24 juin 2022

Kramer contre Kramer (1979) de Robert Benton

Titre original : « Kramer vs. Kramer »

Kramer contre Kramer (Kramer vs. Kramer)Ted Kramer, un dessinateur publicitaire new-yorkais, s’est polarisé sur son emploi. Sa femme, Joanna, n’en peut plus d’être enfermée dans son rôle d’épouse. Un soir, elle lui annonce qu’elle le quitte en lui laissant la garde de leur fils Billy. Ted est alors contraint de concilier ses activités professionnelles avec l’éducation de son fils…
Kramer contre Kramer est un film américain réalisé Robert Benton. Il a écrit lui-même l’adaptation du roman d’Avery Corman paru en 1977. Le romancier a avoué depuis l’avoir écrit pour prendre le contrepied de l’opinion répandue chez les féministes de considérer tous les hommes comme des affreux. Il a donc inversé le schéma le plus répandu : c’est ici la femme qui se montre en apparence égoïste et part sans laisser d’adresse. Dans l’esprit des producteurs du film (et du réalisateur), il y avait la volonté de faire un film marqueur d’une génération, comme Le Lauréat (The Graduate) l’avait été quelque dix ans auparavant. Le film aborde le thème des retombées du divorce, de l’expérience monoparentale, le tout dans un contexte de reconnaissance des droits des femmes.
Le film est très hollywoodien, utilisant sans vergogne de grosses ficelles pour toucher et émouvoir. Il n’y a rien de remarquable de ce côté. La qualité du film tient plus à son interprétation. En grand praticien de la Méthode (Actor’s Studio), Dustin Hoffman fait une superbe prestation dans ce rôle idéal pour ce type d’interprétation. Meryl Streep n’a que quelques scènes mais se montre tout aussi intense. Elle fut malmenée au tournage par Dustin Hoffman qui usait de moyens très discutables pour la faire entrer dans son personnage. Le succès fut immense, salué par pas moins de cinq Oscars, ce qui peut paraître excessif. La valeur de Kramer contre Kramer est certainement plus sociologique que cinématographique.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Dustin Hoffman, Meryl Streep, Jane Alexander, Justin Henry, Howard Duff, George Coe
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Kramer contre Kramer (Kramer vs. Kramer)Dustin Hoffman et Justin Henry dans Kramer contre Kramer (Kramer vs. Kramer) de Robert Benton.

23 juin 2022

Les Noces rouges (1973) de Claude Chabrol

Les noces rougesPaul (Claude Piéplu), député-maire d’une petite ville du centre de la France, investit beaucoup de son temps dans les relations publiques. Sa femme, Lucienne (Stéphane Audran), a un amant, Pierre (Michel Piccoli), adjoint au maire, avec lequel elle a une relation passionnée…
Les Noces rouges est un film écrit et réalisé par Claude Chabrol. Il s’inspire d’un fait divers, l’affaire des amants diaboliques de Bourganeuf qui a secoué un bourg de la Creuse en 1970. Claude Chabrol y dresse une fois encore un portrait de la bourgeoisie de province avec ses travers et ses malversations. La sortie du film fut bloquée quelques mois par décision administrative. Officiellement, la raison invoquée était d’attendre le jugement en appel de l’affaire mais, en réalité, il s’agissait de ne pas troubler les élections législatives en ravivant le souvenir de scandales politiques et financiers (1). Mais ce n’est pas un film politique, le sujet principal est plutôt sur la passion interdite des deux amants et l’enfermement dans lequel ils sombrent passivement, sans réfléchir vraiment. Ils paraissent ainsi surtout victimes de leur bêtise et Claude Chabrol n’hésite pas à grossir le trait. Même si le jeu des acteurs peut sembler peu naturel à nos yeux d’aujourd’hui, notamment dans les scènes de passion, l’interprétation est  excellente (2). Le film a connu un beau succès à sa sortie, plusieurs critiques l’ayant déclaré comme étant (alors) le meilleur film de Claude Chabrol. Avec le recul, cette opinion paraît surprenante : il est facile de citer dans ses oeuvres précédentes des films bien supérieurs.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Stéphane Audran, Michel Piccoli, Claude Piéplu, Clotilde Joano
Voir la fiche du film et la filmographie de Claude Chabrol sur le site IMDB.

