3 février 2014

Piège mortel (1982) de Sidney Lumet

Titre original : « Deathtrap »

Piège mortelSidney Bruhl est un auteur de pièces policières qui a du mal à renouer avec le succès qui l’a rendu célèbre. Alors qu’il vient d’essuyer un quatrième échec, il reçoit un scénario brillant écrit par l’un de ses anciens élèves. Sa femme le pousse à l’appeler pour lui proposer une collaboration… Piège mortel est l’adaptation cinématographique d’une pièce écrite par Ira Levin qui détient le record de longévité à Broadway. Elle repose sur un scénario assez brillant qui enchaîne les rebondissements inattendus. L’histoire peut montrer un petit air de famille avec l’excellent Le Limier de Mankiewicz (sorti dix ans plus tôt, également avec Michael Caine) mais sans être aussi remarquable. Pour Sidney Lumet, il s’est agi d’une commande et, sans montrer de défaut, sa mise en scène n’est pas remarquable en soi. Le réalisateur semble en effet avoir du mal à s’extirper du cadre du théâtre filmé, le fait que 95% de l’histoire se déroule dans une même pièce ne lui facilitant pas la tâche, il est vrai. Piège mortel est néanmoins fort plaisant, assez intense, surprenant par ses revirements. Michael Caine est l’acteur idéal pour ce type de rôle et Christopher Reeves fait une belle prestation, lui qui voulait alors prouver qu’il pouvait jouer autre chose que Superman 1, 2 et 3…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Michael Caine, Christopher Reeve, Dyan Cannon, Irene Worth
Voir la fiche du film et la filmographie de Sidney Lumet sur le site IMDB.

Voir les autres films de Sidney Lumet chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Ira Levin est également connu des cinéphiles pour avoir écrit le scénario de Rosemary’s baby.
* La scène finale est extraite d’une réelle représentation de la pièce au Music Box Theatre à Broadway. La pièce était en effet toujours jouée au moment du tournage. La pièce d’Ira Levin fut représentée pas moins de 1793 fois à Broadway de 1978 à 1982, établissant ainsi un record (qui reste inégalé) de longévité.
* Attention à ne pas lire trop de commentaires sur le film avant de le visionner pour profiter pleinement des effets de surprise.
* Une certaine scène de baiser (impossible de la décrire plus sans déflorer en partie l’histoire mais, si vous avez vu le film, vous saurez laquelle) fit grand scandale à l’époque. Elle n’était pas dans la pièce originale. Elle fut enlevée des versions pour la télévision américaine.

25 septembre 2013

La Piscine (1969) de Jacques Deray

La piscineMarianne et Jean-Paul passent l’été dans une belle villa sur les hauteurs de Saint-Tropez. Ils ne sont pas enclins à sortir, préférant lézarder au bord de la piscine. Lorsqu’ils reçoivent la visite inopinée de leur ami Harry accompagné de sa fille Pénélope, Marianne les invite à rester plusieurs jours… Sur une histoire de Jean-Emmanuel Conil (Alain Page) adaptée par Jean-Claude Carrière, La Piscine est un huis clos en plein air qui réunit un couple mythique qui avait fait le bonheur de la presse populaire : Alain Delon et Romy Schneider (1). Ils sont beaux, jeunes et bronzés et Jacques Deray ne se prive pas d’exploiter au maximum la plastique des deux acteurs, les montrant longuement tels deux félins dans leurs jeux amoureux. Il faut reconnaître que ces deux « monstres sacrés » ont une formidable présence à l’écran et tiennent leur rôle avec magnificence. Outre l’attrait dû aux acteurs, le film est remarquable par la progression parfaitement maitrisée de son scénario qui glisse peu à peu vers la prévisible tragédie. On ne peut toutefois parler vraiment de suspense.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Alain Delon, Romy Schneider, Maurice Ronet, Jane Birkin
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacques Deray sur le site IMDB.

Remarque :
Il faut également saluer la présence de Maurice Ronet, le film permettant de le voir à nouveau opposé à Alain Delon, neuf ans après le superbe Plein Soleil de René Clément.

