Titre original : « Ercole alla conquista di Atlantide »
Le devin Tirésias révèle au roi de Thèbes, Androclès, que de terribles malheurs vont s’abattre sur la Grèce à cause d’un ennemi inconnu venu d’au-delà les mers. Hercule et Androclès s’embarquent sur une galère avec Hyllos et le nain Timotéo vers une destination inconnue, qui se révèle être l’Atlantide… Hercule à la conquête de l’Atlantide est un péplum franco-italien réalisé par Vittorio Cottafavi. Dans la série des Hercule, il passe pour être l’un des plus réussis. Bien entendu, le film paraîtra kitsch à de nombreux spectateurs actuels mais l’ensemble est plaisant. Les situations sont nombreuses, le Technicolor est éclatant et les décors en carton-pâte font bien leur effet. De plus, l’humour et la dérision sont très présents. On se laisse volontiers happer par ces aventures spectaculaires, sans s’offusquer des petites lourdeurs de la mise en scène. Le demi-dieu de la mythologie grecque est interprété pour la première fois par le culturiste anglais Reg Park. À noter, une des premières apparitions de Gian Maria Volonté, dans un petit rôle. Elle: – Lui :
Reg Park dans Hercule à la conquête de l’Atlantide (Ercole alla conquista di Atlantide) de Vittorio Cottafavi.Mimmo Palmara et Fay Spain (la reine Antinéa) dans Hercule à la conquête de l’Atlantide (Ercole alla conquista di Atlantide) de Vittorio Cottafavi.Gian Maria Volonté dans Hercule à la conquête de l’Atlantide (Ercole alla conquista di Atlantide) de Vittorio Cottafavi.
Alors qu’ils s’étaient perdus de vue, deux couples se retrouvent lors d’un concert de Chano Dominguez dans un bar de Madrid. Un couple invite l’autre à venir les voir dans leur maison à la campagne, ce qui sera fait six mois plus tard… Venez voir est un film espagnol écrit et réalisé par Jonás Trueba. Il est rare de voir un film avec si peu de consistance. Il ne dure que 64 minutes et ses dix premières minutes sont déjà occupées par d’interminables plans fixes (sans dialogue) sur les quatre personnages. La suite est dans la même veine, de longues scènes vides et parfois quelques dialogues insignifiants. Les deux couples sont à un moment charnière de leur vie mais ce n’est visiblement pas l’objet du film. Le seul contenu un tant soit peu consistant, on le doit à la lecture par un personnage de quelques pages d’un livre du philosophe allemand Peter Sloterdijk. Le cinéaste assume le vide de son film : « Je voulais revendiquer, dans les temps qui courent, qu’on peut avoir envie d’aller au cinéma pour voir un film aussi simple que celui-ci. » Une partie de la Critique semble avoir apprécié cette simplicité. Elle: Lui :
Dessinateur de bandes dessinées, Giorgio s’est retiré de la vie parisienne, où il a femme et enfants, pour aller vivre avec son chien Melampo sur un îlot rocheux au sud de la Corse. Sa vie se voit perturbée par l’arrivée de Liza, une belle jeune femme assez snob. Ne supportant pas l’indifférence de Giorgio, en un étrange jeu cruel, elle tue le chien. Désormais seule en face de Giorgio, elle décide de prendre la place de l’animal… Liza est un film franco-italien réalisé par Marco Ferreri. Adaptation du roman Melampo d’Ennio Flaiano, le scénario a été écrit par Jean-Claude Carrière et Marco Ferreri. L’histoire met en scène une relation d’amour à sens unique très inhabituelle. Contrairement à ce que l’affiche laisse supposer, il n’y a rien de scabreux, ce n’est pas une relation sadomasochiste (la laisse de l’affiche ci-dessus a été ajoutée par les commerciaux). Non, c’est juste une relation étrange et l’on ne perçoit pas toutes les motivations de deux protagonistes. Ferreri était