23 mai 2017

Mexican Spitfire (1940) de Leslie Goodwins

Mexican SpitfireCarmelita et Dennis sont de retour de leur voyage de noces. Encouragée par la tante de Dennis, l’ex-fiancée Elizabeth a la ferme intention de reconquérir celui qu’elle a perdu… The Mexican Spitfire débute exactement là où The Girl from Mexico s’est terminé. Le ressort de cette comédie est à nouveau le décalage entre l’exubérante mexicaine et le monde guindé new-yorkais agrémenté de la rivalité entre deux femmes. Assez étonnamment, Lupe Velez s’est quelque peu calmée. C’est l’australien Leon Errol, dans le rôle de l’oncle, qui est nettement le vrai pilier du film : dans un double rôle, il fait un beau numéro, même si le scénario ne tire pas tout le potentiel des différents quiproquos. Le scénario est en effet assez pauvre et une impression de précipitation se dégage de l’ensemble. Une fois encore, le succès fut au rendez-vous et six autres suites s’enchaineront en trois ans.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Lupe Velez, Leon Errol, Donald Woods, Linda Hayes
Voir la fiche du film et la filmographie de Leslie Goodwins sur le site IMDB.

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The Mexican Spitfire
Leon Errol et Lupe Velez dans Mexican Spitfire de Leslie Goodwins.

21 mai 2017

Un voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américain (1995) de Martin Scorsese et Michael Henry Wilson

Titre original : « A Personal Journey with Martin Scorsese Through American Movies »

Un voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américainGrand cinéphile, Martin Scorsese cherche à nous transmettre sa passion pour le cinéma américain avec cette série de trois documentaires de 75 minutes, produits par le British Film Institute (BFI). Il démarre à toute allure avec quelques éléments autobiographiques (il a vu son premier film à l’âge de quatre ans et c’était…Duel in the Sun de King Vidor !) Il poursuit avec la présentation des grands genres (western, film noir, comédie musicale). Cela va très vite, on est submergé par le flot d’informations. Ce premier volet est assez fatiguant avec des extraits courts et bruyants mais, heureusement, le rythme devient plus calme dans les deux volets suivants. Scorsese choisit de regrouper les metteurs en scène selon trois caractéristiques : illusionniste (ou raconteur d’histoire), contrebandier (introduire un élément sous-jacent) et iconoclaste (sur le plan des conventions sociales, pas sur celui de la technique). Les extraits de films sont alors plus généreux et agrémentés de quelques interviews de cinéastes (courts et peu nombreux toutefois). Scorsese s’arrête logiquement aux années soixante-dix puisque c’est alors qu’il a commencé à réaliser. Par rapport au Voyage à travers le cinéma français de Bertrand Tavernier, l’ensemble est plus froid, moins passionné : Scorsese commente d’une voix monocorde au débit rapide, il est filmé en gros plan dans un style carcéral… L’ensemble reste très intéressant pour tous les amoureux du cinéma.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Martin Scorsese sur le site IMDB.
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Remarques :
* Le film vient tout juste de ressortir en DVD chez Arte (qui a co-produit) : 225 minutes sur un seul disque, ce qui engendre une perte de qualité mais permet un tarif très abordable.
* Il existe également Un Voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma italien en DVD toujours chez Arte (2002) : le cinéaste présente le travail de Roberto Rossellini, Vittorio De Sica, Luchino Visconti, Federico Fellini, Michelangelo Antonioni.

19 mai 2017

Pauline à la plage (1983) d’ Eric Rohmer

Pauline à la plageFin de l’été sur une plage normande. Marion a la charge de Pauline, sa jeune cousine adolescente. Elles rencontrent Pierre et Henri et parlent de leurs visions de l’amour… Pauline à la plage est le troisième, et le plus connu, film de la série « Comédies et Proverbes » d’Éric Rohmer. Le proverbe illustré est « Qui trop parole, il se mesfait » de Chrétien de Troyes. On ne sera pas surpris qu’il y a soit question de paroles et de dialogues, sur un sujet éminemment subjectif : l’amour. Chacun des personnages en a sa propre définition, chacun a ses attentes. Malgré ce petit côté maniéré, ou du moins « maitrisé », toujours présent dans les films de Rohmer, les dialogues sonnent très justes, très authentiques ; ils semblent avoir été écrits par les personnages eux-mêmes. C’est bien cela qui est remarquable chez Rohmer : les dialogues sont toujours simples, les esprits chagrin pourront leur reprocher une absence de profondeur, et pourtant de l’ensemble ressort une réflexion des plus éclairantes, aux portes de la philosophie. Ici, ces différentes visions de l’Amour incitent au questionnement. Rohmer sait préserver simplicité et naturel chez ses personnages ; il joue ici parfaitement et sans en abuser avec la féminité d’Arielle Dombasle. Grace à toutes ces qualités, Pauline à la plage est atemporel : il se regarde avec autant d’intérêt aujourd’hui qu’il y a trente ans.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Amanda Langlet, Arielle Dombasle, Pascal Greggory, Féodor Atkine
Voir la fiche du film et la filmographie de Eric Rohmer sur le site IMDB.

