30 juin 2012

Sommaire de juin 2012

La mèreBancs publics - Versailles rive droiteMr. LuckyUn balcon sur la merL'homme qui voulait vivre sa vieStalkerCopie conformeNuits d'ivresse printanière
La mère (1926) de Vsevolod Poudovkine
Bancs publics – Versailles rive droite (2009) de Bruno Podalydès
Mr. Lucky (1943) de H.C. Potter
Un balcon sur la mer (2010) de Nicole Garcia
L’homme qui voulait vivre sa vie (2010) de Eric Lartigau
Stalker (1979) de Andreï Tarkovski
Copie conforme (2010) de Abbas Kiarostami
Nuits d’ivresse printanière (2009) de Ye Lou
Le sergent noirL'étauLa Chartreuse de ParmeTamara DrewePoticheThe ReaderMinuit à ParisWhatever Works
Le sergent noir (1960) de John Ford
L’étau (1969) de Alfred Hitchcock
La Chartreuse de Parme (1948) de Christian-Jaque
Tamara Drewe (2010) de Stephen Frears
Potiche (2010) de François Ozon
The Reader (2008) de Stephen Daldry
Minuit à Paris (2011) de Woody Allen
Whatever Works (2009) de Woody Allen
Freud, passions secrètesSatanTaking OffNinotchkaLe fils de FrankensteinLa cordeLa proie du mortAssassinat
Freud, passions secrètes (1962) de John Huston
Satan (1920) de Wallace Worsley
Taking Off (1971) de Milos Forman
Ninotchka (1939) de Ernst Lubitsch
Le fils de Frankenstein (1939) de Rowland V. Lee
La corde (1948) de Alfred Hitchcock
La proie du mort (1941) de W.S. Van Dyke
Assassinat (1964) de Masahiro Shinoda
BeginnersFat CityLe pont de la rivière KwaiLes BarbouzesFantômes à Rome
Beginners (2010) de Mike Mills
Fat City (1972) de John Huston
Le pont de la rivière Kwai (1957) de David Lean
Les Barbouzes (1964) de Georges Lautner
Fantômes à Rome (1961) de Antonio Pietrangeli

Nombre de billets : 29

30 juin 2012

La Mère (1926) de Vsevolod Poudovkine

Titre original : « Mat »

La mèreEn 1905, dans la Russie tsariste, une mère qui vient de perdre son mari est emplie de crainte de voir son fils prendre une part active dans le soulèvement qui se prépare. Le fils est arrêté…
Tout comme Le Cuirassé Potemkine, La mère est une commande du gouvernement soviétique pour célébrer le vingtième anniversaire de la révolution avortée de 1905. Si l’on peut trouver une certaine similitude dans le déroulement global du récit (soulèvement qui se termine par une répression sanglante), le cinéma de Poudovkine est très différent de celui d’Eisenstein. Elève de Koulechov, Poudovkine accorde une grande importance au montage qu’il considère comme un langage à part entière. Par un découpage rigoureux, il obtient un montage très riche où les rythmes varient, souvent rapides, frénétiques parfois, et aboutit à un final lyrique. Poudovkine détermine la durée de chaque plan dès l’écriture du scénario, allant jusqu’à utiliser des formules mathématiques. Autre différence majeure avec Eisenstein, il bâtit son récit autour de quelques personnages principaux (le spectateur peut ainsi s’identifier à un personnage) et utilise des acteurs professionnels pour atteindre une plus grande intensité. Sur le plan de l’histoire en elle-même, on retrouve bien entendu le thème récurrent de la prise de conscience politique face à la sauvagerie et à l’injustice ; mais le récit est épuré, réduit à l’essentiel et cette simplicité, couplée à la force des images générée par le montage, a donné à son film toute sa puissance et son impact auprès du public. La mère fut un très grand succès populaire.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Vera Baranovskaya, Nikolai Batalov, Aleksandr Chistyakov, Ivan Koval-Samborsky
Voir la fiche du film et la filmographie de Vsevolod Poudovkine sur le site IMDB.
Voir les autres films de Vsevolod Poudovkine chroniqués sur ce blog…

La mère

Remarques :
* Le scénario est librement adapté du roman de Maxime Gorki.

