13 juillet 2020

Le Jardin des Finzi-Contini (1970) de Vittorio De Sica

Titre original : « Il giardino dei Finzi Contini »

Le Jardin des Finzi-Contini (Il giardino dei Finzi Contini)Au cours de l’été 1938, alors que l’idéologie fasciste imprègne insidieusement les moeurs italiennes, la jeunesse dorée juive de Ferrare, qui s’est vu interdire l’accès aux courts de tennis, est invitée à jouer sur le terrain de tennis du domaine des Finzi-Contini. Ceux-ci ont toujours vécu à l’écart mais Micòl, leur fille, rencontrait parfois le jeune Giorgio depuis leur enfance. Ce dernier cherche à déclarer son amour…
Tout le monde s’accorde à dire que la fin de l’œuvre de Vittorio De Sica est plutôt décevante mais que Le Jardin des Finzi-Contini, adapté du roman homonyme de Giorgio Bassani, y brille tel un joyau. C’est un film extraordinairement plein et riche. C’est le récit d’un amour tourmenté entre une jeune fille de la très haute bourgeoisie et un garçon de la bourgeoisie moyenne aisée : alors qu’il ne veut aimer personne d’autre, elle l’attire pour mieux le repousser ensuite, ne sachant que faire de cet amour. Au départ simple contexte, l’Histoire s’impose de plus en plus tragiquement dans le récit, le parti fasciste voulant montrer à l’Allemagne d’Hitler que l’Italie pratique la même politique antisémite. Esthétiquement, le film est très élégant avec ses éclairages diffus et de subtils mouvements de caméra. Dominique Sanda, magnétique, d’une grande beauté juvénile, joue avec une grande retenue tout en donnant de l’intensité à son personnage.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Lino Capolicchio, Dominique Sanda, Fabio Testi, Romolo Valli, Helmut Berger
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Le Jardin des Finzi-Contini (Il giardino dei Finzi Contini)Dominique Sanda et Lino Capolicchio dans Le Jardin des Finzi-Contini (Il giardino dei Finzi Contini) de Vittorio De Sica.

5 mai 2020

L’Héritage (1976) de Mauro Bolognini

Titre original : « L’eredità Ferramonti »

L'héritage (L'eredità Ferramonti)Rome, années 1880. Gregorio Ferramonti qui a fait fortune dans la boulangerie, méprise et rejette ses trois enfants qu’il accuse de ne pas l’aimer et de n’en vouloir qu’à son argent. Pippo, le plus jeune, est un faible qui se lance sans succès dans un négoce de quincaillerie. Il acquiert son fonds de commerce des époux Carelli, dont il épouse la fille, Irene…
L’Héritage est adapté d’un court roman d’un écrivain toscan peu connu, Gaetano Carlo Chelli. Dans cette histoire de conflit familial aggravé, l’attrait de l’argent fait naitre les pires machiavélismes. C’est aussi un portrait de l’Italie de la fin du XIXe siècle : le père représente la génération qui s’est enrichie par un dur labeur, ses enfants espèrent faire fortune avec moins d’efforts, mais tous seront balayés par une bourgeoisie moderne qui va savoir allier pouvoir politique et économie pour prendre les rênes de la société (c’est le sens de l’épilogue un peu surprenant). La photographie du grand Ennio Guarneri est hélas marquée par des effets de diffusion qui rendent les extérieurs un peu artificiels (et qui datent nettement le film dans les années 70). L’interprétation est dominée par la prestation de Dominique Sanda qui incarne admirablement cette femme machiavélique et sûre de ses charmes (Prix d’interprétation au festival de Cannes 1976). L’Héritage est un film assez puissant, il mérite de figurer parmi les meilleurs de Mauro Bolognini.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Anthony Quinn, Fabio Testi, Dominique Sanda, Gigi Proietti, Adriana Asti, Paolo Bonacelli
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L'héritage (L'eredità Ferramonti)Anthony Quinn et Dominique Sanda dans L’Héritage (L’eredità Ferramonti) de Mauro Bolognini.