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(1) La présidence de Georges Pompidou a été marquée par divers scandales impliquant des hommes politiques dont celui de la Garantie Foncière.
(2) Claude Chabrol a dit de Claude Piéplu : « On ne lui a jamais donné un rôle aussi important au cinéma. » L’image de l’acteur était en effet alors très marquée par Les Shadocks, ce qui l’a trop souvent cantonné aux seconds rôles plutôt humoristiques.

Les noces rougesMichel Piccoli et Stéphane Audran dans Les Noces rouges de Claude Chabrol.

22 juin 2022

OSS 117: Alerte rouge en Afrique noire (2021) de Nicolas Bedos

OSS 117: Alerte rouge en Afrique noireEn janvier 1981, alors que la France est en pleine campagne présidentielle, Hubert Bonisseur de La Bath reçoit la mission de secourir Serge, alias OSS 1001, un agent envoyé en mission en Afrique de l’Ouest pour aider le dirigeant Koudjo Sangawe Bamba à mater des rébellions…
OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire est une comédie d’espionnage française réalisé par Nicolas Bedos. Il s’agit du onzième film mettant en scène le personnage d’OSS 117 et du troisième volet de la saga parodique portée par l’acteur Jean Dujardin, dont les deux premiers films, Le Caire, nid d’espions (2006) et Rio ne répond plus (2009), avaient été réalisés par Michel Hazanavicius. Ce dernier a cette fois décliné la proposition, peu séduit par le scénario. Le scénariste reste Jean-François Halin. Si le film paraît franchement raté, ce n’est pas toutefois de la faute du scénario mais plutôt parce que Nicolas Bedos n’a pas su trouver le ton juste. Mettre en scène de façon comique un héros raciste, misogyne et réactionnaire demande une certaine subtilité dans le dosage de l’humour. Nicolas Bedos n’a manifestement pas cette subtilité. Son film n’a rien d’amusant.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Jean Dujardin, Pierre Niney, Fatou N’Diaye, Natacha Lindinger
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OSS 117: Alerte rouge en Afrique noirePierre Niney et Jean Dujardin dans OSS 117: Alerte rouge en Afrique noire de Nicolas Bedos.

21 juin 2022

Les Basilischi (1963) de Lina Wertmüller

Titre original : « I basilischi »

Les Basilischi (I basilischi)Francesco, Sergio et Antonio sont trois jeunes hommes privilégiés qui vivent dans la ville provinciale de Minervino Murge en Italie, située entre les Pouilles et la Basilicate : le film est un portrait de leur vie trop imprégnée d’apathie et de provincialisme pour leur donner envie de partir vers d’autres destinations…
Les Basilischi (= Les Lézards) est un film italien sorti en 1963 mais que l’on n’a pu découvrir en France qu’à l’occasion de sa restauration en 2022. C’est le premier film de Lina Wertmüller, cinéaste italienne issue d’une famille de la haute aristocratie suisse. Elle en a écrit le scénario. La réalisatrice est alors très marquée par Fellini dont elle a été l’assistante sur 8 et ½. Le film est une chronique sociale centrée sur le quotidien de trois amis qui sont enfermés dans une société sclérosée où tout se sait, où rien ne bouge. Ils ne peuvent rencontrer une jeune fille sans respecter des règles compliquées et toute tentative libératrice est vouée à l’échec. En revanche, la parole est partout, on parle beaucoup mais on ne fait rien. Malgré la noirceur du constat, l’humour n’est pas absent, placé ici et là avec parcimonie. C’est un portrait social dont le ton paraît très juste. Les films ultérieurs de la réalisatrice ne présenteront pas toujours ces mêmes qualités.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Antonio Petruzzi, Stefano Satta Flores, Sergio Ferranino
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Les Basilischi (I basilischi)Sergio Ferranino, Stefano Satta Flores et Antonio Petruzzi dans Les Basilischi (I basilischi) de Lina Wertmüller.