(1) Romy Schneider et Alain Delon se sont fiancés en 1959 après s’être rencontrés sur le tournage de Christine. Le couple a été ensuite très largement suivi par la presse populaire jusqu’à leur séparation en 1964… Inutile de dire que cette même presse populaire s’en est donné à coeur joie pour laisser croire que le couple allait se reformer après le tournage de La Piscine.

18 juillet 2013

Cul-de-sac (1966) de Roman Polanski

Cul-de-sacAprès un mauvais coup qui a visiblement mal tourné, deux gangsters blessés arrivent dans un château anglais isolé habité par un quadragénaire qui a tout abandonné pour vivre avec sa très jeune épouse. Le plus valide des deux gangsters n’a aucun mal à prendre le dessus sur eux… Cul-de-sac, le film de Roman Polanski, est beaucoup de choses à la fois : c’est indéniablement une tragédie puisque l’irruption d’un élément étranger, rustre et brutal, va provoquer une grave et profonde crise dans ce couple mal assorti. C’est tout aussi indéniablement une comédie car, de l’humour, le film en regorge, un humour noir, un humour qui peut faire grincer des dents sans doute mais qui fonctionne parfaitement. C’est également un film de suspense et de tension, Cul de Sac est l’un des plus beaux huis clos (en plein air) qui soient. Polanski mêle tous ces éléments avec habilité mais, si le film a tant marqué les esprits, c’est surtout pour son inventivité et sa grande liberté de ton, notamment dans la description des rapports à l’intérieur du couple : si l’homme fait preuve de tant de lâcheté face au gangster, c’est aussi parce qu’il est dans une impasse face à sa femme, il sent qu’en seulement dix mois, elle se détache de lui, il est prêt à tout accepter pour la garder et il reproduit ce comportement masochiste sur le truand qui s’impose, lui non par le charme, mais par la force. Il a déjà dépassé le point de non retour et le cul-de-sac n’est pas seulement celui du château isolé sur son île, c’est aussi le cul-de-sac émotionnel de l’homme. L’irruption du gangster n’est qu’un révélateur, d’ailleurs lui aussi se fera manipuler par la femme qui est le véritable personnage fort de cette histoire. Polanski fait une description sans fard de cette relation et, comme souvent avec lui, il y a quelque chose de troublant dans son propos qui nous renvoie sur nous-mêmes.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Donald Pleasence, Françoise Dorléac, Lionel Stander, Jack MacGowran, Jacqueline Bisset
Voir la fiche du film et la filmographie de Roman Polanski sur le site IMDB.

Voir les autres films de Roman Polanski chroniqués sur ce blog…

Cul-de-sacRemarques :
* L’affiche américaine de Cul-de-sac portait le slogan « Parfois, on ne peut plus rien faire d’autre qu’en rire », une mise en garde qui traduit probablement l’embarras des distributeurs américains du film. L’accueil fut effectivement très mauvais, la critique assassinant le film, le jugeant malsain. Le film fut retiré très rapidement des écrans. Le film fut heureusement mieux reçu en Europe.

* Cul-de-sac a été tourné entièrement sur Holy Island, une petite île située tout au nord de l’Angleterre (juste sous la frontière avec l’Ecosse), sur la côte est. L’île n’est toujours accessible que par une route submergée à marée haute. Elle porte un petit village de 160 habitants, les ruines d’un monastère du VIIe siècle et… le haut perché Lindisfarne Castle où le film a été tourné.
Voir l’emplacement sous Google Maps
Voir photos du Lindisfarne Castle
Petite note : le groupe de folk Lindisfarne a choisi son nom d’après ce même château.

12 juillet 2013

Margin Call (2011) de J.C. Chandor

Margin CallUne grande compagnie financière réduit ses effectifs. Un analyste senior a juste le temps de glisser une clé USB à l’un de ses jeunes collègues avant d’être escorté hors de l’immeuble. Ce dernier découvre que la formule utilisée pour calculer le risque du produit-phare de la compagnie sous-estime ce risque considérablement, mettant la société en péril… Sur un sujet où il est si facile de tomber dans les poncifs et les facilités, J.C. Chandor adopte un angle assez inattendu puisque c’est une tragédie shakespearienne qu’il met en scène. Il met ainsi en avant le facteur humain plutôt que les mécanismes financiers. Le résultat est étonnant par sa puissance. Ce ne sont pas seulement l’unité de lieu et l’unité de temps (puisque le film se déroule essentiellement sur une nuit) qui donnent au film toute son intensité, c’est aussi son interprétation, J.C. Chandor montrant une belle maitrise de la direction d’acteurs pour un premier long métrage.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Kevin Spacey, Paul Bettany, Jeremy Irons, Zachary Quinto, Penn Badgley, Simon Baker, Demi Moore, Stanley Tucci
Voir la fiche du film et la filmographie de J.C. Chandor sur le site IMDB.

