14 février 2020

Le Roi des rois (1961) de Nicholas Ray

Titre original : « King of Kings »

Le Roi des rois (King of Kings)Que Nicholas Ray ait pu diriger une version de la vie du Christ a de quoi nous surprendre. C’est le producteur Samuel Bronston qui est allé le chercher en remplacement de John Farrow (1). Le scénario prend des libertés avec la Bible et met l’accent sur l’oppression du peuple par Hérode avec l’appui des romains. Le personnage de Barrabas, habituellement simple criminel condamné à mort, devient un guérillero qui s’active à provoquer un soulèvement armé et cherche l’appui de Jésus. Le film se situe dans le sillon de la vogue des péplums (l’affiche américaine ci-contre est fortement inspirée de celle de Ben-Hur) et les scènes de foules ou de légions romaines impressionnent avec leurs innombrables figurants. La musique de Miklos Rozsa contribue également à donner de l’ampleur. L’ensemble est très bien équilibré, sans excès malgré une coloration américaine assez marquée, due principalement à la distribution. Le film fut assez critiqué à sa sortie et ce n’est que bien plus tard que ce Roi des rois de Nicholas Ray fut reconnu comme l’une des meilleures adaptations de la vie du Christ au cinéma.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jeffrey Hunter, Robert Ryan, Hurd Hatfield, Ron Randell, Viveca Lindfors, Brigid Bazlen, Harry Guardino, Rip Torn, Frank Thring, Royal Dano
Voir la fiche du film et la filmographie de Nicholas Ray sur le site IMDB.

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Remarques :
* La narration en voix off, dite par Orson Welles, a été écrite par Ray Bradbury (ni l’un ni l’autre ne sont crédités au générique).
* A sa sortie, beaucoup raillèrent l’apparence trop juvénile de Jésus. Jeffrey Hunter avait pourtant l’âge requis (33 ans) mais il est vrai que les représentations courantes étaient celles d’un homme d’apparence plus âgée. A noter que Cecil B. DeMille, en 1927, avait pris un acteur qui avait 50 ans. Les autres films, pour la plupart, s’arrangeaient pour ne pas montrer son visage.

(1) Le projet était initialement prévu pour être dirigé par John Farrow. Fervent catholique, il voulait n’utiliser que les écrits de la Bible comme dialogues. Son scénario fut jugé impossible à tourner et le producteur Samuel Bronston le remplaça par Nicholas Ray.

Le Roi des rois (King of Kings)Jeffrey Hunter est Jésus dans Le Roi des rois (King of Kings) de Nicholas Ray.

Le Roi des rois (King of Kings)Le Roi des rois (King of Kings) de Nicholas Ray.

Le Roi des rois (King of Kings)Robert Ryan est Jean le Baptiste dans Le Roi des rois (King of Kings) de Nicholas Ray.

Le Roi des rois (King of Kings)Répression du soulèvement du peuple.
Dessin très proche d’une scène du film Le Roi des rois (King of Kings) de Nicholas Ray.

Homonyme :
Le Roi des rois (King of Kings) de Cecil B. DeMille (1927)

10 août 2014

Jesse James, le brigand bien-aimé (1957) de Nicholas Ray

Titre original : « The True Story of Jesse James »

Jesse James, le brigand bien-aiméAprès une tentative ratée de hold-up, Jesse et Frank James sont poursuivis. Se cachant dans une grotte, ils se remémorent leur parcours… Jesse James, le brigand bien-aimé est le remake du film homonyme d’Henry King de 1939. C’est l’idée de faire interpréter Jesse James par Elvis Presley qui a décidé Nicholas Ray à accepter le projet. En réalité, La Fox lui imposera Robert Wagner mais Nicholas Ray gardera l’idée d’en faire un rebelle, un grand adolescent perdu dans un monde hostile, qui devient par la suite prisonnier de son parcours, comme forcé de continuer à piller des banques alors que la motivation n’est plus là. Un rebelle sans cause ? Il est bien entendu tenant de faire un rapprochement avec le James Dean de La Fureur de vivre mais le développement est ici très différent : son Jesse James ne mûrit pas et cela causera sa perte. La construction est basée sur trois longs flashbacks initiés à chaque fois par une personne différente (la mère, la femme, Frank). On peut regretter un certain manque de présence des acteurs. Nicholas Ray s’est heurté à Buddy Adler de la direction de la Fox durant la production du film : il semblerait que le réalisateur ait refusé de participer au montage.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Wagner, Jeffrey Hunter, Hope Lange, Agnes Moorehead
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Remarques :
* Le plan de la spectaculaire chute de cheval depuis le haut d’une falaise dans la rivière est un plan repris de la version de 1939, de même que celui du cheval qui traverse une vitrine.
* John Carradine joue dans les deux versions : dans la version de 1939, il était Robert Ford alors qu’ici il interprète le révérend qui baptise Jesse et Zee.