20 juin 2022

La Fièvre dans le sang (1961) de Elia Kazan

Titre original : « Splendor in the Grass »

La Fièvre dans le sang (Splendor in the Grass) Dans une petite ville du Kansas, en 1928, Deanie (Natalie Wood) et Bud (Warren Beatty) sont amoureux l’un de l’autre. Le père de Bud, riche homme d’affaires, a d’ambitieux projets pour son fils. De son côté, Deanie, issue d’une famille de classe moyenne, se voit contrainte par sa mère de respecter la morale conservatrice dominante et de ne faire aucun écart de conduite avant le mariage…
La Fièvre dans le sang est un film américain réalisé par Elia Kazan, sorti en 1961. Le scénario a été écrit par le dramaturge et romancier William Inge, basé sur des personnes qu’il a connues quand il était adolescent au Kansas dans les années 20. Avec cette histoire d’amour passionné, Elia Kazan continue ce qu’il a fait film après film : dresser un portrait des Etats-Unis avec ses idéaux et ses travers, ici le poids du puritanisme, source d’immobilisme. Il montre que certaines des valeurs morales et économiques vacillent, tout en affichant un optimisme lié aux individus. Comme toujours avec Kazan, les sentiments sont intenses, les personnages démonstratifs et les pulsions très présentes. La Fièvre dans le sang est un film assez puissant dans son exposé, un film vraiment remarquable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Natalie Wood, Warren Beatty, Pat Hingle, Audrey Christie, Barbara Loden, Zohra Lampert
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Remarque :
* Premier film avec Warren Beatty.
* Le titre original, Splendor in the Grass, est tiré d’un poème de William Wordsworth que Deanie lit en classe. Le terme symbolise une vision idéalisée de la vie que l’on a dans sa jeunesse, que l’on perd ensuite mais cette perte nous rend plus fort :
    What though the radiance which was once so bright
    Be now for ever taken from my sight,
    Though nothing can bring back the hour
    Of Splendor in the Grass, glory in the flower
    We will grieve not; rather find
    Strength in what remains behind.
(poème « Ode: Intimations of Immortality from Recollections of Early Childhood« )

La Fièvre dans le sang (Splendor in the Grass)Natalie Wood et Warren Beatty dans La Fièvre dans le sang (Splendor in the Grass) de Elia Kazan.

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19 juin 2022

House of Gucci (2021) de Ridley Scott

House of GucciÀ la fin des années 1970, le jeune Maurizio Gucci tombe amoureux de la ravissante et manipulatrice Patrizia Reggiani et, contre l’avis de son père, décide de l’épouser. Aidée par l’oncle de Maurizio, codirigeant de la maison de couture avec son père, Patrizia réussit à le convaincre de renoncer à ses ambitions juridiques pour intégrer l’entreprise dont il devient, de facto, le probable héritier …
House of Gucci est un film biographique américain réalisé par Ridley Scott. Il est adapté du livre homonyme écrit par Sara Gay Forden et paru en 2001. L’histoire relate les quelque vingt années où les membres de la famille Gucci ont intrigué (et pire encore) entre eux pour finalement perdre totalement la marque familiale crée par leurs ancêtres. Le récit est teinté d’un glamour qui peut le rendre attrayant mais l’ensemble finit par sembler un peu long car Ridley Scott n’a pas trouvé le moyen de donner à son film une dimension supplémentaire pour le rendre remarquable. La mise en scène est toutefois somptueuse et efficace, très professionnelle, le film a été bouclé en 43 jours ce qui paraît exceptionnel. Le cinéaste a su réunir un beau plateau d’acteurs. Lady Gaga s’y montre étonnante en exprimant une force et une présence phénoménales dans son jeu. Adam Driver et Jared Leto sont également remarquables. Gros succès en salles.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Lady Gaga, Adam Driver, Al Pacino, Jeremy Irons, Jared Leto, Jack Huston, Salma Hayek, Camille Cottin
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House of GucciAdam Driver et Lady Gaga dans House of Gucci de Ridley Scott.

