpital pour soldats paraplégiques pour mieux s’imprégner de son personnage. Son interprétation est effectivement assez puissante, elle transfigure le film qui aurait été certainement anodin sans lui. Marlon Brando, qui avait déjà triomphé avec son interprétation à Broadway d’Un tramway nommé désir (qui sera son deuxième film), fit ainsi une entrée remarquée dans le monde du cinéma.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marlon Brando, Teresa Wright, Everett Sloane, Jack Webb
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Remarques :
* En plus de son long séjour en hôpital, Brando resta sur un fauteuil roulant tout le temps que dura le tournage.
* De nombreux (49) soldats paraplégiques apparaissant dans le film sont ceux avec qui il séjourna durant plusieurs semaines. L’équipe de basket et de water-polo est une authentique équipe.

The Men
Marlon Brando et Teresa Wright dans C’étaient des hommes de Fred Zinnemann.

21 juin 2016

Blanches colombes et vilains messieurs (1955) de Joseph L. Mankiewicz

Titre original : « Guys and Dolls »

Blanches colombes et vilains messieursA Broadway, tous les amateurs de jeux clandestins se retrouvent et cherchent à jouer ensemble. Sky Masterson accepte le pari proposé par Nathan Detroit : séduire la première jeune femme qu’il lui montrera et l’emmener dîner à La Havane. Nathan lui désigne Sarah Brown, une jeune missionnaire de l’Armée du Salut… Adapté d’une pièce à succès de Jo Swerling et Abe Burrows, la comédie musicale Guys and Dolls a beau avoir été réalisée par le grand Joseph L. Mankiewicz, il s’agit surtout d’un projet du producteur Samuel Goldwyn (1). L’histoire n’a pas grand intérêt mais c’est surtout par son manque de souffle et de cohésion que le film est très en deçà des grandes comédies musicales des années cinquante. Certes on peut saluer les audaces, comme prendre un pur produit de l’Actors Studio comme Marlon Brando pour lui faire pousser la chansonnette, ou le fait de styliser les décors, ou encore d’introduire un intermède cubain fiévreux, mais tout cela ne suffit pas pour former un bel ensemble. Brando et Sinatra semblent jouer dans un autre film que le reste des acteurs, les ballets et chansons sont loin d’être mémorables et le mauvais goût de Samuel Goldwyn est particulièrement visible (il culmine dans ces ballets vulgaires des Goldwyn Girls). Le film, qui est très long (2h30), ne manque toutefois pas de défenseurs… Ce fut d’ailleurs un gros succès.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Marlon Brando, Jean Simmons, Frank Sinatra, Vivian Blaine
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Pour lire une présentation plus élogieuse : Le Monde

Remarques :
* Patrick Brion émet l’explication que l’erreur principale de Goldwyn et Mankiewicz serait d’avoir fait appel au chorégraphe Michael Kidd, qui avait conçu les ballets de la pièce : il était sans doute trop prisonnier de sa propre chorégraphie sur scène pour innover réellement. Un autre chorégraphe aurait tout imaginé pour le cinéma sans se référer à une chorégraphie précédente.
* Guys and Dolls sera la seule comédie musicale de la filmographie de Mankiewicz.
* Un remake est prévu (2017 ? 2018 ?)

(1) La légende veut que, le soir de la première de la pièce, Samuel Goldwyn était si enthousiasmé qu’il essayait déjà d’en acheter les droits alors que le second acte n’était pas fini. En réalité, il ne les obtiendrait que quatre ans plus tard après une bataille avec la M.G.M. qu’il remporta en proposant 1 million de dollars. Il fit de cette somme un argument publicitaire en insistant sur ce point dans la bande annonce du film.

Guys and Dolls
(de g. à d.) Frank Sinatra, Marlon Brando, Jean Simmons et Vivian Blaine dans Blanches colombes et vilains messieurs de Joseph L. Mankiewicz (photo publicitaire posée).

Guys and Dolls
Marlon Brando et Frank Sinatra dans Blanches colombes et vilains messieurs de Joseph L. Mankiewicz. La rivalité entre les deux acteurs a empoisonné partiellement le tournage.

