3 août 2021

Le destin est au tournant (1954) de Richard Quine

Titre original : « Drive a Crooked Road »

Le Destin est au tournant (Drive a Crooked Road)Mécanicien et pilote automobile cantonné aux courses locales, Eddie Shannon est timide avec les femmes du fait de sa petite taille. Lorsqu’il rencontre la belle Barbara, il ne se doute pas qu’il va mettre un doigt dans l’engrenage du crime…
Drive a Crooked Road est réalisé par Richard Quine qui en a coécrit le scénario avec Blake Edwards, alors au début de sa carrière. L’histoire est celle d’un film noir mais, visuellement parlant, le film ne correspond pas aux codes du genre : point d’éclairages travaillés, tout se déroule en plein jour, et la tentatrice est une jeune femme très simple. Mickey Rooney est au centre du film, il est de tous les plans ; il fait une très belle interprétation, assez complexe, démontrant une fois de plus l’étendue de son talent (souvent sous-estimé). Son personnage attire la sympathie tout comme celui de Dianne Foster, malgré son double jeu. Film à petit budget,  Drive a Crooked Road n’est jamais sorti en France et il aura fallu attendre 2020 pour le voir en DVD.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mickey Rooney, Dianne Foster, Kevin McCarthy, Jack Kelly
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Quine sur le site IMDB.

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Le Destin est au tournant (Drive a Crooked Road)Dianne Foster et Mickey Rooney dans Le Destin est au tournant (Drive a Crooked Road) de Richard Quine.

Le Destin est au tournant (Drive a Crooked Road)Kevin McCarthy, Jack Kelly et Mickey Rooney dans Le Destin est au tournant (Drive a Crooked Road) de Richard Quine.

19 mars 2018

L’Adorable Voisine (1958) de Richard Quine

Titre original : « Bell Book and Candle »

L'adorable voisineUn soir de Noël, à New York, une ravissante jeune femme se désole de ne pouvoir tomber amoureuse d’un homme et mener une vie ordinaire. Elle ne fréquente en effet que des personnes de « son espèce ». Elle aimerait tant pouvoir ainsi passer une soirée avec son nouveau voisin…
Bell Book and Candle est adapté d’une pièce de John Van Druten qui n’avait connu qu’un très petit succès à Broadway au début de la décennie. Cette comédie légère sur le thème des sorcières est mise en scène à l’écran par Richard Quine, artisan des comédies à la Columbia. Beaucoup la considère comme sa réalisation la plus réussie. L’humour repose sur le décalage entre le monde courant et le monde des mages et sorcières. On peut voir le film comme une tentative de retrouver l’humour de la série des Topper (1937) (Cary Grant a d’ailleurs cherché à avoir le rôle) ou encore de I Married a Witch de René Clair (1942). Sans être aussi réussi, l’ensemble est très amusant. Le choix de Kim Novak paraît judicieux pour ce rôle ambivalent (à noter que Vertigo venait tout juste de sortir sur les écrans). L’actrice joue ici avec son propre chat. James Stewart a déclaré n’avoir pas été très à l’aise dans son rôle de businessman mais, s’il montre une petite gêne, celle-ci colle très bien avec son personnage. La présence de Jack Lemmon est plus inattendue ; elle ajoute des notes d’humour supplémentaires. Bell Book and Candle nous fait passer un bon moment.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Stewart, Kim Novak, Jack Lemmon, Ernie Kovacs, Elsa Lanchester, Janice Rule
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Bell Book and Candle
Kim Novak et son chat Pyewacket dans L’adorable voisine de Richard Quine.

Remarques :
* Richard Quine a été amoureux de Kim Novak pendant des années.
* La Columbia avait prêtée Kim Novak à la Paramount pour Vertigo. L’arrangement prévoyait une réciprocité. C’est ainsi que James Stewart s’est retrouvé dans cette production Columbia.
* Le français Philippe Clay est bien visible en chanteur dans deux scènes situées dans le Zodiac Club. Il y fait un beau numéro.
* L’expression Bell book and candle (= cloche, livre et bougie) fait référence aux trois accessoires nécessaires dans un rite latin d’excommunication par anathème (merci Wikipedia). A noter toutefois qu’il n’est jamais fait allusion à la religion dans cette histoire.