18 juin 2022

Jules de Londres (1963) de Cliff Owen

Titre original : « The Wrong Arm of the Law »

Jules de Londres (The Wrong Arm of the Law)Pearly Gates (Peter Sellers) est à la tête d’un gang de voleurs et également d’une maison de couture huppée qui lui tient lieu de couverture. Leurs opérations sont fortement contrariées par trois Australiens qui se font passer pour des policiers : ils les prennent sur le fait et leur dérobent le butin…
Jules de Londres est une comédie policière britannique réalisé par Cliff Owen. Le film n’est pas des plus remarquables dans sa forme mais il est réussi, grâce à une écriture intelligente et précise et une excellente interprétation. L’humour british est assez constant avec une bonne dose d’incongru et de nonsense. Peter Sellers tient parfaitement le premier rôle, sans excès, toujours avec grande justesse. Face à lui, Lionel Jeffries est assez savoureux en inspecteur de Scotland Yard. Un film qui regarde avec grand plaisir. Jules de Londres connut un beau succès en Grande Bretagne. Il n’est sorti que trois ans plus tard en France et de façon confidentielle.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Peter Sellers, Lionel Jeffries, Bernard Cribbins, Davy Kaye, Nanette Newman, Ed Devereaux, John Le Mesurier
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Jules de Londres (The Wrong Arm of the Law)Peter Sellers et Nanette Newman dans Jules de Londres (The Wrong Arm of the Law) de Cliff Owen.

Jules de Londres (The Wrong Arm of the Law)Lionel Jeffries, Graham Stark et Davy Kaye
dans Jules de Londres (The Wrong Arm of the Law) de Cliff Owen.

17 juin 2022

Hospitalité (2010) de Kôji Fukada

Titre original : « Kantai »

Hospitalité (Kantai)Mikio Kobayashi mène une vie paisible dans sa maison de Tokyo aux côtés de sa femme Natsuki, de sa fille Eriko issue d’un premier mariage, et de sa sœur Seiko. Épaulé par sa femme à la comptabilité et d’un unique employé, Mikio gère une petite imprimerie qui occupe le rez-de-chaussée. Un jour, un inconnu fait son apparition, il se présente comme étant le fils d’un ami du défunt père de Mikio…
Hospitalité est un film japonais écrit et réalisé par Kōji Fukada. Bien qu’il ait été réalisé en 2010, alors que le cinéaste japonais n’avait que trente ans, il n’est sorti en France qu’en 2021. L’histoire est teintée d’un léger mystère qui la rend originale et plaisante. Dans sa mise en place, elle évoque celle d’Harmonium, que Fukada tournera en 2016, mais le développement est différent. Il s’agit ici à la fois d’une chronique familiale et sociale mais aussi d’une fable satirique sur l’acceptation des étrangers (qui au Japon est particulièrement faible). Fukada se moque également de l’immobilisme et de la volonté de ne pas faire de vagues, de rester dans les normes. Tout cela est traité avec humour, distillé à petites touches, dans un climat un peu étrange qui éveille et maintient notre intérêt.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kenji Yamauchi, Kiki Sugino, Kanji Furutachi, Bryerly Long
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Hospitalité (Kantai)Kiki Sugino et Kenji Yamauchi dans Hospitalité (Kantai) de Kôji Fukada.

