8 octobre 2015

Partie de campagne (1936) de Jean Renoir

Partie de campagneUn dimanche de l’été 1860, M. Dufour, commerçant parisien, emmène sa belle-mère, sa femme, sa fille et son commis et futur gendre à la campagne. Ils s’arrêtent au bord d’une rivière dans une petite auberge pour y déjeuner et, espèrent-ils, y pêcher… Adaptation d’une nouvelle de Guy de Maupassant, Partie de campagne a beau être un film inachevé (1), il n’en est pas moins un très beau film de Jean Renoir, d’une grande fraîcheur spontanée et très poétique. C’est certainement le film où sa filiation avec Pierre-Auguste Renoir est la plus manifeste : il tourne sur les rives du Loing, haut-lieu de l’impressionnisme et l’atmosphère évoque très fortement certains tableaux de son père. Certaines scènes, celle de la balançoire notamment, en sont étonnamment proches. Il y a chez le père et chez le fils une même glorification de la nature qui contraste ici avec les structures sociales qui sclérosent l’humain. L’harmonie de la nature semble s’être transmise au film, où tout semble à sa place avec une justesse instinctive de jeu. Le caractère inachevé du film est surtout perceptible dans le dénouement : survenant de façon abrupte, il devient d’autant plus terrible, d’une tristesse infinie. Le film a récemment été restauré ce qui nous permet d’en profiter encore plus pleinement.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sylvia Bataille, Georges D’Arnoux, Jane Marken, André Gabriello, Jacques B. Brunius
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Partie de campagne
Sylvia Bataille et Georges Darnoux dans Partie de campagne de Jean Renoir.
Partie de campagne
Sylvia Bataille dans Partie de campagne de Jean Renoir.
Auguste Renoir
La Promenade et La Balançoire, deux tableaux de Pierre-Auguste Renoir.

Remarques :
* Faisant là ses débuts, Luchino Visconti était assistant sur le tournage. Le photographe Henri Cartier-Bresson était deuxième assistant (tout comme pour La vie est à nous et La règle du jeu).

* Les séminaristes de passage sont interprétés par Pierre Lestringuez (l’abbé, le plus âgé), l’écrivain Georges Bataille (mari de Sylvia Bataille), le photographe Henri Cartier-Bresson (celui qui est bouche bée devant la jeune fille). Le quatrième est parfois donné pour être Jacques Becker.

* Le petit garçon du début sur le pont est Alain Renoir, fils de Jean Renoir, le patron du restaurant est bien entendu Jean Renoir et sa femme (ou seulement servante ?) dans le film est sa femme dans la vie, Marguerite Renoir.

(1) Pour des raisons de mésentente, de difficultés financières et de mauvaises conditions météorologiques persistantes, le tournage s’est interrompu. Il n’est sorti qu’en 1946 dans un montage effectué par Marguerite Renoir, la femme de Jean Renoir qui était alors toujours aux Etats-Unis. La version ainsi montée dure 40 minutes. Il était prévue une première partie se déroulant à Paris pour bien mettre en place les personnages.

27 septembre 2015

Tu m’as sauvé la vie (1950) de Sacha Guitry

Tu m'as sauvé la vieUn baron, aigri à la suite d’une incapacité sexuelle et déçu par ses semblables, évite toutes les rencontres. Il semble n’avoir d’affection que pour ses employés de maison. Mais lorsqu’un clochard lui évite d’être piétiné par un cheval, il se prend d’amitié pour lui… Quelques mois après créé la pièce Tu m’as sauvé la vie au Théâtre des Variétés, Sacha Guitry décide de la porter sur grand écran. Les acteurs reprennent leur rôle (à part Pauline Carton qui ne figure pas dans le film). Le propos est fortement marqué par l’amertume de Guitry après avoir été injustement accusé de collaboration à la Libération, emprisonné brièvement et mis à l’opprobre. La misanthropie du personnage et la noirceur du propos sont l’écho de son fort ressentiment. Personne n’est épargné, tous les personnages ont des rapports intéressés, le mensonge et l’hypocrisie règlent les rapports humains. La seule échappatoire est la solitude. C’est donc un constat désabusé sur la nature humaine mais cela reste toutefois une comédie. Les bons mots sont souvent acerbes, toutefois. La forme est celle du théâtre filmé, tout se passe dans une seule et même pièce, la caméra restant à distance avec de rares gros plans. C’est la première collaboration de Guitry avec Fernandel pour qui il écrira Adhémar peu après. Tu m’as sauvé la vie est une pièce assez mineure de Sacha Guitry.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Sacha Guitry, Fernandel, Lana Marconi, René Génin, Luce Fabiole, Jeanne Fusier-Gir
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Tu m'as sauvé la vie
Fernadel, Sacha Guitry et Lana Marconi dans Tu m’as sauvé la vie de Sacha Guitry

