6 septembre 2020

Le Flambeur (1974) de Karel Reisz

Titre original : « The Gambler »

Le Flambeur (The Gambler)Professeur de littérature en université, Alex Freed est prisonnier de son vice pour le jeu. Quand il a perdu tout son argent, il emprunte à sa petite amie, à sa mère. Quand ses proches ne lui sont plus d’aucune aide, il se tourne vers de dangereux malfrats avec qui il aura maille à partir. Malgré tout cela, il ne peut pas arrêter de jouer…
Le Flambeur est lointainement inspiré du roman Le Joueur de Dostoïevski (publié en 1866). C’est le premier film américain du réalisateur britannique d’origine tchécoslovaque Karel Reisz. Le cinéaste se concentre sur un aspect principal de son personnage, son caractère irrationnel qui l’entraîne dans une fuite en avant autodestructrice. Les fondements de cette attitude ne sont qu’à peine explorés, on le voit juste professer sur le sujet de l’acceptation du risque ou de l’autosuggestion. La scène finale à forte connotation masochiste a été très remarquée. James Caan fait une belle prestation. Le film peut dérouter, ou même déplaire par son manque de profondeur, mais il jouit d’une excellente réputation.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: James Caan, Paul Sorvino, Lauren Hutton
Voir la fiche du film et la filmographie de Karel Reisz sur le site IMDB.

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Le Flambeur (The Gambler)Lauren Hutton et James Caan dans Le Flambeur (The Gambler) de Karel Reisz.

Remake :
The Gambler de Rupert Wyatt (2014) avec Mark Wahlberg et Jessica Lange.

14 mai 2020

Objectif Lune (1967) de Robert Altman

Titre original : « Countdown »

Objectif Lune (Countdown)Alors que le programme Apollo de la NASA a besoin encore d’une année pour envoyer des hommes sur la Lune, les américains apprennent que les russes sont sur le point d’aboutir. Pour ne pas se faire doubler, Washington décide d’envoyer dès maintenant un homme seul qui devra attendre un an dans un abri spécial la mission Apollo capable de le ramener sur la Terre…
Countdown est adapté du roman The Pilgrim Project de Hank Searls paru en 1965. Le film marque le retour de Robert Altman au cinéma après dix années de télévision. Il l’a tourné… mais pas monté, puisqu’il fut renvoyé par la Warner (1). Le récit tend à opposer l’humain au scientifique : d’abord par les réticences de tous les proches de l’astronaute choisi, par celles du médecin et aussi par les réactions incontrôlées de l’homme lors de la mission. Tout cela aurait pu donner un film intéressant mais, hélas, donne trop souvent l’impression d’un soap-opera sans grande profondeur. En outre, les scènes dans la capsule ou sur la Lune trahissent un manque de budget (la démarche de James Caan sur la Lune consiste à trainer des pieds dans un scaphandre d’opérette). On peut penser que le résultat final aurait certainement été différent si Robert Altman avait contrôlé son projet jusqu’au bout.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: James Caan, Joanna Moore, Robert Duvall, Barbara Baxley
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Remarques :
* Le film est sorti aux Etats-Unis dix-huit mois avant la mission Apollo 11 qui a permis à un homme de marcher sur la lune.
* Countdown est sorti aux Etats-Unis en double-programme avec le film de John Wayne Les Bérets verts. Ce dernier engendra une telle polémique que personne ne parla de Countdown qui fut rapidement retiré des circuits.

(1) Robert Altman fut renvoyé le soir du dernier jour de tournage par Jack L. Warner parce qu’il avait filmé des scènes où plusieurs acteurs parlaient en même temps, ce qu’il considérait comme une faute professionnelle. Quelques scènes additionnelles furent tournées par le producteur William Conrad.

Objectif Lune (Countdown)James Caan dans Objectif Lune (Countdown) de Robert Altman.

