26 juin 2017

Tenue de soirée (1986) de Bertrand Blier

Tenue de soiréeAntoine (Michel Blanc) et Monique (Miou-Miou) forment un couple en pleine galère. Alors qu’ils se disputent dans un bal, un inconnu Bob (Gérard Depardieu) intervient pour prendre la défense d’Antoine et gifle Monique… En écrivant Tenue de soirée, Bertrand Blier cherchait à retrouver l’esprit des Valseuses et avait même prévu de reprendre le même trio d’acteurs. Le décès de Patrick Dewaere rendit cela impossible. La provocation reste de mise comme en témoigne l’affiche dont le slogan a beaucoup fait parler à sa sortie. Comme toujours chez Blier, les dialogues valent leur pesant d’or, aussi percutants qu’irrévérencieux, souvent jubilatoires. Ils sont très crus et explicites mais c’est toujours au service de l’humour et non de la vulgarité (mais l’appréciation sur ce plan pourra bien entendu varier selon les personnes). Bertrand Blier parvient ainsi à aborder de manière passablement directe et sans tabou le sujet de l’homosexualité à une époque qui était encore frileuse sur ce plan. Il va même jusqu’au travestissement, dans un délire final totalement surréaliste. Tenue de soirée connut un grand succès à sa sortie. Trente ans plus tard, il reste toujours aussi amusant.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gérard Depardieu, Michel Blanc, Miou-Miou
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Tenue de soirée
Miou-Miou, Michel Blanc et Gérard Depardieu dans Tenue de soirée de Bertrand Blier.
« Tiens, prends un peu de pommard… »

19 mai 2017

Pauline à la plage (1983) d’ Eric Rohmer

Pauline à la plageFin de l’été sur une plage normande. Marion a la charge de Pauline, sa jeune cousine adolescente. Elles rencontrent Pierre et Henri et parlent de leurs visions de l’amour… Pauline à la plage est le troisième, et le plus connu, film de la série « Comédies et Proverbes » d’Éric Rohmer. Le proverbe illustré est « Qui trop parole, il se mesfait » de Chrétien de Troyes. On ne sera pas surpris qu’il y a soit question de paroles et de dialogues, sur un sujet éminemment subjectif : l’amour. Chacun des personnages en a sa propre définition, chacun a ses attentes. Malgré ce petit côté maniéré, ou du moins « maitrisé », toujours présent dans les films de Rohmer, les dialogues sonnent très justes, très authentiques ; ils semblent avoir été écrits par les personnages eux-mêmes. C’est bien cela qui est remarquable chez Rohmer : les dialogues sont toujours simples, les esprits chagrin pourront leur reprocher une absence de profondeur, et pourtant de l’ensemble ressort une réflexion des plus éclairantes, aux portes de la philosophie. Ici, ces différentes visions de l’Amour incitent au questionnement. Rohmer sait préserver simplicité et naturel chez ses personnages ; il joue ici parfaitement et sans en abuser avec la féminité d’Arielle Dombasle. Grace à toutes ces qualités, Pauline à la plage est atemporel : il se regarde avec autant d’intérêt aujourd’hui qu’il y a trente ans.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Amanda Langlet, Arielle Dombasle, Pascal Greggory, Féodor Atkine
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Remarques :
* Chrétien de Troyes est un poète français (env. 1130-1185) auteur de romans de chevalerie de la littérature arthurienne en octosyllabes tels Lancelot ou le Chevalier de la charrette, Perceval ou le Conte du Graal ou encore Erec et Enide.

Le cycle Comédies et proverbes d’Éric Rohmer :
1. La Femme de l’aviateur (1981) ou « On ne saurait penser à rien »
2. Le Beau Mariage (1982) ou « Quel esprit ne bat la campagne ? qui ne fait château en Espagne ? »
3. Pauline à la plage (1983) ou « Qui trop parole, il se mesfait »
4. Les Nuits de la pleine lune (1984) ou « Qui a deux femmes perd son âme, qui a deux maisons perd sa raison »
5. Le Rayon vert (1986) ou « Que le temps vienne où les cœurs s’éprennent »
6. L’Ami de mon amie (1987) ou « Les amis de mes amis sont mes amis »

Pauline à la plage
Amanda Langlet, Pascal Greggory et Arielle Dombasle dans Pauline à la plage de Éric Rohmer.

