13 mars 2009

La horde sauvage (1969) de Sam Peckinpah

Titre original : « The wild bunch »

La Horde sauvageElle :
(pas vu)

Lui :
Une petite bande de desperados décide de faire un dernier gros coup afin de pouvoir raccrocher leurs armes. Ils sont poursuivis jusqu’au Mexique alors en pleine révolution. La Horde Sauvage de l’américain Sam Peckinpah peut être vu comme la réponse d’Hollywood aux westerns italiens de Sergio Leone. Plus que tout autre, il marque la fin de la grande tradition du western. Nous sommes ici loin des idéaux à la John Ford, seule la violence est conservée, amplifiée, magnifiée. Le film débute et finit par une tuerie, le mot est faible, il serait plus juste de parler de boucherie. Peckinpah est le premier à esthétiser la violence avec une large utilisation de ralentis pour mieux voir les hommes tomber ou les jets de sangs qui jaillissent des corps. Les morts se comptent par centaines (1). Pourtant, une scène d’action se déroule (presque) sans morts : l’attaque du train est à mes yeux le meilleur moment du film (2). L’histoire met en relief la fuite des idéaux. Le propos de La Horde Sauvage est très désabusé, montrant que le bon côté de la Loi est aussi peu reluisant que le mauvais. Les amateurs du film, et ils sont très nombreux (3), parlent parfois de « western crépusculaire »… S’il met en scène la fin d’une époque, celle du grand Ouest, La Horde Sauvage marque aussi la fin d’un genre cinématographique, le western, et le début d’une certaine esthétisation de la violence qui, elle, perdure encore et toujours. 
Note : 2 étoiles

Acteurs: William Holden, Ernest Borgnine, Robert Ryan, Edmond O’Brien, Warren Oates,Ben Johnson
Voir la fiche du film et la filmographie de Sam Peckinpah sur le site IMDB.
Voir les autres films de Sam Peckinpah chroniqués sur ce blog…

(1) 90 000 cartouches furent utilisées sur le tournage de La Horde Sauvage. Ce serait plus que durant *toute* la révolution mexicaine de 1914 (anecdote lue sur IMDB).
(2) La scène de l’attaque du train n’était pas dans le scénario. Elle fut improvisée.
(3) Le film fut classé parmi les 100 plus grands films de tous les temps par l’American Film Institute en 2007.

8 réflexions sur « La horde sauvage (1969) de Sam Peckinpah »

  1. Décidément, les tentatives de dépassement du western classique n’obtiennent pas vos faveurs actuellement…

    Je partage néanmoins le malaise sur cette violence esthétisée qui rend floue les intentions de l’auteur et de ses suiveurs…

  2. :-))
    Le western classique a, il est vrai, bien des charmes mais je dois avouer ne les avoir découvert tardivement. Pendant longtemps, j’ai eu une image pleine d’à priori, un peu bloqué par l’image du cow-boy macho et rétrograde. Quand on dépasse cela, on découvre un genre assez fascinant et riche.

    Sinon, je tape d’autant volontiers sur un film comme La Horde Sauvage qu’il bénéficie maintenant d’un quasi-consensus en sa faveur, que ce soit de la part de la Critique actuelle ou du public.
    😉

  3. Je vous trouve un peu dur avec ce film. C’est un des westerns les plus interessants qui soit. Parce que c’est bien plus qu’un western justement.
    Les heros, ne sont ni vraiment mauvais, ni vraiment bons, leurs violences exultent au Méxique avec leur ingérence par dela la frontière et le Rio Grande dans les affaires méxicaines.
    Comme à l’époque, l’armée américaine avec la meme violence et ingérence au Vietnam.
    L’inclusion de faits « historiques », enfin les références à Pancho Villa, les indiens qui se révoltent dans les montagnescontre le général méxicain( et qui ne sont pas des peaux rouges grimés de plumes, mais quasiment des silhouettes sans visages armés de pierres et de couteaux ), l’utilisation de la caméra ( je vais y revenir ), des plans d’une beauté lourds de paraboles : le scorpion qui prefere se suicider, les cartouches en bandouillere sur le sein d’une rebelle qui allaite son bébé, la perte de l’honneur, le l’amour propre( ils « lachent » un des leur au dictateur), le héros/chef de meute qui n’arrive meme plus à monter à cheval…
    Ce qui est crépusculaire dans ce western, c’est qu’il est plutot avant-gardiste du monde dans lequel on évolue hélas. C’est fini le temps des westerns à la John Wayne où le soleil se leve toujours sur l’Amérique….Le monde se mécanise ( et s’américanise… ) pour tout le monde. C’est bien simple, on traine désormais les traitres au bout d’une corde qu’on attache à une voiture, fini le cheval ! – Et la moitié d’entres eux ne savent meme pas ce qu’est une voiture…
    C’est vrai, le film débute et termine sur deux scenes d’une violence inouie, mais l’arme la plus destructrice, la plus ravageuse, dans la scene finale : c’est la caméra. Utilisée comme une mitraillette. ( je suis etonné que vous ne l’ayez pas remarqué… )
    Enfin, pour les petites anecdotes, Sam Peckinpah est à moitié indien, c’est peut-être pour ca que ce western a un point de vue outrageant sur votre image du cowboy.
    Enfin ( bis ), Tarentino s’inspire enormement de Peckinpah, et ne sans cache pah ! ( cf : From dusk ’till Dawn par exemple )
    Enfin ( ter ), ici il fait beau et c’est tant mieux !

