10 février 2023

12 Years a Slave (2013) de Steve McQueen

12 Years a SlaveAux États-Unis, en 1841 (soit quelques années avant la guerre de Sécession), Solomon Northup est un homme libre originaire de l’État de New York. Il y habite avec sa femme et ses deux enfants. Un jour, il est approché par deux hommes, de prétendus artistes, qui le droguent et l’enchaînent avant de l’emmener à La Nouvelle-Orléans pour le vendre comme esclave…
12 Years a Slave (ou Esclave pendant douze ans au Québec) est un drame historique produit et réalisé par le britannique Steve McQueen. Il s’agit de l’adaptation de l’autobiographie Douze ans d’esclavage de Solomon Northup parue en 1853. Ce livre fut un best-seller à son époque avant d’être oublié puis redécouvert dans les années soixante. Ce récit a une grande valeur historique car il témoigne avec précision du quotidien des esclaves. Il méritait d’être adapté au cinéma. 12 Years a Slave est bouleversant et révoltant. Il nous montre la cruauté extrême des comportements engendrés par l’esclavage institutionnalisé dans le sud des Etats-Unis. Plusieurs scènes sont difficiles à supporter. Si on ne peut critiquer le film sur le fond, on peut toutefois émettre des reproches sur sa forme. Bien que britannique, Steve McQueen utilise les pires recettes hollywoodiennes pour appuyer les effets destinés à provoquer notre dégoût face à ces pratiques barbares et inhumaines. Cela engendre hélas une certaine artificialité. Malgré tout, 12 Years a Slave est loin d’être inutile, il frappe les esprits. Il fut triplement oscarisé.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Chiwetel Ejiofor, Michael Fassbender, Lupita Nyong’o, Sarah Paulson, Benedict Cumberbatch, Brad Pitt, Paul Dano
Voir la fiche du film et la filmographie de Steve McQueen sur le site IMDB.
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12 Years a SlaveLupita Nyong’o, Michael Fassbender et Chiwetel Ejiofor dans 12 Years a Slave de Steve McQueen.

4 mai 2016

Vaudou (1943) de Jacques Tourneur

Titre original : « I Walked with a Zombie »

VaudouUne jeune infirmière canadienne est embauchée par un propriétaire de plantation sur une île des Caraïbes pour prendre soin de sa femme qui semble souffrir d’une sorte de paralysie mentale… Vaudou est le deuxième des trois films tournés par Jacques Tourneur en 1942-43 pour le producteur Val Lewton. L’histoire est en réalité une adaptation déguisée de Jane Eyre (de Charlotte Brontë), transposée dans les Antilles. Si le film est empreint d’une très forte atmosphère, ce n’est pas tant pour générer l’angoisse, qui n’est là que par petites touches, mais plutôt pour donner une belle profondeur aux personnages et une indéniable dimension psychologique. Une certaine poésie se dégage même de l’ensemble d’autant plus que la photographie de J. Roy Hunt est superbe, jouant beaucoup avec les ombres. Contre toute attente, les autochtones noirs ne sont pas ridiculisés, ils sont même traités avec respect. Cette volonté de s’éloigner des clichés raciaux traditionnels est assez unique dans le cinéma hollywoodien de l’époque. S’agissant d’un « B-movie », il n’y a pas d’acteur de premier plan mais les rôles sont très bien tenus, Frances Dee a une belle présence et Tom Conway (de son vrai nom Thomas Charles Sanders, il est le frère de George Sanders) offre un beau mélange de solennité et de mystère. Vaudou est un très beau film.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: James Ellison, Frances Dee, Tom Conway
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Remarques :
* Les trois films fantastiques/d’horreur réalisés par Jacques Tourneur pour Val Lewton :
1. La Féline (Cat People) (1942)
2. Vaudou (I Walked with a Zombie) (1943)
3. L’homme-léopard (The Leopard-Man) (1943).
Ces trois films étaient des « B-movies ».