28 avril 2016

Richard III (1955) de Laurence Olivier

Richard IIIA la fin du XVe siècle en Angleterre, Richard duc de Gloucester a oeuvré pour mettre sur le trône son frère aîné Edward IV non sans en ressentir une forte jalousie : difforme et bossu, il n’a pas tous les atouts pour prétendre lui-même au trône mais il sait qu’il peut y parvenir par la ruse. Il va d’abord s’attacher à écarter définitivement son second frère George… Oeuvre de jeunesse de William Shakespeare, Richard III dresse un portrait très sombre du souverain : un homme fourbe qui ne cesse de comploter et fait tuer ceux qui se mettent en travers de son chemin. Ce portrait ne correspond pas vraiment à la vérité historique mais donne de la matière à l’une des plus grandes pièces de Shakespeare. Après avoir brillamment adapté Henry V et Hamlet, Richard III était un choix assez logique pour Laurence Olivier. Le résultat est tout aussi intéressant même s’il est généralement moins bien considéré du fait d’une mise en scène jugée trop simple. Il y a certes moins de nouveautés, si ce n’est qu’il n’hésite pas à s’adresser directement à la caméra, procédé très rare au cinéma mais un peu plus courant au théâtre. L’ensemble a été tourné en studios à l’exception du dernier acte, la bataille de Bosworth, qui a été tournée… en Espagne. Laurence Olivier reste très fidèle à l’esprit et au texte ; son interprétation est à la fois intense et juste. Son Richard III est vraiment mémorable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Laurence Olivier, Cedric Hardwicke, Ralph Richardson, John Gielgud, Pamela Brown, Claire Bloom
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Remarque :
* Les mauvais résultats commerciaux du film aux Etats-Unis (en partie dus au fait que le film était sorti simultanément à la télévision) et la mort du producteur anglais Alexander Korda ont mis fin prématurément aux adaptations shakespeariennes de Laurence Olivier. Il n’a pas pu trouver le financement pour monter Macbeth, nous privant de ce qui aurait certainement été une très grande interprétation.

Autres adaptations de la pièce :
Richard III (1912) de André Calmette et James Keane avec Frederick Warde. En 1996, une copie en bon état de ce film précédemment inconnu a été découverte. Sa durée de 55 mn en fait l’un des tous premiers longs métrages.
Richard III (1995) de Richard Loncraine avec Ian McKellen, où la pièce est transposée au XXe siècle, dans une Angleterre fictive sous régime fasciste dans les années 1930.
Richard III (2008) de Scott Anderson avec Scott Anderson

À noter aussi :
Looking for Richard (1996) de Al Pacino qui est un documentaire autour de la pièce et de son impact sur le monde actuel.

Richard III
Laurence Olivier dans Richard III de Laurence Olivier.

14 mars 2016

Femmes d’un été (1958) de Gianni Franciolini

Titre original : « Racconti d’estate »

Femmes d'un étéDans une station balnéaire huppée sur la côte italienne en plein été, nous suivons plusieurs personnages assez divers… Gianni Franciolini est un réalisateur italien assez peu connu qui a réalisé une petite vingtaine de films entre 1939 et 1959, notamment des comédies de moeurs. Femmes d’un été est l’avant-dernier d’entre eux. L’histoire est écrite par Alberto Moravia et parmi les scénaristes on remarque quelques grands noms comme Sergio Amidei et Rodolfo Sonego, ou encore René Barjavel. Le titre laisse penser à une comédie mais, s’il y a bien des notes d’humour avec quelques personnages secondaires, il s’agit plutôt d’une étude de moeurs avec des portraits très variés de femmes mais aussi d’hommes. Ce n’est pas un film à sketches, c’est plutôt ce que l’on appelle aujourd’hui un film choral puisque l’on saute d’un personnage à l’autre pour y revenir ensuite. Moravia a écrit un texte assez riche sur le thème de la séduction : tous ses personnages séduisent, volontairement ou involontairement, ou cherchent à séduire. Il nous en offre ainsi de multiples variations, depuis la séduction tapageuse d’une bimbo en quête d’un riche mari jusqu’à la séduction qui survient sans que l’on s’y attende, en passant par la séduction forcée, la séduction intéressée, la séduction naïve, etc. Le film est ainsi plus profond qu’il ne paraît, cette intensité se manifestant de façon évidente lorsque que le couple Michèle Morgan / Marcello Mastroianni entre en scène à la moitié du film. Parfaitement écrit, Femmes d’un été mérite d’être découvert.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Alberto Sordi, Michèle Morgan, Marcello Mastroianni, Sylva Koscina, Gabriele Ferzetti, Dorian Gray, Franca Marzi
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Racconti d'estate
Dorian Gray dans Femmes d’un été de Gianni Franciolini.

Racconti d'estate
Dany Carrel et Alberto Sordi dans Femmes d’un été de Gianni Franciolini.

Femmes d'un été
Sylva Koscina et Gabriele Ferzetti dans Femmes d’un été de Gianni Franciolini.

Racconti d'estate
Michèle Morgan et Marcello Mastroianni dans Femmes d’un été de Gianni Franciolini.

