25 octobre 2016

Identification d’une femme (1982) de Michelangelo Antonioni

Titre original : « Identificazione di una donna »

Identification d'une femmeNiccolò, un cinéaste, revient à Rome. Il cherche le personnage féminin à partir duquel, il en est persuadé, il pourra écrire le scénario de son prochain film. Il rencontre Mavi, jeune femme issu d’un milieu aristocratique, dont il s’éprend. Un mystérieux inconnu lui fait des menaces à peine voilées pour qu’il ne la revoie plus… Coécrit par Antonioni et Gérard Brach, Identification d’une femme peut par certains aspects évoquer L’Avventura (la recherche d’une femme aimée qui a disparu) mais le propos est en réalité tout autre. Point de crise existentialiste, il est question ici de processus créatif, du désir de recherche, de paternité, d’idéalisme. Antonioni s’intéresse plus à l’impact du mystère que sur son explication. C’est la recherche qui importe, l’amour devenant alors un inépuisable champ à explorer : Niccolò n’est attiré que par des femmes qu’il ne parvient pas à cerner. Antonioni parsème le film de petits éléments qui nous intriguent (comme cette étonnante excroissance sur l’arbre), se plaît à utiliser les reflets (fenêtres, miroirs, …) dans une belle recherche visuelle et use de symbolismes (l’allégorie peut certes sembler facile, mais la scène du brouillard est assez belle). Identification d’une femme est ainsi un film particulièrement riche
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Tomas Milian, Daniela Silverio, Christine Boisson, Marcel Bozzuffi
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Identification d'une femme
Tomas Milian et Daniela Silverio dans Identification d’une femme de Michelangelo Antonioni.

Identification d'une femme
Tomas Milian et Christine Boisson dans Identification d’une femme de Michelangelo Antonioni.

10 octobre 2016

Main basse sur la ville (1963) de Francesco Rosi

Titre original : « Le mani sulla città »

Main basse sur la villeNaples. Un entrepreneur immobilier, qui est aussi conseiller municipal, convainc le maire et ses adjoints de lui octroyer la construction d’un important chantier d’extension de la ville en leur faisant gagner de l’argent sur le prix des terrains. Parallèlement, un immeuble s’écroule dans un autre chantier du même entrepreneur faisant plusieurs victimes. L’opposition de gauche au conseil municipal exige une commission d’enquête… Avec Main basse sur la ville, Francesco Rosi dénonce la corruption des hommes politiques face à l’argent et étale au grand jour les rouages du jeu politique, du moins d’un style de jeu politique, celui dont la seule finalité est de conserver le pouvoir. Tout est permis, la morale traditionnelle ne semble plus avoir cours, « la seule faute est de perdre » dit l’un deux. Francesco Rosi et son scénariste, le napolitain Rafaele La Capria, se sont plongés dans les archives de la ville et ont assisté au conseil municipal qui est ici reproduit avec un grand réalisme. Le film peut paraître proche d’un documentaire, impression accentuée par le fait que toute psychologie des personnages a été évacuée (ce qui le distingue du cinéma politique américain) et que presque tous les acteurs sont des non-professionnels. Sans aucun manichéisme, Rosi parvient à insuffler une intensité dramatique à sa démonstration qui n’a rien perdu de son efficacité et dont le propos est hélas toujours assez actuel. Main basse sur la ville est incontestablement l’un des films les plus marquants du cinéma politique italien.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Rod Steiger, Salvo Randone
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Remarques :
* Rosi a visiblement utilisé des images réelles pour certaines scènes. C’est ainsi que l’on remarque le nom d’Aldo Moro sur des panneaux électoraux.
* Un plan est étonnant, celui où l’entrepreneur affairiste demande à son contradicteur « est-ce si condamnable de faire du profit quand on améliore les conditions de vie des gens ? » (dans la scène où Nottola fait visiter un logement neuf au conseiller De Vita). Ce qui est étonnant, c’est que Rosi a filmé Rod Steiger disant cette phrase en regard caméra, comme pour interpeller le spectateur, traduisant là ses propres interrogations.

Main basse sur la ville
Rod Steiger dans Main basse sur la ville de Francesco Rosi.