* « Alors qu’un film d’Eisenstein est un cri, les films de Poudovkine sont des chants modulés et prenants. » Cette citation célèbre de Léon Moussinac décrit parfaitement la différence entre les deux cinéastes. Léon Moussinac est un historien et critique du cinéma dont le premier livre sur le cinéma soviétique a paru en 1928.
Léon Moussinac a également écrit à propos de La mère :
« Les « types » de Poudovkine sont simples et complets parce qu’ils figurent non pas un « moment » de l’humanité mais la nature même de l’humanité, dans ce qu’elle a d’éternel et de fatal. Ces types sont aussi inoubliables parce qu’ils sont intimement et puissamment liés au thème général abordant les grands faits sociaux auxquels les hommes, avec ou contre leur gré, participent sans cesse. »

* La scène de la fonte des glaces sur le fleuve de La mère a été, sans aucun doute, inspirée de celle de Way down East de D.W. Griffith (1921). Poudovkine en fait une puissante métaphore du peuple en colère qui va se heurter aux troupes à cheval.

Autres adaptations du roman de Gorki :
La Mère (Mat) du soviétique Mark Donskoy (1956), adaptation plus fidèle au roman.
La Mère (Mat) du soviétique Gleb Panfilov (1993).

29 juin 2012

Bancs publics – Versailles rive droite (2009) de Bruno Podalydès

Bancs publicsFace à un immeuble de bureaux, un homme a mis sa fenêtre une large  banderole : « Homme seul »… Tel est le point de départ de Bancs publics (Versailles rive droite), le troisième et ultime film de la trilogie de Bruno Podalydès dite des « gares de Versailles ». Cette fois, il est totalement sur le registre de l’humour, le film étant une succession de saynètes à peine reliées par un fil conducteur. L’humour s’installe doucement, lors de la première partie dans les bureaux, et s’intensifie au fur et à mesure que le film avance. Dans le square, nous avons une succession de situations jouant sur les rapports humains et la dernière partie, dans le magasin de bricolage, est une suite ininterrompue de mini-scènes utilisant beaucoup nos rapports aux objets (et aux outils !) D’une manière générale, la quantité de gags est impressionnante, c’est un humour qui semble jouer avec l’absurde mais en réalité toutes les situations sont plausibles, on peut les rencontrer dans la vie réelle. Le film nous donne un recul énorme et c’est alors qu’elles nous paraissent absurdes voire anachroniques. Le type d’humour est assez proche de celui du regretté Raymond Devos. L’humour très fin, parfois par petites touches, le jeu avec les objets, la petite dose de poésie, tout cela nous fait aussi inévitablement penser à Jacques Tati. La liste des acteurs qui ont participé est impressionnante, chacun apportant son jeu personnel ce qui donne au film une grande richesse. Bancs publics (Versailles rive droite) n’a pas eu le succès qu’il méritait, c’est dommage car c’est une petite merveille d’humour.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Denis Podalydès, Florence Muller, Samir Guesmi, Olivier Gourmet, Bruno Podalydès
Voir la fiche du film et la filmographie de Bruno Podalydès sur le site IMDB.
Voir les autres films de Bruno Podalydès chroniqués sur ce blog…

Liste des acteurs les plus connus ayant participé :
Mathieu Amalric, Pierre Arditi, Michel Aumont, Josiane Balasko, Didier Bourdon, Bernard Campan, Micheline Dax, Catherine Deneuve, Julie Depardieu, Emmanuelle Devos, Vincent Elbaz, Nicole Garcia, Hippolyte Girardot, Chantal Lauby, Pascal Légitimus, Thierry Lhermitte, Michael Lonsdale, Chiara Mastroianni, Benoît Poelvoorde, Catherine Rich, Claude Rich, Elie Semoun, Bruno Solo

