5 juillet 2019

Compartiment tueurs (1965) de Costa-Gavras

Compartiment tueursDans le train-couchettes Marseille-Paris, la jeune Bambi  fait la connaissance de Daniel. Elle le fait entrer subrepticement dans son compartiment qui a une couchette de libre. Le lendemain matin, l’une des voyageuses est retrouvée morte étranglée. L’inspecteur Graziani se met sur l’affaire…
Adaptation d’un roman de Sébastien Japrisot, Compartiment tueurs est le premier long métrage de Costa-Gavras qui avait été auparavant assistant de René Clair, Jacques Demy, Jacques Becker et René Clément. Depuis le tournage de Le Jour et l’heure de Clément, il était devenu très ami avec le couple Montand-Signoret et l’acteur l’aidera beaucoup à monter son premier projet. Le plateau d’acteurs réunis ici est assez impressionnant, y compris dans les tout petits rôles, et c’est presque un jeu pour le spectateur d’aujourd’hui de mettre un nom sur tous les visages. L’histoire est assez brillante dans son idée de base, une belle variation sur le crime parfait, qui nous laisse dans le brouillard pendant la plus grande partie du film avant un dénouement un peu rapide. Le récit prend en outre la peine de bien explorer ses personnages en profondeur. Compartiment tueurs a permis à Costa-Gavras de prouver qu’il était capable de réaliser des productions plus importantes. Le film sera un succès, notamment (ce qui est toujours plus rare pour un film français) aux Etats-Unis.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Yves Montand, Simone Signoret, Catherine Allégret, Jacques Perrin, Michel Piccoli, Pierre Mondy, Pascale Roberts, Claude Mann, Charles Denner, Jean-Louis Trintignant, Bernadette Lafont
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Compartiment tueursSimone Signoret, Yves Montand et Claude Mann dans Compartiment tueurs de Costa-Gavras.

Compartiment tueursCatherine Allégret et Jacques Perrin dans Compartiment tueurs de Costa-Gavras.

12 octobre 2017

Trois couleurs: Rouge (1994) de Krzysztof Kieslowski

Trois couleurs: RougeValentine, jeune mannequin, ramène chez son propriétaire une chienne égarée qu’elle vient de heurter avec sa voiture. Elle y découvre son maître, un homme plutôt âgé d’allure bougonne, peu enclin à communiquer. A la deuxième visite, elle découvre qu’il s’agit d’un juge d’instruction à la retraite dont la marotte est d’espionner ses voisins… Ultime réalisation de Krzysztof Kieslowski, Rouge vient clore la trilogie des Trois Couleurs, variations sur les trois composantes de la devise de l’Etat français. C’est donc de fraternité dont il est question ici, fraternité étant pris dans un sens large puisqu’il s’agit plus généralement de réfléchir sur notre relation à autrui. Comme dans ses précédents films, le cinéaste insiste sur l’importance du hasard (auquel il mêle toutefois un certain mysticisme). Il nous invite aussi à se méfier des faux liens, tel le téléphone qui n’offre qu’un ersatz de contact. En outre, le film est rempli de multiples détails intriqués entre eux dont les relations sont difficiles à percevoir avec une seule vision, des objets, des phrases dites ou même des scènes. Musicalement, le thème lyrique du boléro de Preisner se développe peu à peu et se répète magnifiquement.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Irène Jacob, Jean-Louis Trintignant, Frédérique Feder, Samuel Le Bihan, Jean-Pierre Lorit
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Rouge
Irène Jacob dans Trois couleurs: Rouge de Krzysztof Kieslowski.

Rouge
Jean-Louis Trintignant et Irène Jacob dans Trois couleurs: Rouge de Krzysztof Kieslowski.

Rouge
Krzysztof Kieslowski, Jean-Louis Trintignant et Irène Jacob sur le tournage de Trois couleurs: Rouge de Krzysztof Kieslowski.

