11 juillet 2015

Peggy Sue s’est mariée (1986) de Francis Ford Coppola

Titre original : « Peggy Sue Got Married »

Peggy Sue s'est mariéePeggy Sue, 43 ans et deux grands enfants, est sur le point de se séparer de son mari Charlie. Elle vit très mal cette séparation. A une réunion des anciens élèves de la classe 1960, Peggy est nommée reine de la soirée. Elle s’évanouit et se retrouve vingt-cinq ans en arrière en 1960. Charlie et elle avaient alors l’intention de se marier… Comment orienterions-nous notre vie si nous avions la possibilité de revenir en arrière avec ce que savons ? Cette question, que l’on peut tous se poser à un moment ou à un autre, n’est pas vraiment nouvelle dans le cinéma hollywoodien, on peut la rapprocher du fameux mythe américain de « la seconde chance ». Coppola la traite de façon assez élégante, sans pathos inutile et sans trop s’égarer. Le propos reste toutefois dans la droite ligne de l’idéologie américaine pour laquelle le mariage est indissoluble… L’atmosphère 1960 est joliment recréée, avec belles voitures aux couleurs profondes et jupes évasées. Si Nicolas Cage, neveu de Coppola, a un jeu un peu mal assuré, Kathleen Turner s’en donne à coeur joie et le film repose en grand partie sur elle. A noter que l’actrice avait alors 32 ans. Peggy Sue s’est mariée n’est pas un grand Coppola, c’est un film de commande qui lui permet de se renflouer après le désastre de Coup de Coeur, mais il est de belle facture.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kathleen Turner, Nicolas Cage, Barry Miller, Joan Allen, Jim Carrey, Maureen O’Sullivan, Leon Ames
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Peggy Sue s'est mariée
Nicolas Cage et Kathleen Turner dans Peggy Sue s’est mariée de Francis Ford Coppola.

 

Remarque :
Peggy Sue s'est mariée
Dans la scène d’ouverture de Peggy Sue s’est mariée, Francis Ford Coppola s’est amusé à placer une astuce de miroir : nous sommes censé être derrière Kathleen Turner qui se prépare face à un miroir… En réalité, il n’y a pas de miroir (sinon la caméra serait visible) et c’est une autre actrice habillée comme elle qui est de dos. On s’en aperçoit hélas car Coppola a voulu trop en faire : il lui fait faire un mouvement pour prendre un mouchoir en papier à droite et les mouvements ne sont pas parfaitement synchrones. Ceci dit, Coppola a peut-être volontairement laissé cette imperfection car c’est à ce moment-là que l’on réalise vraiment que c’était un plan impossible, d’autant plus qu’il l’a démarré par un traveling arrière. (Voir cette scène sur Youtube…)

10 juillet 2015

Barton Fink (1991) de Joel Coen et Ethan Coen

Barton Fink1941. Suite au succès de sa dernière pièce à Broadway, le jeune dramaturge Barton Fink reçoit une proposition de contrat bien rémunéré pour venir écrire à Hollywood. Il accepte et on lui assigne l’écriture d’un film sur le catch avec Wallace Beery. Dans sa chambre d’hôtel, en panne d’inspiration, il fait connaissance avec son voisin… Ecrit et dirigé par les frères Coen, Barton Fink est un film assez complexe ouvert à diverses interprétations, les deux frères laissant (ou semblant laisser) de nombreux points en suspens. Le sujet peut paraître un peu narcissique puisqu’il porte sur les affres de l’écriture : fort d’un succès, Barton Fink est courtisé, on le presse d’écrire sur commande. Il est écartelé entre son idéalisme et les demandes assez primaires de ses employeurs. Il est lui-même pétri de contradictions : il voudrait écrire une histoire d’homme simple pour l’homme simple mais se ferme au monde qui l’entoure qu’il préfère ne pas voir. La symbolique est surabondante dans ce récit où les objets tiennent une bonne place. On peut certainement reprocher ce petit côté « exercice de style » qui transforme presque leur récit en jeu de piste… John Turturro est magnifique, il semble habité par son personnage.
Elle: 2 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: John Turturro, John Goodman, Judy Davis, Tony Shalhoub
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Bazrton Fink
John Turturro dans Barton Fink des frères Coen.

