20 janvier 2020

Marvin ou la belle éducation (2017) de Anne Fontaine

Marvin ou la belle éducationIssu d’un milieu très populaire, Marvin Bijou est un jeune garçon aux allures efféminées qui en font le souffre-douleur de son frère et de ses camarades d’école. Grâce à la principale du collège, Marvin découvre le théâtre et va pouvoir se sortir de son milieu…
Très fortement inspiré du livre En finir avec Eddy Bellegueule d’Édouard Louis, Marvin ou La Belle Éducation raconte la jeunesse d’un garçon maltraité par sa famille et les jeunes de son âge. Le scénario se déroule en parallèle sur deux époques : Marvin à 10 ans dans sa famille ou à l’école dans les Vosges et Marvin à 20 ans à Paris dans un milieu artistique. Le propos dénonce le rejet de la différence et de l’homosexualité, ce qui est louable, mais Anne Fontaine n’évite pas les stéréotypes que ce soit dans la peinture du milieu populaire ou, à l’opposé, celle du milieu très aisé (le personnage joué par Charles Berling notamment). En revanche, la cinéaste parvient à rendre son personnage principal attachant et émouvant, fort bien interprété par Finnegan Oldfield. Le film a reçu un accueil mitigé et n’a pas connu le succès escompté.
Elle: 4 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Finnegan Oldfield, Grégory Gadebois, Vincent Macaigne, Catherine Salée, Jules Porier, Catherine Mouchet, Charles Berling, Isabelle Huppert
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Marvin ou la belle éducationFinnegan Oldfield dans Marvin ou la belle éducation de Anne Fontaine.

Marvin ou la belle éducationJules Porier dans Marvin ou la belle éducation de Anne Fontaine.

23 novembre 2019

Edmond (2018) de Alexis Michalik

EdmondParis, 1897. Le jeune Edmond Rostand n’a rien écrit depuis deux ans et sa dernière pièce en vers était un échec. Par l’entremise de Sarah Bernhardt, il rencontre l’acteur célèbre Constant Coquelin et lui promet que sa nouvelle pièce sera pour lui. Il ne reste qu’à l’écrire…
C’est en observant le succès du film Shakespeare in Love que le jeune Alexis Michalik eut l’idée d’écrire une comédie équivalente sur la création de l’une des pièces françaises les plus connues : Cyrano de Bergerac. Ne pouvant trouver ni le financement ni un réalisateur pour son film, il se tourna vers le théâtre en 2016 et ce fût un grand succès. Il put enfin revenir à son projet initial d’en faire un film, qu’il réalisa lui-même. L’histoire est bien entendu romancée et idéalisée mais reste tout à fait plausible. Edmond est une comédie virevoltante, avec des dialogues enlevés, un humour fin et élégant et des acteurs qui semblent s’amuser tout autant que nous. Une belle réussite.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Thomas Solivérès, Olivier Gourmet, Mathilde Seigner, Tom Leeb, Lucie Boujenah, Alice de Lencquesaing, Clémentine Célarié
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Remarque:
* Alexis Michalik interprète Georges Feydeau.

EdmondThomas Solivérès (Edmond Rostand), Olivier Gourmet (Constant Coquelin) et Tom Leeb dans Edmond de Alexis Michalik.

7 novembre 2019

Murder! (1930) de Alfred Hitchcock

Titre français parfois utilisé : « Meurtre »