17 mai 2017

Pleins feux sur l’assassin (1961) de Georges Franju

Pleins feux sur l'assassinPersonne ne sait où le comte de Kerauden, vieil original solitaire, s’est caché dans son immense château pour mourir. Ses héritiers ne peuvent espérer toucher l’héritage avant cinq ans. Pour couvrir les frais d’entretiens du domaine, ils décident d’organiser un spectacle son et lumière. Mais, dès les répétitions, commence une série de morts mystérieuses… Ce Pleins feux sur l’assassin est hélas un film plutôt mineur dans la trop courte filmographie de George Franju. Le roman de Boileau et Narcejac, dont il est l’adaptation, ne présente déjà guère d’originalité et c’est donc plutôt du côté de l’atmosphère qu’il faut chercher les quelques atouts de ce film. Franju exploite bien les lieux, le château devenant un protagoniste à part entière. Deux personnages tranchent par rapport à la froideur des autres : celui, assez ambigu, joué par le jeune Jean-Louis Trintignant et celui, plus impertinent et volage, joué par Dany Saval qui apporte une légèreté bienvenue. Pierre Brasseur n’a ici qu’un tout petit rôle.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Pierre Brasseur, Pascale Audret, Marianne Koch, Jean-Louis Trintignant, Dany Saval
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Remarque :
* Si le Château de Goulaine (Loire-Atlantique, 44) sert de cadre pour la plupart des plans, les vues plus éloignées (avec l’eau qui entoure le château) ont été tournées au Château de la Bretesche à Missillac (Loire-Atlantique, 44).


Jean-Louis Trintignant et Dany Saval dans Pleins feux sur l’assassin de Georges Franju.

12 janvier 2017

La Terrasse (1980) de Ettore Scola

Titre original : « La terrazza »

La TerrasseUne réception sur La Terrasse d’un appartement romain où se retrouvent une vingtaine de personnes. Beaucoup travaillent dans le domaine de la culture. Nous suivons successivement cinq d’entre eux sur les jours qui suivent cette soirée… On ne pourra pas accuser Ettore Scola d’avoir choisi la facilité. Si La Terrasse se présente comme une comédie à sketches, le film est en réalité une profonde réflexion sur l’évolution d’une génération d’intellectuels qui sombre dans le désenchantement en avançant en âge. Et si Scola a réuni une belle brochette d’acteurs très connus, il les a utilisés à contre-emploi prenant ainsi le risque de désarçonner le public tout en se mettant à dos la critique n’appréciant guère ce miroir qu’il leur tend. Ses personnages sont en proie au doute sur ce qu’ils ont fait au cours de leur existence ce qui génère chez eux un fort sentiment d’insatisfaction. Des problèmes amoureux viennent se greffer, car trois de ces cinquantenaires sont mariés ou s’amourachent avec des femmes trentenaires, ce qui met encore plus en évidence leur âge au lieu de le gommer. Ettore Scola montre une grande perfection dans la mise en place de cet ensemble où les personnages se croisent et s’entrecroisent, grâce à la minutie du scénario qu’il a élaboré avec Age et Scarpelli, ces deux grands de la comédie. L’ensemble n’est d’ailleurs pas sans humour mais La Terrasse est avant tout remarquable par l’acuité et la profondeur de son observation et par la réflexion qu’il occasionne chez nous. Son propos est assez atemporel.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, Ugo Tognazzi, Jean-Louis Trintignant, Marcello Mastroianni, Stefania Sandrelli, Serge Reggiani, Marie Trintignant
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Remarque :
De façon amusante, pour les cinq personnages principaux, trois acteurs sont nés la même année : Gassman, Tognazzi, Raggiani (1922, soit 58 ans), puis viennent Mastroianni (1924, 56 ans) et Trintignant (1930, 50 ans).

La Terrasse
Marcello Mastroianni, Jean-Louis Trintignant, Ugo Tognazzi et Vittorio Gassman dans La Terrasse de Ettore Scola.