Ce film fait partie d’une trilogie de Bruno Podalydès portant le nom des gares de Versailles :
Versailles Rive Gauche (1992), court-métrage de 45 mn
Dieu seul me voit – Versailles-Chantiers (1998) série de 6 x 1h tournée en 1996 ramenée à 2 heures pour la sortie en salles en 1998.
Bancs publics – Versailles Rive Droite (2009)

28 juin 2012

Mr. Lucky (1943) de H.C. Potter

Mr. LuckyUn teneur de tripot clandestin installé sur un bateau cherche à s’engager dans une association caritative. Son but n’est pas tant de collecter de l’argent pour les soldats américains que de le détourner à son profit. Mais il doit d’abord convaincre la jeune femme qui dirige l’association… Mr. Lucky fait partie de ces films fait pendant la Seconde Guerre mondiale dans le but d’encourager l’esprit civique et le patriotisme des américains. C’est une comédie avec Cary Grant, l’un des acteurs les plus populaires à l’époque. Malgré un bon scénario, le résultat est hélas plutôt décevant : si on note quelques (rares) bons moments, le film n’est guère servi par les dialogues, plutôt plats, ni par une mise en scène qui manque de cohérence et surtout de rythme. Cela ne l’empêcha pas d’être un énorme succès. Sans aucun doute, Mr. Lucky répondait parfaitement aux aspirations du public à ce moment précis.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Cary Grant, Laraine Day, Charles Bickford, Gladys Cooper, Kay Johnson, Florence Bates
Voir la fiche du film et la filmographie de H.C. Potter sur le site IMDB.

Remarque :
Le film sera repris en série télévisée à la fin des années cinquante (CBS TV) et adapté en français pour l’ORTF en 1965 sous le titre français Bonne chance M. Lucky.

27 juin 2012

Un balcon sur la mer (2010) de Nicole Garcia

Un balcon sur la merAgent immobilier sur la Côte d’Azur, Marc fait visiter une belle bastide à une cliente potentielle. Après quelque temps, il reconnaît en elle la jeune fille qu’il a connue à l’âge de 13 ans quand ses parents habitaient en Algérie… Réalisé par Nicole Garcia, Un balcon sur la mer est un film plein de délicatesse. Alors qu’il a une petite vie bien réglée, son personnage voit ressurgir un passé qu’il avait, consciemment ou inconsciemment, oublié, un tendre amour de jeunesse dans un environnement particulièrement troublé (la guerre d’Algérie). Quelle est la place à donner à un passé que l’on sait révolu ? Nicole Garcia puise un peu dans son passé personnel, Oran (où toutes les scènes de flashback ont été tournées) est sa ville natale. Jean Dujardin démontre ici qu’il peut tenir brillamment un rôle avec une certaine profondeur et la canadienne Marie-Josée Croze montre une belle fragilité. Un balcon sur la mer est un film délicat et touchant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jean Dujardin, Marie-Josée Croze, Toni Servillo, Sandrine Kiberlain, Michel Aumont, Claudia Cardinale
Voir la fiche du film et la filmographie de Nicole Garcia sur le site IMDB.

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26 juin 2012

L’homme qui voulait vivre sa vie (2010) de Eric Lartigau

L'homme qui voulait vivre sa vieJeune avocat d’affaires, Paul Exben réalise que sa femme le trompe avec un ami photographe. Durement ébranlé, il va changer totalement de vie à la suite d’un évènement tragique… Adaptation du roman homonyme de Douglas Kennedy, L’homme qui voulait vivre sa vie paraît bien conventionnel dans ses premières minutes : un très classique portrait du milieu bobo parisien, avec un regard qui se voudrait acerbe mais que ne l’est pas du tout. Puis tout bascule et l’histoire prend toute sa place ; l’intérêt revient grâce au scénario. Toutefois, on ne peut pas dire que l’adaptation soit très réussie : Eric Lartigau reste en surface avec un personnage qui n’a aucune profondeur, dont on ne sent pas les aspirations. L’ensemble paraît un peu laborieux. Par ailleurs, Romain Duris n’est crédible ni en avocat ni en photographe.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Romain Duris, Marina Foïs, Niels Arestrup, Branka Katic, Catherine Deneuve
Voir la fiche du film et la filmographie de Eric Lartigau sur le site IMDB.
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Remarques :
* Les photos utilisées dans le film, notamment pour l’exposition, sont d’Antoine d’Agata, photographe français qui fait partie du collectif Magnum Photos (site internet).
* Le film a été en partie tourné au Montenegro. Le superbe paysage que l’on voit sur la terrasse de la maison que le personnage loue est celui des bouches de Kotor (voir sur le site de l’UNESCO)

