2 juin 2016

Serpico (1973) de Sidney Lumet

SerpicoUn homme est conduit à l’hôpital en urgence après avoir pris une balle dans la tête. C’est un policier mais, curieusement, lorsque ses supérieurs apprennent la nouvelle, ils demandent si la balle qu’il a reçue venait d’un policier ou pas. Nous revenons onze ans plus tôt, au moment où Frank Serpico entrait dans la police… Basé sur une histoire vraie et adapté d’un livre de Peter Maas, le film de Sidney Lumet retrace le parcours solitaire et semé d’embûches d’un policier qui a dénoncé la corruption de la police de New-York. Très justement, le cinéaste adopte une mise en scène sobre, classique, quasi documentaire qui sert le sujet. La réussite du film doit aussi beaucoup à la performance d’Al Pacino qui s’est investi entièrement dans la composition de son personnage avec un look aussi changeant qu’inhabituel pour un policier (l’inspecteur avait obtenu de ses supérieurs qu’il adopte une tenue qui lui permette de passer inaperçu dans la rue). Pacino est étonnamment crédible dans son interprétation pleine d’énergie, c’est l’un des ses plus grands rôles au cinéma.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Al Pacino, John Randolph, Tony Roberts
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Remarques :
* Le véritable Frank Serpico a démissionné de la police en 1972 et a préféré quitter son pays. Il est allé vivre en Suisse (comme annoncé à la fin du film). Il a ensuite vécu aux Pays-Bas avant de rentrer aux Etats-Unis.
* Sydney Lumet a de nouveau décrit le parcours d’un policier dénonçant la corruption de la police dans Le Prince de New York (Prince of the City, 1981).

Serpico
Al Pacino dans Serpico de Sidney Lumet.

Serpico
Al Pacino dans Serpico de Sidney Lumet. Serpico n’a pas que des amis parmi ses collègues…

Serpico
Al Pacino et Tony Roberts dans Serpico de Sidney Lumet.

Serpico
Le vrai Frank Serpico lors de sa déposition face à une commission d’enquête en 1971.

21 avril 2016

Le Prince de New York (1981) de Sidney Lumet

Titre original : « Prince of the City »

Le Prince de New YorkUn policier new-yorkais de la brigade des stups accepte de témoigner dans le cadre d’une enquête sur la corruption à l’intérieur de la police… Huit ans après Serpico, Sidney Lumet replonge à nouveau dans le monde complexe de la police new-yorkaise. Il s’est une fois encore basé sur une histoire vraie, racontée dans un livre de Robert Daley. Le policier de Prince of the City est écartelé entre le remords, la fidélité envers ses partenaires et le sens moral dans un monde où les rapports entre la police et la pègre sont complexes, faits de manoeuvres et de sordides tractations. Il est pris dans un engrenage qui peut lui être fatal. Lumet a tenu à tourner cette histoire sans acteurs connus (c’est le premier grand rôle de Treat Williams) ce qui augmente l’impression d’authenticité. Tous les rôles sont remarquablement bien tenus. Le déroulement du scénario peut paraître un peu chaotique, une succession de scènes qui forment finalement un ensemble très cohérent. Malgré les quelque 2h45, il n’y a aucune longueur. La photographie, volontairement un peu sale et peu éclairée, évoque les films de la nouvelle génération, plus particulièrement Taxi Driver de Scorsese. Finalement, Prince of the City est un film bien plus intense et complexe que ne l’était Serpico.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Treat Williams, Jerry Orbach, Bob Balaban
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Le Prince de New York
Treat Williams dans Le Prince de New York de Sidney Lumet.

Ne pas confondre avec :
Un prince à New York (Coming to America) qui est une comédie de John Landis (1988) avec Eddie Murphy.