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Voir les livres sur Éric Rohmer

Remarques :
* Chrétien de Troyes est un poète français (env. 1130-1185) auteur de romans de chevalerie de la littérature arthurienne en octosyllabes tels Lancelot ou le Chevalier de la charrette, Perceval ou le Conte du Graal ou encore Erec et Enide.

Le cycle Comédies et proverbes d’Éric Rohmer :
1. La Femme de l’aviateur (1981) ou « On ne saurait penser à rien »
2. Le Beau Mariage (1982) ou « Quel esprit ne bat la campagne ? qui ne fait château en Espagne ? »
3. Pauline à la plage (1983) ou « Qui trop parole, il se mesfait »
4. Les Nuits de la pleine lune (1984) ou « Qui a deux femmes perd son âme, qui a deux maisons perd sa raison »
5. Le Rayon vert (1986) ou « Que le temps vienne où les cœurs s’éprennent »
6. L’Ami de mon amie (1987) ou « Les amis de mes amis sont mes amis »

Pauline à la plage
Amanda Langlet, Pascal Greggory et Arielle Dombasle dans Pauline à la plage de Éric Rohmer.

Pauline à la plage
Amanda Langlet, Simon de La Brosse et Féodor Atkine dans Pauline à la plage de Éric Rohmer.

Pauline à la plage
Eric Rohmer, Arielle Dombasle, Rosette et Pascal Greggory sur le tournage de Pauline à la plage de Éric Rohmer.

18 mai 2017

Within Our Gates (1920) de Oscar Micheaux

Within Our GatesUne institutrice, délaissée par son fiancé, décide de sauver une école rurale accueillant des enfants noirs pauvres… Within Our Gates, dont on a récemment retrouvé une copie en Espagne, est à ce jour le plus ancien film connu réalisé par un réalisateur noir. Fils d’esclaves affranchis, Oscar Micheaux réalisait ici son deuxième long métrage, produit bien entendu de façon totalement indépendante. Ses acteurs sont de vrais acteurs noirs (et non des acteurs blancs grimés). Il a écrit une histoire qui met en avant les vertus de l’éducation, montre les effets néfastes de la ségrégation et témoigne des lynchages, prend parti pour le vote des noirs. Within Our Gates fait ainsi écho aux émeutes raciales qui secouaient le pays en 1919. On peut aussi le voir comme une tentative de réponse au Naissance d’une nation de Griffith (1915) dont le propos était indiscutablement raciste. Within Our Gates est moins manichéen, il pointe même les défauts de certains afro-américains (criminels ou laquais des blancs) ce qui traduit des intentions pédagogiques en plus de militantes. Oscar MicheauxOn notera également la multiplicité des thèmes abordés : l’émancipation des femmes et leur rôle comme facteur de progrès, les différences nord-sud ou encore le rôle de la religion. Le scénario n’a pas l’efficacité (assez effrayante) du film de Griffith, il s’empêtre dans des aspects sentimentaux secondaires et abuse des flashbacks. Sur le plan cinématographique pur, Within Our Gates n’a sans doute pas de grandes qualités esthétiques ; en revanche, sa valeur historique est immense. (Film muet)
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Evelyn Preer, Flo Clements, Jack Chenault
Voir la fiche du film et la filmographie de Oscar Micheaux sur le site IMDB.

Remarques :
* La version vue (sur Arte) bénéficie d’une excellente nouvelle musique composée par DJ Spooky, avec une guitare proéminente.
* Oscar Micheaux a réalisé 42 films entre 1919 et 1948.
* Ne bénéficiant que d’un budget très limité, Oscar Micheaux empruntait costumes et accessoires. Il n’avait pas la possibilité de faire des secondes prises.
* L’actrice Evelyn Preer était surnommée « The First Lady of the screen » par les spectateurs noirs. Elle tournera dix films avec Micheaux.
* Le film eut bien entendu beaucoup de mal à passer la censure et ne put être projeté dans certaines villes qu’après coupes de certaines scènes (comme celle de la tentative de viol d’un homme blanc sur une femme noire).
* L’école, Piney Woods, existe toujours et est probablement la meilleure école secondaire privée pour Afro-Américains de l’État du Mississippi (lu sur Wikipedia).