Pauline à la plage
Amanda Langlet, Simon de La Brosse et Féodor Atkine dans Pauline à la plage de Éric Rohmer.

Pauline à la plage
Eric Rohmer, Arielle Dombasle, Rosette et Pascal Greggory sur le tournage de Pauline à la plage de Éric Rohmer.

11 avril 2017

Une belle fille comme moi (1972) de François Truffaut

Une belle fille comme moiPour écrire une thèse de sociologie sur les femmes criminelles, le jeune Stanislas Prévine se rend en prison pour interviewer Camille Bliss, accusée d’avoir tué l’un de ses amants. Camille commence à lui raconter son parcours qui fut quelque peu mouvementé… Une belle fille comme moi apparaît comme étant un film plutôt mineur dans la filmographie de François Truffaut. Il a réalisé cette comédie légère pour se changer les idées après le grave Les deux Anglaises et le continent. Par certains côtés, ce pourrait être le pendant féminin à L’homme qui aimait les femmes mais sans avoir la brillance de ce dernier. Il y a de belles trouvailles d’humour (les bruitages de Formule 1, le « dératiseur catholique », …) mais l’ensemble manque de rythme malgré la grande vitalité de Bernadette Lafond et paraît presque un peu bâclé. Comme le précise le générique de fin, c’est le premier vrai rôle au cinéma pour André Dussollier, très gauche comme son personnage l’exige, et aussi pour Anne Kreis que Truffaut fait jouer comme Claude Jade. Une belle fille comme moi est plaisant, sans plus.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Bernadette Lafont, Claude Brasseur, Charles Denner, Guy Marchand, André Dussollier, Philippe Léotard
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Remarque :
* Une fois le film achevé, François Truffaut s’est aussitôt lancé dans la préparation de La Nuit américaine sans même assurer la promotion de son film.

Une belle fille comme moi
Bernadette Lafont et le jeune (25 ans) André Dussollier dans Une belle fille comme moi de François Truffaut.

Une belle fille comme moi
Bernadette Lafont et Philippe Léotard dans Une belle fille comme moi de François Truffaut.

28 mars 2017

Propriété privée (1960) de Leslie Stevens

Titre original : « Private Property »

Propriété privéeSur la côte californienne, deux jeunes hommes désoeuvrés volent des boissons dans une station-service avant d’obliger un automobiliste à les prendre en stop. Ils le forcent à suivre la voiture d’une belle femme que l’un des deux veut séduire pour son ami… Récemment retrouvé, Private Property est un film indépendant produit avec très peu de moyens (60 000 dollars), tourné en dix jours dans la maison-même du réalisateur Leslie Stevens, avec sa femme dans le rôle principal féminin. Précédemment auteur de pièces à Broadway, Stevens s’est lié avec l’attaché de presse Stanley Colbert pour monter cette production. Le scénario, écrit par Stevens, n’est pas vraiment remarquable et, encore moins, subtil. Il est en revanche assez angoissant, ou plutôt, génère un certain mal à l’aise. Profitant du relâchement de la censure, il exploite un certain attrait pour le voyeurisme et utilise largement le mythe de la femme délaissée par son mari et donc prête à se jeter dans les bras du premier inconnu (le titre paraît vraiment lourd de sens… et l’affiche ne donne pas non plus dans la subtilité). Corey Allen se révèle excellent acteur mais le plus remarquable dans ce film est sans doute du côté de la photographie : par le hasard des rencontres, c’est le vétéran Ted McCord qui s’est retrouvé derrière la caméra et l’image est d’une perfection tout à fait inhabituelle pour une production de ce niveau. Le film a été très peu exploité aux Etats-Unis à l’époque mais a connu un petit succès en Europe, porté par la Nouvelle Vague.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Kate Manx, Corey Allen, Warren Oates
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Remarques :
* Private Property est le premier film de Leslie Stevens qui a ensuite surtout œuvré à la télévision dans le domaine de la science-fiction : il sera notamment le créateur de la série The Outer Limits (Au-delà du réel).
* Pour donner un ordre d’idées  : 60 000 dollars, c’est le niveau des productions des « séries Z » d’Ed Wood.

