12 novembre 2019

Les feux de l’été (1958) de Martin Ritt

Titre original : « The Long, Hot Summer »

Les feux de l'été (The Long, Hot Summer)Accusé d’avoir incendié une grange et chassé de sa ville, Ben Quick arrive à Frenchmen’s Bend, Mississippi. Il parvient à se faire accepter par Will Varner qui domine la bourgade et règne en despote sur sa propre famille…
Les feux de l’été est adapté du roman Le Hameau de William Faulkner mais il évoque plutôt Tennessee Williams par son atmosphère. Martin Ritt met en scène cette histoire de façon mesurée, sans excès de dramatisation ou de lyrisme. Il semble même osciller entre le drame et la comédie, sans vraiment vouloir choisir. Le déroulement manque un peu de cohésion mais seul le happy-end paraît maladroitement plaqué. Le film est porté par son interprétation : Orson Welles donne une forte personnalité et beaucoup de présence à son personnage, Paul Newman a un jeu assez simple en arriviste charmeur et terriblement séduisant. Le Technicolor est resplendissant. Les feux de l’été est un film sans aucun doute plus simple et moins intense qu’escompté, c’est sans doute la raison pour laquelle il est généralement massacré par la critique française. Il est pourtant très plaisant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Paul Newman, Joanne Woodward, Anthony Franciosa, Orson Welles, Lee Remick, Angela Lansbury
Voir la fiche du film et la filmographie de Martin Ritt sur le site IMDB.

Voir les autres films de Martin Ritt chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Paul Newman est ici dans son premier grand film. 1958 sera une grande année pour l’acteur puisqu’il enchaînera ensuite Le Gaucher d’Arthur Penn et La chatte sur un toit brûlant de Richard Brooks.
* Peu après la fin du tournage, Paul Newman divorcera pour épouser Joanne Woodward. Ils resteront ensemble plus de cinquante ans, jusqu’à la mort de l’acteur en 2008.

Les feux de l'été (The Long, Hot Summer)Paul Newman et Orson Welles dans Les feux de l’été (The Long, Hot Summer) de Martin Ritt.

21 août 2018

Les Grandes Familles (1958) de Denys de La Patellière

Les grandes famillesNoël Schoudler, le patriarche d’une famille de la grande bourgeoisie, dirige un petit empire économique : de l’usine familiale de sucre, ses activités se sont étendues dans la banque et la presse. Son fils unique François juge les méthodes paternelles archaïques et, profitant de l’absence de son père en voyage, entreprend des réformes au journal…
Les Grandes Familles est adapté d’un roman de Maurice Druon, Prix Goncourt en 1948. L’histoire est bourrée de stéréotypes mais le scénario se déroule admirablement bien. L’ajout des dialogues de Michel Audiard apportent une note d’humour et de dérision et donnent une indéniable vivacité à l’ensemble. Tous les personnages sont haïssables. L’interprétation est de haut vol, avec un Jean Gabin qui commence à prendre l’habitude de jouer les patriarches et des seconds rôles fort bien tenus. Le générique, une voix off présentant les personnages un à un, évoque ceux de Sacha Guitry. Denys de La Patellière n’a jamais été un grand réalisateur mais il réussit là un film très bien équilibré. Les Grandes Familles connaitra un bon succès et bénéficiera de multiples passages à la télévision. Il sera vigoureusement vilipendé par les jeunes turcs de la Nouvelle Vague…
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Pierre Brasseur, Jean Desailly, Bernard Blier
Voir la fiche du film et la filmographie de Denys de La Patellière sur le site IMDB.

Les Grandes Familles
Jean Desailly, Jean Gabin et Bernard Blier dans Les grandes familles de Denys de La Patellière.

Les Grandes Familles
Pierre Brasseur et Jean Gabin dans Les grandes familles de Denys de La Patellière.

16 avril 2013

La chatte sur un toit brûlant (1958) de Richard Brooks

Titre original : « Cat on a Hot Tin Roof »

La chatte sur un toit brûlantDans une prospère plantation du Mississippi, on fête le soixante-cinquième anniversaire du patriarche, Big Daddy, qui est sur le point de mourir d’un cancer. Le couple de son fils, Brick, est en pleine crise. Il repousse constamment sa jolie femme Maggie et tente de noyer son dégoût dans l’alcool… La chatte sur un toit brûlant est une pièce de Tennessee Williams qui remporta un grand succès à Broadway sous la direction d’Elia Kazan. Mais c’est pourtant Richard Brooks qui l’adaptera au grand écran (1) avec un couple d’acteurs très photogéniques : Elizabeth Taylor et Paul Newman. Hollywood oblige, toute référence à l’homosexualité de Brick a été gommée mais il reste toute la puissance et l’intensité qui sont propres aux pièces de Tennessee Williams. La frustration, la cupidité, le mensonge, la culpabilité nourrissent l’atmosphère surchauffée de ce drame familial qui débouche sur des réflexions plus profondes sur la vie ou la mort. La chatte sur un toit brûlantTous les rôles sont magnifiquement tenus à commencer bien entendu par le tout jeune (et très beau) Paul Newman et une Elizabeth Taylor dont la sensualité a de quoi réveiller un mort (2). Burl Ives, de son côté, exprime une force peu commune. Oui, finalement, malgré toutes les concessions faites lors de l’adaptation, La chatte sur un toit brûlant conserve bien toute sa puissance.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Elizabeth Taylor, Paul Newman, Burl Ives, Jack Carson, Judith Anderson, Madeleine Sherwood
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Brooks sur le site IMDB.

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Remarques :
* Burl Ives (Big Daddy) et Madeleine Sherwood (Mae) tenaient déjà le même rôle dans la pièce jouée à Broadway sous la direction d’Elia Kazan ; Ben Gazzara interprétait Brick et Barbara Bel Geddes était Maggie.
* Le film était prévu pour être tourné en noir et blanc mais Richard Brooks insista pour tourner en couleurs afin de profiter des yeux bleus de Paul Newman et ceux d’Elizabeth Taylor, couleur violette. Les couleurs sont d’ailleurs superbes.

(1) Elia Kazan était en désaccord avec Tennessee Williams à propos de certaines modifications nécessaires selon lui. La situation se reproduira avec Doux oiseau de jeunesse (Sweet Bird of Youth) dont la pièce sera montée à Broadway par Elia Kazan pour être ensuite portée à l’écran en 1962 par Richard Brooks (avec… Paul Newman dans le rôle principal).
(2) On pourra remarquer que toute cette sensualité dégagée par l’actrice, loin de nous détourner de l’action, intensifie le drame car elle amplifie l’importance du refus de Brick.