6 mars 2016

Le Faux Coupable (1956) de Alfred Hitchcock

Titre original : « The Wrong Man »

Le Faux coupableChristopher Emmanuel Balestrero est musicien, il tient la contrebasse dans un club new-yorkais plutôt huppé, et arrive tout juste à faire vivre sa petite famille. Il est reconnu à tort comme étant l’auteur de hold-up chez les commerçants de son quartier… Le Faux Coupable est basé sur un authentique fait divers. De façon inhabituelle pour lui, Alfred Hitchcock s’est efforcé de rester le plus près possible de la vérité, utilisant des décors réels, allant jusqu’à filmer certaines scènes de prison dans une véritable prison. Il raconte les faits vus, non pas par les yeux de l’un des enquêteurs, mais par les yeux de l’homme faussement accusé, ce qui est un parti-pris original. Il modifie un peu les faits pour augmenter la tension mais son principal défaut est certainement d’avoir trop centré le milieu de film sur le personnage de la femme ce qui casse la montée de cette tension. L’ensemble est très froid. Henry Fonda est bien entendu l’un des plus grands acteurs qui soient mais il est ici plus impénétrable et glacial que jamais. Par ailleurs, faut-il penser (comme François Truffaut dans ses entretiens avec Hitchcock) que le style du maître du suspense ne peut s’adapter à un tel récit de faits réels ?
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Henry Fonda, Vera Miles, Anthony Quayle
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Remarques :
* Caméo : La scène où Alfred Hitchcock a fait son habituelle apparition a été coupée au montage par lui-même. Il apparaissait en arrière plan quand Henry Fonda regarde les courses hippiques sur son journal dans le café (voir la 3e photo ci-dessous).
* Alfred Hitchcock apparait tout de même en ombre chinoise dans l’introduction. C’est d’ailleurs sa seule apparition parlante dans un de ses films (en revanche, il apparaît et parle abondamment dans nombre de ses « teasers » plein d’humour).

The Wrong Man
Vera Miles, Henry Fonda et Anthony Quayle dans Le Faux coupable de Alfred Hitchcock.

The Wrong Man
Ce plan, avec la tête d’Henry Fonda au dessus de la grille,  est l’une des belles trouvailles d’Alfred Hitchcock.

The Wrong Man
Même si la scène a été coupée au montage, ce plan avec le cameo d’Hitchcock a servi comme matériel publicitaire.

27 février 2016

Pauvres mais beaux (1957) de Dino Risi

Titre original : Poveri ma belli

Pauvres mais beauxRomolo et Salvatore sont voisins et amis depuis toujours. Ils font tout ensemble, y compris draguer les filles après le travail. Mais après avoir fait la connaissance de Giovanna, leur amitié est mise durement à l’épreuve car ils sont tous deux amoureux d’elle… Parmi les premiers films de Dino Risi (il s’agit de son 6e long métrage), Pauvres mais beaux est l’un des plus personnels. Ecrit par une nouvelle génération de scénaristes (le tandem Pasquale Festa Campanile et Massimo Franciosa), il montre un ton nouveau. Avec le recul, on mesure mieux à quel point cette comédie est le reflet d’un profond changement dans la société italienne et annonce la révolution sociale des années soixante. Même s’ils sont pauvres, et le décor pourrait être celui d’un film néoréaliste, ses personnages ne sont pas des victimes des mutations économiques mais bénéficient d’une modernité où l’insouciance retrouve une place prépondérante (1). L’autre élément marquant est le personnage de jeune fille très émancipée et sûre d’elle-même qui, dans un environnement pourtant très machiste, entend choisir son prétendant et n’hésite pas à les mettre en compétition. C’est un personnage de femme très moderne. Mais Pauvres mais beaux est avant tout une comédie avec une bonne dose d’humour. Les dialogues et situations sont savoureux. L’ensemble est très positif. Le film connut un grand succès, à tel point que Dino Risi lui a donné deux suites : Beaux mais pauvres (Belle ma povere, 1957) et Poveri milionari (1959).
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Marisa Allasio, Maurizio Arena, Renato Salvatori
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Remarques :
* Le film a été tourné directement dans les rues de Rome.
* Marisa Allasio, qui montre à la fois beaucoup de charme et beaucoup de présence à l’écran, n’a pas eu une grande carrière au cinéma. Elle n’a que peu tourné après s’être mariée en 1958 à un comte.

(1) On peut ainsi situer ce film dans la lignée de Dimanche d’Août de Luciano Emmer (1950).

Pauvres mais beaux
Renato Salvatori, Marisa Allasio et Maurizio Arena dans Pauvres mais beaux de Dino Risi (photo publicitaire).