Private Property
Warren Oates dans Propriété privée de Leslie Stevens.

29 décembre 2016

Les Galettes de Pont-Aven (1975) de Joël Séria

Les galettes de Pont-AvenHenri Serin (Jean-Pierre Marielle) est représentant de commerce en parapluies. Il parcourt la Bretagne à longueur d’année et en profite pour faire quelques escapades amoureuses. Il est aussi peintre à ses heures et cette passion va le pousser à changer de vie… Les galettes de Pont-Aven est un film très marqué par son époque, les années soixante-dix. Dans la série « on arrête tout et on recommence », Joël Séria livre sa version de L’An 01, une version moins politisée, plus polissonne. Le film a beaucoup choqué en son temps, y compris dans les milieux les plus favorables à l’évolution des mœurs ; nous sommes en effet loin de l’érotisme raffiné et intellectualisé du Dernier Tango à Paris (1972), Joël Séria donne plutôt dans la gaudriole rustique et dans le jouisseur impulsif. Son héro est fasciné par les formes féminines, plus particulièrement les jeunes popotins, et exprime son admiration par une bordée de jurons un poil triviale. Cette ode à la jouissance n’est toutefois pas si joyeuse, surtout quand l’amour s’en mêle. Le film a perdu aujourd’hui sa capacité à choquer les esprits (même s’il se démarque nettement du bon goût…) et donc son petit côté subversif. Il paraît assez inégal, avec de bonnes trouvailles sur les personnages mais une fâcheuse tendance à tourner en rond. Jean-Pierre Marielle tient le film hors de l’eau.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Marielle, Claude Piéplu, Dolores McDonough, Romain Bouteille, Andréa Ferréol, Bernard Fresson
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Les Galettes de Pont-Aven
Jean-Pierre Marielle, fasciné par les formes féminines de Jeanne Goupil, dans Les galettes de Pont-Aven de Joël Séria. Jeanne Goupil était alors la compagne de Joël Séria. Elle est aussi l’auteure des peintures montrées dans le film sous le nom Jeanne Krier. Elle est toujours peintre aujourd’hui sous le nom de Jeanne K. Lichtlé.

25 mai 2016

L’Ange bleu (1930) de Josef von Sternberg

Titre original : « Der blaue Engel »

L'ange bleuDans une petite ville d’Allemagne, un professeur âgé découvre que ses élèves fréquentent le cabaret L’ange bleu où se produit la fameuse Lola. Il décide d’aller sur place pour se plaindre mais tombe sous le charme de la chanteuse… Adapté d’un roman d’Heinrich Mann, L’Ange bleu est le premier film de Josef von Sternberg avec Marlene Dietrich. C’est aussi le premier film allemand parlant. Cette histoire de déchéance sociale par attirance sexuelle est superbement mise en images par von Sternberg qui transforme le cabaret en un monde à part, assez tourbillonnant, avec de nombreux personnages secondaires. Eclairages et décors génèrent une atmosphère prenante, très allemande, proche du Kammerspiel (1).  Si le film est bien entendu connu pour avoir lancé Marlene Dietrich à la face du monde, il est aussi illuminé par la performance d’Emil Jannings, très grand acteur alors très connu et que Sternberg avait déjà dirigé à Hollywood (2). Son jeu très expressif peut dérouter le spectateur moderne mais il a une forte présence et une belle palette de sentiments. Il personnifie à lui seul la petite bourgeoisie sous toutes ses formes. Face à lui, Marlene Dietrich se montre enjôleuse et même aguicheuse avec, elle aussi, une très forte présence à l’écran. Sa pose sur le tonneau attirant sa jambe vers elle est devenue une icône qui a traversé le temps. L’Ange bleu n’a pas la sophistication des films suivants de von Sternberg avec Marlene Dietrich, mais ce caractère un peu brut lui permet justement de conserver presque toute sa force évocatrice aujourd’hui.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Emil Jannings, Marlene Dietrich, Kurt Gerron
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(1) Le Kammerspiel (ou Kammerspiel film, en français film de chambre) est un courant de l’histoire du théâtre et du cinéma allemand des années 1920. Issu des travaux du metteur en scène de théâtre Max Reinhardt, le Kammerspiel respecte le principe des trois unités : unité de lieu, unité de temps, unité d’action. Le Kammerspiel est un naturalisme intimiste et social qui s’oppose seulement en partie à l’expressionnisme.

