30 juin 2013

Sommaire de juin 2013

Le shérif est en prisonLe Convoi des bravesHôtel des AmériquesLa TaupeLe PiègeLes Soeurs de GionLes Quatre Plumes blanchesPoppy

Le shérif est en prison

(1974) de Mel Brooks

Le Convoi des braves

(1950) de John Ford

Hôtel des Amériques

(1981) de André Téchiné

La Taupe

(2011) de Tomas Alfredson

Le Piège

(1973) de John Huston

Les Soeurs de Gion

(1936) de Kenji Mizoguchi

Les Quatre Plumes blanches

(1939) de Zoltan Korda

Poppy

(1936) de A. Edward Sutherland

La Déchéance de Miss DrakeL'Élégie de NaniwaSource CodeMadame BovaryLa FéeFrigo fregoliBarbaraRiz amer

La Déchéance de Miss Drake

(1933) de Stephen Roberts

L’Élégie de Naniwa

(1936) de Kenji Mizoguchi

Source Code

(2011) de Duncan Jones

Madame Bovary

(1949) de Vincente Minnelli

La Fée

(2011) de Abel, Gordon & Romy

Frigo fregoli

(1921) de Buster Keaton et E. Cline

Barbara

(2012) de Christian Petzold

Riz amer

(1949) de Giuseppe De Santis

Une poule, un train? et quelques monstresLa nuit des générauxGoupi Mains rougesBrazilArènes sanglantesMajor DundeeLa Part des angesMoonrise Kingdom

Une poule, un train et quelques monstres

(1969) de Dino Risi

La nuit des généraux

(1967) de Anatole Litvak

Goupi Mains rouges

(1943) de Jacques Becker

Brazil

(1985) de Terry Gilliam

Arènes sanglantes

(1941) de Rouben Mamoulian

Major Dundee

(1965) de Sam Peckinpah

La Part des anges

(2012) de Ken Loach

Moonrise Kingdom

(2012) de Wes Anderson

Time OutDélivrance

Time Out

(2011) de Andrew Niccol

Délivrance

(1972) de John Boorman

Nombre de billets : 26

29 juin 2013

Le shérif est en prison (1974) de Mel Brooks

Titre original : « Blazing Saddles »

Le shérif est en prisonPour s’approprier des terres sur le passage du futur chemin de fer, un juge véreux fait envoyer un shérif noir dans une petite ville de l’Ouest. Il espère ainsi effrayer et faire fuir les habitants mais le shérif se révèle être bien plus malin qu’il ne l’avait prévu… Le shérif est en prison et Frankenstein Junior peuvent être considérés comme les deux meilleurs films de Mel Brooks. C’est dans ces deux films qu’il pousse la parodie très loin sur deux genres fondamentaux, le western pour l’un et le film d’horreur pour l’autre. L’humour des films de Mel Brooks est diversement apprécié car c’est un humour totalement débridé, parfois à la limite du mauvais goût. Cet humour repose sur une succession quasi-ininterrompue de gags, qu’ils soient visuels ou dans les dialogues de type one-liner  (blagues d’une seule phrase). Dans sa parodie, Mel Brooks n’est pas tant iconoclaste, il détourne plutôt certains des codes du western et n’hésite pas à insérer une bonne dose d’anachronisme. Les références sont nombreuses, les plus évidentes étant Rio Bravo (isolement du shérif, adjoint alcoolique) et Destry Rides Again (la parodie de Marlene Dietrich). Le succès du film fut immense.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Cleavon Little, Gene Wilder, Slim Pickens, Harvey Korman, Madeline Kahn
Voir la fiche du film et la filmographie de Mel Brooks sur le site IMDB.

Voir les autres films de Mel Brooks chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* L’actrice Hedy Lamarr (« la plus belle femme d’Hollywood ») a menacé d’attaquer Mel Brooks en justice pour l’utilisation du nom Hedley/Hedy Lamarr. Mel Brooks a déclaré être flatté… Un arrangement symbolique a finalement été trouvé. Détail amusant : dans le film, le gouverneur réplique ainsi à Hedley Lamarr qui proteste après avoir été appelé Hedy : « Quel est le problème ? On est en 1874, donc dans 50 ans c’est vous qui pourrez l’attaquer en justice ! »

* Le metteur en scène efféminé à la fin du film est une référence parodique à Busby Berkeley.

