12 octobre 2017

Trois couleurs: Rouge (1994) de Krzysztof Kieslowski

Trois couleurs: RougeValentine, jeune mannequin, ramène chez son propriétaire une chienne égarée qu’elle vient de heurter avec sa voiture. Elle y découvre son maître, un homme plutôt âgé d’allure bougonne, peu enclin à communiquer. A la deuxième visite, elle découvre qu’il s’agit d’un juge d’instruction à la retraite dont la marotte est d’espionner ses voisins… Ultime réalisation de Krzysztof Kieslowski, Rouge vient clore la trilogie des Trois Couleurs, variations sur les trois composantes de la devise de l’Etat français. C’est donc de fraternité dont il est question ici, fraternité étant pris dans un sens large puisqu’il s’agit plus généralement de réfléchir sur notre relation à autrui. Comme dans ses précédents films, le cinéaste insiste sur l’importance du hasard (auquel il mêle toutefois un certain mysticisme). Il nous invite aussi à se méfier des faux liens, tel le téléphone qui n’offre qu’un ersatz de contact. En outre, le film est rempli de multiples détails intriqués entre eux dont les relations sont difficiles à percevoir avec une seule vision, des objets, des phrases dites ou même des scènes. Musicalement, le thème lyrique du boléro de Preisner se développe peu à peu et se répète magnifiquement.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Irène Jacob, Jean-Louis Trintignant, Frédérique Feder, Samuel Le Bihan, Jean-Pierre Lorit
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Rouge
Irène Jacob dans Trois couleurs: Rouge de Krzysztof Kieslowski.

Rouge
Jean-Louis Trintignant et Irène Jacob dans Trois couleurs: Rouge de Krzysztof Kieslowski.

Rouge
Krzysztof Kieslowski, Jean-Louis Trintignant et Irène Jacob sur le tournage de Trois couleurs: Rouge de Krzysztof Kieslowski.

2 décembre 2016

Trois couleurs: Blanc (1994) de Krzysztof Kieslowski

Trois couleurs: BlancPour mariage non consommé, Dominique divorce de son mari Karol, un coiffeur polonais qui se retrouve ainsi seul, sans argent, sans logement dans un pays dont il maitrise mal la langue. Pire encore, elle s’arrange pour qu’il soit recherché par la police pour avoir incendié son salon de coiffure. Il parvient à rentrer clandestinement en Pologne où il va tenter de se refaire… Que Trois couleurs: Blanc, deuxième film de la trilogie de Krzysztof Kieslowski, ait pour thème l’égalité n’est pas évident à première vue. Et pour cause : le propos du cinéaste est plutôt de montrer que l’égalité n’existe pas, que nous en parlons tous mais qu’en réalité personne n’en veut. Mais, même en prenant en compte cette intention, la démonstration ne paraît guère évidente : il démontre plutôt que la cruauté engendre une cruauté encore plus forte et qu’une passion peut prendre la forme d’un long calvaire. Faut-il voir dans la scène finale (qui n’était pas originalement prévue) une certaine forme de rédemption ? Blanc est par certains aspects un film tragi-comique : son personnage principal est attachant par son côté balourd, il fait sourire parfois mais son cynisme finit par écarter toute sympathie/empathie à son égard. Le film est moins flamboyant que Bleu sur le plan esthétique, malgré l’omniprésence de la couleur blanche (il faut bien avouer que le blanc, du fait de sa faible palette de variations, se prête moins aux recherches esthétiques). Blanc est une variation bien étrange sur le thème de l’égalité.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Zbigniew Zamachowski, Julie Delpy, Janusz Gajos
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Remarque :
* A l’audience, en début de film, on aperçoit brièvement Juliette Binoche ouvrir par erreur une porte, lien discret avec le film précédent, Bleu.

Blanc
Julie Delpy dans Trois couleurs: Blanc de Krzysztof Kieslowski.

Blanc
Zbigniew Zamachowski dans Trois couleurs: Blanc de Krzysztof Kieslowski.