(2) Après une belle carrière en Allemagne (sous la direction notamment de Lubitsch, Murnau, Wiene, Paul Leni, Arthur Robison), Emil Jannings avait traversé l’Atlantique pour poursuivre sa carrière à Hollywood où il fut oscarisé (pour The Last Command de Josef von Sternberg, 1928 et pour The Way of All Flesh de Victor Fleming, 1927) mais l’avènement du parlant l’obligea à renter en Allemagne car son accent germanique était trop prononcé. Il termina sa carrière en Allemagne, tournant plusieurs films (notamment historiques) sous le régime nazi.

L'ange Bleu
Marlene Dietrich dans L’Ange bleu de Josef von Sternberg chantant son célèbre « Ich bin von Kopf bis Fuss auf Liebe eingestellt… » (De la tête aux pieds, je suis faite pour l’amour, c’est là mon univers sinon il n’y a rien.)

L'ange bleu
Marlene Dietrich et Emil Jannings dans L’Ange bleu de Josef von Sternberg.

L'ange bleu
Josef von Sternberg et Emil Jannings sur le tournage de L’Ange bleu de Josef von Sternberg.

4 janvier 2016

Le Vent (1928) de Victor Sjöström

Titre original : « The Wind »

Le VentLa jeune Letty arrive de sa Virginie natale au Texas pour vivre chez son cousin. Contrairement à ses attentes, elle découvre que son cousin vit chichement dans une région isolée et très inhospitalière où le vent souffle en permanence. Sa femme a immédiatement un comportement hostile, voyant en elle une rivale potentielle… C’est Lillian Gish qui a proposé à Irving Thalberg le roman de Dorothy Scarborough Le Vent pour faire suite au succès de La Lettre écarlate. Et c’est la talentueuse Frances Marion qui fut, une nouvelle fois, chargée d’en écrire l’adaptation. Le Vent est un drame puissant, assez fortement chargé de métaphores : le vent symbolise la concupiscence masculine à laquelle la jeune femme se refuse (l’affiche ci-contre reprend d’ailleurs ce symbolisme sans équivoque possible, le vent ayant été remplacé par la tête du prédateur). Le caractère animal de cette passion est souligné, un peu lourdement sans doute, par l’image d’un étalon blanc fougueux et incontrôlable. Victor Sjöström est au sommet de son art, sa façon de rendre le vent omniprésent malgré l’absence de son est remarquable. Et que dire de Lillian Gish, si ce n’est qu’elle est l’une des plus grandes actrices du cinéma muet : elle parvient à faire passer tant de choses et toujours avec la même intensité. Après tant de tensions, la fin en happy-end est plutôt surprenante ; Lilian Gish a affirmé qu’elle avait été imposée par les studios, mais aucun élément n’a permis de valider cette affirmation. Comme beaucoup de films muets de 1928, Le Vent n’eut que peu de succès, la vague du parlant n’épargnant rien, même l’un des plus grands films muets.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Lillian Gish, Lars Hanson, Montagu Love
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Remarques :
* Le générique annonce « A Victor Seastrom production », Seastrom étant l’américanisation de Sjöström.
* Le tournage fut, on le comprend aisément, particulièrement difficile du fait de la chaleur extrême (50°C) et du vent constant (créé par huit moteurs d’avion qui projetaient des cendres parfois incandescentes sur les acteurs).
* C’est grâce à Kevin Brownlow que Le Vent est ressorti en 1988, 60 ans après sa sortie donc, avec une nouvelle musique orchestrale de Carl Davis.