Lire aussi une analyse particulièrement intéressante du film sur le site du Journal for Multimedia History (en anglais)…

Within our Gates
Jack Chenault et Evelyn Preer dans Within Our Gates de Oscar Micheaux.

17 mai 2017

Pleins feux sur l’assassin (1961) de Georges Franju

Pleins feux sur l'assassinPersonne ne sait où le comte de Kerauden, vieil original solitaire, s’est caché dans son immense château pour mourir. Ses héritiers ne peuvent espérer toucher l’héritage avant cinq ans. Pour couvrir les frais d’entretiens du domaine, ils décident d’organiser un spectacle son et lumière. Mais, dès les répétitions, commence une série de morts mystérieuses… Ce Pleins feux sur l’assassin est hélas un film plutôt mineur dans la trop courte filmographie de George Franju. Le roman de Boileau et Narcejac, dont il est l’adaptation, ne présente déjà guère d’originalité et c’est donc plutôt du côté de l’atmosphère qu’il faut chercher les quelques atouts de ce film. Franju exploite bien les lieux, le château devenant un protagoniste à part entière. Deux personnages tranchent par rapport à la froideur des autres : celui, assez ambigu, joué par le jeune Jean-Louis Trintignant et celui, plus impertinent et volage, joué par Dany Saval qui apporte une légèreté bienvenue. Pierre Brasseur n’a ici qu’un tout petit rôle.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Pierre Brasseur, Pascale Audret, Marianne Koch, Jean-Louis Trintignant, Dany Saval
Voir la fiche du film et la filmographie de Georges Franju sur le site IMDB.

Voir les autres films de Georges Franju chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Georges Franju

Remarque :
* Si le Château de Goulaine (Loire-Atlantique, 44) sert de cadre pour la plupart des plans, les vues plus éloignées (avec l’eau qui entoure le château) ont été tournées au Château de la Bretesche à Missillac (Loire-Atlantique, 44).


Jean-Louis Trintignant et Dany Saval dans Pleins feux sur l’assassin de Georges Franju.

16 mai 2017

Les Nouveaux Sauvages (2014) de Damián Szifron

Titre original : « Relatos salvajes »

Les nouveaux sauvagesCoproduit par les frères Almodóvar, ce film argentin renoue brillamment avec la tradition des films à sketches. Il n’est pas sans rappeler Les Monstres de Dino Risi. Les six histoires qui composent Les Nouveaux Sauvages mettent en relief les travers de la société et de la nature humaine. La colère, le désir de vengeance, la corruption, l’abus de pouvoir sont la cause de situations qui dégénèrent en drames et c’est d’autant plus frappant que le point de départ n’a parfois qu’une importance très relative. Sur ce plan, le sketch de l’ingénieur Bombita est l’un des plus savoureux car on le voir partir en guerre et détruire sa vie pour finalement peu de choses. Cinq des six sketches sont ainsi basés sur des réactions (très) excessives, sur des personnages qui « pètent les plombs ». La forme est tout autant enthousiasmante : Damián Szifron, qui a écrit lui-même le scénario, en maitrise parfaitement le déroulement et l’image est vraiment très belle, surtout dans la composition des plans. Le film fut un immense succès en Argentine et ailleurs, il fut même nominé aux Oscars. Les Nouveaux Sauvages est un film savoureux.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: María Marull, Leonardo Sbaraglia, Ricardo Darín, Oscar Martínez, Erica Rivas
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Les Nouveaux Sauvages
María Marull dans le sketch « Pasternak » de Les Nouveaux Sauvages de Damián Szifron.
>> Dans un avion, les passagers réalisent qu’ils ont un étrange point commun…

Les Nouveaux Sauvages
Julieta Zylberberg et Rita Cortese dans le sketch « Les Rats » de Les Nouveaux Sauvages de Damián Szifron.
>> La serveuse d’un restaurant reconnait un mafieux qui a détruit sa famille. La cuisinière propose une solution plutôt radicale…

Les Nouveaux Sauvages
Water Donado et Leonardo Sbaraglia dans le sketch « La Route de l’enfer » de Les Nouveaux Sauvages de Damián Szifron.
>> Sur la route, des petits incidents peuvent dégénérer… vraiment.