* Warner Bros a demandé à Mel Brooks de supprimer plusieurs scènes : celle comportant le mot « nigger » (qui, rappelons-le, est une insulte raciale très forte en anglais, ce serait d’ailleurs le premier film où ce mot est prononcé), celle du concert de pets (ce serait, là aussi, le premier film issu d’un grand studio faisant ainsi de l’humour avec les pets !) et la scène où Mango assomme le cheval d’un coup de poing (là, c’est plus étonnant… trop violente !?) Mel Brooks ayant par contrat droit de regard sur le montage final put ignorer ces demandes.

* Le sous-titre sur l’affiche,  « Never give a saga an even break », est un clin d’œil à W.C. Fields et à son film Never give a sucker an even break (1941). Cette phrase est d’ailleurs également prononcée par W.C. Fields à la fin de Poppy (1936). L’acteur l’aurait aussi utilisée largement sur scène dans les années vingt.

28 juin 2013

Le Convoi des braves (1950) de John Ford

Titre original : « Wagon Master »

Le convoi des bravesDeux jeunes cowboys acceptent de conduire un convoi de Mormons désireux d’aller s’établir au bord de la San Juan River en Utah… Wagon Master ne fait pas partie des westerns les plus connus de John Ford mais il ne manque pas de qualités. Sans acteur connu, c’est un western d’une grande simplicité (et chez John Ford, simplicité rime souvent avec perfection). On y retrouve certains des thèmes de prédilection du cinéaste : l’héroïsme ordinaire, la loyauté, le courage et la force d’un groupe qui tend vers un but commun, une terre promise. Ce groupe est constitué de petits groupes distincts, parfois très opposés : les Mormons doivent ainsi accepter de faire route avec un groupe de hors-la-loi recherchés. John Ford s’attaque aux préjugés de tous ordres : si les Mormons sont rejetés par la population de la ville où ils s’étaient arrêtés, ils sont eux-mêmes tout aussi prompts à rejeter un médecin alcoolique et deux femmes légères rencontrées en chemin. En outre, les indiens Navajos sont présentés ici de façon très avantageuse : pacifiques et sociables. Le message de Ford est ici très humaniste : au delà des différences, l’homme est capable de grandes choses, surtout dans un groupe mû par une aspiration commune. La photographie est superbe, une fois de plus Monument Valley est superbement utilisé par John Ford. Très belle musique avec plusieurs chansons des Sons of the Pioneers. Wagon Master est resté longtemps inédit en France où il n’est sorti qu’en 1964.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ben Johnson, Joanne Dru, Harry Carey Jr., Ward Bond, Alan Mowbray, Jane Darwell
Voir la fiche du film et la filmographie de John Ford sur le site IMDB.

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27 juin 2013

Hôtel des Amériques (1981) de André Téchiné

Hôtel des AmériquesUn soir, dans une rue de Biarritz, Hélène manque de renverser Gilles avec sa voiture. Ils font connaissance. Hélène est toujours désemparée après avoir perdu peu auparavant l’homme qu’elle aimait. Gilles, lui, aspire à une vraie relation mais ne sait s’il peut avoir une place dans la vie d’Hélène… Hôtel des Amériques est le premier film vraiment personnel de Téchiné. S’écartant des films de genre, il signe un film qui nous place très près de ses personnages. Certes, on peut juger excessif le romanesque de cette histoire mais, une fois cette apparente banalité dépassée, la richesse des relations entre les personnages apparaît pleinement. L’amitié côtoie l’amour, la fragilité des personnages ne cesse de poindre. La mise en scène reste simple tout en montrant une belle photographie malgré les tons un peu poussés. Le cinéma de Téchiné fait déjà preuve d’une belle maturité.
Elle: 4 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Catherine Deneuve, Patrick Dewaere, Etienne Chicot, Sabine Haudepin, Josiane Balasko
Voir la fiche du film et la filmographie de André Téchiné sur le site IMDB.

