27 septembre 2023

Crime et châtiment (1935) de Josef von Sternberg

Titre original : « Crime and Punishment »
Autre titre français : « Remords »

Crime et châtiment (Crime and Punishment)Jeune et brillant étudiant, expert en criminologie mais réduit à la pauvreté, Roderick Raskolnikov assassine et vole une vieille prêteuse sur gages, acte qui lui semblait justifié et légitime. Mais, il est rapidement rongé par le remords…
Crime et châtiment est un film américain réalisé par Josef von Sternberg d’après le roman de Fiodor Dostoïevski. Il s’agit du premier film réalisé par le réalisateur après son éloignement de son actrice fétiche Marlene Dietrich et de la Paramount. Son nouveau studio, la Columbia, lui impose à la fois le sujet et le casting comme pour lui rappeler qu’il n’est qu’un exécutant. Josef von Sternberg, connu pour son caractère ombrageux et ses méthodes dictatoriales, est tout sauf un homme qui se laisse diriger. Dans ses mémoires, il dit n’avoir fait qu’un travail de routine. Certes la présence de Peter Lorre et la qualité de la photographie évitent de rendre le résultat trop anodin mais il est indéniable que l’on est loin de ses meilleures réalisations. Le récit est centré sur un jeu du chat et de souris avec l’inspecteur de police ; l’évolution de l’état émotionnel, mental et physique du meurtrier est bien entendu beaucoup moins subtil que dans le roman. La même année est sortie la version du français Pierre Chenal qui lui est bien supérieure.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Peter Lorre, Edward Arnold, Marian Marsh
Voir la fiche du film et la filmographie de Josef von Sternberg sur le site IMDB.

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Edward Arnold et Peter Lorre dans Crime et châtiment (Crime and Punishment) de Josef von Sternberg.

9 janvier 2018

Nuits blanches sur la jetée (2014) de Paul Vecchiali

Nuits blanches sur la jetéeEn se promenant à la nuit tombée sur la jetée du port de Sainte-Maxime, un instituteur en année sabbatique fait la rencontre d’une jeune femme. Tous deux entament une discussion qu’ils vont poursuivre les jours suivants. Elle lui raconte attendre le retour de l’homme qu’elle aime… Nuits blanches sur la jetée est adapté du roman Les Nuits blanches de Fédor Dostoïevski, précédemment porté à l’écran par Visconti en 1957 et par Robert Bresson en 1971. Le format choisi par Paul Vecchiali est séduisant par son originalité : une mise en scène minimaliste, nocturne, avec deux acteurs et un lieu unique, la jetée. Il y a deux types de fond, assez opposés, en accord avec l’état d’esprit du moment : le Golfe de Saint-Tropez et ses lumières qui apparaissent comme des boules multicolores qui incitent à l’optimisme ou bien le mur austère de la jetée, plutôt du genre « no future ». Nuits blanches sur la jetée est un film dont on aimerait dire du bien mais, hélas, il peine à exprimer la richesse des sentiments de ses deux personnages et se révèle finalement assez confus. Les effets d’interprétation sont en outre appuyés. Pascal Cervo joue trop sur l’impénétrabilité pour exprimer le dilemme de son personnage qui, doté d’une piètre opinion de lui-même, est tiraillé entre son désir de s’interposer et ses propres peurs. De son côté, Astrid Adverbe tente de montrer la passion de son personnage par des changements très soudains. On en vient presque à oublier la beauté du texte.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Astrid Adverbe, Pascal Cervo
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Remarques :
* Le noir et blanc de la scène entre Pascal Cervo et Geneviève Montaigu n’était pas voulu. En réalité, la scène fut filmée en couleurs avec des rideaux rouges… à l’aide d’un Iphone. Mécontent du rendu des couleurs mais satisfait de l’interprétation, Paul Vecchiali a préféré la convertir en noir et blanc plutôt que la tourner de nouveau.
* Le vieux pêcheur de la scène qui ouvre le film est interprété par Paul Vecchiali lui-même.

Nuits blanches sur la jetée
Pascal Cervo et Astrid Adverbe dans Nuits blanches sur la jetée de Paul Vecchiali.

11 août 2017

Les Frères Karamazov (1958) de Richard Brooks

Titre original : « The Brothers Karamazov »