23 septembre 2016

Le Chevalier mystérieux (1948) de Riccardo Freda

Titre original : « Il cavaliere misterioso »

Le Chevalier mystérieuxBien qu’il y soit hors-la-loi, Giacomo Casanova est de retour à Venise pour aider son frère Antonio, accusé d’avoir volé des documents à la dogaresse (l’épouse du doge). Il découvre que ces papiers ont en fait été dérobés par une société secrète, agissant pour le compte de l’impératrice Catherine II de Russie, laquelle voudrait exercer une emprise sur la ville… Le Chevalier mystérieux est librement inspiré des Mémoires de Casanova. Sous la plume de Riccardo Freda, Mario Monicelli et Steno, l’intriguant séducteur est essentiellement un aventurier-espion aux desseins nobles. Si l’aventure prime, il y a un bon équilibre entre divers genres qui rend le film étonnamment complet. Riccardo Freda fait preuve d’une grande maîtrise dans la mise en scène, y compris dans les scènes d’action qui sont très enlevées. C’est là le premier grand rôle pour le jeune Vittorio Gassman qui montre une belle présence à l’écran (1). Avec Le Chevalier mystérieux, Riccardo Freda signe un film populaire de très bonne facture. Il est, bien entendu, en décalage total avec le mouvement néoréaliste qui enthousiasmait alors les cinéphiles, ce qui lui a valu d’être un peu méprisé. Il mérite mieux que cela.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, María Mercader, Yvonne Sanson, Gianna Maria Canale
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Le Chevalier mystérieux
Vittorio Gassman et María Mercader dans Le Chevalier mystérieux de Riccardo Freda.

(1) L’acteur dira plus tard que c’est le seul film qu’il regrettait de sa carrière… Franchement, on ne voit pas bien pourquoi.

4 septembre 2016

Théodora, impératrice de Byzance (1954) de Riccardo Freda

Titre original : « Teodora, imperatrice di Bisanzio »

Théodora, impératrice de ByzanceAu VIe siècle, Justinien, l’empereur de Byzance tombe sous le charme d’une jeune femme audacieuse rencontrée dans la rue. Il la suit dans une taverne où il la voit danser et lui offre un pendentif avant qu’elle ne disparaisse. Accusée de vol, la jeune femme comparaît devant un tribunal présidé par Justinien… C’est principalement Riccardo Freda qui a relancé la vague du péplum italien dans les années cinquante avec son Spartacus (1952) et des films comme ce Théodora, impératrice de Byzance. Le scénario s’appuie sur des éléments historiques, Justinien et Théodora ont bien existé mais leur rencontre est bien entendu très romancée. Passion amoureuse et jalousie sont ici exploitées, ce cocktail ravageur si souvent utilisé au cinéma ; la soif du pouvoir vient pimenter l’ensemble. Le scénario ne paraît pas très original à nos yeux contemporains mais la mise en scène de Riccardo Freda est assez soignée : contrairement à Spartacus, qui était en noir et blanc, il utilise ici la couleur (Ferraniacolor) ce qui permet de mettre joliment en valeur les costumes. Les teintes sont lumineuses. Le clou du film est une course de chars assez spectaculaire. Comme souvent, Freda utilise le montage pour compenser les limitations du tournage (quitte à utiliser plusieurs fois la même scène) et donne ainsi beaucoup de rythme à ses scènes d’action. Parmi les acteurs, on remarquera la présence d’Irène Papas (la sœur perfide de Théodora) dans l’un de ses premiers rôles. Le film peut paraître anodin aujourd’hui, surtout du fait de son scénario très prévisible, mais le film n’est pas sans valeur. Loin de là.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Georges Marchal, Gianna Maria Canale, Renato Baldini, Irene Papas
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Theodora
Gianna Maria Canale et Georges Marchal dans Théodora, impératrice de Byzance de Riccardo Freda.

28 juin 2016

Le Conformiste (1970) de Bernardo Bertolucci

Titre original : « Il conformista »