Remarque de Guitry voyant Fernandel sourire : « Ah, voilà, je savais bien que j’avais vu un deuxième cheval… »

22 septembre 2015

L’Auberge rouge (1951) de Claude Autant-Lara

L'auberge rougeAux alentours de 1830, les tenanciers d’une auberge isolée de montagne assassinent leurs clients pour les voler. Alors que le couple n’a pas encore caché le cadavre de leur précédente victime, les voyageurs d’une diligence font une halte forcée à l’auberge bientôt suivis par un moine bon vivant et son moinillon… L’Auberge rouge est basé sur un fait divers authentique qui avait déjà inspiré Balzac pour son roman L’Auberge des Adrets. Le scénario est signé par Jean Aurenche et Pierre Bost. Si le film oscille entre plusieurs genres, c’est celui de la comédie d’humour noir qui est nettement le plus marqué. La situation devient en effet rapidement croquignole et le jeu de Fernandel apporte un petit côté pagnolesque à l’ensemble. Julien Carette, qui appuie fortement sur les traits de son personnage, est tout aussi remarquable. Le propos est assez irrévérencieux et les milieux catholiques se sont dressés à l’époque contre le film qui se moque, selon eux, de la confession et des sacrements. Cette opposition et les railleries des critiques n’ont pas empêché à L’Auberge rouge de connaitre les faveurs du public.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Fernandel, Julien Carette, Françoise Rosay, Marie-Claire Olivia, Jean-Roger Caussimon
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L'auberge rouge
Françoise Rosay, Julien Carette, Marie-Claire Olivia, Fernandel et Lud Germain dans L’auberge rouge de Claude Autant-Lara.

Remake (raté) :
L’auberge rouge (2007) de Gérard Krawczyk en 2007 avec Gérard Jugnot (le moine), Christian Clavier et Josiane Balasko (le couple d’aubergistes).

14 août 2015

Le Quai des brumes (1938) de Marcel Carné

Le Quai des brumesUn soldat déserteur de l’armée coloniale arrive au Havre dans la nuit pour tenter de s’embarquer pour un pays lointain. Dirigé par un vagabond amical vers un bar au milieu d’un terrain vague, il y fait la rencontre du patron qui lui donne à manger, d’un peintre suicidaire et d’une jeune fille triste au regard clair… Avec sa célèbre réplique, Le Quai des brumes fait aujourd’hui partie de ces quelques films qui sont comme statufiés dans l’histoire du cinéma. Il n’en a pas toujours été ainsi : il fut longtemps vilipendé aux deux extrêmes de l’échiquier politique du fait de sa noirceur. Le film est marqué par Prévert qui en a écrit le scénario en se basant sur un roman de Pierre Mac Orlan. Cela ne signifie pas que Carné se soit totalement effacé : on lui doit certainement la symbiose si réussie, ce fameux « réalisme poétique » si spécifique au cinéma français des années trente. Car le réalisme frise ici le fantastique, l’irréel et l’histoire n’est pas le point principal : Le Quai des brumes est un film d’atmosphère qui nous fait basculer dans une poésie noire sans complaisance qui reflète dans une certaine mesure le climat de son époque. Ses personnages sont ou désabusés, à l’image de ce peintre qui peint « les choses qui sont derrière les choses » et bien entendu du soldat Jean, ou des méchants odieux et caricaturaux (la scolopendre Zabel ou la petite frappe Lucien), ou encore des âmes dont la pureté tente de survivre aux souillures de l’environnement (Nelly). L’amour reste aux yeux de Prévert le plus fort, c’est la fleur qui jaillit de cette grisaille. La musique de Maurice Jaubert et la magnifique interprétation contribuent à rendre les personnages inoubliables. C’est pour toutes ces raisons qu’une phrase aussi banale que « T’as de beaux yeux, tu sais » a pu devenir ainsi la réplique la plus célèbre du cinéma français. Le film a été récemment restauré, certains plans ont été réintégrés, ce qui permet de mieux en profiter aujourd’hui. A noter enfin que les décors sont l’oeuvre du grand chef-décorateur Alexandre Trauner.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Michel Simon, Michèle Morgan, Pierre Brasseur, Édouard Delmont, Raymond Aimos, Robert Le Vigan
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Lire aussi les informations sur la restauration de Quai des brumes sur le site internet de la Cinémathèque française… (avec également de très intéressantes informations sur la production du film : on y apprend par exemple que le film devait initialement être produit par l’UFA).

