17 mai 2017

Pleins feux sur l’assassin (1961) de Georges Franju

Pleins feux sur l'assassinPersonne ne sait où le comte de Kerauden, vieil original solitaire, s’est caché dans son immense château pour mourir. Ses héritiers ne peuvent espérer toucher l’héritage avant cinq ans. Pour couvrir les frais d’entretiens du domaine, ils décident d’organiser un spectacle son et lumière. Mais, dès les répétitions, commence une série de morts mystérieuses… Ce Pleins feux sur l’assassin est hélas un film plutôt mineur dans la trop courte filmographie de George Franju. Le roman de Boileau et Narcejac, dont il est l’adaptation, ne présente déjà guère d’originalité et c’est donc plutôt du côté de l’atmosphère qu’il faut chercher les quelques atouts de ce film. Franju exploite bien les lieux, le château devenant un protagoniste à part entière. Deux personnages tranchent par rapport à la froideur des autres : celui, assez ambigu, joué par le jeune Jean-Louis Trintignant et celui, plus impertinent et volage, joué par Dany Saval qui apporte une légèreté bienvenue. Pierre Brasseur n’a ici qu’un tout petit rôle.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Pierre Brasseur, Pascale Audret, Marianne Koch, Jean-Louis Trintignant, Dany Saval
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Remarque :
* Si le Château de Goulaine (Loire-Atlantique, 44) sert de cadre pour la plupart des plans, les vues plus éloignées (avec l’eau qui entoure le château) ont été tournées au Château de la Bretesche à Missillac (Loire-Atlantique, 44).


Jean-Louis Trintignant et Dany Saval dans Pleins feux sur l’assassin de Georges Franju.

2 juillet 2015

Les yeux sans visage (1960) de Georges Franju

Les yeux sans visagePour reconstruire le visage de sa fille défigurée par un accident de voiture, le docteur Genessier kidnappe des jeunes femmes afin de pratiquer une greffe de visage… Les yeux sans visage est le deuxième long métrage de Georges Franju, après plus d’une douzaine de courts métrages réalisés sur dix ans. Il est considéré aujourd’hui comme l’un des classiques du film d’épouvante, un genre quasiment absent du cinéma français de l’époque. Tout l’art de Georges Franju est d’avoir mêlé un réalisme assez terrifiant (la scène de l’opération est particulièrement difficile à regarder) avec une certaine poésie apportée principalement par le personnage de la fille du chirurgien, au visage de cire, aérienne, d’une fragilité fantomatique. Cette alliance de contraires crée une étrange attirance, un envoutement qui contribue à faire des Yeux sans visage un film assez unique bien que perturbant. Il a été très mal reçu par la critique au moment de sa sortie.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Pierre Brasseur, Alida Valli, Edith Scob, Claude Brasseur
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Les Yeux sans visage
Edith Scob dans Les yeux sans visage de Georges Franju

Remarques :
* Les yeux sans visage est basé sur un roman de Jean Redon, adapté par lui-même, Boileau-Narcejac et Claude Sautet (qui est également assistant-réalisateur).
* Georges Franju est, rappelons-le, le cofondateur de la Cinémathèque Française.

13 janvier 2014

Thomas l’imposteur (1965) de Georges Franju

Thomas l'imposteurEn 1914, alors que l’on craint que les allemands prennent Paris, la princesse de Bormes transforme son hôtel particulier en hôpital. Elle est aidée par un jeune sous-lieutenant qui s’est présenté comme le neveu du général De Fontenoy qui s’est illustré au front. Grâce à lui, les portes s’ouvrent et autorisations pour aller chercher les blessés sont plus faciles à obtenir… Thomas l’imposteur est adapté d’un roman que Jean Cocteau a écrit en 1923. L’écrivain a participé à l’écriture cette adaptation par Georges Franju (Cocteau était toutefois décédé au moment du tournage). Le thème est celui de la confrontation de deux mondes : celui du rêve dans l’esprit d’un garçon de 16 ans et celui de la réalité dans l’une de ses formes les plus dures, celle d’une guerre particulièrement meurtrière. La transposition au cinéma est très délicate car les images, par leur nature-même, tendent à renforcer l’un de ces deux mondes, celui de la réalité et le monde du rêve en devient d’autant plus difficile à exprimer. Georges Franju y parvient toutefois plutôt bien, nous gratifiant même de quelques « visions » irréelles (tel ce cheval fou à la crinière en feu ou encore ce lieu étrange où l’on ne sait plus où finit la terre et où commence la mer). Emmanuelle Riva est, une de fois de plus, merveilleuse.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Emmanuelle Riva, Jean Servais, Fabrice Rouleau, Sophie Darès, Rosy Varte, Jean-Roger Caussimon
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Remarques :
* Fabrice Rouleau est le fils de Raymond Rouleau, acteur d’origine belge qui a beaucoup tourné dans les années 30, 40 et 50, et que l’on a parfois surnommé « le Cary Grant du cinéma français ». On le retrouve par exemple à l’affiche de Falbalas de Jacques Becker (1945). Il a également réalisé de nombreux films pour le cinéma et la télévision dont Les sorcières de Salem (1957) et Les amants de Teruel (1962).
*  L’homme qui danse avec Emmanuelle Riva lors du bal est André Méliès, le fils de Georges Méliès qui avait déjà joué par deux fois dans des films de Georges Franju : Le grand Méliès (1952) et Judex (1963).

30 avril 2013

Thérèse Desqueyroux (1962) de Georges Franju

Thérèse DesqueyrouxAccusée d’avoir tenté d’empoisonner son mari Bernard Desqueyroux, Thérèse sort libre du tribunal : grâce au témoignage de son époux en sa faveur, elle a bénéficié d’un non-lieu. Sur le chemin du retour, elle repense à sa vie passée et prépare la confession qu’elle va lui faire pour restaurer la communication entre eux… Georges Franju a tenu à faire une adaptation fidèle du roman Thérèse Desqueyroux de François Mauriac (1). L’académicien a d’ailleurs grandement participé à l’écriture du scénario. Franju parvient ainsi à préserver l’esprit littéraire qui, par exemple, se sent nettement dans la qualité des textes de la voix-off de Thérèse et même dans les dialogues. L’histoire met en relief l’immobilisme de la bourgeoisie terrienne de province qui fera tout pour préserver les apparences et conserver l’honneur de la famille. La jeune femme est totalement seule dans ce monde. La réalisation est d’un très beau classicisme. L’interprétation d’Emmanuelle Riva, empreinte à la fois de force et de douceur, confirme qu’elle est bien l’une des plus grandes actrices du cinéma français. Face à elle, Philippe Noiret exprime de manière éclatante toute la médiocrité de son personnage. Ce Thérèse Desqueyroux de Georges Franju est une superbe adaptation littéraire.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Emmanuelle Riva, Philippe Noiret, Edith Scob, Sami Frey
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Remake :
Thérèse Desqueyroux de Claude Miller (2012) avec Audrey Tautou

(1) Pour Thérèse Desqueyroux, roman sorti en 1927, François Mauriac s’est inspiré d’une affaire réelle très similaire et datant de 1905, celle d’Henriette Canaby.