21 avril 2020

Un beau dimanche (2013) de Nicole Garcia

Un beau dimancheBaptiste est un solitaire. Instituteur dans le sud de la France, il ne reste jamais plus d’un trimestre dans le même poste. A la veille d’un week-end, il hérite malgré lui de Mathias, un de ses élèves, oublié à la sortie de l’école par un père négligent. Mathias conduit Baptiste jusqu’à sa mère, Sandra, qui travaille sur une plage près de Montpellier. Pour aider Sandra, Baptiste va devoir renouer avec sa famille richissime…
Ecrit par Nicole Garcia et Jacques Fieschi, Un beau dimanche est un film dont le déroulement est bien confus. Le début chaotique laisse augurer d’un film plutôt social au climat dérangeant mais l’histoire évolue vers le type « lourd secret dans une famille bourgeoise ». Le film souffre probablement d’un problème d’écriture. Mal liées entre elles, les situations sont classiques et guère passionnantes, avec une fausse profondeur dans les personnages. La distribution permet de découvrir Pierre Rochefort (fils de Nicole Garcia et Jean Rochefort) et de revoir Dominique Sanda. Les mouvements de caméra dans la première moitié du film sont bien rudes, souvent placée très (trop) près des personnages. Une chose est certaine : on ne retrouve pas la délicatesse habituelle de Nicole Garcia dans Un beau dimanche.
Elle: pas d'étoile
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Pierre Rochefort, Louise Bourgoin, Dominique Sanda, Déborah François
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Un beau dimancheLouise Bourgoin et Pierre Rochefort dans Un beau dimanche de Nicole Garcia.

28 juin 2016

Le Conformiste (1970) de Bernardo Bertolucci

Titre original : « Il conformista »

Le ConformisteEn 1937, l’italien Marcello Clerici est envoyé en mission à Paris par les services secrets de Mussolini. Il doit obtenir des renseignements sur son ancien professeur de philosophie, devenu leader antifasciste et exilé en France, afin de préparer son assassinat… Le Conformiste est adapté du roman homonyme d’Alberto Moravia. Il nous retrace le parcours d’un homme devenu agent mussolinien, non par conviction mais par un mécanisme de défense psychologique : un épisode de son enfance lui a laissé un profond traumatisme qui le pousse à rechercher la normalité, à se fondre dans la masse. Or, dans l’Italie de l’avant-guerre, le conformisme, c’est d’être un fasciste. Toujours dans cette recherche de normalité, il s’est trouvé une fiancée jolie, bourgeoise et un peu idiote ; il va en revanche être désarçonné par une jeune femme très libérée, l’énigmatique compagne de son ancien professeur. Mais le refoulement sexuel et intellectuel laissé par son traumatisme le pousse à détruire tout ce qui l’attire. Dans sa forme, le film de Bertolucci est très beau. La construction est complexe tout en restant limpide, la photographie est superbe avec des rendus d’images différents selon les périodes du récit. L’image vient souvent renforcer ce sentiment de décadence, comme dans ces plans au grand angle d’intérieurs gigantesques. Production germano-italienne, le film a pourtant une distribution franco-italienne. Trintignant est superbe dans son personnage froid et antipathique auquel il donne une profondeur inouïe. Dominique Sanda est très belle, d’un grande présence à l’écran (on a presque l’impression que Bertolucci s’est laissé envoûter par son actrice tant certaines scènes la mettant en valeur paraissent appuyées). La musique de Georges Delerue apporte une dimension supplémentaire. Le Conformiste est un très beau film, d’une ambiance forte et au propos qui évite toute simplification ou manichéisme.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jean-Louis Trintignant, Stefania Sandrelli, Gastone Moschin, Enzo Tarascio, Dominique Sanda, Pierre Clémenti
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Remarques :
* Le directeur de la photographie, Vittorio Storaro, est l’un des plus grands, trois fois oscarisé (pour Apocalypse Now, Reds et Le Dernier Empereur). Il faut citer également Le Dernier tango à Paris, La Stratégie de l’araignée, 1900, Tucker, Dick Tracy, … Le Conformiste est l’un de ses premiers films.

