3 décembre 2023

Il maestro di Vigevano (1963) de Elio Petri

Il maestro di VigevanoLe professeur Antonio Mombelli enseigne dans une école primaire de Vigevano. Sa femme Ana est profondément insatisfaite du modeste train de vie que son mari peut lui offrir. Antonio est fier d’appartenir à la classe intellectuelle : il considère comme une honte pour lui et sa famille que sa femme veuille travailler à l’usine pour compléter ses revenus et que son jeune fils, poussé par sa mère, travaille occasionnellement comme garçon de courses…
Il maestro di Vigevano, parfois francisé L’Instituteur de Vigevano, est un film italien réalisé par Elio Petri, son deuxième long métrage. Age et Scarpelli ont signé le scénario d’après un roman de Lucio Mastronardi. Cette histoire dresse le portrait d’un homme ordinaire qui fait excessivement attention à sa position sociale bien que très modeste. Il rejette l’esprit d’entreprise et ceux que sa femme considère comme « arrivés ». Il ne voit que de l’arrivisme autour de lui. Le récit est largement parsemé de touches d’humour, mais il s’agit d’un humour plutôt amer. Le personnage fait pitié à voir, obséquieux face à son directeur qui lui fait subir des humiliations farfelues. Assez sombre, ce mini-portrait de la société italienne fustige les conventions sociales et le désir de trop se soucier de sa position. Sans vraiment démériter, le film n’est pas remarquable dans la (courte) filmographie d’Elio Petri. Il est d’ailleurs très méconnu.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Alberto Sordi, Claire Bloom, Vito De Taranto
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Alberto Sordi et Vito De Taranto dans Il maestro di Vigevano de Elio Petri.

7 janvier 2021

Ça commence aujourd’hui (1999) de Bertrand Tavernier

Ça commence aujourd'huiDaniel est directeur d’une école maternelle dans le nord de la France. Enseignant avec passion et convictions, il doit faire face à la pauvreté des familles et ni les institutions publiques, ni sa hiérarchie ne lui viennent en aide…
Le scénario de Ça commence aujourd’hui a été écrit conjointement par Dominique Sampiero et Tiffany Tavernier, la fille du cinéaste. Dominique Sampiero a lui-même été directeur d’école maternelle avant d’en démissionner pour se consacrer à l’écriture. Le film est basé sur sa propre expérience. Bertrand Tavernier trouve le ton juste pour montrer la précarité d’une région fortement touchée par le chômage, il le fait sans misérabilisme, sans effet de dramatisation, il montre la réalité en utilisant beaucoup d’acteurs non professionnels jouant leur propre rôle (à commencer par les enfants qui ne sont pas issus d’un casting). On ressent souvent l’impression d’être face à un documentaire tellement le résultat paraît authentique. La réussite du film doit aussi beaucoup à Philippe Torreton qui donne corps à cet enseignant dont l’engagement se heurte à la dure réalité et à la passivité des institutions. L’école maternelle où le film a été tourné existe toujours. Elle s’appelle maintenant Ecole maternelle Bertrand Tavernier.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Philippe Torreton, Maria Pitarresi, Nadia Kaci, Véronique Ataly, Nathalie Bécue, Emmanuelle Bercot
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Ça commence aujourd'huiPhilippe Torreton dans Ça commence aujourd’hui de Bertrand Tavernier.

21 avril 2020

Un beau dimanche (2013) de Nicole Garcia

Un beau dimancheBaptiste est un solitaire. Instituteur dans le sud de la France, il ne reste jamais plus d’un trimestre dans le même poste. A la veille d’un week-end, il hérite malgré lui de Mathias, un de ses élèves, oublié à la sortie de l’école par un père négligent. Mathias conduit Baptiste jusqu’à sa mère, Sandra, qui travaille sur une plage près de Montpellier. Pour aider Sandra, Baptiste va devoir renouer avec sa famille richissime…
Ecrit par Nicole Garcia et Jacques Fieschi, Un beau dimanche est un film dont le déroulement est bien confus. Le début chaotique laisse augurer d’un film plutôt social au climat dérangeant mais l’histoire évolue vers le type « lourd secret dans une famille bourgeoise ». Le film souffre probablement d’un problème d’écriture. Mal liées entre elles, les situations sont classiques et guère passionnantes, avec une fausse profondeur dans les personnages. La distribution permet de découvrir Pierre Rochefort (fils de Nicole Garcia et Jean Rochefort) et de revoir Dominique Sanda. Les mouvements de caméra dans la première moitié du film sont bien rudes, souvent placée très (trop) près des personnages. Une chose est certaine : on ne retrouve pas la délicatesse habituelle de Nicole Garcia dans Un beau dimanche.
Elle: pas d'étoile
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Pierre Rochefort, Louise Bourgoin, Dominique Sanda, Déborah François
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Un beau dimancheLouise Bourgoin et Pierre Rochefort dans Un beau dimanche de Nicole Garcia.