Les Nouveaux Sauvages
Ricardo Darín (au centre) dans le sketch « Bombita » de Les Nouveaux Sauvages de Damián Szifron.
>> Un ingénieur ne supporte pas que sa voiture ait été mise en fourrière…

Les Nouveaux Sauvages
Osmar Núñez, Diego Velazquez et Oscar Martínez dans le sketch « La Proposition » de Les Nouveaux Sauvages de Damián Szifron.
>> Le fils d’un bourgeois aisé a renversé une femme enceinte. Pour protéger sa famille, le père va proposer un arrangement très particulier…

Les Nouveaux Sauvages
Erica Rivas dans le sketch « Jusqu’à ce que la mort nous sépare » de Les Nouveaux Sauvages de Damián Szifron.
>> Quand la jalousie s’invite à un mariage, le résultat peut être passablement explosif…

Les Nouveaux Sauvages
Superbe plan : Erica Rivas et Marcelo Pozzi dans le sketch « Jusqu’à ce que la mort nous sépare » de Les Nouveaux Sauvages de Damián Szifron.

14 mai 2017

Voyage à travers le cinéma français (2016) de Bertrand Tavernier

Voyage à travers le cinéma françaisComme on le sait, Bertrand Tavernier est non seulement un grand réalisateur mais aussi un grand cinéphile. Il a déjà merveilleusement écrit sur le cinéma américain mais, avec ce documentaire de plus de 3 heures, c’est sa passion pour le cinéma français des années 30, 40, 50 et 60 qu’il nous fait partager. Loin d’être un pensum austère ou professoral, son récit est chaleureux et vivant : il mêle avec bonheur des éléments autobiographiques, ses premiers émois au cinéma ou ses expériences d’assistant-réalisateur, ou encore ses relations avec certains réalisateurs. Il nous fait découvrir (ou nous remet en mémoire) toute la richesse du cinéma français et ses grands créateurs parmi lesquels il classe non seulement les Renoir, Carné et autres Becker, mais aussi Jean Gabin ou encore un grand musicien comme Maurice Jaubert. Il aborde avec la même passion, et toujours sans idée préconçue, la Nouvelle Vague et des cinéastes comme Melville ou Sautet. Par son récit, par des témoignages, par des anecdotes, Tavernier nous permet presque de nous glisser dans la peau, ou au moins dans l’univers, de ces grands créateurs et il démontre avec brio que le cinéma français dit « classique » est loin d’être rébarbatif. Ce documentaire lui a demandé plus de six ans de travail pendant lequel il a vu et revu un bon millier de films. Sa présentation n’est pas exhaustive, on pourra regretter tel ou tel oubli, c’est en tous cas un film de passion qui se regarde avec un immense plaisir. Une merveille.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Bertrand Tavernier sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

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Voyage à travers le cinéma français

Remarques :
* On peut penser au film similaire que Scorsese a réalisé sur le cinéma américain, Un voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américain (1995) de Martin Scorsese et Michael Henry Wilson (qui ressort en DVD dans quelques jours d’ailleurs). Par rapport à ce dernier, Tavernier passe beaucoup plus de temps sur chaque créateur, il va beaucoup plus en profondeur.

* Le film est sorti dans de nombreux pays, y compris aux Etats-Unis ce qui a permis de faire découvrir tout un pan du cinéma français aux cinéphiles qui pensent souvent que le cinéma français est né avec la Nouvelle Vague.

* Une mini-série pour France 5 est prévue en prolongement. Elle serait terminée.

Voyage à travers le cinéma français
Voyage à travers le cinéma français
Voyage à travers le cinéma français
Voyage à travers le cinéma français

12 mai 2017

Lucrèce Borgia (1953) de Christian-Jaque

Lucrèce Borgia1498. Lucrèce Borgia n’est guère enthousiasmée par son prochain mariage avec Alphonse d’Aragon qu’elle n’a pas encore rencontré. Encouragée par son mage qui lui prédit un grand amour imminent, elle se mêle à la foule un soir de carnaval. Elle fait la connaissance d’un séduisant inconnu auquel elle se donne… Basé sur le même roman d’Alfred Schirokauer que le film d’Abel Gance (1935), cette version de Christian-Jaque est surtout un grand spectacle destiné à mettre en valeur Martine Carol (que le réalisateur épousera l’année suivante). L’actrice minaude, fait l’enfant au point d’en être ridicule et ne parvient pas à donner consistance à son personnage. Souvent grotesque, le scénario est judicieusement parsemé de scènes destinées à frapper les esprits : chasse à l’homme, orgies, plans furtifs de nudité. La mise en scène de Christian-Jaque est parfaitement maitrisée, c’est particulièrement net dans les scènes d’action et lorsque beaucoup de personnages sont en jeu. La photographie de Christian Matras est d’un beau Technicolor, avec de belles variations de bleu. Le film fut un succès commercial. Il nous fait regretter la version d’Abel Gance…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Martine Carol, Pedro Armendáriz, Valentine Tessier, Arnoldo Foà, Christian Marquand, Maurice Ronet
Voir la fiche du film et la filmographie de Christian-Jaque sur le site IMDB.