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26 juin 2013

La Taupe (2011) de Tomas Alfredson

Titre original : « Tinker Tailor Soldier Spy »

La taupe1973, en pleine guerre froide, le chef des services secrets britanniques est mis sur la touche à la suite de l’échec d’une mission en Hongrie. Son plus proche adjoint, lui aussi congédié, est rappelé peu après par le ministère pour enquêter sur la présence d’une taupe, un agent double, au plus haut niveau du MI6… La Taupe est l’adaptation d’un roman de John Le Carré paru en 1974, le premier d’une trilogie consacrée à l’espion George Smiley interprété ici par Gary Oldman. Le film est une production anglo-franco-allemande réalisée par le suédois Tomas Alfredson. Par son style, il est très différent des films actuels qui misent tout sur l’action. La taupe renoue brillamment avec les grands films d’espionnage, reposant sur une intrigue solide et montrant une belle profondeur en insistant sur les rapports humains. Ici, l’important n’est pas tant de savoir qui est la taupe (nous savons dès le début qu’il s’agit de l’un des quatre chefs du MI6 et finalement peu importe que ce soit l’un ou l’autre) mais de savoir comment Smiley va pouvoir l’amener à se démasquer. Car l’écheveau est rendu difficile à démêler par les mises en scène du KGB, les agents doubles et les agents retournés. Gary Oldman compose un personnage très fort, vraiment étonnant, d’un flegme qui frise l’impassibilité, d’une froideur perçante (1). Tout aussi remarquable est l’atmosphère régnant dans l’enceinte du MI6 (surnommé « le Cirque ») : des bureaux vieillots et marqués par une envahissante bureaucratie. Nous sommes loin de l’univers de James Bond ! A l’image de son personnage principal, le rythme du film est très posé ce qui nous permet de bien suivre son cheminement. A l’opposé des films agités et tapageurs, La Taupe est un film remarquable.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Gary Oldman, John Hurt, Colin Firth, Benedict Cumberbatch, Mark Strong, Toby Jones, Ciarán Hinds
Voir la fiche du film et la filmographie de Tomas Alfredson sur le site IMDB.

Remarque :
John Le Carré fait une apparition en tant que figurant dans la scène de la fête de Noël.

(1) Gary Oldman dit avoir basé son jeu sur l’une des phrases du livre où Ann, la femme de George, dit de lui : « George est comme un reptile qui baisse sa température pour qu’elle soit la même que celle la pièce dans laquelle il se trouve. » Effectivement, le personnage tel qu’il est joué par Gary Oldman évoque un reptile par certains aspects, extrêmement économe.

25 juin 2013

Le Piège (1973) de John Huston

Titre original : « The MacKintosh Man »

Le piègeAgissant pour le compte du contre-espionnage, Rearden vole un lot de diamants. A la suite d’un appel anonyme, la police l’arrête et le condamne à vingt ans de prison. Là, il est contacté par un groupe mystérieux qui se propose de le faire évader… Le scénario de Walter Hill est basé sur un livre de Desmond Bagley, lui-même inspiré d’une histoire vraie. Mais John Huston ne le suivra pas vraiment, il en réécrira une bonne partie au fur et à mesure du tournage, ne trouvant une fin satisfaisante que peu de temps avant de la tourner (1). Le piège est un film d’espionnage bien mis en place qui intrigue et nous tient en haleine. La réalisation de Huston est parfaite, les scènes d’action sont efficaces et l’ensemble bien rythmé. Le film bénéficie d’une bonne distribution. C’est le premier film de Dominique Sanda à Hollywood.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Paul Newman, Dominique Sanda, James Mason, Harry Andrews
Voir la fiche du film et la filmographie de John Huston sur le site IMDB.

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(1) Dans ses mémoire, John Huston affirme que si la fin avait été trouvée plus tôt, au moins avant de le début du tournage, The MacKintosh Man aurait pu être un bien meilleur film.

24 juin 2013

Les Soeurs de Gion (1936) de Kenji Mizoguchi

Titre original : « Gion no shimai »