21 février 2020

Une année polaire (2018) de Samuel Collardey

Une année polaireAnders Hvidegaard, jeune instituteur danois attiré par l’aventure et les voyages, aspire à une nouvelle vie avant de reprendre la ferme familiale. Il postule pour aller enseigner au Groenland et choisit un petit hameau isolé d’une centaine d’habitants nommé Tiniteqilaaq…
La genèse de ce film est étonnante : le français Samuel Collardey avait choisi de réaliser un long métrage se situant au Groenland et avait finalement jeté son dévolu sur ce petit village. Apprenant que l’institutrice proche de la retraite allait être remplacé par un jeune venu du Danemark, il l’a mis au centre de son film pour observer son intégration. Une année polaire tient ainsi autant du récit scénarisé que du documentaire ; il n’y a aucun acteur professionnel, chacun tient son propre rôle. Le récit est très intéressant car nous découvrons certains aspects de la culture Inuit. L’instituteur, dans un premier temps trop sûr de sa supériorité, aura quelque difficulté à bien la comprendre. Samuel Collardey a soigné ses images, beaucoup de plans sont superbes, notamment ceux pris à l’aide de drones.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Anders Hvidegaard
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Une année polaireAnders Hvidegaard et Asser Boassen dans Une année polaire de Samuel Collardey.

14 avril 2018

Réveil dans la terreur (1971) de Ted Kotcheff

Titre original : « Wake in Fright »
Titre lors de sa sortie : « Outback »

Réveil dans la terreurJeune instituteur dans un petit village isolé de l’outback australien, poste qu’il a été obligé d’accepter par contrat, John décide de rentrer à Sydney pour les vacances. Il fait une halte dans la ville minière de Bundanyabba, que les locaux nomment « The Yabba »…
Basé sur un bestseller du même nom signé Kenneth Cook, Wake in Fright est un film australien qui a avait disparu après sa présentation au Festival de Cannes 1971. La redécouverte récente d’un négatif original lui a permis de ressusciter. C’est un film vraiment étonnant et inhabituel, un film que l’on peut voir comme un précurseur de cette Nouvelle Vague australienne à laquelle Peter Weir et George Miller donneront ses lettres de noblesse. Mais Ted Kotcheff (futur réalisateur de Rambo) est en réalité canadien et ses deux acteurs principaux sont anglais. Wake in Fright est une véritable descente aux enfers, sorte de Las Vegas Parano au pays des kangourous et de la bière ingurgitée par tombereaux. La vision qu’il nous donne des ces villes minières de l’arrière-pays australien est assez terrifiante. On aimerait croire que cette vision est outrancière mais rien n’est moins sûr. Le déroulement de cette histoire assez glauque est néanmoins admirable car on a l’impression de s’enfoncer toujours plus. Cela témoigne d’une belle maitrise du réalisateur qui nous gratifie, en outre, de plusieurs très beaux plans.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Donald Pleasence, Gary Bond, Chips Rafferty, Sylvia Kay, Jack Thompson
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Wake in fright
Chips Rafferty (vrai australien et grand buveur de bière) et Gary Bond  dans Réveil dans la terreur de Ted Kotcheff.