Barton Fink
John Goodman dans Barton Fink des frères Coen.

Remarques :
* Si les deux frères ont bien écrit le scénario de Barton Fink alors qu’ils étaient en panne sur l’écriture de Miller’s Crossing, ils écartent toutefois toute ressemblance avec leur cas personnel car leur parcours a été, disent-ils, bien plus facile.

* Le personnage de Barton Fink est basé sur Clifford Odets qui fut l’un des membres du Group Theatre de New York qui se fondent sur les techniques d’interprétation de Constantin Stanislavski, développées ensuite par Lee Strasberg sous le terme la Méthode (« Method Acting », méthode reprise par l’Actors Studio). Clifford Odets a bien été à Hollywood comme scénariste mais, de l’aveu même des frères Coen, il n’était pas fermé au monde extérieur. Après quelques collaborations sur des films assez mineurs, il a écrit et réalisé None But the Lonely Heart (1944) avec Cary Grant et Ethel Barrymore.

* Le personnage de l’alcoolique W.P. Mayhew est basé sur William Faulkner dont le premier contrat à Hollywood fut de travailler sur le scénario de Flesh (Une femme survient) avec Wallace Beery, l’un des très rares films sur le catch. Précisons toutefois que Faulkner n’était pas paralysé par son alcoolisme comme l’est le personnage du film.

* Le personnage du producteur est un amalgame : il a la vulgarité d’Harry Cohn ou de Samuel Goldwyn, mais l’anecdote du costume militaire est directement inspirée de Jack Warner.

* Barton Fink a reçu la Palme d’or à Cannes. Le jury était présidé par Roman Polanski qui aurait pu signer le film…

 

9 juillet 2015

Boule de feu (1941) de Howard Hawks

Titre original : « Ball of Fire »

Boule de feuHuit érudits plutôt âgés travaillent depuis neuf ans à la rédaction d’une vaste encyclopédie (ils en sont à la lettre S). Ils vivent ensemble, coupés du monde, dans une grande demeure new-yorkaise mise à leur disposition par une fondation. Le plus jeune d’entre eux (Gary Cooper), linguiste, décide d’aller au contact des gens pour alimenter son entrée sur l’argot (slang en anglais). Il rencontre ainsi une chanteuse de cabaret (Barbara Stanwyck) mêlée à la pègre qui voit là un endroit où se cacher de la police… Ball of Fire fait partie des dernières comédies screwball, genre qui s’éteindra peu à peu avec la guerre. L’idée de départ vient de Billy Wilder qui cosigne le scénario avec son comparse Charles Brackett. L’humour repose sur l’introduction d’un élément perturbateur dans un monde qui ne demande qu’à être perturbé (c’était aussi le thème du merveilleux L’Impossible Monsieur Bébé…) A noter que l’analogie avec Blanche-Neige et les sept nains est voulue et même cultivée. La réussite du film repose sur une écriture parfaite, un humour bien dosé et sur des premiers et seconds rôles très bien tenus. Barbara Stanwyck y est pétulante.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gary Cooper, Barbara Stanwyck, Dana Andrews
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Boule de feu
Gary Cooper et Barbara Stanwyck dans Boule de feu de Howard Hawks entourés par les « sept nains » : de gauche à droite, Henry Travers, Aubrey Mather, Oscar Homolka, Leonid Kinskey, S.Z. Sakall, Tully Marshall et Richard Haydn.

Remarques :
* Howard Hawks était si satisfait du travail d’écriture de Billy Wilder qu’il l’a laissé assister au tournage. Billy Wilder a ainsi pu étudier de près la méthode de Hawks. Impressionné, cela l’aurait fortement incité à revenir à la mise en scène. Il tournera son premier film américain l’année suivante : The Major and the Minor.

* Le batteur de jazz et bandleader Gene Krupa interprète deux morceaux, en fait un seul morceau « Drum Boogie » joué de deux façons différentes : une fois avec son orchestre au grand complet et une seconde fois avec… une boite d’allumettes (et des allumettes qu’il gratte). Etonnant ! (voir sur Youtube…)  La chanteuse qui prête sa voix à Barbara Stanwyck est Martha Tilton (ex-chanteuse de Benny Goodman).