hanté par l’idée de bestialité à l’époque et (d’après Jean-Claude Carrière) il avait surtout très envie de tourner avec Mastroianni et Deneuve. Le couple s’était formé peu auparavant sur le tournage de Ça n’arrive qu’aux autres de Nadine Trintignant au grand bonheur des tabloïds. Pour Mastroianni, c’est une nouvelle occasion de tourner en français, langue qu’il maitrise parfaitement. Le décor est assez magique : les Îles Lavezzi au sud de la Corse, désertiques, avec des superbes rochers et un soleil éblouissant. Liza est un film original, étrange, d’une belle personnalité. Elle: – Lui :
Caprice à l’italienne est un film à sketches italien réalisé par Mario Monicelli, Pier Paolo Pasolini, Mauro Bolognini, Steno, Pino Zac et Franco Rossi. Hélas, le résultat n’est pas à la hauteur de ces signatures prestigieuses. Souvent, seule l’idée de départ est amusante. Très moyen, le sketch de Steno n’est sauvé que par les nombreux déguisements de Totò. Celui de Pino Zac/Franco Rossi est mauvais et un poil raciste. Insignifiant, celui de Monicelli est heureusement très court. Les plus intéressants sont les deux sketches signés Bolognini qui s’amuse avec des traits de caractères (mais ils sont tous deux passablement misogynes) et le sketch de Pasolini (« C’est quoi les nuages ? ») qui apparaît un peu hors-classe et d’une indéniable profondeur. Le cinéaste propose une réflexion sur la notion de spectacle : notre vie est un spectacle où nous sommes des marionnettes tirées par des ficelles invisibles, impuissants à comprendre les idéologies que ceux qui les tirent. La vraie vie intervient finalement par une révolte des spectateurs qui changent l’issue de la pièce. L’épilogue est joliment poétique. Le défaut de Pasolini est toutefois de ne pas être toujours facilement accessible (1). Ce court film de Pasolini est la dernière apparition de Totò à l’écran qui décèdera peu après le tournage. Elle: – Lui :
(1) Un exemple : Le générique de son sketch s’inscrit sur une reproduction des « Ménines », le tableau de Velasquez. Or, ce tableau a été analysé en profondeur par Michel Foucault deux ans plus tôt : tous les regards convergent vers le hors champ, vers le spectateur, c’est-à-dire dans le cas de Velasquez, vers le Roi et la Reine. Ainsi, ce n’est pas le spectacle de la cour qui est diégétisé mais celui de la vie dans laquelle nous ne serions que des pantins. (Explication donnée par Martine Boyer et Muriel Tinel dans leur ouvrage « Les films de Pier Paolo Pasolini », Dark Star 2002.)
Ninetto Davoli et Totò dans le sketch de Pasolini de Caprice à l’italienne (Capriccio all’italiana)
Les sketches : 1) Il mostro della domenica (Le monstre du dimanche), réalisé par Steno. Importuné par les hippies, un riche bourgeois les enlève pour leur raser le crâne. 2) Perchè? (Pourquoi ?), réalisé par Mauro Bolognini. Dans un embouteillage, une femme pousse son mari à se faufiler entre les voitures. 3) Che cosa sono le nuvole? (C’est quoi les nuages ?) (22 min), réalisé par Pier Paolo Pasolini, assisté de Sergio Citti. Des marionettes interprètent Othello avant que le public n’intervienne. 4) Viaggio di lavoro (Voyage d’affaires), réalisé par Pino Zac et Franco Rossi. Lors d’une tournée en Afrique, la reine d’un pays européen se trompe de discours et fait l’éloge du pays ennemi. 5) La bambinaia (La nourrice), réalisé par Mario Monicelli. Une gouvernante interdit aux enfants les bandes dessinées supposées violentes et leur raconte des contes de Perrault encore plus terrifiants. 6) La gelosa (La jalouse), réalisé par Mauro Bolognini. Une femme montre une jalousie maladive et suit partout son mari.