Le Vent
Lillian Gish et Lars Hanson dans Le Vent de Victor Sjöström.

28 décembre 2014

Harry dans tous ses états (1997) de Woody Allen

Titre original : « Deconstructing Harry »

Harry dans tous ses étatsHarry dans tous ses états (Deconstructing Harry) est une comédie qui a parfois été jugée comme étant un peu plus sombre que les précédentes immédiates mais elle est aussi plus profonde. Le Harry dont il est question est un écrivain qui s’inspire directement de sa vie et des gens qui l’entourent pour écrire des romans à succès, ne faisant plus très bien la différence entre les personnages qu’il invente et ceux de la vie réelle. Ces derniers sont furieux de voir ainsi leur vie privée exposée et leurs secrets dévoilés. Pour ne rien arranger, l’écrivain doit pour la première fois faire face à une panne d’inspiration (1). On retrouve donc ici des thèmes chers à Woody Allen : les affres de la création et la séparation entre réel et fiction : N’est-il pas plus simple pour l’écrivain de vivre dans la fiction ? Harry dans tous ses états est assez ambitieux car les situations sont nombreuses et les personnages le sont encore plus puisque souvent interprétés par deux acteurs différents (un pour le réel et un pour la fiction). L’humour est toujours présent, par petites touches, parfaitement intégré à l’ensemble. Le montage est assez particulier, décousu en apparence pour signifier que la réalité est intrinsèquement décousue, relative (ce que nous croyons être la réalité devient la réalité pour nous), indéterminée, une approche qui favorise la déconstruction de Harry Block (alias Woody Allen ?)
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Judy Davis, Julia Louis-Dreyfus, Woody Allen, Robin Williams, Kirstie Alley, Demi Moore, Stanley Tucci, Elisabeth Shue, Billy Crystal
Voir la fiche du film et la filmographie de Woody Allen sur le site IMDB.
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Le scénario (bilingue) de Deconstructing Harry est sorti en 2000 dans la Petite Bibliothèque des Cahiers du cinéma… Voir le livre

Remarques :
* Harry dans tous ses états évoque Les Fraises sauvages de Bergman (le voyage pour recevoir un hommage), Le Septième Sceau du même réalisateur (la Mort qui vient frapper) et 8 ½ de Fellini (le créateur en panne sur un projet du fait de ses problèmes personnels).

* Le titre original Deconstructing Harry est une référence à la déconstruction, pratique philosophique assez complexe d’analyse textuelle introduite par Heidegger et développée par Derrida. Cet attrait de Woody Allen pour la philosophie européenne moderne était déjà visible dans Une autre femme et dans Crimes et délits.

* Certaines personnes ont reconnu dans le personnage de Harry Block non pas Woody Allen lui-même mais l’écrivain Philip Roth.

Deconstructing Harry
(g. à d.) Woody Allen, Elisabeth Shue et Billy Crystal.

Deconstructing Harry
Mel, un ami acteur, n’est pas dans son assiette : il est flou, comme s’il était en équilibre instable entre réel et fiction (g. à d. : Judy Bauerlein et Robin Williams).

(1) Panne d’inspiration = « writer’s block » en anglais… et l’écrivain s’appelle Harry Block.