Les soeurs de GionLorsque le commerçant Furusawa fait faillite, il se réfugie chez la geisha Umekichi qui se sent moralement tenue de lui venir en aide. Elle vit avec sa jeune soeur, Omocha, qui a une vision bien différente des hommes qu’elle cherche à utiliser à son profit… Dans la lignée de L’Elégie de Naniwa tourné quelques mois auparavant, Kenji Mizoguchi se penche une nouvelle fois sur la position de la femme dans la société japonaise avec Les Soeurs de Gion. Le monde des geishas lui permet d’avoir deux personnages aux tempéraments marqués et en totale opposition : la soeur la plus âgée s’inscrit dans la tradition, elle est soumise aux hommes, prête à tout accepter pour leur bien-être tandis que la soeur la plus jeune est moderne, cynique, adroite pour manipuler les hommes et exploiter leurs faiblesses à son seul profit. Mizoguchi nous démontre que quelle que soit l’attitude de la femme, elle sera au final utilisée par l’homme et en sortira meurtrie. Une fois encore, l’argent est l’un des agents de cette dépendance. Le constat est implacable et la démonstration suffisamment efficace pour avoir marqué et choqué les esprits de l’époque. Dans Les Soeurs de Gion, le cinéma de Mizoguchi montre déjà une certaine perfection. La construction est admirable. Le cinéaste utilise de longs plans-séquence qui apportent beaucoup de force, de contenu et d’authenticité à son récit. Aucune scène, aucun plan ne semble inutile. Le regard porté par Mizoguchi est extérieur, il ne peut y avoir d’identification du spectateur à l’un des personnages, et pourtant c’est une vision très profonde et intime qu’il nous offre.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Isuzu Yamada, Yôko Umemura, Benkei Shiganoya
Voir la fiche du film et la filmographie de Kenji Mizoguchi sur le site IMDB.

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Remarque :
Le scénario est signé par Yoshikata Yoda et Kenji Mizoguchi,  libre adaptation d’un roman de l’écrivain russe Alexandre Kouprine « La Fosse aux filles » (1915).

23 juin 2013

Les Quatre Plumes blanches (1939) de Zoltan Korda

Titre original : « The Four Feathers »

Les quatre plumes blanchesA la veille du départ de son unité pour le Soudan, le jeune officier Harry Feversham démissionne de l’armée. Ses trois compagnons lui envoient chacun une plume blanche, symbole de la lâcheté. Sa fiancée se détourne de lui et lui donne une quatrième plume blanche. Blessé dans son honneur, le jeune homme est bien décidé à prouver sa valeur et s’embarque incognito pour l’Afrique… The Four Feathers est un classique du roman d’aventures de l’anglais A.E.W. Mason. Il a été porté de nombreuses fois à l’écran et cette version des frères Korda est considérée comme étant la meilleure. Le film fait partie des premiers grands films en Technicolor, procédé qui permet de donner aux scènes une belle ampleur. Il fut tourné sur place, au Soudan, non sans difficultés du fait de la chaleur. Le nombre de figurants lors des batailles est impressionnant et le film ne faillit pas dans sa recherche du spectaculaire. Sur le fond, le film exalte l’héroïsme individuel et la tradition britannique de bravoure ; on est toutefois  en droit de s’interroger sur la santé mentale d’une personne qui aurait accompli un tel parcours uniquement par fierté (!) Le film exalte également la grandeur de l’Empire britannique et on peut y déceler de petites pointes de racisme.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: John Clements, Ralph Richardson, C. Aubrey Smith, June Duprez
Voir la fiche du film et la filmographie de Zoltan Korda sur le site IMDB.

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Remarques :
* Les frères Korda : Zoltan Korda réalise, Alexandre Korda produit et Vincent Korda crée les décors.
* Le contexte historique du roman est conforme à la réalité : l’expédition anglaise au Soudan menée par Lord Kitchener (1896-1898) s’acheva par la victoire des anglais à Omdurman. Cette bataille fut un massacre ; côté soudanais : 10 000 tués, 13 000 blessés, 5 000 prisonniers ; côté anglais : 47 tués et 380 blessés. Les anglais purent reprendre le contrôle du Soudan et sécuriser leurs positions en Egypte.
* Zoltan Korda tournera une seconde version de The Four Feathers en 1955 dans laquelle il réutilisera le scénario et certaines des scènes de bataille, dont la bataille finale.

Les différentes adaptations du roman de A.E.W. Mason :
1. Four Feathers de J. Searle Dawley (1915, USA, muet)
2. The Four Feathers de René Plaissetty (1921, UK, muet) avec Harry Ham
3. The Four Feathers de Merian C. Cooper, Lothar Mendes et Ernest B. Schoedsack (1929, USA, muet) avec Richard Arlen et Fay Wray
4. Les Quatre Plumes blanches (The Four Feathers) de Zoltan Korda (1939, UK)
5. Les 4 Plumes blanches (Storm over the Nile) de Zoltan Korda et Terence Young (1955, UK) avec Anthony Steel
6. Les Quatre Plumes blanches (The Four Feathers) de Don Sharp (TV 1978, UK) avec Beau Bridges
7. Frères du désert (The Four Feathers) de Shekhar Kapur (2002, USA) avec Heath Ledger et Kate Hudson.

