10 janvier 2021

Les Siffleurs (2019) de Corneliu Porumboiu

Titre original : « La Gomera »

Les siffleurs (La Gomera)Cristi, un inspecteur de police de Bucarest corrompu par des trafiquants de drogue, est soupçonné par ses supérieurs et mis sur écoute. Embarqué malgré lui par la sulfureuse Gilda sur l’île de La Gomera (Canaries), il doit apprendre vite le Silbo, une langue sifflée ancestrale. Grâce à ce langage secret, il pourra faire évader de prison en Roumanie un mafieux et récupérer les millions cachés…
Le film turc Sibel (2018) nous avait fait découvrir le langage sifflé. Ce film roumain, écrit et réalisé par Corneliu Porumboiu, l’utilise de façon bien différente. Les Siffleurs est en effet un polar qui offre une belle symbiose de plusieurs genres cinématographiques : film noir bien entendu avec l’inévitable femme fatale (prénommée Gilda!), mais aussi espionnage, policier et même western dans certaines scènes. Le cinéaste en reprend les codes de façon délicatement satirique avec un humour discret. Loin de tous clichés, les personnages sont plutôt atypiques. Le résultat est un ensemble assez moderne, intelligent et très plaisant. Seule la fin se révèle un peu faible.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vlad Ivanov, Catrinel Marlon, Rodica Lazar, Agustí Villaronga, Sabin Tambrea
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Les siffleurs (La Gomera)Catrinel Marlon dans Les siffleurs (La Gomera) de Corneliu Porumboiu.

Les siffleurs (La Gomera)Rodica Lazar et Vlad Ivanov dans Les siffleurs (La Gomera) de Corneliu Porumboiu.

19 mars 2020

Salt (2010) de Phillip Noyce

SaltEvelyn Salt est un agent de premier ordre au sein de la CIA. Elle est chargée d’interroger un nouveau transfuge des services secrets russes. A la surprise générale, ce dernier la dénonce comme agent double à la solde de la Russie, chargée d’un assassinat politique pour le jour suivant…
Sur un scénario écrit par le scénariste et réalisateur Kurt Wimmer, Salt est un thriller politique d’action assez enlevé. Si l’histoire n’est pas d’une originalité extrême, la tension s’installe rapidement et les évènements s’enchaînent de façon fluide. Les scènes d’action, spectaculaires mais sans excès, se succèdent sans temps mort. Angelina Jolie est assez surprenante de crédibilité en agent surentraînée et pleine de ressources. Pas franchement mémorable mais divertissant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Angelina Jolie, Liev Schreiber, Chiwetel Ejiofor, Daniel Olbrychski, August Diehl
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Remarques :
Le film existe en trois versions différentes :
– la version cinéma de 100 mn
– une version Director’s cut de 104 mn
– une « version longue » de 101 mn qui présente un déroulé des évènements finaux assez différents (Wikipedia en donne le détail).

SaltLiev Schreiber, Chiwetel Ejiofor et Angelina Jolie dans Salt de Phillip Noyce.

3 décembre 2018

Alliés (2016) de Robert Zemeckis

Titre original : « Allied »

AlliésCasablanca 1942. L’agent canadien Max Vatan est parachuté pour accomplir une mission à haut risque avec la résistante française Marianne Beauséjour. Ils se font passer pour mari et femme auprès de la bonne société allemande et une relation forte se noue entre les deux agents…
Alliés est une super production anglo-américaine à la reconstitution soignée et dotée d’un casting de choix. Effectivement le duo formé par Marion Cotillard et Brad Pitt présente fort bien mais, hélas, il ne se dégage pas grand-chose de l’ensemble. Tout est très propre, formaté et toute sensation est étouffée par cette perfection. L’émotion ne se montre qu’à la toute fin (et encore, au moyen d’une facilité de scénariste). On s’ennuie un peu lors du déroulement des quelque deux heures du film.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Brad Pitt, Marion Cotillard
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Remarque :
* C’est un détail, mais que Brad Pitt parlant français avec son fort accent américain puisse être pris pour un français à l’accent parisien a de quoi nous faire sourire…

Brad Pitt et Marion Cotillard dans Alliés de Robert Zemeckis.

3 juin 2015

Le Mystère de la section 8 (1937) de Victor Saville

Titre original : « Dark Journey »

Le Mystère de la section 81915, la Première Guerre mondiale. Dans la capitale de la Suède qui s’est déclarée neutre, Madeleine Goddard est à la tête d’un magasin de mode qui vend des robes faites à Paris. Elle travaille aussi pour les services secrets et fait passer des informations…
Réalisé par le britannique Victor Saville et produit par Alexander Korda, Dark Journey est pour la jeune Vivien Leigh la première occasion d’être tout en haut de l’affiche (1). L’actrice y montre déjà une belle aisance qui couplée à sa beauté naturelle lui donne une grande présence à l’écran. Elle forme un beau couple avec le grand séducteur Conrad Veidt (l’acteur allemand dont l’épouse était juive s’était réfugié à Londres). L’actrice a avoué ne pas tout avoir compris dans cette histoire, il faut dire que la neutre Stockholm est présentée comme une place où les agents (parfois doubles) des différentes nations en guerre se font face et se côtoient (2). Cela engendre des situations assez compliquées car on ne sait pas toujours très bien qui est avec qui et contre qui. Soulignons que le but du propos n’est visiblement pas d’exalter la fibre patriotique, on ne prend pas partie car c’est l’amour qui au final est le plus fort. L’ensemble est de bonne facture, porté par la présence lumineuse de Vivien Leigh.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Conrad Veidt, Vivien Leigh, Joan Gardner
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Dark Journey
Vivien Leigh et Conrad Veidt dans Le Mystère de la section 8 de Victor Saville