13 juillet 2016

Mata Hari, agent H21 (1964) de Jean-Louis Richard

Mata Hari, agent H21En 1917, la danseuse « javanaise » Mata Hari séduit le public du cabaret parisien où elle se produit. C’est aussi une espionne qui travaille pour l’Allemagne et qui utilise ses charmes pour obtenir des renseignements… Mata Hari, agent H21 est un film plutôt rare et méconnu. Son géniteur est Jean-Louis Richard, scénariste de François Truffaut. La situation est ici inversée puisque Truffaut est scénariste-dialoguiste du film. Les deux compères utilisent le mythe de l’espionne Mata Hari (rappelons que si la femme a bien existé, on ne sait toujours pas avec certitude aujourd’hui si elle était réellement une espionne) pour mettre en valeur Jeanne Moreau, actrice qu’ils portent tous deux dans leur coeur. Les invraisemblances n’ont donc que peu d’importance, on se situe même à la limite de la fantaisie, du divertissement plaisant. Malgré un budget certainement limité, la reconstitution est soignée et réussie avec une agréable atmosphère Belle-époque. La photographie de Michel Kelber est assez superbe et les dialogues souvent brillants. La musique de Georges Delerue est très présente, peut-être un peu trop, parfois. L’ensemble est assez élégant. Sans être un film majeur, Mata Hari, agent H21 est un bel écrin pour Jeanne Moreau qui succède ainsi joliment à Greta Garbo…
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jeanne Moreau, Jean-Louis Trintignant, Claude Rich, Henri Garcin, Frank Villard
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Remarques :
* On remarquera les petites apparitions d’autres acteurs de l’univers Truffaut : Jean-Pierre Léaud (le fils un peu illuminé), Marie Dubois (la jeune fille à la gare), Charles Denner (un soldat), Albert Rémy (le père) ou encore Nicole Desailly, la femme de Jean Desailly (en Charlotte, servante de Mata Hari).
* Jean-Louis Richard a ensuite été plus souvent acteur que réalisateur.
* Jeanne Moreau et Jean-Louis Richard ont été brièvement mariés (1949-1951), ils ont eu un fils ensemble, Jérôme Richard qui a fait un peu de figuration (il a un petit rôle dans Céline et Julie vont en bateau de Rivette).

* Autres films inspirés de la vie de Mata Hari :
Mata Hari (1921) film allemand de Ludwig Wolff avec la star danoise Asta Nielsen (film perdu)
Mata Hari, die rote Tänzerin (1927) film allemand de Friedrich Feher avec sa femme Magda Sonja dans le rôle principal (film perdu)
Mata Hari (1931) de George Fitzmaurice avec Greta Garbo
Mata Hari (1985) variation pseudo érotique avec Sylvia Kristel.
Mata Hari (2017?) film de David Carradine avec sa fille Calista Carradine dans le rôle principal (film en production)
+ plusieurs téléfilms dont un récent (2003) avec Maruschka Detmers.

Mata Hari
Jean-Louis Trintignant et Jeanne Moreau dans Mata Hari, agent H21 de Jean-Louis Richard.

Mata Hari
Jeanne Moreau, photo publicitaire pour Mata Hari, agent H21 de Jean-Louis Richard.

28 juin 2016

Le Conformiste (1970) de Bernardo Bertolucci

Titre original : « Il conformista »

Le ConformisteEn 1937, l’italien Marcello Clerici est envoyé en mission à Paris par les services secrets de Mussolini. Il doit obtenir des renseignements sur son ancien professeur de philosophie, devenu leader antifasciste et exilé en France, afin de préparer son assassinat… Le Conformiste est adapté du roman homonyme d’Alberto Moravia. Il nous retrace le parcours d’un homme devenu agent mussolinien, non par conviction mais par un mécanisme de défense psychologique : un épisode de son enfance lui a laissé un profond traumatisme qui le pousse à rechercher la normalité, à se fondre dans la masse. Or, dans l’Italie de l’avant-guerre, le conformisme, c’est d’être un fasciste. Toujours dans cette recherche de normalité, il s’est trouvé une fiancée jolie, bourgeoise et un peu idiote ; il va en revanche être désarçonné par une jeune femme très libérée, l’énigmatique compagne de son ancien professeur. Mais le refoulement sexuel et intellectuel laissé par son traumatisme le pousse à détruire tout ce qui l’attire. Dans sa forme, le film de Bertolucci est très beau. La construction est complexe tout en restant limpide, la photographie est superbe avec des rendus d’images différents selon les périodes du récit. L’image vient souvent renforcer ce sentiment de décadence, comme dans ces plans au grand angle d’intérieurs gigantesques. Production germano-italienne, le film a pourtant une distribution franco-italienne. Trintignant est superbe dans son personnage froid et antipathique auquel il donne une profondeur inouïe. Dominique Sanda est très belle, d’un grande présence à l’écran (on a presque l’impression que Bertolucci s’est laissé envoûter par son actrice tant certaines scènes la mettant en valeur paraissent appuyées). La musique de Georges Delerue apporte une dimension supplémentaire. Le Conformiste est un très beau film, d’une ambiance forte et au propos qui évite toute simplification ou manichéisme.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jean-Louis Trintignant, Stefania Sandrelli, Gastone Moschin, Enzo Tarascio, Dominique Sanda, Pierre Clémenti
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Remarques :
* Le directeur de la photographie, Vittorio Storaro, est l’un des plus grands, trois fois oscarisé (pour Apocalypse Now, Reds et Le Dernier Empereur). Il faut citer également Le Dernier tango à Paris, La Stratégie de l’araignée, 1900, Tucker, Dick Tracy, … Le Conformiste est l’un de ses premiers films.