Bell Book and Candle
James Stewart et Kim Novak dans L’adorable voisine de Richard Quine.

Bell Book and Candle
Elsa Lanchester, Kim Novak et Jack Lemmon dans L’adorable voisine de Richard Quine.

6 octobre 2017

L’inquiétante dame en noir (1962) de Richard Quine

Titre original : « The Notorious Landlady »

L'inquiétante dame en noirUn jeune diplomate américain (Jack Lemmon) muté à Londres postule pour louer un appartement auprès d’une ravissante jeune femme (Kim Novak). Il ignore qu’elle est suspectée d’avoir assassiné son mari qui a disparu sans que l’on ait jamais retrouvé le corps… Blake Edwards a co-écrit le scénario de ce Notorious Landlady, une comédie qui rassemble Kim Novak et Jack Lemmon pour la troisième fois (après Phffft en 1954 et Bell, Book and Candle en 1958). Fred Astaire est le troisième larron sur l’affiche, ici dans un rôle non dansant qui apporte une petite touche de classicisme à l’ensemble. Jack Lemmon joue avec sa nonchalance habituelle et assure à lui seul tout l’humour. Le film peut être décrit comme une parodie des films de suspense à la Hitchcock. Cette amusante comédie n’eut bizarrement que peu de succès à sa sortie et c’est sans doute pour cette raison qu’il est très rarement cité dans les filmographies. Assez injustement.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kim Novak, Jack Lemmon, Fred Astaire, Lionel Jeffries
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The Notorious Landlady
Jack Lemmon et Kim Novak (qui n’est à aucun moment habillée en noir) dans L’inquiétante dame en noir de Richard Quine.

The Notorious Landlady
Lionel Jeffries, Fred Astaire et Jack Lemmon dans L’inquiétante dame en noir de Richard Quine.

The Notorious Landlady
Jack Lemmon, Richard Quine et Kim Novak sur le tournage de L’inquiétante dame en noir de Richard Quine.

Remarque :
* A cette époque, Jack Lemmon aidait son père dont le cancer était dans un stade très avancé. John Uhler Lemmon II a un petit rôle de figuration. Lors du concert en plein air à la fin du film, il est l’un des hommes âgés en chaise roulante, on le voit dans un rapide gros plan. Il décèdera quelques semaines plus tard.

17 septembre 2015

Une vierge sur canapé (1964) de Richard Quine

Titre original : « Sex and the Single Girl »

Une vierge sur canapéLe magazine à scandales Stop vient de ridiculiser la jeune doctoresse sexologue Helen Brown (Natalie Wood), auteur d’un livre à succès de conseils aux femmes célibataires. Le journaliste phallocrate Bob Weston (Tony Curtis) veut aller plus loin : il est prêt à toutes les bassesses pour prouver qu’elle n’a aucune expérience et qu’elle est encore vierge. Il va la consulter en se faisant passer pour son voisin (Henry Fonda) qui a une relation tumultueuse avec sa femme (Lauren Bacall)… Bien qu’il en ait gardé le titre, le film de Richard Quine Sex and the Single Girl n’est aucunement l’adaptation du best-seller planétaire d’Helen Gurley Brown qui a joué un rôle certain dans la révolution sexuelle des années soixante (1). Il s’agit d’une variation autour du succès du livre, une comédie qui tente de retrouver la brillance des comédies américaines screwball sans y parvenir. Le scénario est sans originalité, les dialogues sont assez plats, quelques remarques polissonnes ont juste été glissées ici et là pour pimenter l’ensemble. L’humour reste assez mou sauf dans les dix dernières minutes où le film change brutalement (et sans raison) de registre pour jouer sur l’humour nonsense avec une poursuite automobile assez délirante (2). En réalité, le principal atout du film réside dans le charme de ses deux acteurs principaux ; Tony Curtis est ici dans un rôle qui lui va comme un gant (3)(4). Créée pour surfer sur la naissante libéralisation des moeurs, Une vierge sur canapé est une comédie sans éclat. Le film a connu un certain succès public et aussi, ce qui est plus étonnant, critique.
Elle:
Lui : 1 étoiles

Acteurs: Tony Curtis, Natalie Wood, Henry Fonda, Lauren Bacall, Mel Ferrer, Edward Everett Horton
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Une vierge sur canapé
A défaut d’être crédible en psychologue, Natalie Wood fait montre de ses charmes dans Une vierge sur canapé de Richard Quine.

