9 septembre 2023

Journal intime d’un pécheur (1986) de Wojciech Has

Titre original : « Osobisty pamietnik grzesznika przez niego samego spisany »

Journal intime d'un pécheur (Osobisty pamietnik grzesznika przez niego samego spisany)Europe, XVIe siècle. Un jeune homme issu d’une famille noble est exhumé et raconte son histoire. Contrairement à son frère aîné, il fut élevé par sa mère et son prêtre, qu’il soupçonne d’être son père, dans de grands principes moraux. Il fait la rencontre d’un homme inconnu qui le pousse à tuer son frère…
Journal intime d’un pécheur est un film polonais réalisé par Wojciech Has, adaptation du roman Confession du pécheur justifié de l’écossais James Hogg (1770-1835). Le récit est basé sur l’opposition du Bien et du Mal et de la recherche d’un absolu. L’ensemble est hélas franchement austère, très janséniste et par moments un peu nébuleux dans ses exposés : si l’on comprend rapidement que l’inconnu est l’incarnation du diable, l’explication de la présence du « double cynique » nécessite de bien suivre (se sentant issu du péché, le héros rejette sa propre nature). Il faut bien avouer que tout cela est assez aride et même un peu ennuyeux. Mais il y a la forme… Visuellement, c’est un délice, le travail sur les plans est remarquable, ce sont de véritables tableaux. Wojciech Has joue avec la profondeur de champ pour créer des arrière-plans qui semblent être à la lisière du réel et de l’imaginaire. Il ajoute souvent une brume ou un halo qui renforcent encore cette impression. Et que dire de ce tableau de dix mètres de long qui remplace un mur de la salle à manger de la demeure familiale ? Du jamais vu ! Les scènes ont une grande ampleur et l’esthétisme est poussé à des extrêmes. Superbe visuellement mais un peu ennuyeux (du moins à la première vision car j’ai comme un léger pressentiment que j’apprécierais beaucoup plus ce film à une deuxième vision).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Piotr Bajor, Maciej Kozlowski, Janusz Michalowski, Hanna Stankówna, Ewa Wisniewska, Franciszek Pieczka, Anna Dymna, Katarzyna Figura
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Journal intime d'un pécheur (Osobisty pamietnik grzesznika przez niego samego spisany)
Piotr Bajor dans Journal intime d’un pécheur (Osobisty pamietnik grzesznika przez niego samego spisany) de Wojciech Has.
Journal intime d'un pécheur (Osobisty pamietnik grzesznika przez niego samego spisany)
Katarzyna Figura et Anna Dymna dans Journal intime d’un pécheur (Osobisty pamietnik grzesznika przez niego samego spisany) de Wojciech Has.

15 décembre 2021

Angel Heart : Aux portes de l’enfer (1987) de Alan Parker

Titre original : « Angel Heart »

Angel Heart : Aux portes de l'enfer (Angel Heart)En 1955, à New York, Louis Cyphre engage un enquêteur privé de seconde zone, Harold Angel, pour retrouver un ancien crooner qui est revenu amnésique de la guerre. Cyphre dit avoir signé avec lui un contrat dont certaines clauses ne deviennent exécutoires qu’à la mort du crooner. Cyphre soupçonne l’hôpital privé où le crooner reçoit un traitement psychiatrique d’émettre de faux rapports…
Angel Heart : Aux portes de l’enfer est un film américano-canado-britannique écrit et réalisé par Alan Parker, basé sur le roman Falling Angel de l’américain William Hjortsberg. Assez mystérieuse, la mise en place de l’intrigue est prometteuse. Alan Parker joue avec les genres, oscillant en permanence entre plusieurs, sans perdre la maitrise de l’ensemble. Peu à peu, l’atmosphère devient de plus en plus glauque et étouffante, mettant le spectateur plutôt mal à l’aise. Hélas, le dernier tiers, qui nous révèle tout, est trop démonstratif et utilise un symbolique assez pesante. Les amateurs d’histoires de sorcellerie portent Angel Heart en très haute estime. Personnellement, je suis plus mitigé… A noter que Mickey Rourke a un jeu bien contrôlé, ce qui est d’autant plus appréciable que c’est chez lui plutôt inhabituel.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mickey Rourke, Robert De Niro, Lisa Bonet, Charlotte Rampling, Michael Higgins
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Angel Heart : Aux portes de l'enfer (Angel Heart)Mickey Rourke et Charlotte Rampling dans Angel Heart : Aux portes de l’enfer (Angel Heart) de Alan Parker.