22 juin 2013

Poppy (1936) de A. Edward Sutherland

PoppyVendeur itinérant d’un élixir censé faire repousser les cheveux, le Professeur Eustace McGargle voyage de ville en ville avec sa fille Poppy. Dans une petite bourgade, le fils du maire tombe amoureux de Poppy. Apprenant que l’on recherche la jeune héritière d’une vaste propriété, son père a l’idée de faire passer Poppy pour cette fille perdue… Poppy est la seconde adaptation d’une petite pièce que W.C. Fields jouait sur scène avec Madge Kennedy dans les années vingt (1). Si le comédien nous livre quelques bons mots dont il a le secret, ceux-ci sont moins nombreux que d’habitude. Fields paraît en petite forme et il l’était réellement : malade pendant toute la production, toutes les scènes où il est assez loin de la caméra sont jouées par sa doublure Johnny Sinclair qui porte un masque. On estime que seulement 25% des scènes ont été tournées par W.C. Fields lui-même. Et pour ne rien arranger, l’acteur s’est cassé une vertèbre vers la fin du tournage, lui provoquant des douleurs terribles. Sachant tout cela, on peut être un tant soit peu indulgent envers Poppy et la prestation de W.C. Fields mais il faut bien reconnaitre que nous loin de ses meilleures productions.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: W.C. Fields, Rochelle Hudson, Richard Cromwell
Voir la fiche du film et la filmographie de A. Edward Sutherland sur le site IMDB.

(1) Précédente adaptation :
Sally, fille de cirque (Sally of the Sawdust) film muet de David W. Griffith (1925) avec W.C. Fields et Carol Dempster.

21 juin 2013

La Déchéance de Miss Drake (1933) de Stephen Roberts

Titre original : « The Story of Temple Drake »

The Story of Temple DrakeJeune fille de bonne famille, Temple Drake mène une vie dissolue au grand désespoir de son grand-père, juge respectable qui en a la charge. Lors d’une de ses escapades trop arrosées qui s’achève par un accident de voiture, elle se retrouve hébergée de force par un gang de trafiquants d’alcool. Le chef Trigger a tout de suite des vues sur elle… L’adaptation du roman à scandale de William Faulkner Sanctuaire avait de quoi affoler tous les défenseurs de la morale. Il s’agit d’un roman sulfureux, écrit par Faulkner dans le but avoué de gagner de l’argent, qui décrit de façon explicite la déchéance pleinement acceptée d’une jeune fille de bonne famille du Sud dans la prostitution et la criminalité (1). Bien entendu, des concessions durent être faites, tout est suggéré et la fin fut entièrement modifiée pour redevenir morale, mais The Story of Temple Drake est un film qui marque par son atmosphère trouble. Tous les personnages de la bande de malfrats sont assez énigmatiques avec un petit côté fascinant. Ils habitent dans une de ces grandes demeures typiques du Sud, à demi-délabrée, très photogénique. La photographie et les éclairages sont absolument superbes, ils contribuent à conférer un caractère étrange à l’ensemble. La scène dans la grange, avec ses éclairages en claire-voie, est une merveille. The Story of Temple Drake est un film vraiment fascinant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Miriam Hopkins, William Gargan, Jack La Rue, Florence Eldridge, Guy Standing, Irving Pichel
Voir la fiche du film et la filmographie de Stephen Roberts sur le site IMDB.

Remarques :
The Story of Temple Drake* Le directeur de la photographie est Karl Struss, l’un des plus grands, il a travaillé avec Cecil B. DeMille, D.W. Griffith, Murnau (il a reçu un Oscar pour L’Aurore) et Chaplin.
* La carrière de Stephen Roberts sera hélas interrompue en 1936 par son décès dû à une crise cardiaque. Il n’avait alors que 40 ans.
* The Story of Temple Drake fut expurgé ou même entièrement interdit dans plusieurs états. Le film est souvent cité comme ayant joué un rôle de déclencheur dans la mise en place du Code Hays. Ce code très strict de moralité sera en effet mis en place définitivement l’année suivante, en 1934. Le film sera alors retiré des écrans et restera invisible pendant une vingtaine d’années.

(1) « J’ai songé à ce que je pouvais imaginer de plus horrible et je l’ai mis sur le papier. » a écrit Faulkner à propos de Sanctuaire.

Remake :
Sanctuaire (Sanctuary) de Tony Richardson (1961) avec Lee Remick et Yves Montand