13 mai 2015

L’Inhumaine (1924) de Marcel L’Herbier

L'inhumaineLa célèbre cantatrice Claire Lescot a de nombreux admirateurs. Pour une soirée, elle a invité une dizaine de ses courtisans parmi lesquels on peut compter un maharadjah, politiciens, hommes d’affaires et un jeune ingénieur qui se meurt d’amour pour elle. Mais la cantatrice reste de marbre face à toutes ces avances… Jeune cinéaste d’avant-garde en ce début des années vingt, Marcel L’Herbier a l’idée de concevoir un film qui soit « une sorte de résumé de toute la recherche plastique en France, deux ans avant l’Exposition des Arts décoratifs ». Il réunit donc un groupe d’artistes de premier plan, Robert Mallet-Stevens et Fernand Leger en tête. Le film est donc plastiquement superbe ce qui lui a valu d’être qualifié de « manifeste des Arts déco ». Même les intertitres sont magnifiques ! Aucune toile peinte ici mais des décors tout en volumes. Il est d’autant plus dommage que Marcel L’Herbier ait négligé le scénario : l’histoire est étirée et, il faut bien l’avouer, parfaitement ennuyeuse. La direction d’acteurs semble approximative. On remarquera que le réalisateur expérimente certains effets sur les scènes de vitesse (ces scènes d’ivresse automobile étaient alors très prisées par les réalisateurs les plus inventifs). L’Inhumaine a été magnifiquement restauré, avec restitution des teintes d’origine, pour ressortir en ce début 2015 accompagné d’une nouvelle musique très réussie, composée par Aidje Tafial.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Georgette Leblanc, Jaque Catelain
Voir la fiche du film et la filmographie de Marcel L’Herbier sur le site IMDB.

Voir le site créé pour la première de l’Inhumaine le 30 mars 2015.

Voir les autres films de Marcel L’Herbier chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Marcel L’Herbier

Crédits :
– Décors extérieurs, architecture : Robert Mallet-Stevens (1886-1945)
– Le laboratoire de l’ingénieur : Fernand Leger (1881-1955)
– Décors intérieurs : Alberto Cavalcanti (1897-1982)
– Le jardin d’hiver : Claude Autant-Lara (1901-2000)
– Le mobilier : Pierre Chareau (1883-1950) et Michel Dufet (1888-1985)
– Sculptures : Joseph Csaky (1888-1971)
– Costumes : robes signées Paul Poiret (1879-1944).

L'Inhumaine de Marcel L'Herbier
La salle à manger créée par Alberto Cavalcanti pour L’Inhumaine de Marcel L’Herbier (la table est entourée d’eau avec des cygnes qui barbotent…) (photo de plateau)

L'Inhumaine de Marcel L'Herbier
Fernand Leger pose dans le décor qu’il a créé pour L’Inhumaine de Marcel L’Herbier : l’atelier de l’ingénieur (photo de plateau).

L'Inhumaine de Marcel L'Herbier
La maison de l’ingénieur a été dessinée par Robert Mallet-Stevens pour L’Inhumaine de Marcel L’Herbier (photo de plateau : sauf erreur de ma part, l’homme à droite est Marcel L’Herbier).

18 avril 2012

Hantise (1944) de George Cukor

Titre original : « Gaslight »

HantiseLondres à la fin du XIXe siècle. Après l’assassinat de sa tante, cantatrice célèbre qui l’a élevée, la jeune Paula part en Italie pour oublier cette tragédie. Elle y fait la rencontre de Gregory, pianiste chez son professeur de chant. Ils se marient et retournent vivre à Londres… Hantise est l’adaptation d’une pièce de l’anglais Patrick Hamilton qui avait déjà été adaptée brillamment à l’écran quatre ans plus tôt en Angleterre. La décennie des années quarante à Hollywood est marquée par la vogue des films psychologiques et ce film de Cukor en est l’un des plus beaux fleurons. Il bénéficie de décors soignés et d’une belle distribution. Charles Boyer et Ingrid Bergman livrent tous deux une performance brillante, Joseph Cotten jouant le troisième homme (avec un accent très américain qui détonne quelque peu dans cet environnement européen). La jeune Angela Lansbury fut aussi remarquée pour son rôle de femme de chambre puisqu’à 19 ans, pour son tout premier rôle, elle fut nominée aux Oscars. George Cukor crée habilement une atmosphère puissante qui devient graduellement de plus en plus angoissante et inquiétante. Hantise garde encore aujourd’hui toute sa force.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Charles Boyer, Ingrid Bergman, Joseph Cotten, Angela Lansbury
Voir la fiche du film et la filmographie de George Cukor sur le site IMDB.
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Remarques :
* Du fait de la pièce et de ce film, le terme Gaslighting est passé dans le langage courant (anglais bien entendu) pour désigner le processus qui consiste à donner de fausses informations à une personne pour faire croire qu’elle perd la mémoire ou la raison.
* Les écrits de Patrick Hamilton ont également inspiré Hangover Square de John Brahm et La Corde de Hitchcock.

Précédente version :
Gaslight (1940) film anglais de Thorold Dickinson (1940) avec Anton Walbrook et Diana Wynyard.
Quand il fut décidé d’adapter la pièce de Patrick Hamilton, la M.G.M. a acquis les négatifs du film de Thorold Dickinson dans le but de le retirer totalement de la circulation. Les négatifs furent détruits. Le film de Dickinson gagna, au cours des ans, une aura de chef d’œuvre disparu (que l’on disait, sans l’avoir vu le plus souvent, supérieur au remake de Cukor). Le film n’a refait surface que bien plus tard grâce à une copie que Thorold Dickinson avait préservée de la destruction.

A noter, qu’il existe aussi une version TV de Gas Light (BBC) qui est en réalité la pièce filmée à l’Apollo Theatre à Londres, le 19 mars 1939.

Homonyme (mais sans autre point commun) :
La Hantise de Louis Feuillade (1912)
Hantise (The Haunting) de Jan de Bont (1999)