Le ConformisteEn 1937, l’italien Marcello Clerici est envoyé en mission à Paris par les services secrets de Mussolini. Il doit obtenir des renseignements sur son ancien professeur de philosophie, devenu leader antifasciste et exilé en France, afin de préparer son assassinat… Le Conformiste est adapté du roman homonyme d’Alberto Moravia. Il nous retrace le parcours d’un homme devenu agent mussolinien, non par conviction mais par un mécanisme de défense psychologique : un épisode de son enfance lui a laissé un profond traumatisme qui le pousse à rechercher la normalité, à se fondre dans la masse. Or, dans l’Italie de l’avant-guerre, le conformisme, c’est d’être un fasciste. Toujours dans cette recherche de normalité, il s’est trouvé une fiancée jolie, bourgeoise et un peu idiote ; il va en revanche être désarçonné par une jeune femme très libérée, l’énigmatique compagne de son ancien professeur. Mais le refoulement sexuel et intellectuel laissé par son traumatisme le pousse à détruire tout ce qui l’attire. Dans sa forme, le film de Bertolucci est très beau. La construction est complexe tout en restant limpide, la photographie est superbe avec des rendus d’images différents selon les périodes du récit. L’image vient souvent renforcer ce sentiment de décadence, comme dans ces plans au grand angle d’intérieurs gigantesques. Production germano-italienne, le film a pourtant une distribution franco-italienne. Trintignant est superbe dans son personnage froid et antipathique auquel il donne une profondeur inouïe. Dominique Sanda est très belle, d’un grande présence à l’écran (on a presque l’impression que Bertolucci s’est laissé envoûter par son actrice tant certaines scènes la mettant en valeur paraissent appuyées). La musique de Georges Delerue apporte une dimension supplémentaire. Le Conformiste est un très beau film, d’une ambiance forte et au propos qui évite toute simplification ou manichéisme.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jean-Louis Trintignant, Stefania Sandrelli, Gastone Moschin, Enzo Tarascio, Dominique Sanda, Pierre Clémenti
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Remarques :
* Le directeur de la photographie, Vittorio Storaro, est l’un des plus grands, trois fois oscarisé (pour Apocalypse Now, Reds et Le Dernier Empereur). Il faut citer également Le Dernier tango à Paris, La Stratégie de l’araignée, 1900, Tucker, Dick Tracy, … Le Conformiste est l’un de ses premiers films.

* Les néons du générique et la musique de Georges Delerue peuvent être vus comme un hommage à Jean-Luc Godard (Le Mépris), réalisateur que Bertolucci admire. Il y a un autre clin d’oeil, plus difficile à détecter : le numéro de téléphone que Trintignant demande à l’opératrice pour avoir son ancien professeur est celui de Jean-Luc Godard !

Le Conformiste
Jean-Louis Trintignant, Stefania Sandrelli, Enzo Tarascio et Dominique Sanda dans Le Conformiste de Bernardo Bertolucci.

le Conformiste
Dominique Sanda et Stefania Sandrelli dansent une variante sensuelle de tango dans Le Conformiste de Bernardo Bertolucci.

27 mai 2016

Huit et demi (1963) de Federico Fellini

Titre original : « 8 1/2 »

Huit et demiRéalisateur connu dont on attend le prochain film, Guido est en proie à une crise de la quarantaine particulièrement aigüe. Tout s’embrouille pour lui. Ecartelé entre plusieurs femmes, ne sachant plus faire la part du rêve et de la réalité, il est harcelé par les acteurs et les intervenants de son prochain film qui devait être en grande partie autobiographique mais auquel il ne sait plus quelle direction donner… Huit et demi (le titre original était La Bella Confusione, Le Beau Désordre) est le film le plus autobiographique de Federico Fellini : le cinéaste a connu une crise similaire pendant le tournage de La Strada. Ce qui, en d’autres mains aurait été d’une déprimante tristesse, devient avec Fellini une grande fresque tourbillonnante et foisonnante sur les affres de la création et, surtout, sur la recherche de l’équilibre intérieur. Souvenirs, rêves et fantasmes sont l’occasion de superbes scènes, fééries qui sont les seules à apaiser l’esprit tourmenté de Guido. La fin peut s’interpréter de plusieurs façons (1). Claudia Cardinale, en idéal fantasmé d’une fraîcheur perdue, est d’une beauté virginale. L’image de Mastroianni avec chapeau et lunettes est devenue iconique. Le thème final de Nino Rota est aujourd’hui l’une des musiques des plus célèbres de toute l’histoire du cinéma. Huit et demi fait partie de ces films que l’on peut voir et revoir avec toujours le même plaisir.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Claudia Cardinale, Anouk Aimée, Sandra Milo
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Remarque :
* Plusieurs explications ont été avancées pour le titre du film. La plus couramment acceptée est que Fellini avait auparavant réalisé 6 films et 3 « demi-films » (coréalisations, films à sketches). Huit et demi est donc son « huitième et demi » film… Mais 8 1/2 pourrait aussi être l’âge du jeune Guido lors de ses premiers émois sexuels, le nombre de bobines du film ou encore la focale d’ouverture utilisée sur la plage d’Ostie. Une dernière explication : le chiffre 9 représenterait la maitresse de Guido (cf. Bus 99 dans la scène d’ouverture juste avant de la voir dans une voiture), le chiffre 8 représenterait la femme de Guido (cf. 8 8 ostensiblement présent sur plusieurs affiches lors de sa première apparition), or Guido est écartelé entre ces deux femmes, d’où le 8 1/2. Même si cette dernière explication peut sembler alambiquée, ces chiffres ne sont pas là par hasard…