Remarques :
* Les scènes de chasse aux kangourous ont suscité une polémique. Il faut préciser à ce sujet que Ted Kotcheff est un végétarien convaincu et l’avertissement final, affirmant que ces scènes ont été tournées avec des chasseurs professionnels, est là pour nous alerter (et non pour justifier). Il est vrai qu’il y a là de quoi devenir végétarien… D’après les récits du directeur de la photographie, l’anglais Brian West, le tournage de la scène dura plusieurs heures et les chasseurs, de plus en plus alcoolisés, tiraient de plus en plus mal. L’équipe de tournage, écœurée par le carnage, a fini par provoquer une panne d’électricité pour tout arrêter.
* La ville est en réalité Broken Hill où le réalisateur a séjourné plusieurs mois.
* Wake in Fright a été adapté de nouveau en 2017 pour une série TV australienne.

Wake in Fright
Le superbe plan d’ouverture de Réveil dans la terreur de Ted Kotcheff.

Wake in Fright
Donald Pleasence et Gary Bond dans Réveil dans la terreur de Ted Kotcheff.

Wake in Fright
Autre plan remarquable : la salle de jeu de Réveil dans la terreur de Ted Kotcheff.

22 avril 2017

Green Green Grass of Home (1982) de Hou Hsiao-hsien

Titre original : « Zai na he pan qing cao qing »

L'herbe verte de chez nousTaïwan. Un jeune homme arrive de la grande ville dans un petit village isolé pour remplacer l’une des institutrices de l’école. Son arrivée apporte un souffle d’air frais et une relation discrète commence à se nouer entre lui et une jolie institutrice… Green Green Grass of Home, titre parfois traduit en français par L’herbe verte de chez nous, est le troisième film du réalisateur taiwanais Hou Hsiao-hsien. Comme pour les deux précédents, il s’agit d’un film destiné à mettre en valeur le chanteur de pop taïwanaise Kenny Bee. Ce dernier a une nouvelle partenaire, Chiang Ling, qui est on peut plus charmante. L’histoire est très convenue, gentillette même, d’un intérêt assez faible. En faisant preuve d’un peu plus d’indulgence, on peut s’intéresser au portrait d’un petit village qui vit près de la nature mais ce portrait paraît passablement édulcoré. Ces trois premiers films ont certainement permis à Hou Hsiao-hsien de trouver son style puisqu’il a eu envie de faire ensuite des choses différentes.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Kenny Bee, Chiang Ling
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Remarque :
* Hou Hsiao-hsien a en quelque sorte renié ses trois premiers films, affirmant qu’il avait débuté sa carrière avec Les Garçons de Fengkuei en 1983.

Green Green Grass of Home
Kenny Bee et Chiang Ling dans L’herbe verte de chez nous de Hsiao-Hsien Hou.

29 novembre 2012

Les diaboliques (1955) de Henri-Georges Clouzot

Les diaboliquesMichel Delasalle, le directeur d’une institution de la proche banlieue parisienne, se comporte de façon particulièrement odieuse aussi bien envers sa femme Christina qu’envers sa maitresse Nicole, toutes deux enseignantes dans l’établissement. Les deux femmes sont devenues amies et le haïssent profondément… Les diaboliques est l’un des films les plus célèbres d’Henri-Georges Clouzot et pourtant il est loin d’être l’un des plus intéressants. L’intrigue, adaptée d’un roman de Boileau et Narcejac (Celle qui n’était plus), réserve bien une belle surprise mais elle est unique. Pour le reste, les personnages n’offrent que peu de profondeur, ils sont dépourvus de complexité et le choix de Véra Clouzot pour interpréter l’un des premiers rôles n’est pas des plus heureux : H.G. Clouzot désirait faire de sa femme une grande actrice mais ce film montre bien « qu’elle n’est pas comédienne du tout » (1). Il reste toutefois à profiter du style de Clouzot qui est manifeste dans certaines scènes, souvent les plus noires. Les diaboliques fut un énorme succès à sa sortie et il est généralement bien considéré encore aujourd’hui. Trop sans doute…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Simone Signoret, Véra Clouzot, Paul Meurisse, Charles Vanel, Pierre Larquey, Michel Serrault, Noël Roquevert
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Remarques :
* Alfred Hitchcock désirait lui aussi acheter les droits du roman. Clouzot ne l’aurait battu que de quelques heures. Voyant cela, Boileau et Narcejac se sont mis aussitôt au travail pour écrire un autre roman sur un thème proche, spécialement pour Hitchcock qui effectivement l’acheta et en tira Vertigo (Sueurs froides, 1958).
* L’un des enfants est interprété par le jeune Jean-Philippe Smet (futur Johnny Halliday). On le voit notamment dans la scène de la photo de classe où il est assis juste derrière Simone Signoret.