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Quai des brumes
Jean Gabin et Michèle Morgan dans Le Quai des brumes de Marcel Carné.

Quai des brumes
Michèle Morgan (alors âgée d’à peine 18 ans) et Michel Simon dans Le Quai des brumes de Marcel Carné. En la voyant ainsi, il est difficile de ne pas penser à Greta Garbo (notamment la Garbo d’Anna Christie).

16 juillet 2015

Quelques messieurs trop tranquilles (1973) de Georges Lautner

Quelques messieurs trop tranquillesLa télévision diffuse un reportage sur le petit village de Loubressac dans le Lot qui se dépeuple peu à peu et dont les habitants aimeraient bien y faire venir des touristes. Ils ne prévoyaient pas que ce serait un petit groupe de hippies qui arriverait. Ils s’installent sur les terres du château… Précisons tout de suite que Quelques messieurs trop tranquilles est un Lautner sans Audiard : les dialogues sont de Jean-Marie Poiré et Georges Lautner. Ils n’ont pas hélas la même verve. Le film s’inscrit dans la veine du cinéma populaire des années soixante dix, plutôt bienveillants envers ses personnages : ni les villageois, ni les hippies ne sont caricaturés méchamment, seuls les truands sont ridiculisés. Tout cela est bon enfant, pimenté par quelques poitrines nues (les moeurs libres des hippies, ma bonne dame) mais l’humour n’est pas très relevé. Quand on est gentil, on dit que l’humour a mal vieilli mais, en fait, ce n’était pas très bon à sa sortie et ça ne l’est pas plus, quarante ans plus tard ! Le meilleur est encore dans une belle poursuite de voitures où une DS se voit désossée petit à petit.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Michel Galabru, Henri Guybet, Jean Lefebvre, Dani, Paul Préboist, Renée Saint-Cyr, Miou-Miou
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Quelques messieurs trop tranquilles
Jean Lefebvre, Paul Préboist, Jean-Jacques Moreau, Michel Galabru, Henri Guybet et Bruno Pradal sont les Quelques messieurs trop tranquilles du film de Georges Lautner

Remarques :
* Le film a été tourné à Loubressac et à Autoire, le château de la Comtesse est le Château de Lacave qui surplombe la Dordogne, les grottes sont celles de Cougnac.
* Miou-Miou est ici dans l’un de ses tous premiers films.