2 novembre 2014

La Blonde et moi (1956) de Frank Tashlin

Titre original : « The Girl Can’t Help It »

La blonde et moiTom Miller, un impresario sur le retour, est contacté par un ex-caïd des machines de jeux qui lui demande de faire de sa nouvelle protégée une vedette du show-biz… Fort de succès de Sept ans de réflexion, la Fox décide de reprendre l’idée de mettre l’acteur Tom Ewell face une à bombe sexuelle. Cette fois, ce sera Jayne Mansfield dont la carrière avait besoin d’être lancée. Le scénario est très réduit, heureusement relevé par une bonne dose d’humour. Mais ce n’est pas pour ses gags que le film a acquis avec le temps une belle notoriété : désirant profiter du succès fulgurant du rock’n’roll juste naissant (tout en s’en moquant un peu, semble t-il), les producteurs ont décidé d’en faire aussi (et même surtout) un film musical. C’est ainsi que l’on peut voir notamment Gene Vincent, Little Richard, Eddie Cochran, Fats Domino ou encore Les Platters jouer leur morceau emblématique, ce qui rend The Girl Can’t Help It vraiment unique, lui conférant même un caractère de document historique.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Tom Ewell, Jayne Mansfield, Edmond O’Brien, Henry Jones
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Remarques :
* Il faut aussi mentionner la présence de Julie London qui apparaît ici, certes dans un style différent, interprétant son célèbre Cry Me a River. Rappelons qu’elle a été la première à chanter ce morceau composé par son camarade d’école Arthur Hamilton. Il est ensuite devenu rapidement un standard du jazz.
* Paul McCartney a raconté que John Lennon et lui avaient mis des moustaches pour aller voir le film, car ils étaient sous la limite d’âge, et que le film les avaient beaucoup marqués, musicalement parlant.
* Certaines rumeurs ont mentionné la présence de Bill Haley mais ce n’est pas le cas : le chanteur en costume rouge qui lui ressemble un peu est en réalité Eddie Fontaine.

Morceaux :
« The Girl Can’t Help It » – Little Richard
« Tempo’s Tempo » – Nino Tempo
« My Idea of Love » – Johnny Olenn
« I Ain’t Gonna Cry No More » – Johnny Olenn
« Ready Teddy » – Little Richard
« She’s Got It » – Little Richard
« Cool It Baby » – Eddie Fontaine
« Cinnamon Sinner » – Teddy Randazzo and the Three Chuckles
« Spread the Word » – Abbey Lincoln
« Cry Me a River » – Julie London
« Be-Bop-A-Lula » – Gene Vincent and His Blue Caps
« Twenty Flight Rock » – Eddie Cochran
« Rock Around the Rockpile » – Edmond O’Brien; Ray Anthony and his Orchestra
« Rockin’ Is Our Business » – The Treniers
« Big Band Boogie » – Ray Anthony and his Orchestra
« Blue Monday » – Fats Domino
« You’ll Never, Never Know » – The Platters
« Ev’ry Time (It Happens) » – Eileen Wilson (lip-synched by Jayne Mansfield)
« Giddy Up a Ding Dong » – Freddy Bell & The Bell-Boys

The Girl Can't Help it

11 octobre 2014

Basic Instinct (1992) de Paul Verhoeven

Basic InstinctNick Curran (Michael Douglas) est chargé d’enquêter sur le meurtre d’une ex-rock star. Il fait la rencontre de Catherine Tramell (Sharon Stone), brillante écrivaine de romans policiers, que fréquentait la victime. Face à ses talents de manipulatrice, l’enquêteur est persuadé qu’elle est l’auteur du crime… En réalité, le plus manipulateur dans Basic Instinct est certainement le réalisateur Paul Verhoeven qui a tout fait pour donner une réputation sulfureuse à son thriller et y a parfaitement réussi. Elle s’est bâtie autour de la fameuse scène de l’interrogatoire qui a affolé les sens d’une bonne partie de la gent masculine et sur le magnétisme de Sharon Stone qui venait de poser nue dans Playboy (pari audacieux pour une actrice dont la carrière peinait à démarrer). Si l’on peut être agacé de cette manipulation, il faut reconnaitre au film des qualités dans la mise en place et le déroulement de cette histoire, Verhoeven distillant une tension permanente et passablement électrique. Pour cela, il utilise le thème de la femme manipulatrice et prédatrice.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Michael Douglas, Sharon Stone, George Dzundza, Jeanne Tripplehorn
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Il a été tourné une suite :
Basic Instinct 2 de Michael Caton-Jones (2006) avec Sharon Stone et David Morrissey (généralement jugée calamiteuse).