16 juin 2022

Le Soupir des vagues (2018) de Kôji Fukada

Titre original : « Umi o kakeru »
Autre Titre français : « L’homme qui venait de la mer »

Le Soupir des vagues (Umi o kakeru)En quête de ses racines, Sachiko rend visite à sa famille japonaise installée à Sumatra. Tout le monde ici essaie de se reconstruire après le tsunami qui a ravagé l’île il y a dix ans. A son arrivée, Sachiko apprend qu’un homme mystérieux a été retrouvé sur la plage, vivant. Le village est à la fois inquiet et fasciné par le comportement de cet étranger rejeté par les vagues…
Le Soupir des vagues est un film japonais écrit et réalisé par Kōji Fukada. Il s’agit à la fois d’un conte à connotation écologique et d’un chassé-croisé amoureux. L’ensemble est délicat avec une grande simplicité de mise en scène. Une fois de plus, le cinéaste montre son attachement aux films européens, et plus particulièrement ceux d’Eric Rohmer, dans sa façon de filmer les hésitations amoureuses. Le volet « conte fantastique » de l’histoire reste retenu, sans spectaculaire. L’inconnu, qui de toute évidence symbolise la Nature et plus particulièrement la mer, évoque une présence bienveillante que l’on peut perdre. Le film est ainsi entre deux genres sans franchement tomber dans l’une ou l’autre catégorie. Kōji Fukada l’a tourné entièrement en Indonésie.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Dean Fujioka, Mayu Tsuruta, Taiga Nakano, Junko Abe, Adipati Dolken, Sekar Sari
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Le Soupir des vagues (Umi o kakeru)Junko Abbe et Dean Fujioka dans Le Soupir des vagues (Umi o kakeru) de Kôji Fukada.

15 juin 2022

La Collectionneuse (1967) de Eric Rohmer

La CollectionneuseAdrien et son ami Daniel passent le mois de juillet dans la propriété prêtée par un ami commun, isolée en bord de mer. Une inconnue, invitée également, finit par occuper l’essentiel de leurs pensées, les troublant autant par sa beauté que par son indépendance et sortant en ville chaque soir avec un nouvel inconnu. Chacun cherche à la dominer à sa manière, sous un détachement feint, par des jugements prétentieux et définitifs sur la vanité de son attitude…
La Collectionneuse est un film français réalisé par Éric Rohmer, son premier film en couleurs. C’est le quatrième des Six Contes moraux mais il a été réalisé avant le troisième (Ma nuit chez Maud). Le film est assez difficile à regarder tant il est empreint des explorations pseudo-intellectuelles de son époque. L’anticonformisme ostentatoire qu’affichent les personnages paraît extrêmement daté aujourd’hui, il s’est mué en superficialité. Le fort égocentrisme des personnages masculins et surtout leur vision dégradante des femmes provoquent même un certain malaise. Malgré la voix-off à la première personne du personnage principal (1), il est difficile de deviner la position du cinéaste tant il reste réservé, en retrait, dans son regard sur ces dandys « modernes ». Il ne cherche pas à provoquer la sympathie (ni l’antipathie), il observe avec précision et nous fait partager les réflexions de ses personnages. Le film bénéficie d’une certaine aura, celle des Six Contes moraux.
Elle: 2 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Patrick Bauchau, Haydée Politoff, Daniel Pommereulle
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Remarque :
* Rohmer a imaginé pour ce film un nouveau principe de fonctionnement : de longues répétitions où les acteurs improvisent dans un premier temps (ce qui a poussé à les créditer au générique pour avoir collaboré à l’écriture des dialogues) suivies de très peu de prises, en longs plans, non intrusifs.

(1) Rohmer a reconnu s’être inspiré de Paul Gégauff, scénariste de Claude Chabrol et dandy réputé, pour concevoir son film.

La CollectionneusePatrick Bauchau et Haydée Politoff dans La Collectionneuse de Éric Rohmer.

Six Contes moraux d’Eric Rohmer :
1963 : La Boulangère de Monceau
1963 : La Carrière de Suzanne
1967 : La Collectionneuse
1969 : Ma nuit chez Maud
1970 : Le Genou de Claire
1972 : L’Amour l’après-midi