1 février 2022

Grand Central (2013) de Rebecca Zlotowski

Grand CentralGary est embauché par un sous-traitant dans une centrale nucléaire de la vallée du Rhône. Chapeauté par deux anciens, Gilles et Toni, il découvre les risques de la contamination radioactive. Parallèlement, il commence à vivre une histoire d’amour secrète avec Karole, la fiancée de Toni…
Grand Central est un film français coécrit et réalisé par Rebecca Zlotowski. Elle dit avoir été inspirée par le livre La Centrale d’Elisabeth Filhol paru en 2010 pour placer son histoire d’amour dans le milieu des travailleurs intérimaires du nucléaire. Elle peut ainsi créer un parallèle : entre un métier à haut risque et un amour à haut risque, Gary montre une intrépidité qui peut lui être fatale. Dans les deux cas, le risque est pernicieux et le contamine à son insu. Rebecca Zlotowski ne prend pas parti pour ou contre le nucléaire, elle s’attache plutôt à décrire le milieu de ces travailleurs précaires chargés des plus basses besognes (en l’occurrence, assurer le plus gros de la décontamination afin que les ouvriers d’EDF puissent intervenir). C’est là que réside l’intérêt du film car il faut bien avouer que la relation entre Karole et Gary n’a rien d’original. Grand Central a enchanté une grande partie de la critique. Personnellement, je n’ai été qu’à moitié convaincu.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Tahar Rahim, Léa Seydoux, Olivier Gourmet, Denis Ménochet, Johan Libéreau
Voir la fiche du film et la filmographie de Rebecca Zlotowski sur le site IMDB.
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Remarque :
* Le film a été tourné dans une centrale nucléaire désaffectée en Autriche, une centrale jamais mise en activité et servant à des formateurs de l’industrie nucléaire.

 Grand CentralLéa Seydoux et Tahar Rahim dans Grand Central de Rebecca Zlotowski.

18 juillet 2018

Le Secret de la chambre noire (2016) de Kiyoshi Kurosawa

Le Secret de la chambre noireLe jeune Jean devient l’assistant d’un ancien photographe de mode veuf, qui vit seul avec sa fille dans une grande maison de banlieue. Perfectionniste, il cherche à recréer le daguerréotype parfait en utilisant sa fille comme modèle… Sur une histoire qu’il a lui-même écrite, Kiyoshi Kurosawa (qui, rappelons-le, n’a aucun lien de parenté avec Akira Kurosawa) réalise son premier film hors du Japon, en France avec une équipe entièrement française. Le Secret de la chambre noire mêle avec beaucoup de subtilité le mélodrame et le fantastique qui se manifeste par petites touches, sans esbroufe, tout en étant très présent. L’atmosphère est à la fois très particulière et très prégnante et le jeune Tahir Rahim apporte une touche de charme et de légèreté face à un Olivier Gourmet toujours aussi puissant, tandis que Constance Rousseau contribue à donner cette sensation d’être hors du temps. Le plus enthousiasmant dans le film est sa beauté formelle : l’image est très belle, jouant le plus souvent sur la pénombre d’intérieurs sombres et la musique est absolument merveilleuse, elle nous transporte et donne une grande dimension à l’ensemble. Le film n’a pourtant pas enthousiasmé publics et critiques.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Tahar Rahim, Constance Rousseau, Olivier Gourmet, Mathieu Amalric, Malik Zidi
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Remarques :
* Procédé inventé par Louis Daguerre en 1837, le daguerréotype produit une image sans négatif sur une surface d’argent pur, polie comme un miroir et exposée directement à la lumière au moyen d’une chambre photographique. Le développement de l’image s’effectue à la vapeur de mercure. Le grand avantage du procédé était d’obtenir une image assez stable dans le temps. Les temps de pose étaient d’une ou plusieurs dizaines de minutes ce qui exigeait une immobilité parfaite des modèles. Comme le montre le film, des systèmes plus ou moins élaborés de maintien permettaient de garder la pose.

Le secret de la chambre noireOlivier Gourmet et Tahir Rahim dans Le Secret de la chambre noire de Kiyoshi Kurosawa.

Le secret de la chambre noireConstance Rousseau et Tahir Rahim dans Le Secret de la chambre noire de Kiyoshi Kurosawa.

1 juin 2015

Le Passé (2013) de Asghar Farhadi

Le PasséAprès plusieurs années de séparation, Ahmad revient à Paris à la demande de son épouse française qui lui demande à la fois de faire les formalités du divorce et de l’aider à renouer avec sa fille, Lucie… Après son très beau film Une séparation, l’iranien Asghar Farhadi est venu en France tourner Le passé dont il a écrit le scénario. Public et critiques ont été de manière générale assez enthousiasmés par le film et l’actrice  Bérénice Bejo a reçu le prix d’interprétation féminine à Cannes. Les personnages d’Asghar Farhadi sont en proie à d’intenses conflits, générés par des unions multiples et des enfants déboussolés. Le cinéaste sait décrire les fêlures de chacun mais étrangement son histoire dérive ensuite pour se centrer finalement, après quelques rebondissements artificiels, sur un personnage secondaire présenté comme la clef de toutes les tensions. Le climat est lourd, constamment tendu, à l’image de la vie chaotique de son personnage principal. La mise en scène d’Asghar Farhadi est précise, il soigne son image (en revanche, le son est plus problématique, les acteurs sont difficiles à comprendre). L’intensité de l’interprétation contribue à donner au film toute sa dimension.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Bérénice Bejo, Ali Mosaffa, Tahar Rahim, Pauline Burlet
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Le Passé
Ali Mosaffa, Tahar Rahim et Bérénice Bejo dans Le Passé de Asghar Farhadi

29 décembre 2013

À perdre la raison (2012) de Joachim Lafosse

À perdre la raisonA perdre la raison s’inspire d’un fait divers particulièrement tragique survenu en Belgique en 2007, un quadruple infanticide commis par une jeune mère de famille. Joachim Lafosse a pris le parti de nous dévoiler l’issue de ce drame dès les premières minutes, tout le film étant ensuite un flashback. La mise en place est alors assez longue malgré de très grandes ellipses. Il nous fait ensuite suivre la lente descente de cette jeune femme sans excès de sentimentaliste, nous dévoilant plus un faisceau d’indices, de petits éléments qui pris isolément peuvent être considérés inoffensifs et anodins mais qui, ensemble, vont conduire à une issue tragique. Toutefois, il ne parvient pas à fournir réellement d’explication, se refugiant derrière la « perte de raison ». Son film est toutefois assez remarquable par sa façon de montrer comment une tragédie peut avoir été engendrée par ce qui lui est normalement antinomique : la douceur, la sécurité, l’empathie. Sur ce point, le personnage du docteur/père/protecteur tenu par Niels Arestrup est remarquablement bien écrit, avec beaucoup de finesse. Le réalisateur belge fait donc, une fois de plus, preuve d’une grande sensibilité.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Niels Arestrup, Tahar Rahim, Émilie Dequenne
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