17 mars 2016

The King of New York (1990) de Abel Ferrara

Titre original : « King of New York »

The King of New YorkA peine sorti de prison, Frank White, gangster cynique aux allures de dandy, reprend ses activités criminelles. Il entreprend de liquider ses concurrents dans le trafic de drogue et s’attaque ainsi à la Mafia, aux colombiens et aux chinois… Sur un scénario de Nicholas St. John, Abel Ferrara a manifestement voulu faire de King of New York plus qu’un film classique sur le crime organisé. Il va ainsi explorer la frontière entre le bien et le mal : son gangster veut faire quelque chose de bien pour sa ville et considère qu’il n’a aucune éthique à avoir face à ses concurrents dans le trafic de drogue. De leur côté, les policiers qui le traquent, navrés de leur impuissance, n’hésitent pas à utiliser des moyens de mafieux pour tenter de l’éliminer. Cela permet-il à King of New York de dépasser le stade de la simple fascination pour la figure du gangster ? Sans doute pas. Surtout que le gangster en question est magnifiquement personnifié par Christopher Walken qui a une interprétation très riche, qui provoque de multiples sentiments chez le spectateur. Les personnages qui l’entourent sont tout en contraste avec lui, à commencer par un Laurence Fishburne halluciné à la démarche chaloupée. La photographie de Bojan Bazelli est assez travaillée et accentue la noirceur du propos.
Elle: 1 étoile
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Christopher Walken, David Caruso, Laurence Fishburne, Victor Argo
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Remarque :
* La production est très majoritairement italienne.

King of New York
Laurence Fishburne et Christopher Walken dans King of New York de Abel Ferrara.

12 février 2016

Inside Llewyn Davis (2013) de Joel Coen et Ethan Coen

Inside Llewyn DavisA Greenwich Village, à New York, en 1961, Llewyn Davis tente de gagner sa vie comme chanteur de folk. Il couche ici et là sur le canapé d’amis qui veulent bien l’héberger et enchaîne de petits concerts, tout en résistant à la mode des duos et des trios… Ecrit par les frères Coen, le scénario d’Inside Llewyn Davis s’inspire librement de la vie de Dave Van Ronk, chanteur folk que l’on connaît pour avoir précédé de peu Bob Dylan sur la scène folk de Greenwich Village aux alentours de 1960. Les Coen parviennent parfaitement à recréer l’atmosphère d’une époque assez mythique, sans chercher à l’idéaliser ou à l’inverse à la sur-dramatiser. Oscar Isaac fait une superbe prestation, extrêmement crédible (l’acteur était musicien avant d’être acteur, il chante et joue lui-même toutes les chansons). Son personnage est très retenu, ne laissant que peu paraître ses émotions et ses conflits internes, il ne s’exprime que par sa musique. Il est l’un de ces perdants magnifiques que les frères Coen placent si souvent au premier plan de leurs oeuvres ; comme Ulysse (c’est le nom du chat), il doit affronter des épreuves qui paraissent insurmontables. L’image est très belle. Inside Llewyn Davis est ainsi un beau film, aussi beau visuellement que musicalement, et fortement empreint d’émotion. Le film se clôt par la prestation d’un petit jeune que l’on aperçoit à peine mais on reconnaît aisément la voix de Bob Dylan chantant Farewell.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Oscar Isaac, Carey Mulligan, Justin Timberlake, John Goodman, Garrett Hedlund
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Inside Llewyn Davis
Oscar Isaac dans Inside Llewyn Davis de Ethan Coen et Joel Coen.