7 août 2021

Le Masque de la mort rouge (1964) de Roger Corman

Titre original : « The Masque of the Red Death »

Le Masque de la mort rouge (The Masque of the Red Death)Dans l’Italie du XIIe siècle, Prospero, un prince adorateur de Satan, fait brûler un village par crainte de la « mort rouge » et emmène de force la jeune Francesca avec lui. Dans son château, il abrite tous les nobles du voisinage et prétend qu’ils y sont à l’abri de la maladie. Il les divertit en donnant chaque jour des fêtes et un bal masqué…
Le Masque de la mort rouge (The Masque of the Red Death) est un film fantastique américano-britannique réalisé par Roger Corman. Le scénario est inspiré par la nouvelle homonyme d’Edgar Allan Poe et aussi par la nouvelle Hop-Frog (pour la partie du nain et de la petite danseuse). Le personnage de Prospero, personnifié par Vincent Price, est particulièrement réussi. Il donne au film une dimension inattendue avec ses réflexions philosophiques, l’ensemble semble ainsi prendre parfois une tournure bergmanienne. Prospero n’est pas seulement un tyran, c’est un intellectuel. Nous sommes loin du manichéisme usuel. « Dans mon esprit, personne ne gagne, ni le Bien ni le Mal » a précisé Corman à propos du film. Les décors sont somptueux et les couleurs magnifiques. Le Masque de la mort rouge est à juste titre souvent considéré comme le film plus ambitieux au sein des adaptations d’Edgar Allan Poe par Roger Corman.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vincent Price, Hazel Court, Jane Asher, David Weston, Nigel Green, Patrick Magee
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* La maladie appelée « Mort Rouge » est fictive. Poe la décrit comme causant « des douleurs aigües, un vertige soudain, et puis un suintement abondant par les pores, et la dissolution de l’être » avec comme symptôme « des taches pourpres… sur le visage de la victime », et entraînant la mort en une demi-heure. Il est probable que cette maladie soit inspirée par la tuberculose puisque l’épouse de Poe, Virginia, en souffrait au moment où la nouvelle a été écrite. Mais la Mort Rouge peut aussi faire référence au choléra, Poe ayant été témoin d’une épidémie de cette maladie à Baltimore en 1831. D’autres analystes ont suggéré qu’il s’agissait en fait de la peste bubonique (représentant plus particulièrement l’épidémie de peste noire) en se basant sur la fin du récit représentant la « Mort Rouge » dans la pièce noire. Enfin, il a également été suggéré que la Mort Rouge n’est pas une maladie mais quelque chose qui est partagé de façon inhérente par toute l’humanité. (Source Wikipedia, article sur la nouvelle de Poe)

Le Masque de la mort rouge (The Masque of the Red Death)Jane Asher et Vincent Price dans Le Masque de la mort rouge (The Masque of the Red Death) de Roger Corman.

Le Masque de la mort rouge (The Masque of the Red Death)Verina Greenlaw dans Le Masque de la mort rouge (The Masque of the Red Death) de Roger Corman.

Le Masque de la mort rouge est la septième des huit adaptations d’histoires d’Edgar Allan Poe réalisées par Roger Corman entre 1960 et 1964 :
1. La Chute de la maison Usher (House of Usher, 1960)
2. La Chambre des Tortures (The Pit and the Pendulum, 1961)
3. L’Enterré vivant (The Premature Burial, 1962)
4. L’Empire de la terreur (Tales of Terror, 1963)
5. Le Corbeau (The Raven, 1963)
6. La Malédiction d’Arkham (The Haunted Palace, 1963)
7. Le Masque de la mort rouge (The Masque of the Red Death, 1964)
8. La Tombe de Ligeia (The Tomb of Ligeia, 1964)

6 octobre 2020

L’Oeil du diable (1960) de Ingmar Bergman

Titre original : « Djävulens öga »