* Les néons du générique et la musique de Georges Delerue peuvent être vus comme un hommage à Jean-Luc Godard (Le Mépris), réalisateur que Bertolucci admire. Il y a un autre clin d’oeil, plus difficile à détecter : le numéro de téléphone que Trintignant demande à l’opératrice pour avoir son ancien professeur est celui de Jean-Luc Godard !

Le Conformiste
Jean-Louis Trintignant, Stefania Sandrelli, Enzo Tarascio et Dominique Sanda dans Le Conformiste de Bernardo Bertolucci.

le Conformiste
Dominique Sanda et Stefania Sandrelli dansent une variante sensuelle de tango dans Le Conformiste de Bernardo Bertolucci.

15 décembre 2014

Valse d’amour (1990) de Dino Risi

Titre original : « Tolgo il disturbo »

Valse d'amourAncien directeur de banque, Augusto sort de l’hôpital psychiatrique où il a passé plus de dix-huit ans. Il revient habiter dans son ancienne maison qui est maintenant occupée par sa belle-fille Carla et sa petite fille Rosa avec laquelle il se sent rapidement plus proche…
Le thème de la complicité entre un enfant et son grand-père a été déjà plusieurs fois traité au cinéma mais Dino Risi inverse ici les rôles : c’est la fillette qui incarne l’ordre et la raison face à un grand-père sans repère, qui peine à retrouver ses marques dans un monde qui n’est plus le sien et qui accepte mal les codes sociaux des adultes. S’il ne peut se mesurer aux meilleurs films de Dino Risi, Valse d’amour ne manque tout de même pas de charme et de délicatesse. La belle prestation de Vittorio Gassman y contribue grandement. Parmi les seconds rôles, Elliott Gould est certainement le plus remarquable.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, Dominique Sanda, Valentina Holtkamp, Elliott Gould
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Remarques :
* Les distributeurs français ont affublé le film d’un titre, Valse d’amour, assez éloigné du sujet ou du moins anecdotique (parfois Augusto entend dans sa tête une valse). Le titre original, Tolgo il disturbo qui peut se traduire par « Je ne vous dérangerai plus », a bien plus de sens.
* Fils de médecin, Dino Risi a suivi des études de médecine et même soutenu une thèse en psychiatrie avant de renoncer pour devenir cinéaste.
* On peut considérer que Valse d’amour est le dernier vrai film de Dino Risi qui avait alors soixante-treize ans et qui ne tournera que fort peu par la suite et principalement pour la télévision. Dino Risi s’est éteint en 2008 à l’âge de quatre-vingt-onze ans.

Vittorio Gassman dans Valse d'Amour de Dino Risi
Vittorio Gassman est un ex-banquier en partie amnésique dans Valse d’amour (Tolgo il disturbo) de Dino Risi (1990)

Valse d'amour de Dino Risi
Valentina Holtkamp est la petite-fille de Vittorio Gassman dans Valse d’amour (Tolgo il disturbo) de Dino Risi (1990).

