28 août 2019

Jugement à Nuremberg (1961) de Stanley Kramer

Titre original : « Judgment at Nuremberg »

Jugement à NurembergA la suite du Procès de Nuremberg des grands dignitaires nazis (1945-46), douze procès secondaires, appelés parfois « procès successeurs », se déroulèrent dans la zone d’occupation américaine. Le film de Stanley Kramer s’inspire du « procès des juges » qui se tint en 1947 : 16 personnes, anciennement juristes, procureurs et juges, furent inculpés. Dans le film, ils ne sont plus que quatre à comparaître et l’histoire se concentre sur le plus emblématique d’entre eux. Si, il faut bien l’avouer, Stanley Kramer n’a pas toujours convaincu de la qualité de sa réalisation, Jugement à Nuremberg le montre à son meilleur. Son film est intense et restitue bien la gravité du sujet. Il questionne sur la notion de responsabilité personnelle et collective, et aussi sur la culpabilité. L’intensité est encore plus forte avec l’insertion des images d’archives filmées à l’ouverture des camps de concentration, images épouvantables qui créent un choc. C’est l’un des tous premiers films montrant ces terribles documents (1). Le récit donne une large place aux scènes de prétoire. Stanley Kramer a réuni un plateau prestigieux. Un seul acteur montre une certaine outrance dans son jeu (et c’est lui qui a gagné l’Oscar) : Maximilian Schell en avocat de la défense. Les autres acteurs savent trouver le ton juste. Quelle que soient les critiques que l’on peut lui faire, le film a les qualités de son sujet : ces procès sont l’un des plus grands évènements historiques du XXe siècle, une première dans l’histoire de l’Humanité. Malgré une durée de 3 heures, le film draina une large audience.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Spencer Tracy, Burt Lancaster, Richard Widmark, Marlene Dietrich, Maximilian Schell, Judy Garland, Montgomery Clift, William Shatner
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Remarques :
* L’utilisation du zoom était encore récente en 1961. Les quelques « coups de zoom » très brutaux peuvent s’expliquer ainsi. Ils paraissent ridicules aujourd’hui.
* Les personnages Ernst Janning (interprété par Burt Lancaster) et Emil Hahn (celui qui n’a aucun remords) (interprété par Werner Klemperer) sont inspirés de personnages réels.
* Le blocus de Berlin par les soviétiques (24 juin 1948 – 12 mai 1949) n’eut pas lieu pendant le procès des juges (13 février 1947 – 3 décembre 1947) mais il eut bien lieu pendant d’autres « procès successeurs ».
* Lorsque la première du film se tint à Berlin le 14 décembre 1961 (devant tout un parterre de journalistes transportés à grand frais), le verdict dans le procès d’Adolf Eichmann récemment retrouvé et enlevé par les israéliens en Argentine, avait été rendu deux jours auparavant.
* Pour en savoir plus sur ce procès : lire la page dédiée sur le U.S. Holocaust Memorial Museum. (en anglais)

(1) Il faut bien entendu mentionner le court métrage d’Alain Resnais Nuit et Brouillard qui les montraient dès 1956.

 

Jugement à NurembergBurt Lancaster dans Jugement à Nuremberg de Stanley Kramer.

Jugement à NurembergMaximilian Schell et Richard Widmark dans Jugement à Nuremberg de Stanley Kramer.

24 juin 2019

Music Box (1989) de Costa-Gavras

Music BoxAnn Talbot, avocate, prend la défense de son père, réfugié hongrois. Il est accusé d’avoir été membre, pendant la guerre, d’une section spéciale nazie de Budapest et donc d’avoir menti quand il a demandé la nationalité américaine trente ans auparavant. …
Sur un scénario de l’hongrois naturalisé américain Joe Eszterhas, déjà scénariste de Betrayed, le film précédent du réalisateur, Music Box est le troisième film américain de Costa-Gavras. Le sujet n’est pas, comme on pourrait le supposer, d’explorer la notion de culpabilité mais plutôt d’étudier l’impact psychologique d’une terrible interrogation : une personne dont nous sommes très proche et qui nous est très chère peut-elle avoir été un monstre de la pire espèce ? Tout est en effet vu à travers les yeux de l’avocate qui croit jusqu’au plus profond de sa chair à l’innocence de son père. Comme souvent, Costa-Gavras ne donne pas dans la subtilité mais son récit est efficace. Jessica Lange, une actrice qui a bien rarement pu montrer son talent, fait une très belle prestation.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jessica Lange, Armin Mueller-Stahl, Frederic Forrest, Donald Moffat, Lukas Haas
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Remarques :
* C’est le premier film américain d’Armin Mueller-Stahl qui eut des difficultés pour obtenir un visa d’entrée aux Etats Unis car il était suspecté de liens avec la Stasi.