Meurtre (Murder!)L’actrice Diana Baring est retrouvée prostrée près du cadavre de sa rivale, un tisonnier à ses pieds. Tout l’accuse mais elle ne se souvient de rien…
Adapté d’une pièce, Murder! est l’un des tous premiers films parlants tournés par Alfred Hitchcock. Il le présente comme l’un des rares whodunits (1) qu’il ait tournés. L’histoire, qui se déroule dans le monde du théâtre, joue beaucoup sur les fausses apparences. Tout est lié au théâtre avec notamment des références à Hamlet. Par petites touches, dans les détails, Hitchcock parvient à y ajouter de l’humour, ce qui tire l’ensemble vers la comédie. Sur la forme, le film ne manque pas de trouvailles ou essais du jeune réalisateur. Murder! est ainsi reconnu pour être le premier film où un personnage se parle à lui-même par un monologue intérieur (la difficulté, à l’époque, résidait dans la prise directe du son. Ainsi le réalisateur raconte que dans cette même scène de la salle de bains, il avait un orchestre de trente musiciens derrière le décor pour simuler la musique à la radio. La voix du monologue intérieur avait, quant à elle, été enregistrée sur un disque). Sans être franchement remarquable, Murder! se regarde sans déplaisir.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Herbert Marshall, Norah Baring, Phyllis Konstam, Edward Chapman
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Remarques :
* Caméo : A 1h00, lorsque le trio ressort de la maison où le crime a été commis, Hitchcock passe au premier plan avec une femme à son bras. Bizarrement, dans cette même scène, un énorme micro sur pied est très visible sur la partie gauche de l’image pendant une bonne demi-minute.
* Une version allemande a été tournée simultanément :  Mary avec Alfred Abel et Olga Tschechowa.

(1) Whodunit (contraction de « Who done it ? » = Qui l’a fait ? ) désigne le style d’intrigue policière où l’identité de l’assassin n’est révélé qu’à la fin du récit (par exemple, les romans d’Agatha Christie sont des whodunits). Alfred Hitchcock dit à leur propos : « J’ai toujours évité les whodunits car généralement l’intérêt réside seulement dans la partie finale. (…) Vous attendez tranquillement la réponse à la question : qui a tué ? Aucune émotion. » (Entretiens avec François Truffaut)

Meurtre (Murder!)Herbert Marshall dans le fameuse scène du monologue intérieur de Murder! de Alfred Hitchcock.

Meurtre (Murder!)Phyllis Konstam, Herbert Marshall et Edward Chapman dans Murder! de Alfred Hitchcock.
Sur la gauche, un microphone sur pied est largement visible.

16 septembre 2019

Cyrano de Bergerac (1990) de Jean-Paul Rappeneau

Cyrano de BergeracA Paris, en 1640, le turbulent Cyrano de Bergerac, dont l’esprit est aussi vif et acéré que la rapière, aime en secret sa cousine Roxane. Hélas, son physique ingrat est un obstacle insurmontable, d’autant plus que la belle n’a d’yeux que pour le beau Christian de Neuvillette…
Cette réalisation de Jean-Paul Rappeneau est, sans doute aucun, la plus brillante adaptation de la pièce d’Edmond Rostand. Le cinéaste en a écrit le scénario avec l’aide de Jean-Claude Carrière. La pièce durant 4 heures, il a fallu raccourcir de nombreux passages pour arriver à un film de 2h17. Ils ont su à la fois être très fidèles au texte et créer un grand spectacle de cape et d’épée. Les dialogues sont en alexandrins et Gérard Depardieu donne du relief à son personnage et surtout beaucoup de panache. Bien entendu, la réussite du film doit beaucoup à l’acteur puisque la grande majorité des textes sont prononcés par lui. Les scènes emblématiques (la péninsule, le balcon, la lecture finale de la lettre) gardent bien toute leur puissance. Les autres acteurs sont tout aussi irréprochables. Les scènes d’action ont de l’ampleur et la musique de Jean-Claude Petit contribue à apporter un indéniable lyrisme. Ce Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau est une brillante réussite.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Gérard Depardieu, Anne Brochet, Vincent Perez, Jacques Weber
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Cyrano de BergeracGérard Depardieu et Philippe Volter dans Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau.

Remarques :
* Aux Césars 1991, ce fut une pluie de récompenses : le film a reçu 10 Césars (meilleur film, Depardieu, Rappeneau, Weber, musique, photographie, décors, costumes, montage, son). Il faut aussi signaler deux récompenses à Cannes (Depardieu + photographie) et même un Oscar (costumes) et de nombreux autres prix. En 1995, le César des Césars a été attribué à Jean-Paul Rappeneau pour ce même film.