Remake par Howard Hawks lui-même :
A Song is Born (Si bémol et fa dièse) d’Howard Hawks (1948) avec Danny Kaye et Virginia Mayo, et avec la participation d’une belle brochette de musiciens de jazz (les encyclopédistes étant devenus des musicologues).

7 juillet 2015

Paycheck (2003) de John Woo

PaycheckUn brillant ingénieur, mercenaire du reverse-engineering, accepte de travailler sur un projet pendant trois années en sachant que sa mémoire correspondant à cette période sera ensuite effacée pour préserver le secret. Au terme de son contrat, à son « réveil », une surprise de taille l’attend… Paycheck est adapté d’une excellente petite nouvelle de Philip K. Dick qui, comme beaucoup des écrits de cet auteur de science-fiction, est passionnante non par son éventuel caractère plausible mais par les questions qu’elle soulève. John Woo n’est visiblement pas passionné par les paradoxes temporels engendrés ni par les interrogations philosophiques suscitées puisqu’il en a fait essentiellement un film d’action, une sorte de fuite en avant perpétuelle, une course poursuite de presque deux heures ponctuée d’un jeu de piste. Vu comme un film d’action, l’ensemble est certes assez divertissant avec une mise en scène plutôt efficace même si l’on peut se demander si le charmant Ben Affleck était l’interprète idéal pour ce type de rôle. Mais au final, on reste avec la conviction que cette nouvelle de Philip K. Dick méritait mieux que cela…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Ben Affleck, Aaron Eckhart, Uma Thurman, Paul Giamatti, Colm Feore
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Paycheck
Ben Affleck et Paul Giamatti dans Paycheck de John Woo.

Paycheck
Pas de films de John Woo sans « Mexican standoff » (« impasse mexicaine » en français : position dans laquelle deux adversaires se menacent mutuellement de leurs armes)…
A priori, John Woo n’avait pas l’intention de placer d’impasse mexicaine dans Paycheck. Ce serait Ben Affleck qui, en grand fan du réalisateur qu’il est, aurait insisté. Il a eu gain de cause puisqu’il y en a deux…
Ben Affleck et Colm Feore dans Paycheck
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5 juillet 2015

L’homme qui en savait trop (1956) de Alfred Hitchcock

Titre original : « The Man Who Knew Too Much »

L'homme qui en savait tropEn visite touristique au Maroc, le docteur Ben McKenna, sa femme Jo et son fils Hank font la connaissance fortuite d’un français dans un car. Le lendemain, alors qu’ils visitent les souks en compagnie d’un couple d’anglais, ils assistent à l’assassinat d’un arabe qui vient mourir dans les bras du docteur. Celui-ci reconnait alors le français de la veille qui lui glisse quelques mots à l’oreille à propos d’un attentat… Hitchcock avait déjà porté L’homme qui en savait trop à l’écran dans sa période anglaise en 1934. Beaucoup de détails changent mais le fond de l’histoire reste le même. Cette version américaine est plus policée, « plus professionnelle » dit le réalisateur, plus hollywoodienne c’est certain. Elle est peu convaincante tout d’abord : dans toute la partie marocaine, Hitchcock ne parvient pas à une bonne symbiose entre l’humour et la tension naissante, et les incrustations (transparences) grossières perturbent notre attention. De plus, le propos s’égare dans les relations de ce couple apparemment parfait (où la femme s’est, on le comprend, entièrement sacrifiée pour son mari), digressions qui n’apportent que peu. Hormis, la scène de la mort du français qui est une réussite, l’ensemble n’est pas vraiment prenant. Mais, là où le génie d’Hitchcock est ensuite manifeste, c’est dans l’utilisation de la musique, la chanson Que sera sera et surtout la tension créée lors de la séquence du concert à l’Albert Hall dont la perfection est ici encore bien plus grande que dans la version précédente : 12 minutes sans dialogue (mais avec un cri) et son célèbre coup de cymbales tant attendu. Cette séquence fait partie des plus remarquables de l’histoire du cinéma.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Stewart, Doris Day, Brenda de Banzie, Bernard Miles, Daniel Gélin
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Remarques :
* Hitchcock cameo : de dos, à gauche de l’écran, lorsque Doris Day et James Stewart regardent les acrobates.