30 août 2014

Une femme douce (1969) de Robert Bresson

Une femme douceUne jeune femme se jette par la fenêtre et se tue. Fac à elle sur son lit de mort, son mari se souvient de sa première rencontre, de sa vie avec elle…
Adaptation assez fidèle de La Douce, une nouvelle de Dostoïevski, Une femme douce de Robert Bresson n’est pas un film facile à aborder. L’histoire en elle-même est d’une tristesse infinie : une jeune femme se suicide pour échapper à la vie étriquée dans laquelle son mari, un prêteur sur gages surtout intéressé par l’argent, l’a enfermée. De manière assez audacieuse (certains comme Jean-Michel Frodon parlent de « film-essai »), Robert Bresson appuie par sa mise en scène l’austérité du monde dans lequel la jeune femme est enfermée : très peu de dialogues mis à part la voix-off du mari qui raconte (1), silences entrecoupés de bruitages insignifiants, peu d’extériorisation de sentiments, distanciation marquée, et même un long extrait du final d’Hamlet épouvantablement joué sur une scène de théâtre (2). Le problème de cette démarche est que nous ne savons plus très bien si l’austérité vient de l’univers étriqué du mari ou de la mise en scène de Bresson. L’appétit de vie de la jeune femme n’est pas très décelable pour le spectateur, il ne se manifeste que très peu (par son intérêt pour la musique, le cinéma, l’art). Robert Bresson a tenu à prendre des acteurs débutants : si ce sera le seul film de Guy Frangin, Une femme douce ne sera que le premier film d’une longue carrière pour la jeune et talentueuse Dominique Sanda (alors âgée de 20 ans).
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Dominique Sanda, Guy Frangin
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Remarques :
* Dominique Sanda s’est mariée à l’âge de 16 ans pour divorcer peu après. On peut donc supposer que ce rôle a pu réveiller des échos de sa propre vie.
* Le film que le couple va voir au cinéma est Benjamin ou Les mémoires d’un puceau de Michel Deville (1968).

(1) A noter que le narrateur n’est pas introduit par Bresson : dans la nouvelle de Dostoïevski, c’est également le mari qui raconte. Le fait que les personnages n’aient pas de nom est également dans la nouvelle.

(2) Le but de ce pensum de 10 minutes semble être uniquement de montrer que la jeune femme, alors qu’elle s’ouvre au monde extérieur en s’intéressant à la musique, au cinéma ou à l’art moderne (art cinétique plus précisément), rejette le théâtre pour son aspect artificiel et forcé. Dans la scène qui suit, elle reproche au metteur en scène de la pièce de théâtre d’avoir omis le « conseil aux comédiens » (acte III scène 2) en le citant : « Dites, je vous prie, cette tirade comme je l’ai prononcée devant vous, d’une voix naturelle ; mais si vous la braillez, comme font beaucoup de nos acteurs, j’aimerais autant faire dire mes vers par le crieur de la ville. Ne sciez pas trop l’air ainsi, avec votre bras, mais usez de tout sobrement. (…) »

Une femme douceGuy Frangin et Dominique Sanda dans Une femme douce de Robert Bresson.

25 juin 2013

Le Piège (1973) de John Huston

Titre original : « The MacKintosh Man »

Le piègeAgissant pour le compte du contre-espionnage, Rearden vole un lot de diamants. A la suite d’un appel anonyme, la police l’arrête et le condamne à vingt ans de prison. Là, il est contacté par un groupe mystérieux qui se propose de le faire évader… Le scénario de Walter Hill est basé sur un livre de Desmond Bagley, lui-même inspiré d’une histoire vraie. Mais John Huston ne le suivra pas vraiment, il en réécrira une bonne partie au fur et à mesure du tournage, ne trouvant une fin satisfaisante que peu de temps avant de la tourner (1). Le piège est un film d’espionnage bien mis en place qui intrigue et nous tient en haleine. La réalisation de Huston est parfaite, les scènes d’action sont efficaces et l’ensemble bien rythmé. Le film bénéficie d’une bonne distribution. C’est le premier film de Dominique Sanda à Hollywood.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Paul Newman, Dominique Sanda, James Mason, Harry Andrews
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(1) Dans ses mémoire, John Huston affirme que si la fin avait été trouvée plus tôt, au moins avant de le début du tournage, The MacKintosh Man aurait pu être un bien meilleur film.