  4. Merci pour ces commentaires et analyses. Je suis d’accord avec vous mais vous laissez de côté un aspect qui me semble avoir une place importante dans la démarche globale, c’est l’aspect commercial et racoleur. Je veux bien que le propos premier de Peckinpah soit de montrer le crépuscule d’un monde, mais s’il met ainsi la violence en avant, c’est bien pour capter le spectateur. C’est un effet un peu facile. Pour la même raison, je n’apprécie pas trop Tarantino, il fait des effets.

    Sinon, le western classique, ce n’est pas que John Wayne… Bon, mais je comprends votre phrase parce que j’étais le premier à en dire autant il n’y a pas si longtemps…

  5. C’est faire fausse route que de penser que Peckinpah poursuivait une démarche commerciale et racoleuse. Ses autres films prouvent que sa démarche est bien plus profonde et intéressante que la simple violence extrême et apparente de ses films. On peut dire que Peckinpah est provocateur, mais le terme racoleur ne me semble pas approprié. Pour le côté commercial, il n’a jamais eu de véritable succès aux Etats-Unis. Et La horde sauvage n’est pas son premier film « dur » ni même son dernier. En ce sens il ne cherche pas à capter le spectateur mais au contraire à le bousculer et à le perturber.
    A propos de Tarantino, ce dernier s’est surement inspiré de Peckinpah mais finalement son cinéma est très différent. Là où Tarantino « s’amuse » de la violence, Peckinpah, lui la montre dans toute sa sauvagerie et toute son inhumanité. Le cinéma de Peckinpah est profondément dérangeant, ce qui n’est pas le cas de Tarantino.

  6. Oui, vous avez raison, le terme « racoleur » n’est certainement pas approprié pour qualifier la démarche originelle de Peckinpah. Il l’est plus pour ses « suiveurs ». C’est un peu toujours le problème avec la violence.
    La Horde Sauvage était dérangeant dans les années 70. Ressorti dans les années 2000, non seulement il n’est plus dérangeant mais il caresse dans le sens du poil.
    Bon, mais je suis tout de même assez d’accord avec ce que vous venez de dire.

  7. Très en phase avec le commentaire de « LUI », je vois aussi un aspect qu’il n’a pas évoqué, la relation entre les deux personnages interprétés par WILLIAM HOLDEN et ERNEST BORGNINE, dans le film PECKINPAH dépeint a petites touches, leur longue « collaboration » et leur convergence d’esprit. Ils savant eux aussi que « ce ne sera plus comme avant »….C’est peut être pour cette raison que dans la scène finale, bien que pouvant encore s’en sortir après avoir tué MAPACHE, l’action s’interrompt un bref instant, un temps d’interrogation se lit dans leurs yeux, ils se comprennent, se remettent à tirer et savent qu’ils vont mourir. C’est un suicide voulu. j’ai vu ce film à sa sortie, j’étais bien jeune…je n’avais retenu que les rires de la fin…et le générique qui fige les héros dans des photos sépia comme autrefois !
    C’était peut être le but du metteur en scène, immortaliser ses héros, montrer l’inutilité de la violence par ces rires, qui faisaient revivre en échos des hommes que nous avions vu mourir.

  8. la horde sauvage représente la fin de l’ouest, la fin d’une epoque ou l’aventure n’est plus possible, où tous les sentiers ont été balisé. Leur mort n’est qu’une delivrance dans une epoque qu’ils ne reconnaissent plus, qu’ils ne comprennent plus (cf la scène avec la voiture). Quand à la violence, il n’a pas fallu attendre peckinpah pour attendre les longs ralentis esthetisant la violence (cf yojimbo de kurosawa). On est loin des john ford avec des combats machistes et puerils qui durent des dizaines de minutes ou ils se reconcilient autour d’une biere, yeeeaaahh et de son exploitation des indiens (tous des mechants qui seront tues par le brave john wayne, cowboy irreprochable et bien eleve, au fait ça a réellement existé ? A une période aussi dure de leur histoire ou il fallait être aussi dur pour s’en sortir comme du darwinisme?) Pas de manicheisme ici les hommes sont bons comme mechants et représente au mieux l’homme dans ses choix, en voulant sauver leur ami ils essayent de retrouver une partie de leur honneur quitte à en mourir. Si on veut porter sur ce film un regard humaniste, la deception peut être au rendez-vous car c’est du nihilisme qu’il s’agit ici alors voir un peckinpah en s’attendant à un john ford c’est de la connerie. Je parie que vous avez adorez il faut sauver le soldat ryan qui,sous couvert de la deuxieme guerre mondiale, évoque des scènes bien plus sales que celles de peckinpah.
    Pour les amateurs de bons films moralistes, je vous conseille la série dora va à la plage ou allez tout simplement à walt disney

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