22 avril 2017

Green Green Grass of Home (1982) de Hou Hsiao-hsien

Titre original : « Zai na he pan qing cao qing »

L'herbe verte de chez nousTaïwan. Un jeune homme arrive de la grande ville dans un petit village isolé pour remplacer l’une des institutrices de l’école. Son arrivée apporte un souffle d’air frais et une relation discrète commence à se nouer entre lui et une jolie institutrice… Green Green Grass of Home, titre parfois traduit en français par L’herbe verte de chez nous, est le troisième film du réalisateur taiwanais Hou Hsiao-hsien. Comme pour les deux précédents, il s’agit d’un film destiné à mettre en valeur le chanteur de pop taïwanaise Kenny Bee. Ce dernier a une nouvelle partenaire, Chiang Ling, qui est on peut plus charmante. L’histoire est très convenue, gentillette même, d’un intérêt assez faible. En faisant preuve d’un peu plus d’indulgence, on peut s’intéresser au portrait d’un petit village qui vit près de la nature mais ce portrait paraît passablement édulcoré. Ces trois premiers films ont certainement permis à Hou Hsiao-hsien de trouver son style puisqu’il a eu envie de faire ensuite des choses différentes.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Kenny Bee, Chiang Ling
Voir la fiche du film et la filmographie de Hou Hsiao-hsien sur le site IMDB.

Voir les autres films de Hou Hsiao-hsien chroniqués sur ce blog…

Remarque :
* Hou Hsiao-hsien a en quelque sorte renié ses trois premiers films, affirmant qu’il avait débuté sa carrière avec Les Garçons de Fengkuei en 1983.

Green Green Grass of Home
Kenny Bee et Chiang Ling dans L’herbe verte de chez nous de Hsiao-Hsien Hou.

3 réflexions sur « Green Green Grass of Home (1982) de Hou Hsiao-hsien »

  1. Comme vous précisez que ces 3 films visaient à mettre en valeur le chanteur Kenny Bee, je suppose qu’il faut considérer qu’il s’agit de films de commande.

    En effet, j’imagine mal un réalisateur décider spontanément : « Oh, j’adore ce chanteur, je vais lui cirer les pompes en faisant des films rien que pour lui ». Ça peut arriver pour une actrice dont le réalisateur est amoureux (il y a des exemples et c’est alors cohérent puisque le cinéma est évidemment le domaine de valorisation d’une grande actrice), mais quand même pas pour un chanteur. Le simple fait que ces films soient destinés à mettre ce chanteur en valeur en fait, par définition, des commandes, des œuvres techniques et non pas vraiment artistiques. Enfin, artistiques potentiellement, mais d’abord alimentaires et non portées par un projet artistique préalable.

    Je comprends donc tout-à-fait que Hou Hsiao-Hsien ait ensuite renié ces films, et je ne dirais pas que ça lui a permis « de trouver son style », plutôt « de se faire la main en répondant à une commande alimentaire ».

    Finalement, on a tendance à oublier que dans la plupart des pays du monde (et même — et surtout ! — aux États-Unis jusqu’aux années 60), le cinéma est d’abord l’affaire de studios. Le réalisateur est salarié, peut être remplacé en cours de film, etc. C’est bien pour ça que certains réalisateurs étatsuniens ont trouvé le moyen de créer des réseaux de financement indépendants (même si certains, style Lucas et Spielberg, ont ensuite laissé leur dynamique se faire absorber par les majors), ou que Hayao Miyazaki et Isao Takahata ont dû créer leur studio Ghibli pour être libres dans leur travail, etc. La notion de réalisateur « auteur de son film » a longtemps été une spécificité française et italienne, et même en France ça n’était que partiel puisque l’affirmation de la primauté artistique et créatrice du réalisateur était l’un des aspects cruciaux de la Nouvelle vague (ce qui explique que les « historiques » de la Nouvelle vague ait descendu en flamme l’excellent film Laissez-passer de Tavernier, qui avait le malheur à leurs yeux de réhabiliter le travail d’artisan et l’esprit de studio).

    Bref, considérer les 3 premiers films réalisés par Hou Hsiao-Hsien comme « des films de Hou Hsiao-Hsien » relève finalement d’un biais culturel et d’une lecture a-posteriori. Oui, il est devenu « auteur de ses films » ensuite. Mais il ne se considérait sans doute pas comme tel (et n’avait sans doute pas de raison de le faire) à l’époque de ces 3 films-là.

  2. Quand je disais « Ces trois premiers films ont certainement permis à Hou Hsiao-hsien de trouver son style », je voulais dire qu’ils lui ont certainement confirmé le sentiment qu’il aspirait à autre chose et également qu’il a pu se concentrer sur autre chose que la technique en réalisant son 4e.

    Sinon, vos remarques sur la notion d’auteur sont intéressantes. Je nuancerais quelque peu toutefois : la notion d’auteur n’est pas à mes yeux une spécificité française ou européenne, c’est le fait de la placer au premier plan qui l’est.

    Prenons, l’exemple des années trente à Hollywood, qui est la décennie par excellence où tous les réalisateurs étaient considérés comme de simples salariés, plusieurs réalisateurs montrent un style qui leur est propre (et ce, bien avant que les chroniqueurs des Cahiers théorisent). Parfois, c’est le producteur qui marque le film de sa patte.
    Personnellement, je considère que toute oeuvre de création a un auteur… sinon il n’y a pas de création. Et il n’y a que dans le cas d’un film fait à partir de recettes toutes faites, ou copié sur un autre, que la création est inexistante.

    Bon, mais c’est un sujet très vaste…
    … mais je suis d’accord avec vous pour supposer que HHH ne se considérait certainement pas auteur de ces trois premiers films quand il les a fait.

  3. Je suis totalement d’accord avec vous !

    Quand je dis que la notion de réalisateur-auteur n’était pas la norme pendant longtemps dans une grande partie du monde (et encore aujourd’hui, d’ailleurs, dans pas mal de pays), je ne voulais pas dire qu’il n’y avait pas d’auteurs de films ni même que les réalisateurs n’étaient pas auteurs de leurs films. Je voulais dire ce que vous précisez : que ça n’était pas le plus important, qu’ils n’étaient pas forcément les « auteurs » artistiques du film (je pensais justement à certains producteurs étatsuniens considérés comme plus « auteurs » que les réalisateurs qu’ils salariaient). Donc oui bien sûr pour dire qu’une œuvre a forcément un ou des auteur(s), et que dans le cinéma c’était souvent le réalisateur quand même (Chaplin, Capra, Murnau, Lubitch, mais aussi Carné, Renoir, …, mais à l’inverse (presque) peu importe qui réalisait techniquement les films « de W.C. Fields » ou « d’Harold Lloyd » qui en étaient les auteurs artistiques sans en être les réalisateurs). Mais pas toujours, pas de façon « évidente », pas structurellement. Et c’est marrant, parce qu’en France on a tendance à considérer automatiquement que réalisateur = auteur artistique du film, et à interpréter le monde à cette aune. Je le dis d’autant plus que… ça a longtemps été mon cas et je n’ai vraiment compris le cinéma américain que le jour où j’ai cessé de considérer comme une singularité ponctuelle ce qui était en fait la règle ordinaire (j’étais au départ surpris et troublé devant les films où plusieurs réalisateurs se succédaient — alors que c’est en fait tout naturel dans une logique où l’auteur peut être le producteur).

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