25 juin 2012

Stalker (1979) de Andreï Tarkovski

StalkerA la suite d’un min-cataclysme créé, pense-t-on, par la chute d’un météorite, une région est déclarée zone interdite, gardée par les autorités. Seuls quelques passeurs, les stalkers, parviennent à entrer. L’un deux accepte d’emmener un écrivain et un physicien à la recherche d’un lieu mythique, la Chambre, où chacun peut voir ses désirs exaucés… Adaptation assez libre d’un roman des frères Strougatski, écrivains russes de science-fiction assez kafkaïenne, Stalker est un film à nul autre pareil. Dans cette longue et austère quête, Tarkovski oppose constamment la Foi et la Raison. Le stalker représente la Foi, le physicien la Raison, l’écrivain se situant un peu entre les deux dans une démarche de recherche artistique. Tarkovski oppose aussi la Russie (et non l’U.R.S.S.) et l’Occident. La Zone est un endroit de recherche spirituelle, où la nature et les humbles reprennent leurs droits. Bien qu’assez dépouillée, l’image est très travaillée. Avec peu de moyens, Tarkovski parvient à créer des lieux assez uniques, comme cette vaste salle aux petits monticules de sable. Stalker est un film assez marquant, il possède une dimension métaphysique qui le rend atemporel.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Alisa Freyndlikh, Aleksandr Kaydanovskiy, Anatoliy Solonitsyn, Nikolay Grinko
Voir la fiche du film et la filmographie de Andreï Tarkovski sur le site IMDB.

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Stalker

24 juin 2012

Copie conforme (2010) de Abbas Kiarostami

Copie conformeDans la ville d’Arezzo en Toscane, l’écrivain anglais James Miller présente son dernier livre sur la valeur d’une copie en art par rapport à l’original. Une femme laisse son adresse et l’écrivain passe la voir le lendemain. Ils partent ensemble visiter le village de Lucignano… Copie conforme de l’iranien Abbas Kiarostami n’est pas un film qui se livre facilement, il est un peu difficile de démêler le vrai du faux car nous avons des impressions contradictoires (1). Le thème central tourne autour de ces questions : Le faux a-t-il la même valeur que le vrai ? Peut-il faire aimer le vrai ? Ici, la femme prend l’homme à son propre piège en lui montrant le faux pour obtenir le vrai. Abbas Kiarostami filme superbement la Toscane et le village de Lucignano (et un très beau plan où nous voyons les maisons d’Arezzo dans le reflet du pare-brise). William Shimell, chanteur d’opéra baryton, est ici dans son premier rôle au cinéma. Il a un jeu sans doute un peu rigide mais une belle présence.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Juliette Binoche, William Shimell
Voir la fiche du film et la filmographie de Abbas Kiarostami sur le site IMDB.
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Remarques :
* L’homme qui donne un conseil sur la place est interprété par Jean-Claude Carrière.
* Le village de Lucignano en Toscane est effectivement un lieu de mariages du fait de la curieuse légende de l’Arbre de vie et de l’amour. C’est une sculpture datant du XIVe siècle représentant un arbre enchâssé de pierres précieuses au pied duquel on doit faire les promesses de mariage.