6 février 2016

L’Horloge (1945) de Vincente Minnelli

Titre original : The Clock

L'horlogeProfitant d’une permission de deux jours, le soldat Joe Allen arrive à New York pour visiter cette ville qu’il n’a jamais vue. Dans la gare, il rencontre une jeune fille qui finit par accepter de lui montrer Central Park et le musée Metropolitan… The Clock était déjà en cours de tournage par Fred Zinnemann, lorsque la MGM a décidé d’en stopper la production. Son interprète principal, Judy Garland, fit en sorte que l’homme avec lequel elle vivait, Vincente Minnelli (ils se marieront peu après), reprenne le projet pour le faire aboutir. Judy Garland croyait en effet beaucoup dans cette histoire assez délicate d’amour éclair. Minnelli parvient à rendre ses personnages très humains et attachants. Il utilise également toutes les techniques possibles pour donner l’impression que le film est tourné in-situ, dans les rues de New York, avec moult projections arrière et transparences. A l’époque, critiques et spectateurs ont loué le caractère naturel des images, ce qui paraît assez étonnant aujourd’hui car ces effets sont très visibles, du moins à nos yeux modernes (Minnelli est le premier à s’étonner dans ses mémoires que les spectateurs ne remarquent pas la « différence de grain »). Cette histoire, qui peut nous paraître assez conventionnelle, fut un gros succès à l’époque. Le film vint confirmer le grand talent de Minnelli pour la mise en scène.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Judy Garland, Robert Walker, James Gleason, Keenan Wynn
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Remarques :
* Dans la filmographie de Judy Garland, The Clock est l’un des 3 seuls films non musicaux ; les deux autres sont Jugement à Nuremberg (Judgment at Nuremberg, 1961) de Stanley Kramer et Un enfant attend (A Child Is Waiting, 1963) de John Cassavetes.
* L’horloge dont il est question dans le titre est celle de l’Hôtel Astor près de Times Square à Manhattan, imposant édifice du début du siècle et aujourd’hui détruit.
* Cameo : Lorsque le couple entre avec le laitier dans le bar pour téléphoner, Vincente Minnelli apparaît furtivement : il est le client attablé au bar qui paye et sort aussitôt.

The Clock
Robert Walker et Judy Garland dans L’horloge de Vincente Minnelli.

19 décembre 2015

Mean Streets (1973) de Martin Scorsese

Titre français parfois utilisé : « Les Rues chaudes »

Mean StreetsDans le quartier de Little Italy à New York, Charlie (Harvey Keitel) tente de protéger son ami Johnny Boy (Robert De Niro) qui a emprunté de l’argent à un petit parrain de la Mafia sans intention de le rembourser. Mais Johnny Boy est un jeune chien fou, totalement incontrôlable… Premier film important de Scorsese, Mean Streets nous montre de l’intérieur le quartier qu’il connait bien, semblant presque hésiter entre fiction et documentaire. Assez étrangement, le personnage principal (joué par Harvey Keitel) balance entre gangstérisme et religion mais « on ne rachète pas ses fautes à l’église, c’est dans la rue qu’on peut le faire » nous assène le cinéaste. L’histoire n’est pas vraiment passionnante mais le film est surtout remarquable par son style : s’écartant nettement des codes hollywoodiens, Scorsese montre déjà tous les éléments qui feront sa marque, avec une musique résolument rock, des poussées soudaines de violence et des scènes montrées comme des rites. Harvey Keitel partage la tête d’affiche avec Robert De Niro, son premier grand rôle, le premier d’une longue collaboration avec Scorsese.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert De Niro, Harvey Keitel, David Proval
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Scénario et étude de Mean Streets de l’Avant-Scène Cinéma (octobre 2015)