* La chanson Que sera, sera (que l’on peut trouver assez horripilante…) a été écrite par Jay Livingston et Ray Evans peu avant qu’Alfred Hitchcock ne leur demande une chanson pour le film. Elle est chantée par Doris Day elle-même qui s’est laissée convaincre de l’enregistrer ensuite. La chanson est devenue le plus gros succès de l’actrice/chanteuse. Jay Livingston a reconnu avoir lu la phrase Que sera sera dans le film de Mankiewicz La Comtesse aux pieds nus : lorsque Rossano Brazzi montre à Ava Gardner sa maison, celle-ci remarque cette inscription qui est la devise de sa famille.

* Le morceau joué à l’Albert Hall a été composé pour le film est arrangé par Bernard Hermann que l’on voit diriger l’orchestre.

* Dans ses entretiens avec Hitchcock, François Truffaut remarque (à juste titre car c’est indéniable) que le joueur de cymbales ressemble à Hitchcock. Celui-ci répond que c’est involontaire…

L'homme qui en savait trop (1956)
Le joueur de cymbales de L’homme qui en savait trop (1956) de Alfred Hitchcock.
On notera le regard-caméra (ce n’est pas une photo publicitaire, il s’agit d’une image du film) : Hitchcock peut dire ce qu’il veut, il est manifeste qu’il s’est projeté dans ce personnage… « Vous l’attendez, vous allez l’avoir votre coup de cymbales! »

L'homme qui en savait trop (1956)
Doris Day et James Stewart dans L’homme qui en savait trop (1956) de Alfred Hitchcock.
L’une des fameuses incrustations grossières d’Hitchcock. On remarquera avec amusement que les ombres ne sont même pas cohérentes : Doris Day et James Stewart reçoivent leur « soleil » de face alors que dans la scène en arrière plan, le soleil vient de la gauche
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L'homme qui en savait trop (1956)
(de g. à d.) Bernard Miles, Christopher Olsen, Brenda de Banzie, Doris Day et James Stewart dans L’homme qui en savait trop (1956) de Alfred Hitchcock

L'homme qui en savait trop
Daniel Gélin (au sol) et James Stewart dans L’homme qui en savait trop (1956) de Alfred Hitchcock.

1 juillet 2015

Pacific Rim (2013) de Guillermo del Toro

Pacific RimPour combattre des créatures monstrueuses extraterrestres surgies du fond du Pacifique, les humains ont mis au point des gigantesques robots contrôlés simultanément par deux pilotes mis en symbiose parfaite par une connexion neuronale. Mais les créatures semblent adapter leurs attaques et l’apocalypse semble imminente… Guillermo del Toro est un réalisateur-scénariste dont on a pu apprécier le talent pour mettre en scène le fantastique dans des films comme L’échine du Diable ou Le Labyrinthe de Pan. Il a aussi fait des films d’action plus simples et Pacific Rim fait indéniablement partie de cette catégorie. Le film se situe dans la droite ligne des films fantastiques japonais où des créatures géantes venaient écrabouiller les villes laissant les minuscules humains désemparés. Le scénario est peu développé et accumule les clichés. Mais ce n’est pas par la profondeur de ses personnages que le film cherche à attirer les foules, c’est par ses combats titanesques et spectaculaires. J’avoue ne pas être un grand amateur de ces combats que je trouve un peu confus et répétitifs et il était donc fatal que le film m’ennuie plutôt. Le budget a été aussi titanesque que ses créatures et le film a connu un succès suffisant pour qu’une suite soit prévue pour 2017.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Charlie Hunnam, Diego Klattenhoff, Idris Elba, Rinko Kikuchi
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Pacific Rim