* Toutes les adaptations en long métrage :
Cyrano de Bergerac, film italien d’Augusto Genina (1923) avec Pierre Magnier
Cyrano de Bergerac, film français de Fernand Rivers (1946) avec Claude Dauphin
Cyrano de Bergerac, film américain de Michael Gordon (1950) avec José Ferrer
Cyrano de Bergerac, film français de Jean-Paul Rappeneau (1990)
à noter également :
Cyrano et d’Artagnan, film d’Abel Gance (1963), une fantaisie en vers avec José Ferrer et Jean-Pierre Cassel.

 

Cyrano de BergeracLe siège d’Arras dans Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau.

Cyrano de BergeracAnne Brochet dans Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau.

 

7 octobre 2018

L’évasion de Baruch (1923) de Ewald André Dupont

Titre original : « Das alte Gesetz »

L'évasion de BaruchEn 1860, dans un village juif de Galicie, isolé à la frontière occidentale de l’empire russe, le jeune Baruch se découvre une passion pour le théâtre et rêve de partir à Vienne. Son père, rabbin rigoriste, refuse catégoriquement cette idée totalement contraire aux préceptes de la religion juive…
L’allemand Ewald André Dupont fut l’un des tous premiers critiques de cinéma allemands avant de devenir scénariste puis réalisateur en 1917. C’est avec L’évasion de Baruch qu’il se fera remarquer en 1923 (et aussi avec Variétés, deux ans plus tard). L’histoire est basée sur les mémoires d’Heinrich Laube (1806-1884), dramaturge et directeur de théâtre. Dans son premier tiers, L’évasion de Baruch décrit les coutumes et traditions juives orthodoxes, sans aucune caricature. Par l’ensemble de son film, le réalisateur, lui-même né dans une famille juive, vante les mérites de l’assimilation. L’histoire peut sembler assez classique à nos yeux modernes mais il s’en dégage une grande authenticité. La photographie de Theodor Sparkuhl est assez belle, subtile même : pas d’ombres marquées, la palette est pleine de nuances et de clairs-obscurs. Le film fut un très grand succès à sa sortie. (film muet)
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Henny Porten, Ernst Deutsch, Werner Krauss, Jakob Tiedtke
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L'évasion de Baruch
Margarete Schlegel et Ernst Deutsch dans L’évasion de Baruch de Ewald André Dupont.

Remarques :
* Le film a longtemps été visible de façon incomplète (sans les intertitres). Lors de la 68e Berlinale, la version restaurée de ce film a été présentée le 16 février 2018, en première mondiale, sous le contrôle de la Deutsche Kinemathek, et avec une musique nouvelle composée par Philippe Schoeller sur une commande de ZDF/ARTE et interprétée par l’Orchester Jakobsplatz München dirigé par Daniel Grossmann.

* La scène de l’audition est assez remarquable : E.A. Dupont nous montre non pas l’acteur-postulant mais les réactions du directeur alors qu’il boit une tasse de thé. C’est un procédé assez nouveau pour l’époque et qui fonctionne ici merveilleusement bien.

L'évasion de Baruch
Henny Porten et Ernst Deutsch dans L’évasion de Baruch de Ewald André Dupont.