Les frères KaramazovHomme vulgaire et sans principe, Fiodor Karamazov a trois fils très différents : Alexeï est un homme de foi, Ivan est un intellectuel matérialiste et athée, Dimitri est un militaire chez qui le vice et la vertu se livrent une grande bataille. Les tensions sont fortes entre le père et chacun de ses fils… Richard Brooks réalisant une adaptation de Dostoïevski, cela a de quoi surprendre car l’univers habituel du réalisateur américain semble bien éloigné de « l’âme russe ». Pourtant, son adaptation se révèle assez réussie. Elle est en tous cas fidèle avec une bonne retranscription du caractère exalté des personnages. Yul Brynner est Dimitri, le personnage ici le plus complexe dont il montre bien le caractère tourmenté. Richard Brook a toutefois un peu plus de mal à dépasser le niveau conflictuel familial pour restituer toute la dimension métaphysique du roman. On ressent bien les hésitations, les tiraillements de la conscience des personnages, mais cela reste timide. Les questionnements sur l’existence de Dieu et sur le fondement de la morale sont toutefois esquissés. La reconstitution est bien réalisée et l’on remarque un bon travail sur la couleur. Le film n’a pas connu le succès et il est généralement (trop) sévèrement jugé aujourd’hui.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Yul Brynner, Maria Schell, Claire Bloom, Lee J. Cobb, Albert Salmi, William Shatner, Richard Basehart
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Les Frères Karamazov
Richard Basehart, Yul Brynner, William Shatner et Lee J. Cobb (allongé) dans Les frères Karamazov de Richard Brooks.

Les frères Karamazov
Maria Schell et Claire Bloom dans Les frères Karamazov de Richard Brooks.

Les frères Karamazov
Richard Basehart, Lee J. Cobb, Yul Brynner, Albert Salmi et William Shatner dans Les frères Karamazov de Richard Brooks.

Les frères Karamazov
Yul Brynner et Maria Schell dans Les frères Karamazov de Richard Brooks.

Les frères Karamazov
William Shatner et Lee J. Cobb dans Les frères Karamazov de Richard Brooks.

Remarque :
– La distribution est particulièrement cosmopolite ce qui contribue, sans aucun doute, à la crédibilité du film : Yul Brynner est originaire de l’île de Sakhaline à l’extrême-est de la Russie, Maria Schell est née à Vienne, Claire Bloom est née à Londres, Lee J. Cobb est né à New York et William Shaftner est né à Montréal.

Autres versions :
Les frères Karamazov (Die Brüder Karamasoff) de Carl Froelich et Dimitri Buchowetzki (1921) avec Emil Jannings
Der Mörder Dimitri Karamasoff de Erich Engels et Fyodor Otsep (1931) avec Fritz Kortner
Les frères Karamazov (I fratelli Karamazoff) de Giacomo Gentilomo (1947) avec Fosco Giachetti
Bratya Karamazovy de Ivan Pyrev et Kirill Lavrov (1969)

28 mars 2012

Crime et châtiment (1935) de Pierre Chenal

Crime et châtimentA Saint-Petersbourg, au milieu du XIXe siècle, l’ex-étudiant Rodion Raskolnikov assassine une vieille femme rapace, prêteuse sur gages. La brumeuse théorie, au nom de laquelle il a agi, doit ensuite faire face à ses remords… Grand amateur de littérature russe, Pierre Chenal choisit d’adapter le grand roman de Dostoïevski Crime et châtiment. Il reste très proche du roman, parvenant à bien en restituer le climat par une épuration ou même stylisation des décors et sans jouer sur le misérabilisme. Pierre Blanchar fait un parfait Raskolnikov, exprimant largement son esprit tourmenté, amplifiant juste un peu trop son jeu halluciné, à la limite de la folie. Le moment fort du film est son face à face avec le juge Porphyre, magistralement interprété par Harry Baur qui excelle dans ce jeu du chat et la souris. Cela a sans doute le défaut de donner un peu trop d’importance à l’enquête policière au détriment du tourment intérieur de Rodion qui est, dans le film, bien peu loquace. Il faut aussi saluer Madeleine Ozeray qui fait une Sonia parfaite bien que son rôle soit assez simplifié : il est difficile de percevoir à quel point c’est cette fragile créature qui influe le plus sur Rodion, la fin paraissant un peu expédiée. Crime et châtiment n’est pas un roman facile à adapter à l’écran. Cette version de Pierre Chenal possède une certaine force atemporelle qui rend le film toujours aussi intéressant aujourd’hui.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Harry Baur, Pierre Blanchar, Madeleine Ozeray, Lucienne Le Marchand, Alexandre Rignault, Sylvie, Aimé Clariond
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Autres versions :
Crime et châtiment (Crime and punishment) de Josef von Sternberg (1935) avec Peter Lorre
Crime et châtiment de Georges Lampin (1956) avec Robert Hossein et Jean Gabin
Crime & Punishment, USA de Denis Sanders (1959) avec George Hamilton
Crime et châtiment (Rikos ja rangaistus) d’Aki Kaurismäki (1983)
Crime et châtiment de Menahem Golan (2002) avec Crispin Glover

Les adaptations au petit écran sont nombreuses. A noter que Stellio Lorenzi l’a adapté 2 fois à la télévision française en 1955 (avec Roger Crouzet et Pierre Mondy) et en 1971 (avec François Marthouret et Jean Topart)… et qu’Andrzej Wajda a réalisé une adaptation pour la télévision allemande en 1992 : Schuld und Sühne.