29 juin 2015

Dr. Jekyll et Mr. Hyde (1941) de Victor Fleming

Dr. Jekyll et Mr. HydeC’est certainement la version la plus connue des nombreuses adaptations du roman de Robert Stevenson mais ce n’est pas la meilleure, loin de là. D’une part, le Code Hays a obligé à gommer toute connotation un tant soit peu sexuelle du récit et surtout Spencer Tracy ne paraît pas du tout taillé pour le rôle. Il a beau montrer les dents autant qu’il peut, il ne parvient pas vraiment à nous effrayer alors que la seule vue de John Barrymore ou Fredric March nous glaçait les sangs dans les versions précédentes… Ingrid Bergman a réussi à faire permuter la distribution des deux rôles féminins principaux, obtenant ainsi le rôle de la femme aux moeurs légères et laissant à Lana Turner le rôle de la fiancée très sage (et un peu insipide). C’est un choix avisé de sa part et elle montre là déjà sa prédilection pour les rôles de femmes qui souffrent. Elle parvient à donner une dimension à son interprétation. La réalisation de Victor Fleming est soignée mais cela ne suffit pas. Cette version paraît bien pâle comparée à celles qui l’ont précédée, notamment celle de Rouben Mamoulian : Docteur jekyll et Mr. Hyde (1931).
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Spencer Tracy, Ingrid Bergman, Lana Turner, Donald Crisp, Ian Hunter
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Dr. Jekyll et Mr. Hyde
Spencer Tracy dans Dr. Jekyll et Mr. Hyde de Victor Fleming

Les adaptations du roman de Robert Stevenson ont été nombreuses.
Les plus notables sont probablement :
> Docteur Jekyll et Mr. Hyde de John Robertson (1920) avec John Barrymore, très belle version (à noter que la même année sortaient trois autres versions dont Der Januskopf de F.W. Murnau)
> Docteur Jekyll et Mr Hyde de Rouben Mamoulian (1931) avec Fredric March et Miriam Hopkins.
> Le Testament du Docteur Cordelier de Jean Renoir (1959) pour la télévision avec Jean-Louis Barrault.
> Docteur Jerry et Mister Love (The Nutty Professor) de Jerry Lewis (1963), version pastiche

>> Voir une liste des autres versions sur IMDB : le site liste plus de 50 adaptations !)

21 juin 2015

Grandeur et décadence (1922) de Buster Keaton et Edward F. Cline

Titre original : « Daydreams »

Grandeur et décadencePour obtenir le consentement du père de sa fiancée, Buster va prendre divers emplois, en réalité de petits boulots qu’il édulcore dans ses lettres à sa fiancée… Il est un peu difficile de juger Daydreams puisqu’il manque une dizaine de minutes aux versions que nous pouvons voir aujourd’hui (il s’agissait en réalité d’un trois bobines, soit 30 minutes environ) mais ce court métrage souffre d’un effet de construction un peu facile qui permet d’assembler des éléments assez disparates. J’avoue m’être demandé s’il ne s’agissait pas de collages de films précédents tant on a l’impression de connaitre ces gags. Le début est assez décevant. Les meilleurs moments sont dans le dernier tiers : une course poursuite avec d’abord un, puis une foule de policiers. Cette partie évoque bien entendu très fortement Cops, sorti quelques mois plus tôt, mais elle est réussie avec de quelques belles variations par rapport à son prédécesseur. Cette poursuite s’achève avec une scène superbe : Keaton pris comme un hamster dans la roue à aubes d’un bateau en mouvement. malgré cela, Daydreams semble en deçà des autres courts métrages de Buster Keaton.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Renée Adorée
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daydreams-large
Pour échapper à ses poursuivants, Buster se réfugie sur la roue à aubes d’un bateau mais celui-ci démarre. Il se retrouve alors pris à l’intérieur, forcé de marcher puis de courir, comme un hamster dans sa roue. Buster Keaton  dans Grandeur et décadence (1922).

Remarques :
* Le père de la fiancée de Keaton est joué par Joe Keaton, père de Buster Keaton dans la vraie vie.
* Le directeur du théâtre de music hall est joué par Edward F. Cline.
* Le scénario de Daydreams a, semble t-il, été coécrit par Buster Keaton et Fatty Arbuckle qui tentait alors de se remettre en selle après le scandale qui l’avait touché l’année précédente (une jeune fille avait trouvé la mort en tombant d’une fenêtre lors d’une de ses soirées folles).