L'oeil du diable (Djävulens öga)Satan se réveille un jour avec un orgelet. Ses conseillers, deux marquis, Italien et Français du XVIIe siècle, découvrent que la cause du mal est terrestre : une jeune fille a conservé sa pureté première. Pour remédier à cette situation insupportable, Le Seigneur de la nuit envoie sur Terre l’un de ses meilleurs sujets, Don Juan, qui se morfond depuis 300 ans…
Pour pouvoir tourner La Source, Ingmar Bergman a été contraint d’accepter de tourner auparavant une comédie. Le studio SF désirait que ce soit l’adaptation d’une pièce radiophonique danoise d’Oluf Bang dont ils avaient acquis les droits, Le Retour de Don Juan. Finalement Bergman ne s’en est qu’inspiré et a réécrit l’ensemble en partant d’un pseudo-proverbe irlandais (qu’il a en fait inventé) « La chasteté d’une jeune fille, c’est un orgelet dans l’œil du diable ». L’ensemble est rendu très plaisant par la qualité des dialogues, sa tonalité ironique  et l’atmosphère aussi légère qu’étrange. Bergman s’amuse avec les croyances et le mode de vie strict luthérien. Même s’il est mineur dans la filmographie du réalisateur suédois, L’Oeil du diable ne manque pas d’attraits.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jarl Kulle, Bibi Andersson, Stig Järrel, Nils Poppe, Gertrud Fridh, Sture Lagerwall
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 L'oeil du diable (Djävulens öga)Bibi Andersson, Nils Poppe et Jarl Kulle dans L’oeil du diable (Djävulens öga) de Ingmar Bergman.

12 janvier 2018

La Beauté du diable (1950) de René Clair

La Beauté du diableAu seuil de la mort, le professeur Faust regrette de n’avoir accompli la grande œuvre dont il rêvait. Méphistophélès lui propose une seconde jeunesse et la réussite dans ses recherches. Mais, pour cela, il doit signer un pacte où il accepte de donner son âme…
Film célèbre et célébré du cinéma français, La Beauté du diable est un film qui impressionne beaucoup lorsqu’on le voit très jeune et laisse alors un souvenir bien enraciné dans nos esprits. Le revoir bien plus tard ne procure pas obligatoirement les mêmes émois. Ce n’est pas tant le fait que René Clair ait adapté la légende créée par Goethe pour en faire une allégorie de la menace nucléaire qui plane sur le monde de l’après-guerre qui pose problème. C’est plutôt le fait que rien ne semble fonctionner. Dès lors, tout paraît assez artificiel et l’ensemble se situe presque sur le ton de la farce. Michel Simon et Gérard Philipe ne s’entendait pas et cela se sent. Savaient-ils qu’ils jouaient dans le même film ? Michel Simon tire son épingle du jeu par la richesse de son jeu et ses envolées alors que Gérard Philipe reste assez terne. Quelques scènes sauvent l’ensemble comme la très belle (et délicate à réaliser) scène du miroir.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Michel Simon, Gérard Philipe, Nicole Besnard, Simone Valère, Carlo Ninchi
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Remarques :
* La Beauté du diable est une production franco-italienne, tournée à Cinecittà.
* Le scénario et les dialogues ont été écrits par René Clair et Armand Salacrou.

La Beauté du diable
Gérard Philipe et Michel Simon dans La Beauté du diable de René Clair.

Principales adaptations du mythe de Faust :
Faust et Marguerite de Georges Méliès (1897)
La Damnation du Docteur Faust de Georges Méliès (1904)
Faust de F.W. Murnau (1926)
La beauté du diable de René Clair (1950) avec Gérard Philipe et Michel Simon
Marguerite de la nuit de Claude Autant-Lara (1955) avec Michèle Morgan et Yves Montand
Doctor Faustus de Richard Burton et Nevill Coghill (1967) avec Richard Burton et Elizabeth Taylor
Faust d’Alexandre Sokurov (2011)

15 juin 2016

La Chair et le diable (1926) de Clarence Brown

Titre original : « Flesh and the Devil »