Remarques :
* Le page Perotto est interprété par Maurice Ronet (assez difficile à reconnaître).
* A 33 ans, Martine Carol était sans aucun doute un peu trop âgée pour le rôle (Lucrèce est censée avoir 18 ans) mais cela est finalement secondaire.
* Les scènes de chasse sont très proches de celles de Les Chasses du comte Zaroff (The Most Dangerous Game, 1932) d’Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel, film copié à de multiples reprises.

Lucrece Borgia
Martine Carol dans Lucrèce Borgia de Christian-Jaque.

11 mai 2017

Lucrezia Borgia (1940) de Hans Hinrich

Lucrezia Borgia1508. Lucrèce Borgia est l’épouse du Duc de Ferrare qui est en permanence suspicieux. Elle ignore pourtant les nombreux prétendants qui l’entourent… Acteur puis metteur en scène de théâtre avant de passer au cinéma, l’allemand Hans Hinrich s’est réfugié en Italie pour fuir le nazisme. Son Lucrezia Borgia se concentre sur la dernière partie de la vie de la fille du pape Alexandre VI, après la mort de son frère César, alors qu’elle devient une protectrice des arts à Ferrare. Le film semble ainsi prendre la suite du film qu’Abel Gance a tourné cinq ans plus tôt et, tout comme ce dernier, la présente plutôt comme une victime qu’une intrigante, victime des passions qu’elle suscite par sa beauté. L’ensemble manque un peu d’intensité, mais la réalisation demeure plus qu’honorable et cette version très peu connue est loin d’être la moins intéressante. Isa Pola est très convaincante dans son rôle. A noter une séquence qui montre en détail la fabrication d’un canon.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Isa Pola, Friedrich Benfer, Carlo Ninchi, Nerio Bernardi
Voir la fiche du film et la filmographie de Hans Hinrich sur le site IMDB.

Lucrezia Borgia
Nerio Bernardi, Guido Lazzarini, Isa Pola et Carlo Ninchi dans Lucrezia Borgia de Hans Hinrich.

Lucrezia Borgia
Friedrich Benfer et Isa Pola dans Lucrezia Borgia de Hans Hinrich.

10 mai 2017

Lucrèce Borgia (1935) d’Abel Gance

Lucrèce BorgiaFin du XVe siècle à Rome. Fils du pape Alexandre VI, César Borgia, conseillé par Machiavel, complote pour détruire ses ennemis politiques et mettre la main sur les duchés voisins. Il n’hésite pas à utiliser sa jeune sœur, d’une grande beauté, pour sceller des alliances opportunes… Le personnage historique de Lucrèce Borgia, et la légende qui l’entoure, a été porté à l’écran, petit et grand, à de nombreuses reprises. Cette version d’Abel Gance reste l’une des plus remarquée, pas toujours pour ses qualités cinématographiques mais en tous cas pour le scandale qu’elle suscita : on y voit Edwige Feuillère batifoler nue dans un bassin dont, opportunément, la profondeur ne dépasse guère 1 mètre. A l’époque, cette scène de nudité était d’une grande audace. Ceci mis à part, le scénario présente Lucrèce Borgia comme une victime des manigances criminelles de son frère (thèse la plus souvent partagée aujourd’hui) mais épargne le pape Alexandre VI. L’interprétation est très inégale, assez outrée en ce qui concerne Gabriel Gabrio en César ou Antonin Artaud en Savonarola, plus subtile pour Aimé Clariond en Machiavel. La prestation d’Edwige Feuillère (qui ressemble ici étrangement à Claudette Colbert) est la plus convaincante, le film sera un tremplin pour l’actrice. Tourné sans grande conviction apparente, Lucrèce Borgia est loin d’être le film le plus remarquable dans la filmographie d’Abel Gance.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Edwige Feuillère, Gabriel Gabrio, Aimé Clariond, Jacques Dumesnil, Antonin Artaud
Voir la fiche du film et la filmographie de Abel Gance sur le site IMDB.

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Lucrèce Borgia
Edwige Feuillère (au centre) dans Lucrèce Borgia d’Abel Gance.