Mean Streets
Harvey Keitel dans Mean Streets de Martin Scorsese

22 novembre 2015

Frances Ha (2012) de Noah Baumbach

Frances HaFrances, jeune new-yorkaise, est passionnée par la danse et rêve de devenir chorégraphe. Elle vit avec sa meilleure amie qu’elle considère comme son double…  Dans sa démarche, Noah Baumbach n’est pas sans rappeler Woody Allen, celui d’Annie Hall et de Manhattan. Les points communs sont nombreux : le noir et blanc, l’attache new-yorkaise, le très bon accueil du film en Europe et surtout cette façon de faire partager ses doutes existentiels au travers d’une comédie assez bavarde. Mais Noah Baumbach ne copie pas, on pourrait dire qu’il prolonge plutôt car les préoccupations sont différentes, actualisées au monde de sa génération. Il utilise son personnage féminin pour exprimer ses interrogations. Spontanée, immature, attachante, la jeune femme tarde à sortir de l’enfance alors que ses ami(e)s filent à grand train vers leur vie d’adulte. L’interprétation de Greta Gerwig est assez remarquable, aussi naturelle qu’omniprésente. Le résultat est léger et plein de vie, d’un style assez délicat.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Greta Gerwig, Mickey Sumner, Adam Driver, Michael Zegen
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Frances Ha
Mickey Sumner et Greta Gerwig dans Frances Ha de Noah Baumbach

18 juillet 2015

West Side Story (1961) de Robert Wise et Jerome Robbins

West Side StoryA New York, dans le West Side, deux bandes rivales s’affrontent : l’une est formée de jeunes américains d’origine polonaise, l’autre de jeunes immigrés portoricains. Un garçon de la première bande s’éprend d’une jeune fille de la seconde… West Side Story est l’un des films les plus connus de toute l’histoire du cinéma, un chef d’oeuvre dit-on qui « a dépoussiéré la comédie musicale ». Cette transposition du thème shakespearien de Roméo et Juliette au monde moderne de la guerre des gangs avait d’abord existé sur les planches en 1957 avant d’être porté à l’écran par Robert Wise et le chorégraphe Jerome Robbins. C’est un film très inégal. Le meilleur est incontestablement du côté de la danse avec une formidable expression de la violence par le mouvement, dans des chorégraphies d’une extrême vivacité. Deux séquences sont absolument exceptionnelles: la scène d’ouverture avec la mise en place des deux bandes et la scène emblématique du film, le ballet « America » sur le toit. Dans le meilleur, il faut également citer la belle photographie et l’utilisation du Technicolor et le très beau générique de fin signé Saul Bass. Hélas, il y a tout le reste : une histoire larmoyante, de nombreuses scènes qui semblent interminables, de nombreux acteurs jouant fort mal (à leur décharge, précisons qu’ils ont été recrutés pour leurs talents de danseur). Le propos est pavé de bonnes intentions, dénoncer la xénophobie, même si on pourra trouver que le but n’est pas vraiment atteint. Grand succès populaire, West Side Story a eu un fort retentissement et a gagné, excusez du peu, pas moins de dix Oscars.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Natalie Wood, Richard Beymer, Russ Tamblyn, Rita Moreno, George Chakiris
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Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Pour une présentation franchement plus enthousiaste, je vous conseille de lire celle de Franck Suzanne sur DVDClassik.

West Side Story
La scène d’ouverture de West Side Story de Robert Wise

Remarque :
* Jerome Robbins a réalisé quatre séquences, le prologue, « Cool », « I Feel Pretty » et « America », avant d’être écarté du projet car son perfectionnisme devenait trop coûteux. Est-ce un hasard si ce sont là (et de très loin) les quatre meilleures séquences du film ?

18 mai 2015

Brooklyn Boogie (1995) de Wayne Wang

Titre original : « Blue in the Face »