La Chair et le diable(Film muet) Leo et Ulrich sont deux inséparables amis d’enfance. De retour d’un entrainement militaire, Leo remarque une très belle femme à la gare. Il la retrouve quelques jours plus tard à un grand bal mondain…
A peine le tournage de La Tentatrice terminé, la MGM impose à Greta Garbo un nouveau scénario qui va encore plus loin dans l’utilisation de son image : cette fois, elle n’est plus une simple vamp mais une envoyée du diable ! Le scénario de La Chair et le diable est épouvantablement mauvais, bigot et misogyne. Il pourrait avoir été écrit par une de ces ligues de vertu qui sévissaient alors. Si le troisième film américain de Greta Garbo est notable, c’est surtout parce qu’il s’agit de son premier film sous la direction de Clarence Brown, avec lequel elle tournera sept fois, et de son premier film avec John Gilbert. La MGM lui avait précédemment opposé des acteurs qui étaient plutôt des latin-lovers alors que John Gilbert (à cette époque, l’acteur le mieux payé d’Hollywood) est un américain pur jus. Il va lui ouvrir de nouveaux horizons, lui donner de l’assurance grâce à une meilleure compréhension de la mentalité américaine. Les deux acteurs vont tout de suite très bien s’entendre, une grande amitié et même plus, au grand bonheur des services de publicité des studios qui vont transformer cette aventure en grande histoire d’amour (1). Si le scénario est affligeant, le film est beaucoup plus beau dans sa forme. Clarence Brown a de belles trouvailles : une scène d’amour dans la pénombre éclairée par la flamme d’une allumette, de superbes reflets de la pluie sur une vitre sur le visage de Greta Garbo et la scène la plus célèbre, la transformation d’une communion en un acte sensuel (il fallait oser !) Toutes les scènes entre Garbo et Gilbert sont belles, y compris leur première rencontre à la gare. La Chair et le diable fut un grand succès qui finit de propulser Greta Garbo au rang de star.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: John Gilbert, Greta Garbo, Lars Hanson, Barbara Kent, William Orlamond, George Fawcett, Marc McDermott
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La Chair et le diable
Greta Garbo et John Gilbert dans La Chair et le diable de Clarence Brown. Pour simuler l’allumette, Clarence Brown a fait placer une petite lampe à arc dans la main de John Gilbert.

La Chair et le diable
Greta Garbo et John Gilbert dans La Chair et le diable de Clarence Brown.

Remarques :
* La Chair et le diable est adapté d’un roman d’Hermann Sudermann, écrivain et dramaturge allemand, dont les romans et pièces ont servi de base à de nombreux films dont notamment Le Cantique des cantiques de Mamoulian (1933) ou L’Aurore de Murnau (1927).
* Lasse de ce type de rôles, Greta Garbo rentra en Suède à la fin du tournage. Ce n’est qu’après plusieurs mois, et grâce au grand succès de La Chair et le diable sorti entre temps, que Greta Garbo put forcer la main à Louis B. Mayer et obtenir un meilleur contrat.
* On peut remarquer sur l’affiche ci-dessus la différence de taille des lettres pour « John Gilbert » et pour « Greta Garbo ». L’affiche de son film suivant portera son nom en aussi grosses lettres que John Gilbert. Voir…

(1) Ne reculant devant rien, la M.G.M. changera le titre de leur deuxième film ensemble de Anna Karenine en Love afin que sur les affiches cela donne « John Gilbert and Greta Garbo in Love » … ! (voir lien-dessus)

La Chair et le diable
Les reflets de la pluie sur une vitre forment un semblant de larme sur la joue de Greta Garbo dans La Chair et le diable de Clarence Brown.

La Chair et le diable
Clarence Brown (debout derrière Miss Garbo), Greta Garbo et Lars Hanson sur le tournage de La Chair et le diable de Clarence Brown. Le caméraman (debout avec les lunettes) est une fois encore William H. Daniels. Le plan correspondant à cette photographie est le très gros plan sur l’écrin contenant un bracelet.