11 juin 2015

Zodiac (2007) de David Fincher

ZodiacLe 4 juillet 1969, le soir de la fête de l’Indépendance, deux jeunes gens sont assassinés dans leur voiture près de San Francisco. Peu après, les journaux reçoivent une lettre d’un prétendu Zodiac qui revendique le crime et accompagne sa missive d’une énigme. Robert Graysmith, jeune dessinateur du San Francisco Chronicle, se passionne pour l’affaire…
Basé sur le livre du véritable Robert Graysmith, complété par une enquête minutieuse de David Fincher, Zodiac nous fait participer aux recherches pour démasquer ce tueur en série qui a déjoué la police dans les années soixante-dix. C’est un film assez brillant dans son déroulement et sa réalisation, totalement maitrisé de bout en bout, parfaitement dosé, sans effet facile. Tout est centré sur l’enquête, montrée comme un vaste puzzle, une gigantesque énigme à démêler patiemment, ce qui rend le film assez passionnant à suivre. La recherche en elle-même ne devient-elle parfois plus importante que son but ? La fin est un peu frustrante mais il est difficile d’en réclamer une autre puisque c’est celle de la vie réelle…
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jake Gyllenhaal, Mark Ruffalo, Anthony Edwards, Robert Downey Jr., Brian Cox
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Zodiac
Robert Downey Jr. et Jake Gyllenhaal dans Zodiac de David Fincher

Autre adaptation des mêmes faits :
The Zodiac d’Alexander Bulkley (2005) avec Justin Chambers et Robin Tunney, film plus mineur.

7 juin 2015

Victoire sur la nuit (1939) de Edmund Goulding

Titre original : « Dark Victory »

Victoire sur la nuitRiche héritière, Judith Traherne mène une vie oisive et mondaine. Fréquemment, elle est prise de fortes migraines et a des troubles de la vue. Le docteur Steele lui annonce qu’il faut l’opérer… Dark Victory fait partie de ces grands mélodrames hollywoodiens qui ont massivement drainé des foules vers les cinémas. Bette Davis a harcelé la Warner pour qu’elle achète les droits de cette pièce jouée à Broadway : elle était persuadée que ce rôle serait magnifique pour elle. Jack Warner dut se faire prier car il était convaincu que le film ne marcherait pas (1). Bette Davis est effectivement remarquable dans ce rôle d’héritière assez irritante, elle trouve toujours le ton juste, elle ne sur-joue jamais, elle montre la prodigieuse étendue de son registre. Dans la fameuse scène des bulbes de jacinthe, à la fin du film, elle fait passer beaucoup d’émotion tout en restant très sobre dans son jeu. C’est magnifique (et très émouvant). Face à elle, George Brent est comme toujours bien fade. Humphrey Bogart n’a qu’un petit rôle dans un registre plutôt inhabituel pour lui. La musique est de Max Steiner. Dark Victory fut l’un des plus grands succès de la décennie pour la Warner.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Bette Davis, George Brent, Humphrey Bogart, Geraldine Fitzgerald, Ronald Reagan
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Remarques :
* Les auteurs de la pièce sont George Emerson Brewer Jr. et Bertram Bloch. A noter que Brewer est le fils d’un chirurgien.

* 1939 fut une grande année pour Bette Davis : Dark Victory (Goulding), The Old Maid (Goulding) et The Private Lives of Elizabeth and Essex (Michael Curtiz) furent trois grands succès. Deux fois Oscarisée (Dangerous et Jezebel), Bette Davis était alors l’actrice numéro un au box office. Seule ombre au tableau : elle n’a pu décrocher le rôle qu’elle convoitait dans Autant en emporte le vent.

(1) « Qui a envie d’aller voir une femme devenir aveugle ? » Tel était le jugement de Jack Warner sur le potentiel commercial du film. Il se trompait… Avec les seuls bénéfices du film, la Warner a dit-on pu construire trois nouveaux studios de tournage !

Dark Victory
Geraldine Fitzgerald (à gauche) est la meilleure amie de Bette Davis (à droite) dans Victoire sur la nuit de Edmund Goulding

Dark Victory
George Brent est un brillant chirurgien dans Victoire sur la nuit de Edmund Goulding

Dark Victory
Humphrey Bogart est un gentlemen farmer dans Victoire sur la nuit de Edmund Goulding

Dark Victory
Ronald Reagan est un alcoolique mondain dans Victoire sur la nuit de Edmund Goulding (à gauche : Bette Davis)