Remarque :
Le père de J.C. Chandor a travaillé pendant 30 ans chez Merrill Lynch. Le réalisateur connait ainsi bien cet univers et, surtout, les personnes qui y travaillent.

4 juillet 2013

La Servante (1960) de Kim Ki-young

Titre original : « Hanyo »

La servanteMarié et père de deux enfants, un séduisant professeur de musique est aimé en secret de ses jeunes élèves. Il embauche comme servante une très jeune femme au comportement étrange… Film perdu récemment retrouvé et restauré, La Servante est un film vraiment très étonnant. En rupture avec le cinéma de son époque, le coréen Kim Ki-young crée un huis clos oppressant et puissant. La progression de la tension est presque insidieuse : le film débute de façon anodine, presque légère mais l’atmosphère vire lentement à l’étrange et finit par devenir perturbante et dérangeante. Certes, Kim Ki-young n’hésite pas à appuyer très fort ses effets, de façon presque outrancière parfois, mais jamais sans excès. La servante Il joue très bien avec la configuration des lieux, comme par exemple avec une baie vitrée ouvrant sur un grand balcon. Il joue également beaucoup avec l’éclairage pour renforcer le sentiment d’étrangeté, les murs apparaissant parfois presque vivants. La performance de l’actrice Lee Eun-shim est remarquable, elle tint si bien son rôle que sa carrière en fut perturbée : après La Servante, les producteurs étaient réticents à l’engager car une bonne partie des spectatrices continuaient de la haïr profondément. Kim Ki-young tournera à nouveau la même histoire par deux fois.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Lee Eun-shim, Ju Jeung-nyeo, Kim Jin Kyu
Voir la fiche du film et la filmographie de Kim Ki-young sur le site IMDB.

Remakes :
Hwanyeo de Kim Ki-young (1970)
Hwanyeo ’82 de Kim Ki-young (1982)
The Housemaid (Hanyo) de Im Sang-soo (2010)

Pour en savoir plus, lire la présentation d’Olivier Bitoun sur DVDClassik

19 avril 2013

Carnage (2011) de Roman Polanski

CarnageDans un square de Brooklyn, un enfant de 11 ans blesse l’un de ses camarades de jeu lors d’une bagarre. Les parents se retrouvent peu après, avec l’intention de régler l’incident de manière civilisée. La rencontre va prendre un tour inattendu… Sa filmographie le prouve, Roman Polanski a une prédilection pour les huis clos, particulièrement ceux où la tension devient si forte qu’elle révèle des traits de la personnalité normalement cachés. Carnage est adapté d’une pièce de Yasmina Reza qui en a coécrit l’adaptation avec le cinéaste. Unité de lieu, un appartement newyorkais, et unité de temps, le film se déroule sans ellipse, en temps réel donc, sur 1h15 de temps. La situation évolue sans cesse, les échanges très urbains du début ne résistent pas à la tension qui s’installe, nous glissons d’une situation à une autre de façon assez subtile, des rapports de force se créent et s’évanouissent tout aussi rapidement. Carnage est assez remarquable par son écriture, d’autant plus que l’humour est assez présent, c’est une comédie. De nombreux passages sont même jubilatoires. Sous le vernis d’une civilité plus ou moins forcée, des sentiments resurgissent, plus triviaux, empreints d’un certain cynisme. Nul doute qu’après son assignation à résidence, l’adaptation de cette pièce qui fustige les bien-pensants d’une fausse largeur d’esprit n’était pas pour déplaire à Roman Polanski. C’est en tout cas très brillant.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jodie Foster, Kate Winslet, Christoph Waltz, John C. Reilly
Voir la fiche du film et la filmographie de Roman Polanski sur le site IMDB.

