28 décembre 2012

Lord Jim (1965) de Richard Brooks

Lord JimSur un navire rouillé mené par un capitaine sans scrupules, James Burke est poussé à accomplir un acte de lâcheté qui va le hanter durablement. Il va tenter de se racheter en épousant la cause des indigènes Malaisiens en lutte contre un dictateur brutal… Ce roman de Joseph Conrad, déjà adapté par Victor Fleming à l’époque du muet, permet à Richard Brooks de réaliser une grande production prenant pour cadre l’Indonésie et son pouvoir évocateur d’aventures et de dangers. Il parvient à faire oublier le côté aride et austère de ce long voyage expiatoire d’un homme hanté par son passé sans toutefois trahir l’esprit du roman. Richard Brookes utilise fort bien Peter O’Toole, fraichement auréolé de son Lawrence d’Arabie, remarquable par la richesse de son jeu mais qui, seul, a bien du mal à insuffler une dimension épique à cette histoire très mouvementée. Lord Jim reste un film plaisant mais il semble manquer l’étincelle qui aurait pu le rendre grandiose.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Peter O’Toole, James Mason, Curd Jürgens, Eli Wallach, Jack Hawkins, Paul Lukas, Daliah Lavi, Akim Tamiroff
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Brooks sur le site IMDB.

Voir les autres films de Richard Brooks chroniqués sur ce blog…

Version précédente :
Lord Jim par Victor Fleming (1925) avec Percy Marmont.

9 février 2012

La nouvelle Babylone (1929) de Grigori Kozintsev et Leonid Trauberg

Titre original : « Novyy Vavilon »

La nouvelle BabyloneEn 1870, la population acclame les soldats qui partent se battre contre les prussiens. A Paris, la vie continue. Louise, une jeune vendeuse du grand magasin Nouvelle Babylone, est invitée au bal par son patron. Mais la fête est interrompue par l’annonce de la défaite. Il faut défendre Paris et une souscription populaire est lancée pour acheter des canons. Quand l’armée capitule et cherche à reprendre ces canons sur la butte Montmartre, cela provoque une insurrection… La nouvelle Babylone est un film russe de la fin du muet, l’un des très rares films qui évoquent la Commune de Paris de 1871. C’est un film assez étonnant, souvent exubérant. Les deux réalisateurs font une grande utilisation du mouvement : les scènes de liesse, de danses, de fête sont tourbillonnantes, frénétiques, excessives même. Les scènes montrant l’ardeur au travail sous la Commune sont superbes (telle cette lavandière qui éclabousse largement tout autour d’elle). Ces scènes de grande agitation contrastent avec des scènes plus calmes, parfois statiques même. Le montage est assez remarquable, les réalisateurs juxtaposent des scènes qui semblent au final former un kaléidoscope énivrant. Le jeu des acteurs peut paraître parfois outré. Sur le plan du contenu, le film ne fait pas un récit vraiment chronologique mais reprend quelques temps forts. L’accent est bien entendu mis sur l’opposition de classes. Chostakovitch (alors âgé de 23 ans) composa sa première musique de film pour La nouvelle Babylone, musique dans laquelle il reprend divers airs révolutionnaires français qu’il mêle à un thème d’Offenbach.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Yelena Kuzmina, David Gutman, Pyotr Sobolevsky
Voir la fiche du film et la filmographie de Grigori Kozintsev et Leonid Trauberg sur le site IMDB.

Remarques :
Grigori Kozintsev et Leonid Trauberg ont fondé à Leningrad en 1921 le collectif d’avant-garde théâtral FEKS (La Fabrique de l’Acteur Excentrique) qui s’étendit rapidement au cinéma où il tint un rôle important. En 1921, ils avaient 16 et 19 ans.

Versions :
La version la plus complète est actuellement celle durant 1h33, restaurée en 2004 avec la musique de Chostakovitch. Il existe également une version de 1h15 (version allemande du début des années 80), version tronquée avec réintégration de chutes de montage, accompagnée d’une musique au piano.