8 janvier 2018

Caprices (1942) de Léo Joannon

CapricesLe soir de la Saint-Sylvestre, une troupe de théâtre en manque d’argent demande à Lise, la jeune première, de céder aux avances d’un commanditaire. Elle refuse et alors qu’elle se rend à un bal costumé en tenue de vendeuse de fleurs, tombe sur un mystérieux personnage : il lui propose de transformer la petite vendeuse qu’elle est en belle princesse pour un soir…
Tourné sous l’Occupation, Caprices est une production de la Continental, société de production aux capitaux allemands. Le scénario de Caprices ne tient pas vraiment debout et n’aboutit nulle part : la fin est particulièrement ratée (pour rester indulgent). L’important dans ce projet semble avoir été de créer un divertissement léger en utilisant Danielle Darrieux dont le charme juvénile se montre une fois de plus irrésistible. Son sourire et ses petites moues avaient (et ont toujours) de quoi faire fondre les plus endurcis et, surtout, faire oublier la vie difficile en ces années de guerre. Et, en plus, elle joue toujours à la perfection. La réalisation est très inégale, ambitieuse par moments, conservatiste le plus souvent. La meilleure scène, la plus amusante, est celle du lustre : dans un grand restaurant, Lise prétend que l’énorme lustre risque de tomber ce qui finit par mettre tous les clients en émoi.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Danielle Darrieux, Albert Préjean, Jean Parédès, Bernard Blier
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Remarques :
* Danielle Darrieux raconte dans sa filmographie commentée (éditions Ramsay) qu’elle a été contrainte d’accepter ce rôle, sous la menace d’un chantage d’Alfred Greven, le directeur de la Continental, au sujet de son fiancé d’alors.

* Léo Joannon aurait volé le scénario à Raymond Bernard en lui disant « si vous refusez de me donner Caprices je ferai arrêter et déporter votre frère et ses deux enfants » (Raymond Bernard était juif). Léo Joannon a ensuite occupé un poste clé dans la production au service de la propagande de Vichy. A la Libération, il sera mis au ban de la profession pour cinq années.

* Pour en savoir plus, deux études sont récemment sorties sur la Continental :
– « Continental films : L’incroyable Hollywood nazie » de Jean-Louis Ivani (Lemieux éditeur 2017)
– « Continental films : Cinéma français sous contrôle allemand » de Christine Leteux (La tour Verte 2017)

Caprices
Albert Préjean et Danielle Darrieux dans Caprices de Léo Joannon.

27 mai 2017

Caprice (2015) de Emmanuel Mouret

CapricePassionné de théâtre, un jeune instituteur timide a une liaison avec l’actrice de théâtre qu’il admire le plus. Il est sur un petit nuage lorsqu’ils emménagent ensemble. Mais tout se complique lorsqu’il rencontre une jeune femme un peu débordante qui s’éprend de lui… Ecrit, réalisé et interprété par Emmanuel Mouret, Caprice est une comédie romantique qui débute gentiment avec un petit parfum d’irréel. Cette sensation de conte de fées laisse ensuite la place à une impression de répétitivité. Emmanuel Mouret appuie trop sur le côté timide / lunaire / gauche / dominé par les évènements de son personnage et l’empathie qu’il génère s’efface rapidement du fait de la multiplication de ses maladresses. Le scénario reste un peu trop simple. Les films d’Emmanuel Mouret ont néanmoins toujours un petit côté attachant. On aimerait tant les aimer plus…
Elle: 2 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Virginie Efira, Anaïs Demoustier, Laurent Stocker, Emmanuel Mouret
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Remarque :
Caprice (Opération Caprice en français) est également une comédie policière de Frank Tashlin (1967) avec Doris Day et Richard Harris.

Caprice
Emmanuel Mouret et Anaïs Demoustier dans Caprice de Emmanuel Mouret.

Caprice
Emmanuel Mouret, Laurent Stocker et Virginie Efira dans Caprice de Emmanuel Mouret.

1 février 2017

La Rose tatouée (1955) de Daniel Mann

Titre original : « The Rose Tattoo »