(1) Tullio Pinelli, coscénariste, a raconté qu’initialement Fellini avait prévu de terminer son film par un suicide sous la table.

huit et demi
Marcello Mastroianni dans Huit et demi de Federico Fellini.

Huit et demi
Claudia Cardinale dans Huit et demi de Federico Fellini.

Huit et demi
Anouk Aimée (avec le fameux chiffre 8 en arrière plan) dans Huit et demi de Federico Fellini.

5 mai 2016

Les Monstres (1963) de Dino Risi

Titre original : « I mostri »

Les monstresLes monstres est une série de 19 sketches qui illustrent, sur le ton de la comédie, les défauts et travers de la nature humaine. Comme dans (presque) tous les films à sketches, certains paraissent plus faibles que d’autres. Il faut accepter ce principe car, sinon on ne peut dépasser le stade de dire que « l’ensemble est inégal ». On pourrait bien entendu reprocher la profusion de sketches et la voir comme la conséquence d’une certaine paresse structurelle. En fait, cette profusion permet aux auteurs de frapper tous azimuts : personne n’est épargné, les puissants et les riches sont autant fustigés que les plus pauvres. Elle permet aussi de montrer les multiples formes du mensonge et de l’hypocrisie (on peut citer aussi le cynisme, le machisme, la liste est longue…) Ce sont des croquis, de durées très diverses, allant de 45 secondes à plus de 15 minutes, toujours très incisifs, soulignant à grands traits l’ironie des situations. Ugo Tognazzi et Vittorio Gassman sont les deux piliers de cette brochette de portraits ; ils nous font un véritable récital, Gassman montrant ses talents de déguisement (y compris en femme). Les Monstres est un film plus fort qu’il ne paraît : sur le coup, il peut paraître un peu anodin mais, plus on y repense après coup, plus il apparaît riche et juste dans les visions qu’il nous propose. En outre, le propos n’est nullement connoté « années soixante » car pratiquement toutes ces visions sont toujours aussi actuelles. Avec Le Fanfaron du même Dino Risi, Les Monstres est l’un des premiers grands films de la comédie italienne, genre qui va durer à son meilleur une bonne dizaine d’années. Il est l’illustration de sa puissance, de son caractère subversif et aussi de sa portée sociologique qui la fait dépasser largement le cadre du simple divertissement.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Ugo Tognazzi, Vittorio Gassman, Marino Masé, Marisa Merlini, Michèle Mercier, Ugo Attanasio
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Remarques :
* Ont contribué à l’écriture du scénario : Age et Scarpelli, Elio Petri, Dino Risi, Ettore Scola, Ruggero Maccari… que des grands noms du cinéma italien.
* Un vingtième sketch a été coupé dans les versions visibles en France.
* Le film a eu une suite : Les Nouveaux Monstres de Mario Monicelli et Dino Risi (1977) avec Vittorio Gassman, Ornella Muti et Alberto Sordi

 

Les Monstres
Ricky Tognazzi et Ugo Tognazzi dans le premier sketch de Les monstres de Dino Risi (Ricky est aussi le fils d’Ugo dans la vraie vie, il est aujourd’hui acteur et metteur en scène).

Les 19 sketches :
(A ne lire qu’après avoir vu le film car les descriptions ci-dessous peuvent dévoiler en partie le punch final. Il n’y a d’ailleurs aucun intérêt à lire cette liste avant de voir le film. Cette liste permet seulement de repenser après coup à la finalité des sketches, de mieux voir leur force et de mesurer à quel point l’ensemble forme un tout.)

1. La bonne éducation (7′) avec Ugo Tognazzi
Un père inculque à son jeune fils des principes moraux franchement douteux.

2. Le monstre (1′) avec Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi
Deux policiers se mettent en avant devant les photographes avec le monstrueux assassin qu’ils viennent d’arrêter. On peut se demander lequel est le plus monstrueux des trois…

3. Comme un père (7′) avec Ugo Tognazzi et Lando Buzzanca
Un homme frappe à la porte d’un ami en pleine nuit. Il s’inquiète car son épouse rentre tard le soir. Il la soupçonne de le tromper…

4. Rapt (5′) avec Vittorio Gassman et Maria Mannelli
Une vieille dame terrorisée est littéralement enlevée pour participer à un tournage de cinéma.