Remarque :
* La base de l’histoire est de Victor Saville lui-même avec l’aide de l’américain John Monk Saunders et du scénariste de Korda, Lajos Biró.

(1) Victor Saville avait prévu d’engager Miriam Hopkins mais le producteur Alexander Korda la subtilisa pour un autre film (Men are not Gods, 1936) et lui proposa la jeune Vivien Leigh à la place.

(2) Sur ce plan, on peut faire le parallèle avec Casablanca, film où Conrad Veidt joue également (l’officier allemand de la Gestapo).

Dark Journey
Conrad Veidt et Vivien Leigh dans Le Mystère de la section 8 de Victor Saville

11 avril 2014

Möbius (2013) de Eric Rochant

MöbiusAlice réalise brillamment placements et autres montages financiers pour le compte d’une banque monégasque. Elle est approchée par une petite équipe russe qui désire la recruter pour obtenir des renseignements sur un oligarque russe… Eric Rochant est un cinéaste qui tourne bien trop peu. Vingt ans après Les Patriotes, il revient au film d’espionnage avec ce Möbius de fort belle facture dont il a écrit lui-même le scénario. Le scénario est bien ficelé, complexe juste ce qu’il faut, utilisant bien le climat actuel de luttes intestines dans les sphères du pouvoir russe et la mise à l’écart des oligarques sous Poutine. Son histoire est assez prenante. Evitant ainsi maniérisme et mimétisme, Eric Rochant fait montre ici d’une approche assez personnelle dans un genre très codifié : Möbius n’a pas cet aspect lisse des films calibrés et c’est très bien ainsi. Au chapitre des défauts : la gestion des langues n’est pas optimale, les américains par exemple sont affreusement doublés ce qui décrédibilise franchement certaines scènes.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jean Dujardin, Cécile De France, Tim Roth, Émilie Dequenne
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26 juin 2013

La Taupe (2011) de Tomas Alfredson

Titre original : « Tinker Tailor Soldier Spy »

La taupe1973, en pleine guerre froide, le chef des services secrets britanniques est mis sur la touche à la suite de l’échec d’une mission en Hongrie. Son plus proche adjoint, lui aussi congédié, est rappelé peu après par le ministère pour enquêter sur la présence d’une taupe, un agent double, au plus haut niveau du MI6… La Taupe est l’adaptation d’un roman de John Le Carré paru en 1974, le premier d’une trilogie consacrée à l’espion George Smiley interprété ici par Gary Oldman. Le film est une production anglo-franco-allemande réalisée par le suédois Tomas Alfredson. Par son style, il est très différent des films actuels qui misent tout sur l’action. La taupe renoue brillamment avec les grands films d’espionnage, reposant sur une intrigue solide et montrant une belle profondeur en insistant sur les rapports humains. Ici, l’important n’est pas tant de savoir qui est la taupe (nous savons dès le début qu’il s’agit de l’un des quatre chefs du MI6 et finalement peu importe que ce soit l’un ou l’autre) mais de savoir comment Smiley va pouvoir l’amener à se démasquer. Car l’écheveau est rendu difficile à démêler par les mises en scène du KGB, les agents doubles et les agents retournés. Gary Oldman compose un personnage très fort, vraiment étonnant, d’un flegme qui frise l’impassibilité, d’une froideur perçante (1). Tout aussi remarquable est l’atmosphère régnant dans l’enceinte du MI6 (surnommé « le Cirque ») : des bureaux vieillots et marqués par une envahissante bureaucratie. Nous sommes loin de l’univers de James Bond ! A l’image de son personnage principal, le rythme du film est très posé ce qui nous permet de bien suivre son cheminement. A l’opposé des films agités et tapageurs, La Taupe est un film remarquable.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Gary Oldman, John Hurt, Colin Firth, Benedict Cumberbatch, Mark Strong, Toby Jones, Ciarán Hinds
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Remarque :
John Le Carré fait une apparition en tant que figurant dans la scène de la fête de Noël.

(1) Gary Oldman dit avoir basé son jeu sur l’une des phrases du livre où Ann, la femme de George, dit de lui : « George est comme un reptile qui baisse sa température pour qu’elle soit la même que celle la pièce dans laquelle il se trouve. » Effectivement, le personnage tel qu’il est joué par Gary Oldman évoque un reptile par certains aspects, extrêmement économe.