16 octobre 2017

Rollerball (1975) de Norman Jewison

RollerballDans un avenir proche, les nations ont disparu en même temps que les guerres. La paix et le progrès sont généralisés, le travail est réduit. Des « corporations » aux dirigeants anonymes gèrent les besoins essentiels. Un sport assez violent, le Rollerball, est très populaire. Jonathan E., le capitaine de l’équipe de Houston, est l’indétrônable star mondiale de ce sport. Pourtant, l’un des organisateurs lui demande de prendre sa retraite… Rollerball est un film qui n’a pas très bonne réputation. Il fut mal compris à sa sortie du fait de sa violence, accusé de l’étaler sous le prétexte de la combattre. Pourtant, il recèle une intéressante réflexion sur le sport-spectacle qui concentre ici tout ce que la société a écarté (notamment la violence) pour devenir l’un des piliers fondamentaux de sa cohésion. L’analogie avec les jeux du cirque de la société romaine est visiblement recherchée, le stade de Rollerball rappelle indéniablement le Colisée. D’autres points, plus courants dans la science-fiction de prospective, sont soulevés : l’abandon du droit de regard sur les décisions majeures, le nivellement des individus, ou encore l’idée que la prépondérance du groupe sur l’individu seraient des prix à payer pour le progrès social. Rollerball s’inscrit parfaitement dans la science-fiction des années soixante-dix où, contrairement aux deux décennies précédentes, le pessimisme est de rigueur : dans l’esprit, il est ainsi assez proche de THX 1138 (1972), Orange mécanique (1971) ou autres Soleil vert (1973). Sur le plan visuel, la vision du futur qu’il nous propose a certes plutôt mal vieilli car elle nous paraît aujourd’hui très marquée par les années soixante-dix. En revanche, Jewison a judicieusement utilisé la musique classique et le décalage qu’elle engendre fonctionne toujours aujourd’hui. Rollerball a été copié maintes fois par la suite, pour des films mettant en scène des sports futuristes violents, des films de moindre intérêt.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: James Caan, John Houseman, Maud Adams, John Beck, Ralph Richardson
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Remarques :
* Le film a entièrement été tourné en Allemagne. Tous les spectateurs et autres figurants sont donc allemands.
* L’histoire est censée se dérouler en 2018.
* Le Rollerball peut être décrit comme un mélange de football américain, de hockey sur glace, de rugby et de cyclisme de poursuite.
* Remake :
Rollerball de John McTiernan (2002) avec Chris Klein et Jean Reno, film d’action violent de moindre intérêt.

Rollerball
James Caan dans Rollerball de Norman Jewison.

Rollerball
James Caan et Maud Adams dans Rollerball de Norman Jewison.

Rollerball

16 septembre 2017

Misery (1990) de Rob Reiner

MiseryAuteur de la saga à succès Misery, Paul Sheldon vient de terminer son nouveau roman. Alors qu’il quitte l’hôtel de montagne où il s’était isolé pour écrire, sa voiture dérape sur la neige et se retourne. Grièvement blessé, il est sauvé par Annie Wilkes, infirmière et grande admiratrice de Misery, qui l’installe chez elle… Après Stand by me en 1986, Misery est la seconde adaptation d’un roman de Stephen King par Rob Reiner. Il a su en recréer le climat particulièrement angoissant mais a, semble t-il, écarté les passages les plus violents qui auraient fait basculer le film dans le genre gore. Il a toutefois laissé une scène passablement dure à regarder. Kathy Bates campe un personnage bipolaire inquiétant, auquel Reiner donne une massivité par ses cadrages. L’ensemble se révèle très prenant mais plutôt perturbant quand on n’est pas spécialement amateur de films d’horreur.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Caan, Kathy Bates, Richard Farnsworth, Lauren Bacall
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Misery
James Caan et Kathy Bates dans Misery de Rob Reiner.