* Les néons du générique et la musique de Georges Delerue peuvent être vus comme un hommage à Jean-Luc Godard (Le Mépris), réalisateur que Bertolucci admire. Il y a un autre clin d’oeil, plus difficile à détecter : le numéro de téléphone que Trintignant demande à l’opératrice pour avoir son ancien professeur est celui de Jean-Luc Godard !

Le Conformiste
Jean-Louis Trintignant, Stefania Sandrelli, Enzo Tarascio et Dominique Sanda dans Le Conformiste de Bernardo Bertolucci.

le Conformiste
Dominique Sanda et Stefania Sandrelli dansent une variante sensuelle de tango dans Le Conformiste de Bernardo Bertolucci.

26 juin 2016

L’Américain (1969) de Marcel Bozzuffi

L'américainAprès onze ans passés aux Etats-Unis, Bruno revient dans sa ville natale Rouen et retrouve ses amis qui ont changé… L’Américain est l’unique réalisation de l’acteur Marcel Bozzuffi. Il a écrit lui-même le scénario de cette chronique au ton très juste sur le temps qui passe. Il se dégage une certaine mélancolie, voire nostalgie d’une période pleine d’insouciance et d’amitiés fortes. Les amis se sont séparés, certains partant à la guerre (d’Algérie), d’autres suivant leur chemin propre. Ces chemins sont très différents les uns des autres. Peut-on rester en symbiose avec les mêmes personnes avec le temps qui passe ? Ah, voilà une bonne question que l’on a tous été amené à se poser à un moment ou à un autre… L’américain peut également être vu comme un portrait de la France des années soixante marquée par la monotonie des vies et le manque d’opportunités, sur fond de déchirement dû à la guerre d’Algérie. Outre sa femme Françoise Fabian, Marcel Bozzuffi a réuni un beau plateau d’acteurs. Jean-Louis Trintignant marque le film par sa présence et lui donne toute son assise. L’Américain est un film très personnel, franchement atypique à son époque, que ce soit par son sujet, son rythme assez lent, ou le simple fait d’être réalisé par un acteur. Il mérite vraiment d’être découvert.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Louis Trintignant, Bernard Fresson, Marcel Bozzuffi, Simone Signoret, Rufus, Françoise Fabian, Jean Bouise
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Remarque :
* On pourra remarquer une petite apparition de José Artur (il est l’un des joueurs de poker).

L'américain
Jean-Louis Trintignant et Françoise Fabian dans L’Américain de Marcel Bozzuffi.

