27 novembre 2018

Frantz (2016) de François Ozon

FrantzAu lendemain de la guerre 14-18, dans une petite ville allemande, Anna se rend tous les jours sur la tombe de son fiancé, Frantz, mort sur le front en France. Mais ce jour-là, un jeune Français est venu se recueillir sur la tombe…
Frantz est le remake de Broken Lullaby (1932), le seul drame tourné par Ernst Lubitsch. François Ozon change le point de vue, toute l’histoire est vue par les yeux de la jeune veuve et non du jeune français, et surtout il prolonge l’histoire pour aboutir à un dénouement très différent. La première moitié, celle qui suit le film de Lubitsch, est assez fade et nous fait penser à un exercice de style. La seconde moitié, celle ajoutée par François Ozon, est beaucoup plus réussie : le réalisateur parvient à créer l’émotion qui va grandissante jusqu’à l’image finale. Pierre Niney avait un rôle très difficile et ne convainc pas pleinement. En revanche, Paula Beer est étonnante avec un jeu délicat et complexe ; la jeune actrice allemande donne une certaine dimension à l’ensemble. Frantz est tourné en noir et blanc avec quelques scènes en couleurs sans que cela apporte beaucoup. Il semble d’ailleurs que ce choix fut plus économique qu’artistique.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Pierre Niney, Paula Beer, Ernst Stötzner, Marie Gruber
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Remarque :
* La pièce originale est de Maurice Rostand : L’Homme que j’ai tué (1930).
* La faute d’orthographe sur le prénom a été laissée volontairement car « c’est une faute que les français font souvent ».

Frantz
Pierre Niney et Paula Beer dans Frantz de François Ozon.

11 février 2017

American Sniper (2014) de Clint Eastwood

American SniperTexan pur souche, ex-champion de rodéo, Chris Kyle décide de s’engager dans l’armée américaine et suit l’entrainement des snipers. Envoyé en Irak, il se distingue rapidement par la précision de ses tirs, sauvant ainsi de nombreux de ses compatriotes soldats qui le surnomment « La Légende »… American Sniper est l’adaptation de l’autobiographie de Chris Kyle, véritable héros national aux Etats-Unis. Clint Eastwood garde le point de vue de l’auteur, ne prenant donc aucun recul. Il déshumanise totalement l’ennemi, faisant ainsi ressembler le film à un de ces jeux vidéo où les ennemis surgissent avec une insistance mécanique. Le procédé est effroyablement efficace car on se surprend presque à avoir envie, nous aussi, de presser sur la détente. Clint Eastwood a répondu aux critiques en disant qu’il montrait aussi les dégâts physiques et psychiques causés aux soldats engagés, dressant ainsi le constat le plus anti-guerre qui soit. Cela paraît tout de même un peu difficile de le suivre jusque là… American Sniper fut un énorme succès, ramenant dans les salles un public qui les avait désertées. On peut le classer dans les grands films patriotiques.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Bradley Cooper, Sienna Miller
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American Sniper
Bradley Cooper (à droite) dans American Sniper de Clint Eastwood.

27 juillet 2012

La bataille de Midway (1942) de John Ford

Titre original : « The battle of Midway »

La bataille de Midway(Court métrage de 18 minutes) Ayant appris par ses relations dans la marine que les japonais allaient attaquer les îles Midway(1)(2), John Ford se rend sur l’île pour filmer la bataille. The Battle of Midway est donc ainsi tout d’abord un documentaire historique de tout premier ordre : tous les plans montrés sont réels et John Ford fut même blessé au bras gauche par un éclat d’obus lors du tournage. Mais le film est plus que cela car Ford y insuffle un grand souffle épique empreint de patriotisme. Il désire montrer aux mères américaines comment le pays commençait à répondre coup pour coup (3). Il supervise le montage fait par Robert Parrish dans le plus grand secret pour éviter que l’armée ne se saisisse de la pellicule. Ce montage est assez puissant, parsemé de nombreuses images fortes (comme ce drapeau flottant devant un rideau de fumée noire) et de plans qui nous placent au cœur de la bataille (4). Il met en avant les hommes, héros ordinaires qui pourraient être nos voisins. Pour éviter tout problème, il accorde un temps égal aux différents corps des armées et John Ford a le trait de génie d’ajouter un plan du Major James Roosevelt, fils du président, saluant les cercueils des tués au combat (en réalité, il n’était pas présent à Midway). Lorsque que le film lui fut projeté, le président Roosevelt déclara : « Je veux que toutes les mères des Etats Unis voient ce film ! ». On en tira 500 copies et le film obtint un Oscar.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: (voix) Henry Fonda
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(1) Les américains venaient de casser le code japonais et étaient donc au courant en grande partie du plan d’attaque japonais.

(2) Les îles Midway sont un atoll de 6 km2 situé au beau milieu de l’océan Pacifique et appartenant aux Etats Unis d’Amérique. Le 5 juin 1942, les japonais lancent une attaque très importante sur Midway. Les américains la repoussent en infligeant aux japonais de lourdes pettes en hommes et en matériel. En mettant fin à la suprématie de la flotte japonaise, cette bataille marquera un tournant dans la guerre du Pacifique et dans la Seconde Guerre mondiale.

(3) C’est ainsi qu’il aurait défini le but du film à Robert Parrish.

(4) A noter que le montage utilise beaucoup de répétitions de plans pour générer l’idée de force importante en marche (défilé, décollage d’avions, etc.)

Homonyme (ou presque) :
La bataille de Midway (The battle of Midway) de Jack Smight (1976) avec Charlton Heston et Henry Fonda
Midway de Roland Emmerich (2019).