5. Le pauvre soldat (9′) avec Ugo Tognazzi
Un soldat apprend que sa soeur a été assassinée. Il se dit inconsolable mais va profiter de la situation…

6. Une vie de chien (3′) avec Vittorio Gassman
Un homme très pauvre ment à sa famille sur la façon dont il remplit ses journées.

7. La journée d’un parlementaire (12′) avec Ugo Tognazzi
Un député, qui mène ostensiblement une vie exemplaire et monacale, couvre une affaire de corruption.

8. Sur le sable (2′) avec Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi
Le machisme à l’oeuvre sur la plage peut cacher autre chose… (à mes yeux, c’est le plus bizarre dans son propos.)

9. Le témoin volontaire (12′) avec Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi
Un homme décide de témoigner contre un accusé au grand dam de l’avocat de la défense qui va le discréditer.

10. Les deux orphelins (3′) avec Vittorio Gassman et Daniele Vargas
Un homme pauvre exploite l’infirmité d’un aveugle pour solliciter la générosité des passants et fait en sorte qu’il ne soit pas soigné.

11. L’embuscade (2′) avec Ugo Tognazzi
Un policier use de stratagèmes pour verbaliser devant un kiosque à journaux.

12. La victime (9′) avec Vittorio Gassman et Rika Dialyna
Pour rompre avec sa maitresse, un homme joue la victime et s’arrange pour que la demande de rupture vienne d’elle.

13. Vernissage (4′) avec Ugo Tognazzi
Après avoir pris possession de sa première auto (qui va obliger sa famille à se serrer la ceinture), un homme n’a qu’une hâte : aller voir les prostituées.

14. La Muse (5′) avec Vittorio Gassman et Jacques Herlin
Une jurée littéraire s’arrange pour faire primer un jeune écrivain sans talent afin de coucher avec lui.

15. On oublie vite (2′) avec Ugo Tognazzi
Au cinéma, face à une scène d’exécution sommaire de partisans pendant la guerre, un homme parle à sa femme de la beauté du petit mur derrière les exécutés : il veut faire le même chez lui.

16. La rue est à tout le monde (45″) avec Vittorio Gassman
Traversant sur un passage clouté, un homme invective les automobilistes qui roulent trop vite à son goût. Il monte ensuite dans sa voiture et roule comme un forcené, manquant de peu d’écraser les piétons qui traversent.

17. L’opium du peuple (8′) avec Ugo Tognazzi et Michèle Mercier
Pendant que son mari est vissé devant la télévision, une femme couche avec son amant dans la pièce à côté, laissant la porte ouverte pour entendre l’annonce de fin des programmes.

18. Le Testament de Saint François (3′) avec Vittorio Gassman
Avant une intervention télévisée, un homme maniaque de son apparence fait d’incessantes demandes de retouches au maquilleur. C’est en fait un ecclésiastique qui fait une émission sur le message de Saint François d’Assises, prônant l’humilité et le mépris des choses matérielles.

19. Le noble art (17′) avec Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi
Afin de gagner quelques sous, un boxeur à la retraite use d’arguments fallacieux pour convaincre un de ses anciens amis simple d’esprit de remonter sur le ring, pour un combat soit-disant gagné d’avance.

Sketch coupé en France (en 2e position dans le film) :
La recommandation avec Vittorio Gassman
Un acteur célèbre recommande un collègue peu connu puis finit par le torpiller car il porte la poisse (sketch non vu, ce résumé est celui de Jacques Lourcelles).