2 juillet 2015

Les yeux sans visage (1960) de Georges Franju

Les yeux sans visagePour reconstruire le visage de sa fille défigurée par un accident de voiture, le docteur Genessier kidnappe des jeunes femmes afin de pratiquer une greffe de visage… Les yeux sans visage est le deuxième long métrage de Georges Franju, après plus d’une douzaine de courts métrages réalisés sur dix ans. Il est considéré aujourd’hui comme l’un des classiques du film d’épouvante, un genre quasiment absent du cinéma français de l’époque. Tout l’art de Georges Franju est d’avoir mêlé un réalisme assez terrifiant (la scène de l’opération est particulièrement difficile à regarder) avec une certaine poésie apportée principalement par le personnage de la fille du chirurgien, au visage de cire, aérienne, d’une fragilité fantomatique. Cette alliance de contraires crée une étrange attirance, un envoutement qui contribue à faire des Yeux sans visage un film assez unique bien que perturbant. Il a été très mal reçu par la critique au moment de sa sortie.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Pierre Brasseur, Alida Valli, Edith Scob, Claude Brasseur
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Les Yeux sans visage
Edith Scob dans Les yeux sans visage de Georges Franju

Remarques :
* Les yeux sans visage est basé sur un roman de Jean Redon, adapté par lui-même, Boileau-Narcejac et Claude Sautet (qui est également assistant-réalisateur).
* Georges Franju est, rappelons-le, le cofondateur de la Cinémathèque Française.

13 juin 2015

Le Diable boiteux (1948) de Sacha Guitry

Le Diable boiteuxA la Libération, Sacha Guitry est accusé de collaboration, emprisonné, puis libéré pour absence totale de chef d’accusation. Pour laver son honneur, il s’empare de la biographie de Talleyrand et la façonne pour en faire un grand homme politique. Surnommé le Diable boiteux, l’homme fut en effet lui aussi accusé d’avoir retourné sa veste plusieurs fois (monarchiste, jacobin, ministre sous le Directoire, conseiller de Napoléon, de Louis XVIII, etc.). Sacha Guitry le modèle à son image et nous démontre que ce qui ressemblait à de l’opportunisme n’était en réalité qu’une recherche du meilleur moyen de servir la France. Si le film déçoit quelque peu, ce n’est pas du fait de cette interprétation de l’Histoire (après tout, avec Guitry, on sait d’avance que des libertés seront prises) mais plutôt du fait de la mise en scène assez lourde, presque pataude. Le centrage sur Guitry est plus pesant, l’interprétation des autres acteurs parait assez impersonnelle. Les bons mots sont là mais ils sont moins nombreux et chargés de férocité. La fantaisie a laissé la place à une sombre amertume, état d’esprit que l’on peut certes comprendre. L’ensemble paraît hélas un peu long.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Sacha Guitry, Lana Marconi, Émile Drain
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Remarques :
* On remarquera les doubles rôles pour les acteurs interprétant les quatre valets de Taylleyrand. Nous retrouvons les mêmes acteurs dans les rôles de gouvernants : Napoléon, Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe.
* Le premier scénario avait été refusé par la censure. Guitry en a alors fait une pièce intitulée Talleyrand et jouée début 1948, pièce qu’il a adaptée en film.

Le Diable boiteux
Lana Marconi et Sacha Guitry dans  Le Diable boiteux de Sacha Guitry.

1 juin 2015

Le Passé (2013) de Asghar Farhadi

Le PasséAprès plusieurs années de séparation, Ahmad revient à Paris à la demande de son épouse française qui lui demande à la fois de faire les formalités du divorce et de l’aider à renouer avec sa fille, Lucie… Après son très beau film Une séparation, l’iranien Asghar Farhadi est venu en France tourner Le passé dont il a écrit le scénario. Public et critiques ont été de manière générale assez enthousiasmés par le film et l’actrice  Bérénice Bejo a reçu le prix d’interprétation féminine à Cannes. Les personnages d’Asghar Farhadi sont en proie à d’intenses conflits, générés par des unions multiples et des enfants déboussolés. Le cinéaste sait décrire les fêlures de chacun mais étrangement son histoire dérive ensuite pour se centrer finalement, après quelques rebondissements artificiels, sur un personnage secondaire présenté comme la clef de toutes les tensions. Le climat est lourd, constamment tendu, à l’image de la vie chaotique de son personnage principal. La mise en scène d’Asghar Farhadi est précise, il soigne son image (en revanche, le son est plus problématique, les acteurs sont difficiles à comprendre). L’intensité de l’interprétation contribue à donner au film toute sa dimension.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Bérénice Bejo, Ali Mosaffa, Tahar Rahim, Pauline Burlet
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Le Passé
Ali Mosaffa, Tahar Rahim et Bérénice Bejo dans Le Passé de Asghar Farhadi

