23 décembre 2020

Brooklyn Affairs (2019) de Edward Norton

Titre original : « Motherless Brooklyn »

Brooklyn Affairs (Motherless Brooklyn)New York, dans les années 1950, Lionel Essrog est un détective privé atteint du syndrome de Gilles de La Tourette. Lorsque que son patron, mentor et unique ami Frank Minna se fait tuer, il décide de poursuite son enquête pour retrouver ses meurtriers. Grâce à quelques indices et à son esprit obsessionnel, il va découvrir des secrets qui ont des conséquences sur l’urbanisation de la ville…
Second long métrage de l’acteur Edward Norton, Brooklyn Affairs est l’adaptation du roman Les Orphelins de Brooklyn (Motherless Brooklyn) de Jonathan Lethem. Le film se place dans la droite ligne des films de détective des années quarante avec une particularité de taille : le détective privé n’a pas du tout le profil habituel puisqu’il est atteint du syndrome de Gilles de La Tourette, un trouble neurologique caractérisé par des tics moteurs et surtout vocaux. Il peut ainsi prononcer compulsivement des mots qui trahissent sa pensée. Ce handicap est partiellement compensé par une mémoire hors du commun. Le résultat donne un personnage très humain, bien plus humain que les détectives privés habituels, souvent bravaches et blasés. Edward Norton a préféré transposer l’histoire du roman de 1999 aux années cinquante, ce qui lui donne une touche de classicisme mais a le défaut de rendre le propos moins actuel. La reconstitution est soignée et la musique jazzy de Daniel Pemberton et Thom Yorke est de toute beauté.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Edward Norton, Gugu Mbatha-Raw, Alec Baldwin, Willem Dafoe, Bruce Willis
Voir la fiche du film et la filmographie de Edward Norton sur le site IMDB.
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Remarque :
* Le personnage de Moses Randolph (interprété par Alec Baldwin) est basé sur l’urbaniste américain Robert Moss, artisan de la rénovation de New York entre 1930 et 1970 et personnalité controversée. On le compare parfois au Baron Haussman du Paris du Second Empire. Page Wikipédia.

Brooklyn Affairs (Motherless Brooklyn)Gugu Mbatha-Raw et Edward Norton dans Brooklyn Affairs (Motherless Brooklyn) de Edward Norton.

30 décembre 2017

Il boom (1963) de Vittorio De Sica

Il boomA Rome, Giovanni fréquente les milieux huppés avec sa femme Sylvia qu’il a habituée à un luxueux train de vie. Comme il dépense deux fois ce qu’il gagne, il est couvert de dettes. Ses amis ne voulant plus lui prêter de l’argent, il est au bord du gouffre. C’est alors que la femme d’un promoteur aisé va lui faire une proposition invraisemblable… Ecrit par Cesare Zavattini, Il boom est une comédie assez grinçante qui se moque de la course à l’argent dans l’Italie de la reconstruction. Il pousse l’axiome « tout s’achète » jusqu’aux pires extrémités, au point que l’on en soit un peu mal à l’aise. Alberto Sordi donne à cette vision mordante du miracle toute sa dimension car il sait rendre son personnage sympathique malgré tous ses défauts. Sa course désespérée à l’argent paraît d’autant plus vaine que la société dont il tient tant à faire partie est montrée futile et vide, où l’hypocrisie règne en maitre. L’ensemble manque sans doute un peu de richesse (!) et soufre de quelques répétitions.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Alberto Sordi, Gianna Maria Canale
Voir la fiche du film et la filmographie de Vittorio De Sica sur le site IMDB.

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Il Boom
Alberto Sordi dans Il boom de Vittorio De Sica.

10 octobre 2016

Main basse sur la ville (1963) de Francesco Rosi

Titre original : « Le mani sulla città »

Main basse sur la villeNaples. Un entrepreneur immobilier, qui est aussi conseiller municipal, convainc le maire et ses adjoints de lui octroyer la construction d’un important chantier d’extension de la ville en leur faisant gagner de l’argent sur le prix des terrains. Parallèlement, un immeuble s’écroule dans un autre chantier du même entrepreneur faisant plusieurs victimes. L’opposition de gauche au conseil municipal exige une commission d’enquête… Avec Main basse sur la ville, Francesco Rosi dénonce la corruption des hommes politiques face à l’argent et étale au grand jour les rouages du jeu politique, du moins d’un style de jeu politique, celui dont la seule finalité est de conserver le pouvoir. Tout est permis, la morale traditionnelle ne semble plus avoir cours, « la seule faute est de perdre » dit l’un deux. Francesco Rosi et son scénariste, le napolitain Rafaele La Capria, se sont plongés dans les archives de la ville et ont assisté au conseil municipal qui est ici reproduit avec un grand réalisme. Le film peut paraître proche d’un documentaire, impression accentuée par le fait que toute psychologie des personnages a été évacuée (ce qui le distingue du cinéma politique américain) et que presque tous les acteurs sont des non-professionnels. Sans aucun manichéisme, Rosi parvient à insuffler une intensité dramatique à sa démonstration qui n’a rien perdu de son efficacité et dont le propos est hélas toujours assez actuel. Main basse sur la ville est incontestablement l’un des films les plus marquants du cinéma politique italien.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Rod Steiger, Salvo Randone
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Remarques :
* Rosi a visiblement utilisé des images réelles pour certaines scènes. C’est ainsi que l’on remarque le nom d’Aldo Moro sur des panneaux électoraux.
* Un plan est étonnant, celui où l’entrepreneur affairiste demande à son contradicteur « est-ce si condamnable de faire du profit quand on améliore les conditions de vie des gens ? » (dans la scène où Nottola fait visiter un logement neuf au conseiller De Vita). Ce qui est étonnant, c’est que Rosi a filmé Rod Steiger disant cette phrase en regard caméra, comme pour interpeller le spectateur, traduisant là ses propres interrogations.