* Le scenario a été écrit successivement par Curt Siodmak (le frère de Robert Siodmak) et Ardel Wray en partant d’une histoire écrite par Inez Wallace parue dans American Weekly. C’est Val Lewton qui orienta l’histoire pour la rendre plus proche de celle de Jane Eyre.

* Il est bien rare que le titre français d’un film américain soit plus approprié que le titre original. C’est le cas ici. Le titre original, franchement ridicule, aurait été imposé à Val Lewton par la RKO. C’était le titre de l’histoire originale écrite par Inez Wallace.

* La chanson « Shame and Scandal in the Family » a été écrite par Sir Lancelot (qui l’interprète dans le film) et Ardel Wray. Cette chanson a par la suite été reprise par The Kingston Trio, Odetta, Peter Tosh and The Wailers…

Vaudou
Frances Dee et Tom Conway dans Vaudou de Jacques Tourneur.

Vaudou

Vaudou
Christine Gordon, Frances Dee et Tom Conway dans Vaudou de Jacques Tourneur (photo publicitaire).

16 avril 2013

La chatte sur un toit brûlant (1958) de Richard Brooks

Titre original : « Cat on a Hot Tin Roof »

La chatte sur un toit brûlantDans une prospère plantation du Mississippi, on fête le soixante-cinquième anniversaire du patriarche, Big Daddy, qui est sur le point de mourir d’un cancer. Le couple de son fils, Brick, est en pleine crise. Il repousse constamment sa jolie femme Maggie et tente de noyer son dégoût dans l’alcool… La chatte sur un toit brûlant est une pièce de Tennessee Williams qui remporta un grand succès à Broadway sous la direction d’Elia Kazan. Mais c’est pourtant Richard Brooks qui l’adaptera au grand écran (1) avec un couple d’acteurs très photogéniques : Elizabeth Taylor et Paul Newman. Hollywood oblige, toute référence à l’homosexualité de Brick a été gommée mais il reste toute la puissance et l’intensité qui sont propres aux pièces de Tennessee Williams. La frustration, la cupidité, le mensonge, la culpabilité nourrissent l’atmosphère surchauffée de ce drame familial qui débouche sur des réflexions plus profondes sur la vie ou la mort. La chatte sur un toit brûlantTous les rôles sont magnifiquement tenus à commencer bien entendu par le tout jeune (et très beau) Paul Newman et une Elizabeth Taylor dont la sensualité a de quoi réveiller un mort (2). Burl Ives, de son côté, exprime une force peu commune. Oui, finalement, malgré toutes les concessions faites lors de l’adaptation, La chatte sur un toit brûlant conserve bien toute sa puissance.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Elizabeth Taylor, Paul Newman, Burl Ives, Jack Carson, Judith Anderson, Madeleine Sherwood
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Remarques :
* Burl Ives (Big Daddy) et Madeleine Sherwood (Mae) tenaient déjà le même rôle dans la pièce jouée à Broadway sous la direction d’Elia Kazan ; Ben Gazzara interprétait Brick et Barbara Bel Geddes était Maggie.
* Le film était prévu pour être tourné en noir et blanc mais Richard Brooks insista pour tourner en couleurs afin de profiter des yeux bleus de Paul Newman et ceux d’Elizabeth Taylor, couleur violette. Les couleurs sont d’ailleurs superbes.

(1) Elia Kazan était en désaccord avec Tennessee Williams à propos de certaines modifications nécessaires selon lui. La situation se reproduira avec Doux oiseau de jeunesse (Sweet Bird of Youth) dont la pièce sera montée à Broadway par Elia Kazan pour être ensuite portée à l’écran en 1962 par Richard Brooks (avec… Paul Newman dans le rôle principal).
(2) On pourra remarquer que toute cette sensualité dégagée par l’actrice, loin de nous détourner de l’action, intensifie le drame car elle amplifie l’importance du refus de Brick.