21 mai 2015

La machine à tuer les méchants (1952) de Roberto Rossellini

Titre original : « La macchina ammazzacattivi »

La Machine à tuer les méchantsDans un petit village au sud de Naples, le photographe Celestino offre l’hospitalité à un vieil homme pour la nuit. Celui-ci lui donne un étrange pouvoir qui lui permettra de combattre le mal : il suffit qu’il prenne en photo la photographie d’un « méchant » pour que celui-ci succombe instantanément en se figeant dans la position de la photo… La Machine à tuer les méchants est un film inattendu dans la filmographie de Roberto Rossellini. Il a tourné cette comédie en 1948, c’est-à-dire juste après Allemagne Année Zéro, mais sans la terminer. Ce sont ses assistants qui l’achèveront en 1951. C’est un mélange de comédie italienne et de néo-réalisme, assez heureux puisque l’ensemble est assez amusant. Bien entendu, nous sommes ici sur un registre bien plus léger mais on pourra noter qu’il y a une réflexion sur le Bien et le Mal, sur l’emplacement de la limite entre les deux et même sur la puissance de Dieu. Donc si l’on regarde bien, il y a là le départ d’une réflexion philosophique qui peut s’inscrire dans celles de François d’Assise ou de Stromboli. Mais le plus visible est bien entendu l’humour et les scénaristes ont eu d’excellentes trouvailles. Il a beaucoup de vie : on crie, on magouille, on s’interpelle, c’est un petit village haut en couleur. Les acteurs sont non-professionnels. La Machine à tuer les méchants est une comédie amusante et intéressante même si, bien entendu, le film n’est pas représentatif de l’oeuvre de Rossellini.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gennaro Pisano, William Tubbs
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Ma machine à tuer les méchants
Gennaro Pisano est le photographe dans La Machine à tuer les méchants de Roberto Rossellini

 

16 mai 2015

Merci la vie (1991) de Bertrand Blier

'Merci la vie'Dans une station vide en bord de mer, l’adolescente Camille pousse son caddie plein de poissons où s’accrochent des mouettes. Elle trouve au milieu de la rue Joëlle, jeune femme inanimée en robe de mariée qui vient de se faire abandonner brutalement par un homme en voiture de sport. Elle la ramène chez elle… Ecrit et réalisé par Bertrand Blier, Merci la vie a souvent été décrit comme une sorte de pendant féminin à Les Valseuses. Il est bien plus abouti toutefois. Le film nous surprend constamment, se jouant des codes et des interdits du cinéma, assemblant les scènes en un patchwork imprévisible, brouillant les époques, passant sans crier gare de la couleur au noir et blanc (sépia en réalité). Le burlesque et le dramatique se télescopent, la réalité et le fantasme n’ont plus de séparation nette. Merci la vie est un grand film surréaliste… Sur le fond, Bertrand Blier pointe du doigt certains désordres de notre civilisation : le désert affectif en premier lieu, la difficulté d’aimer et d’être aimé (Camille doit même pousser son père à faire l’amour à sa mère pour pouvoir être conçue), les multiples obstacles à l’amour que sont la guerre, les maladies (le film a été écrit en pleine « explosion » du sida), la vieillesse, etc. Merci la vie est un film brillant et insolent dans lequel il faut se laisser aller car, comme l’a dit Bertrand Blier lui-même, c’est « un film d’émotions ».
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Charlotte Gainsbourg, Anouk Grinberg, Michel Blanc, Jean Carmet, Annie Girardot, Jean-Louis Trintignant, Catherine Jacob, Gérard Depardieu
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Merci la vie
Charlotte Gainsbourg et Anouk Grinberg dans ‘Merci la vie’ de Bertrand Blier.