Main basse sur la ville
Rod Steiger dans Main basse sur la ville de Francesco Rosi.

11 octobre 2013

Noix de coco (1929) de Robert Florey et Joseph Santley

Titre original : « The Cocoanuts »

The CocoanutsA l’époque de la bulle immobilière des années vingt en Floride, un directeur d’hôtel tente de vendre aux enchères des terrains marécageux… The Cocoanuts est le premier film des Marx Brothers, basé sur leur show du même nom qui avait connu un immense succès à Broadway et dans le reste du pays. C’est un musical, c’est-à-dire que régulièrement des chansons ou des danses de chorus grils à la chorégraphie élaborée viennent ponctuer le récit assez farfelu et plein d’humour. C’est surtout Harpo et Groucho qui sont les plus actifs, Chico étant ici plutôt discret (très beau morceau de piano toutefois) et Zeppo quasi inexistant. Les dialogues entre Groucho et Margaret Dumont sont comme toujours assez savoureux. Le film a été tourné au tout début du parlant et donc les caméras sont statiques. The Cocoanuts est le film des Marx Brothers le plus mal conservé, certains (courts) passages sont un peu détériorés. Cela ne l’empêche pas d’être toujours très amusant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Groucho Marx, Harpo Marx, Chico Marx, Zeppo Marx, Oscar Shaw, Mary Eaton, Kay Francis, Margaret Dumont
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Florey et Joseph Santley sur le site IMDB.

Remarques :
* Peu habitués à se voir au cinéma, les Marx Brothers furent si mécontents du résultat qu’ils proposèrent de racheter les négatifs pour les brûler.
* Robert Florey est un français (alors âgé de 29 ans) qui avait été assistant de Louis Feuillade avant d’émigrer aux Etats-Unis au début des années vingt.
* The Cocoanuts est le premier film avec un plan sur des danseuses filmées du dessus afin de former des motifs kaléidoscopiques. Busby Berkeley utilisera largement ce type de vision par la suite.
* Reprise de nombreuses fois dans le film, la chanson When my Dreams Come True composée par Irving Berlin n’a pas été le hit escompté.
* Les caméras étaient alors enfermées dans un grand caisson insonorisant qui empêchaient tout mouvement et tout panoramique latéral. Des traits à la craie avaient été tracés sur le sol pour que les personnages ne sortent pas du champ. Beaucoup de scènes ont été tournées avec cinq caméras pour permettre d’avoir plusieurs plans.
* Pour que les paroles soient bien compréhensibles, les micros d’alors étaient poussés au maximum et de ce fait les bruitages étaient enregistrés trop forts. C’est ainsi que tous les papiers étaient détrempés avant de tourner afin qu’ils ne fassent aucun bruit. C’est particulièrement visible lors de la fameuse scène entre Groucho et Chico avec la grande carte (« Viaduct… why a duck ? »).

Homonyme :
Noix de coco de Jean Boyer (1939) avec Raimu et Michel Simon

8 juillet 2012

Soul Kitchen (2009) de Fatih Akin

Soul KitchenAllemand d’origine grecque, Zinos Kazantsakis est propriétaire d’un petit restaurant appelé Soul Kitchen, dans une zone industrielle à Hambourg. C’est un ancien hangar qu’il a reconverti de ses propres mains. Le départ de sa petite amie pour la Chine et sa rencontre avec un cuisinier brillant mais un peu fantasque vont changer beaucoup de choses… Soul Kitchen n’est pas le troisième film de la trilogie commencée avec Head-on et De l’autre côté. C’est un film que Fatih Akin qualifie lui-même de « plus léger ». Il en a écrit le scénario avec son ami Adam Bousdoukos qui tient le rôle principal. Nous sommes dans l’univers de la débrouille mais aussi de l’amitié, de la complicité et des aventures qui peuvent se transformer en réussite humaine. Fatih Akin crée l’humour en jouant avec les obstacles et les revers. Même si le film pêche par quelques longueurs en son milieu, il se dégage de Soul Kitchen une chaleur qui rend le film attachant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Adam Bousdoukos, Moritz Bleibtreu, Birol Ünel, Anna Bederke
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1 juin 2012

Fantômes à Rome (1961) de Antonio Pietrangeli

Titre original : « Fantasmi a Roma »

Fantômes à RomeA Rome, Don Annibale est très attaché à son palais, certes délabré mais riche de souvenirs. Il se doute même que certains fantômes de ses aïeuls vivent avec lui dans cette grande demeure. Un promoteur immobilier se fait insistant pour racheter l’ensemble et y construire un supermarché… Fantômes à Rome (le titre français à sa sortie était Les joyeux fantômes) est une comédie italienne assez amusante qui utilise, avec beaucoup de liberté, le thème du fantôme qui vient influencer les vivants. Marcello Mastroianni y interprète trois rôles et semble bien s’y amuser ; Eduardo De Filippo campe un excentrique prince vieillissant avec beaucoup de pittoresque. L’humour assez subtil est agrémenté d’une petite satire sociale, avec l’éternel problème des dessous de table et de la corruption dans l’immobilier. Sans faire partie des grandes comédies italiennes, Fantômes à Rome se regarde avec beaucoup de plaisir et nous fait passer un bon moment.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Belinda Lee, Sandra Milo, Eduardo De Filippo, Tino Buazzelli, Vittorio Gassman
Voir la fiche du film et la filmographie de Antonio Pietrangeli sur le site IMDB.

Remarque :
A l’écriture du scénario, Ruggero Maccari fut assisté par Ettore Scola, Ennio Flaiano et Ruggero Maccari.
La musique est signée Nino Rota.