Voir les autres films de Roman Polanski chroniqués sur ce blog…

Remarque :
La pièce de Yasmina Reza Le Dieu du Carnage a d’abord été jouée en France en 2008 (avec Isabelle Huppert) puis à Broadway en 2009.

11 mars 2012

L’ange exterminateur (1962) de Luis Buñuel

Titre original : « El ángel exterminador »

L'ange exterminateur Dans une vaste demeure, les participants à un dîner de la haute bourgeoisie sont invités à passer au salon. Plus tard, au moment de partir, personne ne parvient à quitter la pièce alors que les portes sont pourtant grandes ouvertes. Ils en semblent empêchés par une force invisible, leur volonté s’effrite dès qu’ils approchent du seuil… L’interprétation de L’ange exterminateur a fait couler beaucoup d’encre. L’explication du phénomène physique ou psychique qui retient les invités n’a qu’une importance secondaire. Ce qui intéresse Luis Buñuel, c’est d’observer un petit groupe de personnes, liées par pure convenance sociale, mis dans une situation extrême. Empêchés de faire un acte le plus simple qui soit, sortir d’une pièce, ils se montrent sous un autre jour ; tout le vernis social s’écaille, des tensions apparaissent, L'ange exterminateur les puissances protectrices invoquées (religion, franc-maçonnerie, sorcellerie) sont ici inopérantes (1). Dès le début du film, nous observons des phénomènes étranges : les domestiques quittent la maison, des scènes se répètent (2), la maitresse des lieux, pourtant guindée, a préparé des plaisanteries saugrenues (3). Tourné avec peu de moyens au Mexique, L’ange exterminateur est une puissante fable sociale aux multiples interprétations possibles.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Silvia Pinal, Lucy Gallardo, Enrique Rambal, Claudio Brook, Tito Junco
Voir la fiche du film et la filmographie de Luis Buñuel sur le site IMDB.
Voir les autres films de Luis Buñuel chroniqués sur ce blog…

(1) Dans ses mémoires, Luis Buñuel en parle ainsi : « Ce que j´y vois, c`est un groupe de gens qui ne peuvent pas faire ce qu´ils ont envie de faire : sortir d´une pièce. Impossibilité inexplicable de satisfaire un désir simple. Cela arrive souvent dans mes films. Dans L’âge d’or, un couple veut s’unir sans y parvenir. Dans Cet obscur objet du désir, il s’agit du désir sexuel d’un homme vieillissant qui ne se satisfait jamais. Archibald de la Cruz essaie vainement de tuer. Les personnages du Charme Discret veulent à toute force dîner ensemble et n’y parviennent pas. Peut-être pourrait-on trouver d’autres exemples. »
(Luis Buñuel « Mon dernier soupir »)

(2) « Je me suis toujours senti attiré, dans la vie comme dans mes films, par les choses qui se répètent. Je ne sais pas pourquoi, je ne cherche pas à l’expliquer. On compte au moins une dizaine de répétitions dans L’ange exterminateur. » (Luis Buñuel « Mon dernier soupir »)

(3) Luis Buñuel dit s’être inspiré d’un grand dîner à New York où la maitresse de maison avait imaginé de faire exécuter certains gags pour surprendre et amuser ses invités. Le maître d’hôtel qui s’étale de tout son long en apportant un plat est ainsi véridique. Dans L’ange exterminateur, elle avait également prévu un gag (que l’on ne connaitra jamais) avec un ours et des moutons ! Certains « critiques fanatiques de symbolisme » (dixit Buñuel) ont vu dans l’ours le bolchevisme qui guettait la société en ce début des années soixante… alors que, si symbole il y a (et il y en a certainement un) c’est plutôt celui du retour à une certaine animalité : le groupe observe l’ours d’ailleurs avec une sorte de fascination et de respect. Les brebis symbolisent la fraîcheur et la vulnérabilité de l’être. Avec ces brebis, Buñuel fait aussi une petite pique amusante à la religion (ça manquait!) à la toute fin : l’église recueille les brebis égarées… mais on sait quel sera leur sort!