La Rose tatouéeSicilienne ayant émigrée en Louisiane, Serafina Delle Rose (Anna Magnani) vit dans la plus pure adoration de son mari. Contrebandier poursuivi par la police, il périt dans un accident au volant de son camion. Serafina entre en deuil tout en surveillant sa fille qui est en âge de fréquenter les garçons… Tennessee Williams avait écrit cette pièce pour Anna Magnani en 1951 mais l’actrice italienne était alors trop peu sûre de son anglais pour la jouer et c’est Maureen Stapleton qui a tenu le rôle principal sur les planches, sous la direction (déjà) de Daniel Mann. Trois ans plus tard, Mann reprend le projet pour l’adapter à l’écran et, cette fois, Anna Magnani accepte. Comme toujours avec Tennessee Williams, le thème est celui du manque, de la solitude, de la frustration : Serafina s’enferme dans son chagrin et transpose ses frustrations sur sa fille. Son tempérament sicilien exacerbe l’extériorisation des sentiments, il y a beaucoup de gestes et beaucoup de cris, et il faut tout le talent d’une grande actrice comme Anna Magnani pour ne pas faire tomber ce type de personnage dans l’hystérie. L’actrice occupe tout le terrain et, face à elle, même Burt Lancaster peine à rester en surface. Il faut dire qu’il n’est pas aidé par son personnage de semi-bouffon qui tire maladroitement l’ensemble vers la comédie. Plus que l’interprétation, c’est (à mes yeux) la pièce en elle-même qui est le point faible de La Rose tatouée, avec ses personnages trop excessifs. Le visionnage du film est d’ailleurs plutôt épuisant!
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Anna Magnani, Burt Lancaster, Marisa Pavan, Ben Cooper
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Remarques :
* Le film ne récolta pas moins de 3 Oscars : un (assez logiquement) pour Anna Magnani, un autre pour la photographie noir et blanc de James Wong Howe (pourquoi pas, il fait partie des grands mais c’est loin d’être son film le plus remarquable) et un troisième pour les décors et la direction artistique (hum… un peu plus étonnant).
* Daniel Mann aime les interprétations assez spectaculaires, style qui plaît aux Oscars : son premier film Come Back, Little Sheba (Reviens petit Sheba, 1952) avait déjà permis à son actrice Shirley Booth d’en récolter un et Butterfield 8 (La Vénus au vison, 1960) permettra à Elizabeth Taylor d’avoir le sien (son premier), films qui sont quelque peu tombés dans l’oubli aujourd’hui.
* Anna Magnani tournera à nouveau une pièce de Tennessee Williams en 1959 : The Fugitive Kind (L’Homme à la peau de serpent) réalisé par Sidney Lumet.
* Caméo : Dans la scène au Bar The Mardi Gras, lors du traveling latéral, Tennessee Williams est visible assis au bar (chemise à rayures). L’homme à côté de lui est le producteur Hal B. Wallis.

La Rose tatouée
Marisa Pavan, Anna Magnani et Ben Cooper dans La Rose tatouée de Daniel Mann.

La Rose tatouée
Burt Lancaster dans La Rose tatouée de Daniel Mann.

15 décembre 2016

Looking for Richard (1996) de Al Pacino

Looking for RichardSous une forme proche d’un documentaire, Looking for Richard nous plonge dans le processus créatif d’une adaptation moderne de la pièce de Shakespeare Richard III. Avec chewing-gum et casquette à l’envers, le très américain Al Pacino cherche comment rendre la pièce plus accessible à un public large, comment trouver une approche nouvelle de l’œuvre, comment transmettre sa signification. La forme est originale puisqu’elle juxtapose des scènes de répétition ou de réflexion sur les directions à donner avec des scènes de la pièce jouée en costumes dans divers décors, sautant de l’un à l’autre avec vivacité. Globalement, le film suit le déroulement de la pièce. Le travail de montage paraît donc remarquable, surtout lorsque l’on sait que Pacino avait accumulé près de 80 heures de rushes sur quelque trois années (le projet fut fréquemment interrompu du fait des engagements de l’acteur). Accompagné de son metteur en scène Frederic Kimball, Pacino s’est même rendu en Angleterre, interviewé des acteurs anglais et des grands spécialistes de William Shakespeare. L’ensemble est assez intéressant mais on peut se demander si les desseins pédagogiques sont atteints car l’intensité de la pièce n’est pas totalement perceptible du fait de l’inévitable fragmentation. L’interprétation de la pièce est assez appuyée, beaucoup semblant surjouer quelque peu (c’est particulièrement net pour Penelope Allen, la reine). Al Pacino en revanche est souvent splendide en Richard III. Entre autres, la scène où il se déclare à Lady Anne (Winona Ryder) est assez forte. Il ne peut toutefois faire oublier Laurence Olivier…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Al Pacino, Alec Baldwin, Kevin Spacey, Estelle Parsons, Winona Ryder
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Remarques :
* Grand acteur de théâtre, Al Pacino tient en très haute estime l’oeuvre de Shakespeare. Il avait déjà interprété Richard III sur les planches dans les années soixante-dix et animé des séminaires sur le sujet. Ce film est un projet très personnel.
* Parmi les acteurs anglais shakespeariens interviewés, on remarque : Vanessa Redgrave, John Gielgud, Kenneth Branagh, Rosemary Harris, Derek Jacobi et le metteur en scène Peter Brook.