(1) Ne pas lire ce qui suit si vous avez l’intention de voir le film prochainement :
Il est assez difficile de démêler le vrai du faux dans Copie conforme. Le plus probable (à mes yeux) est qu’ils se sont rencontrés brièvement à Florence, 5 ans auparavant, et que la femme cherche à le séduire en l’entrainant dans un jeu où ils jouent à être un vieux couple (le vrai basculement intervenant dans le café). L’enfant n’est pas un fils commun (cf. attitude du fils à la conférence et le fait que la femme parle au père au téléphone dans la galerie d’art). Eléments troublants : 1) Comment savait-elle qu’il ne se rasait qu’un jour sur deux ? Probablement, ce détail figure dans son livre. 2) L’histoire de l’assoupissement en voiture (avec peut-être le décès d’un autre enfant) ? Probablement, une invention de James par jeu en réponse à l’histoire inventée de l’endormissement prématuré du mari le soir de leurs 15 ans de mariage. 3) Pourquoi vont-ils si loin dans leur jeu au restaurant ? Lui, sans doute parce qu’il ne sait pas quelle décision prendre, elle, c’est plus étonnant car le jeu est dangereux.

Homonyme :
Copie conforme de Jean Dréville (1947) avec Louis Jouvet et Suzy Delair.

23 juin 2012

Nuits d’ivresse printanière (2009) de Ye Lou

Titre original : « Chun feng chen zui de ye wan »

Nuits d'ivresse printanièreDans la ville de Nanjing en Chine, un jeune homme est engagé pour surveiller un mari qui a une liaison avec un homme. Il a lui-même ensuite une aventure avec l’autre homme… Lou Ye a tourné clandestinement son film en Chine sur un sujet particulièrement tabou. Film dont le sujet principal est l’homosexualité, Nuits d’ivresse printanière est un triangle amoureux qui nous emmène au cœur de la vie nocturne de Nanjing. Le film est très déroutant, plus par sa forme que par son sujet. Bien entendu, les conditions imposaient d’utiliser des moyens de fortune pour filmer ce qui est explique l’image très granuleuse et les tremblements assez constants. Mais c’est le déroulement du scénario qui déroute le plus : alors que l’histoire est somme toute assez simple, on passe son temps à essayer de comprendre ce qui se passe, l’ensemble nous paraissant toujours confus. La récompense que le film a reçue à Cannes en 2009 (Prix du Scénario) paraît bien mal choisie…
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Hao Qin, Sicheng Chen, Zhuo Tan, Wei Wu
Voir la fiche du film et la filmographie de Ye Lou sur le site IMDB.

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22 juin 2012

Le sergent noir (1960) de John Ford

Titre original : « Sergeant Rutledge »

Le sergent noirDans une petite bourgade d’Arizona, le sergent Rutledge comparait devant la Cour Martiale. Il est accusé de viol et de meurtre… La fin des années cinquante à Hollywood et le début des années soixante voient une importance de plus en plus grande donnée aux acteurs noirs avec de vrais personnages de premier plan (et non plus des seconds rôles). Le sergent noir en est l’un des plus beaux exemples. John Ford se plait à le tourner pour faire taire les accusations de racisme qu’il entend parfois et il en fait un très grand personnage, empreint de noblesse, de rigueur et surtout de dignité. Sa tirade célèbre à son procès est d’une très grande force, vraiment digne des plus grands héros fordiens. L’image est superbe avec de belles scènes de désert. Véritable plaidoyer contre le racisme, Le sergent noir fait bien partie des grands westerns de John Ford.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jeffrey Hunter, Constance Towers, Billie Burke, Woody Strode
Voir la fiche du film et la filmographie de John Ford sur le site IMDB.
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Remarques :
* John Ford a donné le nom de Rutledge à son sergent noir. C’est tout un symbole quand on sait qu’Ann Rutledge était le nom de l’amour de jeunesse d’Abraham Lincoln (voir Vers sa destinée, Young Mr Lincoln).
* L’acteur Woody Strode (qui interprètre de sergent Rutledge) restera ami avec John Ford. C’est même lui qui lui tiendra la main dans ses tous derniers instants (John Ford est mort en 1973).
* Formés en 1866, les 9e et 10e régiments de cavalerie étaient effectivement composés entièrement de soldats noirs, avec à leur tête un officier blanc. Ce sont les indiens qu’ils combattaient qui les ont surnommés « buffalo soldiers ».