En 1956, à Alger, le français Fernand Iveton, employé à Gaz d’Algérie, est arrêté après avoir déposé une bombe dans un local technique de son usine. La bombe est désamorcée avant d’exploser… De nos frères blessés est un film français réalisé par Hélier Cisterne librement adapté du roman éponyme de Joseph Andras, paru en 2016, lauréat du prix Goncourt du premier roman. Il retrace la vie de ce militant communiste qui fût condamné à mort pour l’exemple, le seul Européen exécuté durant la guerre d’Algérie en raison de son engagement et de ses actions auprès du FLN. La réalisation n’est pas parfaite, le récit multipliant maladroitement les flashbacks et restant assez didactique, mais le film a le mérite d’apporter un témoignage : même si ce n’est pas plaisant à voir, nous devons garder la mémoire de ces pratiques que l’on attend plutôt d’une dictature que d’une république. Vicky Krieps et Vincent Lacoste (méconnaissable) font une bonne prestation, avec même parfois une certaine puissance. Elle: Lui :
Au milieu du XVIIIe siècle, le jésuite Jean-Denis Attiret est l’un des peintres officiels de la Cour impériale de Chine. Il se voit confier la tâche honorifique de peindre le portrait de l’impératrice Ulanara. Cette concubine devenue impératrice à la suite de la mort de la première femme de l’empereur Qian Long aura un destin très particulier. Sorte de figure romantique avant l’heure, il ne restera d’elle que ce portrait à la sensualité énigmatique de Joconde asiatique… Le Portrait interdit est un film historique franco-chinois réalisé par Charles de Meaux, cinéaste et artiste contemporain présenté comme « l’un des premiers à avoir travaillé sur l’espace entre les arts plastiques et le cinéma » (dixit Wikipédia). Il est en outre passionné de culture chinoise. Les personnages de cette histoire sont bien réels mais l’on ne sait que très peu de choses de l’impératrice Ulanara, hormis ce tableau que le jésuite a pu rapporter en France lorsqu’elle est tombée en disgrâce. Le cinéaste a donc imaginé une relation d’attraction entre le peintre et son modèle. Mais ce n’est pas le développement de cette histoire qui donne de l’attrait au film : le récit manque plutôt de rythme et de matière. En revanche, la qualité plastique des images, la musique et la beauté de l’actrice principale ravissent les sens. La reconstitution de la cité impériale est fort belle. Les acteurs sont bien entendu chinois en grande majorité. Melvin Poupaud a appris le chinois pour le tournage car seuls quelques apartés du jésuite sont en français. Un film aux qualités essentiellement plastiques. Elle: – Lui :
Bingbing Fan et Melvil Poupaud et Yue Wu dans Le Portrait interdit de Charles de Meaux.Melvil Poupaud et Thibault de Montalembert dans Le Portrait interdit de Charles de Meaux.Le portrait est aujourd’hui au Musée des Beaux-Arts de Dôle, la ville natale de Jean-Denis Attiret.
En 1929 se tiennent les obsèques du riche banquier Marcel Péricourt, auxquelles assiste le Tout-Paris. Sa fille Madeleine est la seule héritière. Pour prendre seule la tête des affaires de son père, elle va devoir faire face à de nombreux obstacles et à l’opposition des hommes dans une Europe où monte le totalitarisme… Couleurs de l’incendie est un film franco-belge réalisé par Clovis Cornillac. Il s’agit de l’adaptation du roman du même nom de Pierre Lemaitre publié en 2018 et faisant suite au roman Au revoir là-haut (adapté au cinéma par Albert Dupontel en 2017). Pierre Lemaitre a lui-même écrit le scénario de l’adaptation. Située au début des années trente, l’histoire nous fait suivre le parcours d’une femme en butte à l’opposition et à la cupidité des hommes tout en brossant un portrait de la France de cette époque. Les personnages ont une belle profondeur et le récit est riche en situations. La reconstitution est soignée, la réalisation est sans défaut, l’ensemble est captivant. Clovis Cornillac s’affirme de plus en plus en tant que réalisateur. Elle: Lui :
Ollie et Stanley vendent des arbres de Noël en porte à porte. La discussion avec un client irascible va tourner en destruction massive… Oeil pour oeil (autres titres français : Fais pas le clown et Beaucoup de bris pour rien) est un court métrage burlesque américain réalisé par James W. Horne avec l’aide de Leo McCarey. Ce dernier a également cosigné le scénario avec H. M. Walker. Assez simple en soi, reposant sur une seule situation, ce court métrage a une solide réputation. Il faut dire qu’il est typique de l’humour de Laurel et Hardy, et de leur fameuse technique du slow-burn dans les batailles (un protagoniste regarde placidement son opposant faire son méfait sans chercher à l’empêcher, avant de résolument rendre la pareille). L’escalade se poursuit dans l’absurde et l’intervention du policier est originale. James Finlayson est comme toujours parfait en adversaire, indéniablement l’un des meilleurs adversaires du duo. (Court métrage muet de 2 bobines, 20 min env.) Elle: – Lui :
Oliver Hardy, James Finlayson et Stan Laurel dans Oeil pour oeil (Big Business) de James W. Horne & Leo McCarey.