8 avril 2016

L’Escapade (1974) de Michel Soutter

L'escapadePaul se rend dans un hôtel de montagne pour assister à un colloque de chercheurs. Arrivé sur place, il constate qu’il s’est trompé de date. Plutôt que de revenir chez lui rejoindre sa femme, il décide de lui mentir au téléphone et de rester. Il rencontre Virginie qui vient d’être mise à la porte par son ami Auguste, un écrivain en panne d’inspiration… Ecrit et réalisé par le suisse Michel Soutter, L’Escapade est un chassé-croisé sentimental qui n’a rien de conventionnel. Selon Michel Soutter, c’est « toute une série de sensations, d’évènements, de sentiments qui finiront par constituer la véritable histoire ». Les relations qui s’instaurent entre les personnages sont un peu ambigües, ils semblent se chercher, avancer à tâtons. Comme dans son film précédent Les Arpenteurs, les dialogues ont leur propre musique : souvent inattendus, ils nous charment par leur léger décalage. Mais, hélas, Michel Soutter ne parvient à retrouver l’équilibre subtil des Arpenteurs et, dès lors, le film paraît un peu lent, moins élégant, un brin plus futile.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marie Dubois, Antoinette Moya, Philippe Clévenot, Jean-Louis Trintignant
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L'escapade
Marie Dubois et Jean-Louis Trintignant dans L’escapade de Michel Soutter.

6 décembre 2015

Le Mouton enragé (1974) de Michel Deville

Le Mouton enragéAprès avoir osé aborder une inconnue dans la rue, un modeste employé de banque prend de l’assurance et, suivant à la lettre les conseils d’un ami d’enfance, un écrivain sans éditeur, il quitte sa vie terne pour chercher à « gagner plein d’argent et coucher avec beaucoup de femmes »… Adaptation d’un roman de Roger Blondel, Le mouton enragé est une fable sur l’attrait de la réussite. Si le « mouton docile » va sortir du troupeau, ce n’est que pour tomber sous la coupe d’un arrivisme sans scrupules personnifié ici par cet ami écrivain raté qui vit par procuration. La démonstration est habile mais un peu trop chargée en personnages et en cibles. Tout y passe : machisme, malversations financières, magouilles politiques, presse poubelle, manipulations… Cela finit par faire beaucoup. Trintignant et Cassel sont assez remarquables et, comme toujours, Romy Schneider illumine chacune des scènes où elle figure. De petites notes d’humour viennent ça et là alléger le mordant du propos. Réalisé sous les années Pompidou, Le mouton enragé est une fable assez amère sur l’ambition personnelle et la vanité.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Louis Trintignant, Jean-Pierre Cassel, Romy Schneider, Jane Birkin, Henri Garcin, Georges Wilson, Florinda Bolkan
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Le mouton enragé
Jean-Louis Trintignant et Jean-Pierre Cassel dans Le Mouton enragé de Michel Deville.

Le Mouton enragé
Romy Schneider dans Le Mouton enragé de Michel Deville.

16 mai 2015

Merci la vie (1991) de Bertrand Blier

'Merci la vie'Dans une station vide en bord de mer, l’adolescente Camille pousse son caddie plein de poissons où s’accrochent des mouettes. Elle trouve au milieu de la rue Joëlle, jeune femme inanimée en robe de mariée qui vient de se faire abandonner brutalement par un homme en voiture de sport. Elle la ramène chez elle… Ecrit et réalisé par Bertrand Blier, Merci la vie a souvent été décrit comme une sorte de pendant féminin à Les Valseuses. Il est bien plus abouti toutefois. Le film nous surprend constamment, se jouant des codes et des interdits du cinéma, assemblant les scènes en un patchwork imprévisible, brouillant les époques, passant sans crier gare de la couleur au noir et blanc (sépia en réalité). Le burlesque et le dramatique se télescopent, la réalité et le fantasme n’ont plus de séparation nette. Merci la vie est un grand film surréaliste… Sur le fond, Bertrand Blier pointe du doigt certains désordres de notre civilisation : le désert affectif en premier lieu, la difficulté d’aimer et d’être aimé (Camille doit même pousser son père à faire l’amour à sa mère pour pouvoir être conçue), les multiples obstacles à l’amour que sont la guerre, les maladies (le film a été écrit en pleine « explosion » du sida), la vieillesse, etc. Merci la vie est un film brillant et insolent dans lequel il faut se laisser aller car, comme l’a dit Bertrand Blier lui-même, c’est « un film d’émotions ».
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Charlotte Gainsbourg, Anouk Grinberg, Michel Blanc, Jean Carmet, Annie Girardot, Jean-Louis Trintignant, Catherine Jacob, Gérard Depardieu
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Merci la vie
Charlotte Gainsbourg et Anouk Grinberg dans ‘Merci la vie’ de Bertrand Blier.