16 juin 2015

Les Diables (1971) de Ken Russell

Titre original : « The Devils »

Les diablesSous Louis XIII, le cardinal de Richelieu veut soumettre les villes fortifiées pour étendre son pouvoir. Certaines d’entre elles ont leurs propres lois. C’est le cas de la ville de Loudun temporairement dirigée par le prêtre (et grand séducteur) Urbain Grandier qui a décrété l’entente entre les catholiques et les protestants. Richelieu veut le voir disparaître… Les Diables est adapté du livre Les Possédées de Loudun (1952) d’Aldous Huxley qui a fait des recherches poussées sur ce terrifiant fait divers du XVIIe siècle. Ken Russell en a fait un film exubérant, baroque, une spectaculaire dénonciation des basses manoeuvres de Richelieu qui utilise la religion pour accroitre son pouvoir politique. Malgré les apparences, le récit est proche de la réalité historique et c’est là tout l’art de Ken Russell de maitriser ainsi le propos tout en allant très loin dans le domaine de l’hystérie et de l’outrance. Le cinéaste anglais est aussi un provocateur : de ce fait, le film a subi des coupes et nous ne pouvons en voir la version complète que depuis 2011. Les décors sont remarquables : grandioses et épurés, ils donnent un certain côté atemporel au récit. Les Diables de Ken Russell est un film dérangeant, même éprouvant mais c’est une oeuvre dotée d’une grande force.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vanessa Redgrave, Oliver Reed, Dudley Sutton, Gemma Jones, Michael Gothard
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Les Diables de Ken Russell
La ville de Loudun et ses grands remparts immaculés dans Les diables de Ken Russell

Les Diables de Ken Russell
Vanessa Redgrave dans Les diables de Ken Russell

Remarques :
* Le livre d’Aldous Huxley est disponible en format poche aux Editions Tallandier sous le titre « Les Diables de Loudun ».

* Précédent film sur les possédées de Loudun :
Mère Jeanne des anges (Matka Joanna od aniolów) du polonais Jerzy Kawalerowicz (1961)

21 mai 2015

La machine à tuer les méchants (1952) de Roberto Rossellini

Titre original : « La macchina ammazzacattivi »

La Machine à tuer les méchantsDans un petit village au sud de Naples, le photographe Celestino offre l’hospitalité à un vieil homme pour la nuit. Celui-ci lui donne un étrange pouvoir qui lui permettra de combattre le mal : il suffit qu’il prenne en photo la photographie d’un « méchant » pour que celui-ci succombe instantanément en se figeant dans la position de la photo… La Machine à tuer les méchants est un film inattendu dans la filmographie de Roberto Rossellini. Il a tourné cette comédie en 1948, c’est-à-dire juste après Allemagne Année Zéro, mais sans la terminer. Ce sont ses assistants qui l’achèveront en 1951. C’est un mélange de comédie italienne et de néo-réalisme, assez heureux puisque l’ensemble est assez amusant. Bien entendu, nous sommes ici sur un registre bien plus léger mais on pourra noter qu’il y a une réflexion sur le Bien et le Mal, sur l’emplacement de la limite entre les deux et même sur la puissance de Dieu. Donc si l’on regarde bien, il y a là le départ d’une réflexion philosophique qui peut s’inscrire dans celles de François d’Assise ou de Stromboli. Mais le plus visible est bien entendu l’humour et les scénaristes ont eu d’excellentes trouvailles. Il a beaucoup de vie : on crie, on magouille, on s’interpelle, c’est un petit village haut en couleur. Les acteurs sont non-professionnels. La Machine à tuer les méchants est une comédie amusante et intéressante même si, bien entendu, le film n’est pas représentatif de l’oeuvre de Rossellini.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gennaro Pisano, William Tubbs
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Ma machine à tuer les méchants
Gennaro Pisano est le photographe dans La Machine à tuer les méchants de Roberto Rossellini

 