Brooklyn BoogieTourné dans la foulée de Smoke, Brooklyn Boogie est une comédie qui en reprend le lieu, un petit commerce de tabac et de magazines en plein Brooklyn. Hormis le buraliste (Harvey Keitel), son employé un peu autiste et le propriétaire (Victor Argo que l’on voyait peu dans Smoke), tous les personnages sont différents. Brooklyn Boogie est d’ailleurs très différent de Smoke : c’est une comédie sans réel scénario, tournée en six jours. Seules certaines situations de départ ont été formalisées par Paul Auster et Wayne Wang qui ont laissé les acteurs en grande partie improviser. Ils ont aussi invité des guest stars : on y voit Lou Reed parler du quartier avant de nous vanter le principe de ses lunettes à verres relevables (les ingénieurs à la NASA veulent les mêmes…), Jim Jarmusch se lancer dans une discussion avec Harvey Keitel sur la cigarette et divers sujets, Michael J. Fox en enquêteur assez hilarant, Lily Tomlin (difficile à reconnaitre) en baba-cool azimuté (oui, sans e à la fin), Mira Sorvino et même Madonna (assez épouvantable) en « télégramme chantant ». John Lurie est également là, au saxophone avec son groupe, The John Lurie National Orchestra. Comme souvent dans le genre happening, l’ensemble est un peu inégal. Les personnages féminins ne sont pas les plus gâtés : Harvey Keitel est affublé d’une petite amie idiote et insupportable (Mel Gorham qui apparaissait brièvement dans Smoke) et doit subir les avances de la femme du propriétaire (Roseanne Barr, une grande figure comique aux Etats-Unis) qui est non moins insupportable. Les plus tatillons pourront parler de misogynie… Mais il y a aussi de bons moments dans cet amusant patchwork qui nous fait l’éloge de Brooklyn.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Harvey Keitel, Giancarlo Esposito, Victor Argo, Michael J. Fox, Lily Tomlin
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Lou Reed dans Brooklyn Boogie de Wayne Wang
Lou Reed dans Brooklyn Boogie de Wayne Wang
« Quand je fume un cigare, je ne pense pas à descendre acheter une bouteille de whisky. Donc finalement le tabac est bon pour la santé… »

Jim Jarmush dans Brooklyn Boogie de Wayne Wang
Harvey Keitel et Jim Jarmusch qui s’apprête à fumer sa dernière cigarette dans Brooklyn Boogie de Wayne Wang.

17 mai 2015

Smoke (1995) de Wayne Wang

SmokeAuggie (Harvey Keitel) tient un petit bureau de tabac à Brooklyn. Là, se croisent Paul (William Hurt), un écrivain en mal d’inspiration, Rashid (Harold Perrineau) un jeune adolescent noir, la borgne Ruby (Stockard Channing) une ancienne maitresse d’Auggie et Cyrus (Forest Whitaker) garagiste manchot… Smoke est le fruit de la collaboration entre Wayne Wang et Paul Auster. L’écrivain a écrit un scénario original où l’on retrouve son univers et le quartier qui lui est cher. Le film est structuré en cinq grands tableaux, chacun se focalisant sur l’un des cinq personnages principaux. Ces personnages ont en commun d’avoir perdu quelqu’un ou d’être à la recherche d’une personne. Ils ont également en commun le fait de mentir ou de travestir la réalité, de petits ou gros mensonges qui sont parfois salutaires. Le scénario est très bien écrit, Wayne Wang a su toutefois contenir le côté littéraire de ces récits qui ne transparaît finalement pas. Belles prestations, intenses, d’Harvey Keitel et de William Hurt. Smoke est un beau film sur l’âme humaine. La fin qui aborde la notion de « l’histoire parfaite » est très belle.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Harvey Keitel, William Hurt, Harold Perrineau, Forest Whitaker, Stockard Channing
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Smoke de Wayne Wang
Tous les matins, le buraliste Auggie prend en photo son magasin à Brooklyn…
Harvey Keitel dans Smoke de Wayne Wang

Remarques :
* Le fils de Paul Auster apparaît brièvement vers le début du film : c’est l’adolescent qui vole un magazine dans la boutique.
* Le personnage de l’écrivain joué par William Hurt s’appelle Paul Benjamin dans le film. Or le nom complet de Paul Auster est Paul Benjamin Auster. Cela confirme, s’il en était besoin, que l’écrivain s’est identifié à ce personnage…

* Le magasin est aujourd’hui une « Pie Shop ». On peut en voir la façade et même l’intérieur dans Google Maps.