(1) Ce sont les propres mots de Simone Signoret dans ses mémoires (La nostalgie n’est plus ce qu’elle était, Seuil 1976) où elle présente toutefois les choses différemment : « C’est elle qui voulait tourner tout en se faisant croire que c’était lui qui l’y forçait ». En outre, Simone Signoret présente le tournage comme ayant été « un enfer », du fait de mauvaises relations avec Clouzot ; elle estime qu’ils se connaissaient trop (ils se fréquentaient depuis que Clouzot avait tourné Le Salaire de la Peur avec Montand).

Autre adaptation du même roman :
Diabolique de Jeremiah S. Chechik (1996) avec Sharon Stone et Isabelle Adjani (la fin est toutefois différente)

23 avril 2012

M’Liss (1918) de Marshall Neilan

M'LissDans les collines de l’Ouest américain, Melissa est une petite sauvageonne qui vit avec son père, ancien chercheur d’or ruiné qui a sombré dans l’alcool. Ils ne soupçonnent pas qu’un complot se trame contre eux pour une histoire d’héritage… M’Liss a été écrit par Frances Marion, grande scénariste et amie de Mary Pickford, d’après une courte nouvelle de Bret Harte. Le western est un genre assez inhabituel pour l’actrice. On notera tout de même certaines similitudes dans l’environnement avec celui de La fille des Monts (qui se déroule pourtant dans les Appalaches) que l’actrice tournera l’année suivante. L’histoire est simple mais, comme toujours, l’actrice montre un naturel et une spontanéité désarmante. Les intertitres sont souvent amusants et le film peine quelque peu à devenir sérieux quand la tragédie pointe. Le film est plaisant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mary Pickford, Theodore Roberts, Thomas Meighan, Charles Ogle
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Précédente version :
Mliss (1915) de O.A.C. Lund avec Barbara Tennant (film perdu)
Remakes :
The girl who ran wild (1922) de Rupert Julian avec Gladys Walton
Mliss (1936) de George Nichols Jr. avec Anne Shirley

10 avril 2012

Vivre libre (1943) de Jean Renoir

Titre original : « This land is mine »

Vivre librePendant la Seconde Guerre mondiale, dans la France occupée, un maitre d’école préfère ne pas voir la situation tragique de son pays. Secrètement amoureux de sa jeune voisine et collègue, il va se trouver malgré lui mêlé dans des actes anti-allemands… Dans la filmographie de Jean Renoir, les films qu’il a tournés à Hollywood sont les moins bien considérés, Vivre libre plus que tout autre. Sorti en France après la Libération, le film a été vivement critiqué pour le portrait faussé qu’il donnait de son pays. Pour comprendre le film, il faut garder à l’esprit que Vivre libre est film de propagande destiné au public américain : il s’agissait de promouvoir l’engagement militaire américain en Europe. Sur ce plan, le film a certainement atteint son but car ce fut un succès outre-Atlantique. Vu par un français, les défauts du film ressortent bien plus : une France de carton-pâte, la généralisation de la collaboration, une occupation allemande plus pernicieuse que brutale (le Major Keller fait preuve d’une bien grande subtilité dans la gestion des crises), des scènes improbables (le tribunal), des personnages très typés. Mais c’est là le lot de tous les films de propagande et Vivre libre s’en distingue par une belle interprétation, de Charles Laughton notamment. Son discours de fin au tribunal est un brillant et inspiré réquisitoire pour la Liberté, au lyrisme exaltant. Vivre libre n’est pas à classer parmi les grands films de Jean Renoir mais il ne mérite pas la désaffection dont il est l’objet.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Charles Laughton, Maureen O’Hara, George Sanders, Walter Slezak, Kent Smith
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Remarques :
Bien que le générique annonce que l’histoire se déroule « quelque part en Europe », il est évident qu’il s’agit de la France, ne serait-ce que par les noms à consonance bien française.

Homonyme :
Vivre libre (Born free) film animalier de James Hill (1966)