7 octobre 2014

Flesh and Bone (1993) de Steve Kloves

Flesh and BoneJeune garçon, Arliss est témoin du meurtre par son père d’une famille entière dans une ferme isolée du Texas. Trente ans plus tard, alors qu’il parcourt les routes pour réalimenter les distributeurs placés dans les stations service et les bars, il fait la rencontre Kay, une jeune femme un peu paumée…
Ecrit et réalisé par Steve Kloves, Flesh and Bone nous immerge dans les grands espaces du sud profond des Etats-Unis. Le film est à la fois un road-movie, un thriller ou encore un film intimiste. C’est surtout un film d’atmosphère qui fait indéniablement montre d’un certain style. A l’errance des personnages répondent la simplicité et l’immensité des décors. Dennis Quaid et Meg Ryan sont des acteurs que l’on est habitué à voir dans des rôles plus légers et pourtant, ici, ils parviennent bien à restituer l’épaisseur de leur personnage. Le résultat est ainsi un mélange assez subtil d’intensité dramatique et de charme. Au regard de ses qualités, Flesh and Bone est trop peu connu.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Dennis Quaid, Meg Ryan, James Caan, Gwyneth Paltrow
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Remarques :
* Steve Kloves n’a réalisé que deux films. Le premier est Susie et les Baker Boys (1989) avec Michelle Pfeiffer et Jeff Bridges et le second est ce Flesh and Bone quatre ans plus tard. Par la suite, Steve Kloves, qui a débuté comme scénariste, écrira l’adaptation des premiers Harry Potter.
* Meg Ryan et Dennis Quaid étaient alors mari et femme. C’est leur troisième film ensemble.

Flesh and BoneMeg Ryan et Dennis Quaid dans Flesh and Bone de Steve Kloves.

18 août 2014

El Dorado (1966) de Howard Hawks

El DoradoExpert dans le maniement des armes, Cole Thorntorn (John Wayne) refuse le travail que lui propose le propriétaire Bart Jason à El Dorado car cela l’amènerait à se battre contre son vieil ami, le shérif Harrah (Robert Mitchum). Il reviendra toutefois quelques mois plus tard lorsqu’il apprendra qu’un autre expert de la gâchette a été engagé pour se débarrasser du shérif qui a entre-temps sombré dans l’alcool pour un chagrin d’amour… Huit ans après Rio Bravo, Howard Hawks donne une nouvelle variation du même thème. El Dorado est parfois mal considéré car jugé comme un remake et donc comparé à son prédécesseur. Si on retrouve effectivement des personnages similaires dans une situation proche, ils sont plus âgés et donc avec des motivations différentes. Hawks a intégré de nombreux éléments de comédie, assumant pleinement le statut de divertissement. Le résultat est très réussi. El Dorado reçut un bon accueil du public à une époque où le western avait déjà entamé une profonde mutation. C’est l’un des derniers grands westerns hollywoodiens classiques et l’avant-dernier film d’Howard Hawks.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: John Wayne, Robert Mitchum, James Caan, Charlene Holt, Arthur Hunnicutt
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Remarques :
* La scène de la baignoire serait pour beaucoup l’oeuvre de Robert Mitchum.
* Hawks avait demandé à Mitchum de mettre sa béquille à gauche ou à droite selon ce qui rendait le mieux à l’écran. Hawks se permet de faire un clin d’oeil à ce défaut de continuité quand il fait dire à John Wayne « La béquille, tu t’en es servi aussi bien à gauche qu’à droite ! »
* Les peintures du générique sont l’oeuvre d’Olaf Wieghorst qui fait une brève apparition dans le film (l’armurier qui vend l’arme à Mississippi).
* Le poème El Dorado récité par Mississippi est un poème d’Edgar Allan Poe.

Homonymes  :
El Dorado de Marcel L’Herbier (1921)
El Dorado de Carlos Saura (1988)
Eldorado de Bouli Lanners (2008)
(ces trois films n’ont que le nom en commun avec le film de Hawks, ce ne sont d’ailleurs pas des westerns)