(1) Helen Gurley Brown, future rédactrice en chef du magazine Cosmopolitan, a écrit en 1962 un livre Sex and the Single Girl (= « La femme seule et l’amour », le titre anglais n’est pas si scabreux qu’il ne paraît à nos yeux français), rempli de conseils aux jeunes femmes pour prendre en main leur vie amoureuse. Il s’en est vendu deux millions dans les trois premières semaines et a été édité dans 35 pays. Warner Bros en a acheté les droits pour une petite fortune.

(2) On doit sans doute l’insertion de cette poursuite finale au grand succès du film de Stanley Kramer It’s a Mad, Mad, Mad, Mad World (1963) qui jouait sur l’humour nonsense.

(3) On peut, en revanche, se demander pourquoi Henry Fonda est venu se perdre dans cette galère. L’acteur a déclaré plus tard que c’était le film qu’il aimait le moins de toute sa carrière. Même question pour Lauren Bacall et Mel Ferrer…

(4) A propos de Tony Curtis, on ne peut que remarquer les clins d’oeil lourdement appuyés à Certains l’aiment chaud (Some like it hot). On mesure à cette occasion le fossé énorme qui sépare les deux films.

10 juin 2011

Du plomb pour l’inspecteur (1954) de Richard Quine

Titre original : « Pushover »

Du plomb pour l'inspecteurLui :
Pour piéger de l’auteur d’un hold-up meurtrier, la police surveille sa maitresse. Un inspecteur est chargé de séduire la jeune femme… Pushover (titre traduit sans grande subtilité par Du plomb pour l’inspecteur) a été conçu par Columbia pour lancer la jeune Kim Novak, alors âgée de 21 ans, comme une nouvelle Marylin (1). Si l’on peut trouver le type d’histoire assez conventionnel, le scénario est en réalité assez subtil car il ne s’agit pas vraiment du schéma classique de la femme fatale. S’il y en a un qui exerce sa fatale attraction, c’est l’argent et la femme n’est finalement qu’une jeune oie blanche, victime elle aussi. Mais Pushover est surtout remarquable par sa construction : peu de scènes d’action (une au début et une à la fin) et une belle importance donnée à la surveillance, des scènes de planque soulignées par une tension habilement distillée tout au long du film. La construction est un modèle du genre, elle s’appuie sur une grande vraisemblance. On notera également une musique assez présente qui contribue à l’atmosphère du film.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Fred MacMurray, Philip Carey, Kim Novak, Dorothy Malone
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Du plomb pour l'inspecteur (1) Columbia avait bêtement laissé passer l’original : Harry Cohn avait choisi de ne pas renouveler le contrat de six mois de Marylin Monroe en 1948… A noter que, par une amusante coïncidence, le vrai prénom de Kim Novak est Marylin.

Remarques:
Le titre original peut être interprété de différentes façons car Pushover signifie ‘faire tomber’ mais c’est aussi un mot d’argot désignant quelque chose de facile, qui tombe tout cuit dans le bec, et aussi une femme qui se laisse facilement pigeonner. Le titre français Du plomb pour l’inspecteur est loin d’offrir cette subtilité et, de plus, dévoile bêtement la fin du film.

Par facilité, le film a été (trop) souvent comparé à Double Indemnity. Ce genre de comparaison ne peut être que négatif. Si on peut remarquer une certaine similitude dans le personnage d’un homme qui se laisse écarter du droit chemin (interprété par Fred MacMurray dans les deux cas), les constructions des deux films n’ont rien en commun. Le fond du propos est assez différent également.