Looking for Richard
Al Pacino met en scène et joue Richard III dans  Looking for Richard.

Les adaptations de Richard III au cinéma :
Richard III (1912) de André Calmette et James Keane avec Frederick Warde. En 1996, une copie en bon état de ce film précédemment inconnu a été découverte. Sa durée de 55 mn en fait l’un des tous premiers longs métrages.
Richard III (1955) de et avec Laurence Olivier, la version la plus remarquable.
Richard III (1995) de Richard Loncraine avec Ian McKellen, où la pièce est transposée au XXe siècle, dans une Angleterre fictive sous régime fasciste dans les années 1930.
Richard III (2008) de Scott Anderson avec Scott Anderson

8 août 2016

L’intruse (1935) de Alfred E. Green

Titre original : « Dangerous »

L'intruseDon Bellows est un brillant jeune architecte plein d’avenir. Il rencontre fortuitement une ancienne grande actrice de théâtre, Joyce Heath, dont la performance avait influé sur le cours de sa vie. L’actrice est devenue une paria, on dit d’elle qu’elle porte la poisse, elle traine dans des bars. Ne pouvant supporter de la voir dans une telle déchéance, il l’héberge dans sa maison de campagne… Le scénario de Dangerous n’est sans doute pas franchement remarquable mais le film est rendu assez prenant par l’interprétation très authentique de Bette Davis. L’actrice de 27 ans, alors en pleine ascension, se plaignait déjà auprès de la Warner de ne pas se voir offrir de grands rôles. Pour ce « petit » rôle, elle est néanmoins parvenue à imposer ses vues, par exemple de n’utiliser, dans la première moitié du film, que des vêtements simples et usagés qui la font paraître très ordinaire. Cela va dans le sens d’une plus grande authenticité, au détriment du glamour que le public de l’époque attendait. Bette Davis donne de l’intensité à toutes les scènes où elle apparait, c’est-à-dire presque toutes, sans surjouer. La réalisation d’Alfred Green n’a rien de remarquable. La fin a semble t-il été imposée par le Code Hays.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Bette Davis, Franchot Tone, Margaret Lindsay, Alison Skipworth
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Bette Davis et Franchot Tone dans Dangerous / L’intruse de Alfred E. Green.

Remarques :
* Dangerous permit à Bette Davis de remporter son premier Oscar. Elle a toujours eu le sentiment qu’elle le devait surtout à sa prestation dans Of Human Bondage (L’Emprise) de John Cromwell l’année précédente. Elle remportera son second Oscar trois ans plus tard avec Jezebel (L’Insoumise) de Williams Wyler. Elle sera par la suite nominée pas moins de huit fois mais sans en remporter un troisième.
* Une liaison s’est nouée entre Bette Davis et Franchot Tone sur le tournage alors que l’acteur était déjà engagé avec Joan Crawford. La haine légendaire entre les deux actrices serait ainsi née.

* Remake :
Singapore Woman de Jean Negulesco (1941) avec Brenda Marshall et David Bruce.