21 juin 2014

Faust (2011) de Aleksandr Sokurov

Faust« Librement inspiré de l’histoire de Goethe, Alexandre Sokourov réinterprète radicalement le mythe. Faust est un penseur, un rebelle et un pionnier, mais aussi un homme anonyme fait de chair et de sang conduit par la luxure, la cupidité et les impulsions. Après Moloch (Hitler), Taurus (Lenine) et Le soleil (Hirohito), Faust est la dernière partie de la tétralogie de Sokourov. » (Présentation du dossier de presse) Après trois films-portraits démystifiant trois dictateurs, Sokurov se penche plus généralement sur la nature humaine, montrant ses faiblesses, ses pulsions. Cet être imparfait n’est-il pas lui-même générateur des totalitarismes qu’il subit ? L’approche de Sokurov est fortement esthétisée, dans un style évoquant le « chaos métaphysique et grotesque d’un Jérôme Bosch » (1). Les premières minutes sont assez dures (si certaines personnes peuvent regarder sans ciller l’autopsie d’un cadavre à moitié putréfié, je dois avouer que je n’en fais pas partie) et le malaise perdure quelque peu durant tout le film, accentué par le rythme soutenu des dialogues et des sons qui forme souvent une certaine agression. Qu’il s’agisse d’une nouvelle et notable interprétation du mythe de Faust est indéniable, mais personnellement j’ai été plutôt rebuté par la forme.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Johannes Zeiler, Anton Adasinsky, Isolda Dychauk
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Principales adaptations du mythe de Faust :
Faust et Marguerite de Georges Méliès (1897)
La Damnation du Docteur Faust de Georges Méliès (1904)
Faust de F.W. Murnau (1926)
La beauté du diable de René Clair (1950) avec Gérard Philipe et Michel Simon
Marguerite de la nuit de Claude Autant-Lara (1955) avec Michèle Morgan et Yves Montand
Doctor Faustus de Richard Burton et Nevill Coghill (1967) avec Richard Burton et Elizabeth Taylor
Faust d’Alexandre Sokurov (2011)

(1) La formule est de Jean-François Rauger du Monde. Je me permets de la reprendre car je la trouve particulièrement juste et éclairante.

8 mars 2014

Rosemary’s Baby (1968) de Roman Polanski

Rosemary's BabyRosemary et Guy louent un appartement au dernier étage d’un immeuble qui a été le théâtre d’évènements tragiques. Ils font rapidement connaissance de leurs voisins, un couple âgé, qui se révèlent être si serviables et prévenants que Rosemary les trouve plutôt envahissants…
Rosemary’s Baby est au départ un roman d’Ira Levin dont le producteur William Castle (1), spécialisé dans les films d’horreur, avait acquis les droits. C’est la Paramount qui lui demande de le faire réaliser par le jeune Roman Polanski. Il s’agit d’une adaptation extrêmement fidèle au roman, l’une des plus fidèles qui soient. Polanski sait parfaitement jouer avec ce qu’il ne montre pas et évite tous les effets habituels des films d’horreur. C’est cela qui lui donne toute sa force, qui crée un léger malaise qui s’amplifie pour se transformer en angoisse. Il sait aussi semer puis entretenir le doute : sommes-nous effectivement face à un complot satanique ou d’une simple paranoïa ? Mia Farrow fait une superbe prestation. Le perfectionniste Roman Polanski a fait un travail remarquable, utilisant des focales courtes pour nous faire adopter le point de vue de Rosemary et montrant une certaine dextérité dans de longs plans-séquences. Après l’échec commercial de Cul-de-sac et du Bal des Vampires (qui sont pourtant deux merveilleux films), Polanski va enfin connaitre le succès avec Rosemary’s Baby qui reste aujourd’hui l’un des films majeurs du genre.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Mia Farrow, John Cassavetes, Ruth Gordon, Sidney Blackmer
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Remarques :
* Lorsque Rosemary téléphone à l’acteur devenu aveugle, c’est la voix de Tony Curtis qui lui répond. Mia Farrow l’ignorait. Le fait qu’elle cherche à identifier cette voix qu’elle connait ajoute à son trouble apparent. Roman Polanski dit l’avoir fait dans ce but.
* C’est Mia Farrow qui chante la petite contine pendant le générique.
* Le bébé nait en juin 1966, soit 6/66.
* William Castle raconte dans son autobiographie qu’il a reçu un flot de lettres de menace de mort après la sortie du film.

(1) William Castle fait une brève apparition dans le film dans la scène de la cabine téléphonique.

rosemary's baby
John Cassavetes et Mia Farrow dans Rosemary’s baby de Roman Polanski.