Version précédente :
Le brigand bien aimé (Jesse James) d’Henry King (1939) avec Tyrone Power et Henry Fonda

12 septembre 2012

La prisonnière du désert (1956) de John Ford

Titre original : « The searchers »

La prisonnière du désertAu Texas en 1868, Ethan revient chez son frère qui vit à la limite du désert. Lors d’une attaque indienne, le frère et sa femme sont tués et leurs filles enlevées. Ethan part à leur recherche avec le jeune Martin… Adapté d’un roman d’Alan Le May, La prisonnière du désert (The Searchers) est l’un des plus beaux westerns qui soient, probablement le plus beau. Cette longue quête est aussi une quête personnelle ; Ethan et Martin sont des personnages que tout oppose. Ethan est un solitaire, qui vit en marge de la société et qui est aveuglé par sa haine et sa soif de vengeance. Martin est plus humain, avec la maladresse de la jeunesse mais une volonté inébranlable et une soif de vie. La prisonnière du désert John Ford approche de la perfection. La maitrise technique est manifeste et la photographie, les mouvements de caméra, les cadrages sont absolument superbes. La scène d’ouverture en est le plus bel exemple. Par son contenu, sa mise en scène, sa beauté graphique, La prisonnière du désert est une pure merveille.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: John Wayne, Jeffrey Hunter, Vera Miles, Ward Bond, Natalie Wood, Henry Brandon, Harry Carey Jr., Antonio Moreno
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Remarque :
Un petit reportage sur le tournage de The Searchers a été tourné et diffusé à la télévision au moment de la sortie du film. C’est ainsi l’un des premiers films à avoir bénéficié d’un making-of.

La prisonnière du désert de John Ford
« Ethan ? »
Le célèbre plan d’ouverture de La Prisonnière du désert de John Ford.

22 juin 2012

Le sergent noir (1960) de John Ford

Titre original : « Sergeant Rutledge »

Le sergent noirDans une petite bourgade d’Arizona, le sergent Rutledge comparait devant la Cour Martiale. Il est accusé de viol et de meurtre… La fin des années cinquante à Hollywood et le début des années soixante voient une importance de plus en plus grande donnée aux acteurs noirs avec de vrais personnages de premier plan (et non plus des seconds rôles). Le sergent noir en est l’un des plus beaux exemples. John Ford se plait à le tourner pour faire taire les accusations de racisme qu’il entend parfois et il en fait un très grand personnage, empreint de noblesse, de rigueur et surtout de dignité. Sa tirade célèbre à son procès est d’une très grande force, vraiment digne des plus grands héros fordiens. L’image est superbe avec de belles scènes de désert. Véritable plaidoyer contre le racisme, Le sergent noir fait bien partie des grands westerns de John Ford.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jeffrey Hunter, Constance Towers, Billie Burke, Woody Strode
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Remarques :
* John Ford a donné le nom de Rutledge à son sergent noir. C’est tout un symbole quand on sait qu’Ann Rutledge était le nom de l’amour de jeunesse d’Abraham Lincoln (voir Vers sa destinée, Young Mr Lincoln).
* L’acteur Woody Strode (qui interprètre de sergent Rutledge) restera ami avec John Ford. C’est même lui qui lui tiendra la main dans ses tous derniers instants (John Ford est mort en 1973).
* Formés en 1866, les 9e et 10e régiments de cavalerie étaient effectivement composés entièrement de soldats noirs, avec à leur tête un officier blanc. Ce sont les indiens qu’ils combattaient qui les ont surnommés « buffalo soldiers ».