1 mars 2012

Le bruit des glaçons (2010) de Bertrand Blier

Le bruit des glaçonsPar une journée ensoleillée d’hiver, un inconnu sonne chez un écrivain célèbre qui vit reclus dans un mas provençal isolé un seau à glace bien rempli dans les bras à longueur de journée : « Bonjour, je suis votre cancer. Je me disais que ce serait pas mal qu’on fasse connaissance. » … Parvenir à faire une comédie sur un homme qui va mourir d’un cancer dans les trois mois est une entreprise plutôt périlleuse. Avec Le bruit des glaçons, Bertrand Blier revisite avec brio le thème de l’ange de la mort qui vient tourmenter sa victime. La maladie prend ainsi un visage : il est teigneux, sûr de lui, envahisseur, faussement désinvolte. Albert Dupontel exprime parfaitement toutes ces facettes. Ecrit avec intelligence par Bertrand Blier lui-même, Le bruit des glaçons doit aussi beaucoup à ses acteurs : Jean Dujardin montre une maturité inhabituelle et il faut saluer la performance sensible d’Anne Alvaro. L’humour noir, la verve et la truculence de Bertrand Blier font le reste. Son cinéma ne fera sans doute jamais l’unanimité, mais il est unique et tranche avec l’envahissante normalité. Pour notre plus grand plaisir.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jean Dujardin, Albert Dupontel, Anne Alvaro, Myriam Boyer, Emile Berling
Voir la fiche du film et la filmographie de Bertrand Blier sur le site IMDB.

Voir les autres films de Bertrand Blier chroniqués sur ce blog…

27 février 2012

Les félins (1964) de René Clément

Les félinsPour échapper à des tueurs lancés à ses trousses par un mari jaloux mafieux, un jeune play-boy se réfugie chez une riche veuve qui l’engage comme chauffeur. Cette femme séduisante vit seule avec sa jeune cousine dans une grande maison de la Côte d’Azur… Pour Les félins, René Clément retrouve Alain Delon qui, depuis le merveilleux Plein Soleil (1960) et Quelle joie de vivre (1961), est devenu entre temps une star. René Clément adapte ici un roman policier de Day Keene, une histoire assez forte assez surprenante. Il crée une atmosphère particulière, jouant avec l’étrange, l’ambiguïté, le mensonge, éléments qu’il mêle habilement au charme de ses trois acteurs principaux, distillant même une certaine sensualité élégante. Le film est aussi une variation sur la claustration, thème cher au réalisateur. Le film a été tourné en anglais et les acteurs, y compris Jane Fonda, ont assuré eux-même le doublage en français. Les félins a plutôt été mal reçu ; s’il est vrai qu’il est un peu en deçà de Plein Soleil, il n’en demeure pas moins un très beau huis clos sophistiqué et élégant, remarquablement photographié en noir et blanc par l’excellent chef-opérateur Henri Decaë.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Alain Delon, Jane Fonda, Lola Albright
Voir la fiche du film et la filmographie de René Clément sur le site IMDB.

Voir les autres films de René Clément chroniqués sur ce blog…

24 octobre 2011

Moon (2009) de Duncan Jones

MoonAvec pour seule compagnie un robot-ordinateur, Sam Bell surveille l’extraction d’hélium de sa base sur la face cachée de la lune. A deux semaines de la fin de son contrat de trois ans, il sent qu’il commence à avoir des hallucinations… Ecrit et réalisé par l’anglais Duncan Jones, Moon renoue avec bonheur avec la science-fiction authentique : pas de spectaculaire ni d’effets spéciaux mais un bon scénario qui induit une certaine réflexion. Moon fait penser à Solaris et fait des clins d’œil à 2001 (l’ordinateur ou encore la musique classique sur les extérieurs) ; même s’il n’a pas la profondeur métaphysique de ces deux films, il ne manque pas d’intérêt et a même une certaine force. La mise en scène de Duncan Jones est simple mais sert bien son sujet. Moon est un huis clos à un seul personnage ; Sam Rockwell est magnifiquement à la hauteur de cette gageure. Le film n’est hélas pas sorti en salles en France mais il a reçu un très bon accueil partout ailleurs. La science-fiction n’est pas morte.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sam Rockwell, Kevin Spacey, Dominique McElligott
Voir la fiche du film et la filmographie de Duncan Jones sur le site IMDB.

Remarques :
Duncan Jones est le fils de David Bowie. Moon est son premier long métrage.