19 avril 2016

Les enfants nous regardent (1943) de Vittorio De Sica

Titre original : « I bambini ci guardano »

Les enfants nous regardentUne mère quitte son mari et son jeune fils pour aller vivre avec son amant… On peut, sans trop se tromper, dire que Les enfants nous regardent est un film de transition entre le cinéma des téléphones blancs de l’époque fasciste et le néoréalisme de l’après-guerre. Il s’agit du premier « grand film » de Vittorio De Sica : plus question ici de jouer le fils de bonne famille qui met les jeunes filles en émoi, il reste cette fois derrière la caméra et aborde un sujet plus sérieux et sociétal. Le héros est ici un petit garçon de sept ans qui assiste au naufrage du couple formé par ses parents. Le propos est moral au plus point (la mère n’a apparemment aucune excuse qui pourrait justifier son comportement) et donc pourrait s’inscrire pleinement dans cette sanctuarisation de la famille commune à toutes les idéologies fascistes. Cependant, le fait d’aborder des tabous comme l’adultère et le suicide a profondément dérangé le pouvoir mussolinien au point que la sortie du film ne put se faire que fin 1944, après la libération de Rome. Certains éléments préfigurent le néoréalisme notamment celui de montrer les défauts de la société au travers des yeux d’un être simple, un enfant. Le film n’a pas la perfection de Sciuscià et Le Voleur de bicyclette, il n’a pas cet équilibre subtil entre lyrisme et regard social, mais reste intéressant à plus d’un titre.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Emilio Cigoli, Luciano De Ambrosis, Isa Pola
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Remarques :
* Il s’agit de la première grande collaboration de De Sica avec le scénariste Cesare Zavattini, qui est sans conteste l’un des scénaristes les plus importants de toute l’histoire du cinéma italien. Pour De Sica, il écrira les scénarios de Sciuscià, Le Voleur de bicyclette, Miracle à Milan, etc… jusqu’au Jardin des Finzi-Contini en 1970.

* La scène finale paraît peu subtile, d’un symbolisme simple et trop fort. L’historien (et grand spécialiste du cinéma italien) Jean A. Gili suggère que cette scène a pu être imposée par la censure.

 

Les enfants nous regardent
Luciano De Ambrosis et Emilio Cigoli dans Les enfants nous regardent de Vittorio De Sica.

18 avril 2016

Mademoiselle Vendredi (1941) de Vittorio De Sica

Titre original : « Teresa Venerdì »

Mademoiselle VendrediCriblé de dettes, un jeune pédiatre, charmant mais incompétent, accepte à contre-coeur le poste d’inspecteur sanitaire dans un orphelinat de jeunes filles… Mademoiselle Vendredi a été tourné par Vittorio De Sica juste après Madeleine, zéro de conduite. Il y tient encore le rôle principal. Nous sommes à nouveau dans un pensionnat de jeunes filles où un beau jeune homme se retrouve parachuté. Le scénario est ici moins original, extrêmement prévisible (ça finit par un mariage… ah zut, je ne voulais pas le dire). Le ton est léger, dans un style assez typique de la période mussolinienne. On pourra remarquer comment on s’y moque des gens qui ont de l’argent, que ce soient les créanciers tête à claques ou un couple de commerçants prospères béats devant leur fille qui se prend pour une grande poétesse. Plaisant mais assez anodin.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Vittorio De Sica, Adriana Benetti, Anna Magnani
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Mademoiselle Vendredi
Adriana Benetti et Vittorio De Sica dans Mademoiselle Vendredi de Vittorio De Sica.

25 mars 2016

Le Bal (1983) de Ettore Scola

Titre original : Ballando ballando

Le BalUne salle de bal française de 1936 à 1980… Il faut reconnaître une certaine originalité à cette adaptation d’un spectacle du Théâtre du Campagnol : un lieu unique, aucune parole prononcée, un même groupe d’acteurs/danseurs (23) à différentes époques. Hélas, le résultat est loin d’être convaincant. Le premier problème est inhérent au fait de filmer un spectacle de danse : la caméra isole les personnages et casse la vision d’ensemble pour laquelle il est conçu. De plus, le jeu outrancier de certains acteurs (tics, mimiques) se justifie sur une scène mais pas face à une caméra où il devient excessif et oblitère toute capacité à émouvoir et même à peindre des sentiments. Le second problème est l’accumulation de stéréotypes sur les époques montrées et sur les comportements sociaux. Ettore Scola nous a habitués à autre chose qu’une observation sociologique si sommaire. Là encore, ce qui peut faire un spectacle de divertissement sur une scène, peut se révéler très pauvre une fois transposé à l’écran. Finalement, l’humour est encore ce qui fonctionne le mieux même si Scola a parfois la main lourde. On peut comprendre que le film ait surpris et même séduit à sa sortie (3 Césars!) mais, trente ans plus tard, il est plus difficile (à mes yeux du moins) de lui trouver de l’intérêt. Le Bal est en tous cas un film unique dans la filmographie du regretté Ettore Scola.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs:
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Le Bal