1 décembre 2016

Trois couleurs: Bleu (1993) de Krzysztof Kieslowski

Trois couleurs: BleuUn accident sur une route de campagne. A son réveil, Julie apprend que son mari, célèbre compositeur, et sa petite fille sont morts dans l’accident. Elle se retrouve donc seule. Elle commence par vendre tous ses biens pour aller vivre une autre vie. Elle ne garde qu’un pendule décoratif composé de perles bleues… Trois couleurs: Bleu est le premier volet de la trilogie tricolore de Krzysztof Kieslowski qui tourne pour la première hors de son pays, la Pologne. Dans ce premier opus, il explore la notion de liberté et sa relation à la mémoire : peut-on effacer sa mémoire pour (re)trouver sa liberté ? C’est la quête que s’est donnée Julie, son personnage. Mais peut-on concevoir la liberté sans mémoire ? Non, semble nous dire Kieslowski appuyant son propos par l’image de la mère, atteinte de la maladie d’Alzheimer qui le rend comme prisonnière. Julie retrouvera un début d’équilibre en sachant intégrer ses souvenirs douloureux. La forme est assez brillante, Kieslowski réussissant une symbiose parfaite de tous les constituants du film. Il symbolise le deuil, et sa lancinante douleur, par de brusques (et spectaculaires) éclats musicaux. Omniprésent, le bleu est juste un parti-pris esthétique, il ne faut sans doute pas lui chercher une signification autre, la couleur bleue convenant bien au caractère froid et bien entendu à l’eau purificatrice de la piscine. L’interprétation de Juliette Binoche donne une grande intensité à son personnage.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Juliette Binoche, Benoît Régent, Emmanuelle Riva
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Remarque :
* Kieslowski laisse comme souvent un peu de place à un thème qui lui est cher, le hasard : un musicien de rue qui a trouvé le même thème que son mari, une rencontre fortuite avec les personnages du second volet, etc. Le thème du hasard peut paraître anodin mais c’est loin d’être le cas : l’acceptation (ou pas) de la notion-même a de fortes répercussions sur la construction de notre philosophie de vie (remarque très personnelle que vous n’êtes bien entendu pas obligé de partager…)

Trois couleurs : Bleu
Juliette Binoche dans Trois couleurs: Bleu de Krzysztof Kieslowski.

4 février 2015

Amator (1979) de Krzysztof Kieslowski

AmatorUn employé achète une caméra pour filmer sa fille qui vient de naître. Quand son patron apprend cela, il lui demande de filmer un évènement de son entreprise. C’est le début d’une passion… L’Amateur (parfois titré Le Profane) fait partie des premiers longs métrages du polonais Krzysztof Kieslowski qui livre un peu de lui-même dans ce récit. Comme il a pu l’être lui-même, son héros est gagné par une passion dévorante du cinéma qui phagocyte peu à peu sa vie personnelle et lui donne un regard nouveau sur le monde qui l’entoure. Il apprivoise son langage, le cadrage, le montage. Il va aussi découvrir son pouvoir, sa fonction au sein d’une société, la force du documentaire, sa portée politique, avec comme inévitable corollaire (du moins en pays communiste comme l’était la Pologne), la censure. L’Amateur est ainsi une belle réflexion sur le rôle du cinéma, sur l’implication de l’artiste dans son art et ses interrogations, tout cela presque sans en avoir l’air car Kieslowski reste très près de son personnage.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jerzy Stuhr, Malgorzata Zabkowska, Stefan Czyzewski
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Remarque :
* Le réalisateur Krzysztof Zanussi (l’un des grands représentants de la Nouvelle Vague polonaise et par ailleurs ami dans la vraie vie de Kieslowski) interprète lui-même son propre rôle.

Amator de Krzysztof Kieslowski
Jerzy Stuhr est le cinéaste amateur dans le film L’Amateur de Kieslowski. Il utilise ici une caméra 8mm Quartz 2 de fabrication russe. Derrière lui se tient Malgorzata Zabkowska.

Amator de Krzysztof Kieslowski
Vers la fin du film, la seconde caméra qu’il utilise est la légendaire Krasnogorsk K3, caméra 16mm à visée reflex de fabrication russe avec zoom Meteor (une caméra que Kieslowski a lui-même utilisée à ses débuts… mais pas pour L’Amateur qui est tourné en 35mm).
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