Anecdote : Le producteur Hal Roach avait convenu d’utiliser la maison d’un employé du studio. Hal Roach a raconté que l’équipe de tournage s’était trompé d’adresse et avait détruit une autre maison dont les occupants étaient en vacances. L’anecdote est peu crédible et Stan Laurel l’a d’ailleurs plus tard démentie mais Hal Roach se plaisait à la raconter jusqu’à la fin de sa vie. (Voir sur YouTube un interview d’Hal Roach centenaire en 1992… Il raconte l’anecdote à partir de 6’20 »)
À la Comédie-Française, un comédien meurt sur scène. Il a confié ses derniers mots à son ami et collègue, Martin, qui est enlevé peu après. Sa disparition le fait passer pour suspect. Sa cavale va lui faire croiser la route de Claire, une dessinatrice de bandes dessinées, et ensemble ils vont mener leur propre enquête… Le Parfum vert est une comédie policière française réalisé par Nicolas Pariser. L’histoire est un peu farfelue, il ne faut pas la prendre sérieusement : avec son petit côté enfantin, elle se rapprocherait plutôt des enquêtes pleines d’aventures de Tintin que le réalisateur dit avoir relu avant d’écrire ce scénario. Il dit avoir surtout apprécié les premiers albums, ceux sortis dans les années trente. Son autre source d’inspiration, tout aussi visible dans le film, ce sont les films d’Alfred Hitchcock. Il dit aussi avoir voulu ajouter une note politique sur la méfiance grandissante envers la démocratie, ce dernier point étant le moins réussi à mes yeux car le discours des « méchants » n’est qu’un salmigondis qui prête à sourire au lieu d’inquiéter. La connivence forcée entre les deux personnages principaux est en revanche réussie, grâce au talent des deux acteurs et des dialogues relevés. L’ensemble est amusant et plein de rebondissements, un agréable divertissement. Les critiques ont été mitigées et le public semble ne pas avoir apprécié le style du film. C’est dommage. Personnellement, j’aime bien ce style d’aventures à la limite du conte. Elle: – Lui :
Dans les années 1980, Hilary est responsable d’un cinéma dans une ville balnéaire anglaise et tente de préserver sa santé mentale fragile. Stephen est un nouvel employé qui n’aspire qu’à quitter cette petite ville de province où chaque jour peut vite se transformer en épreuve du fait de sa couleur de peau. En se rapprochant l’un de l’autre, ils vont apprendre à soigner leurs blessures… Empire of Light est un film britannico-américain écrit et réalisé par Sam Mendes, qui s’est inspiré de ses propres souvenirs. Le récit prend une coloration particulière par le lieu où il se déroule, un superbe cinéma face à la mer qui existe réellement (mais qui est fermé) à Margate à la pointe orientale du Kent. Ce lieu imprime sa marque sur le récit. Outre le cheminement l’un vers l’autre des deux personnages principaux, Sam Mendes dresse un portrait de l’Angleterre des années 80 avec une forte montée du racisme. Il donne ainsi de l’ampleur à son histoire. De belles scènes parsèment le film, un bel empire de lumières. Elle: Lui :