* J.S Block, qui interprète le juge Silver, n’est pas un acteur mais un véritable magistrat qui exerçait à l’époque à Chicago (lieu du tournage). Il fut aussi conseiller technique sur le film.

 

Music Box
Jessica Lange et Armin Mueller-Stahl dans Music Box de Costa-Gavras.

3 décembre 2018

Alliés (2016) de Robert Zemeckis

Titre original : « Allied »

AlliésCasablanca 1942. L’agent canadien Max Vatan est parachuté pour accomplir une mission à haut risque avec la résistante française Marianne Beauséjour. Ils se font passer pour mari et femme auprès de la bonne société allemande et une relation forte se noue entre les deux agents…
Alliés est une super production anglo-américaine à la reconstitution soignée et dotée d’un casting de choix. Effectivement le duo formé par Marion Cotillard et Brad Pitt présente fort bien mais, hélas, il ne se dégage pas grand-chose de l’ensemble. Tout est très propre, formaté et toute sensation est étouffée par cette perfection. L’émotion ne se montre qu’à la toute fin (et encore, au moyen d’une facilité de scénariste). On s’ennuie un peu lors du déroulement des quelque deux heures du film.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Brad Pitt, Marion Cotillard
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Remarque :
* C’est un détail, mais que Brad Pitt parlant français avec son fort accent américain puisse être pris pour un français à l’accent parisien a de quoi nous faire sourire…

Brad Pitt et Marion Cotillard dans Alliés de Robert Zemeckis.

10 janvier 2018

Les Maudits (1947) de René Clément

Les mauditsOslo, 1945. Alors que l’issue de la guerre parait inéluctable, un petit groupe hétéroclite de nazis et de sympathisants embarquent dans un sous-marin à destination de l’Amérique du Sud. Passant au large des côtes françaises, ils enlèvent un médecin à Royan pour soigner l’un d’entre eux…
René Clément a tourné peu après la Libération plusieurs films sur la guerre (La Bataille du rail, Le Père tranquille, Jeux interdits,…) nous offrant à chaque fois une vision différente des hommes. Cette fois, il est plus question de vils perdants que de héros. On retrouve dans cet huis clos un aréopage des ennemis de la France : un chef nazi, un général, un industriel italien, une militante nazie, un scientifique contraint, un journaliste collaborationniste. L’inquiétude et l’écroulement des idéaux aidant, la lâcheté et la veulerie de chacun vont peu à peu s’étaler au grand jour. Les caractères sont très typés et l’ensemble est assez manichéen mais le récit fait ressortir certaines composantes de la nature humaine. Tourné dans un décor fermé (reconstitué), le film baigne d’une atmosphère très présente. L’image est signée par le grand Henri Alekan, les éclairages sont superbes. Bien qu’il soit en tête d’affiche, Dalio n’a qu’un rôle épisodique dans l’histoire. L’interprétation est excellente avec des acteurs souvent de la nationalité de leurs personnages. Les Maudits est un film  puissant.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Marcel Dalio, Henri Vidal, Florence Marly, Jo Dest, Michel Auclair, Paul Bernard
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Les Maudits
(de g. à d.) Lucien Hector (le savant norvégien), Anne Campion (de dos, sa fille), Florence Marly (nazie convaincue, épouse de l’industriel italien), Jo Dest (chef SS), Michel Auclair (son homme de main, un voyou berlinois), Paul Bernard (au premier plan, journaliste français collaborationniste), Kurt Kronefeld (debout, le général allemand) et Fosco Giachetti (industriel italien) dans Les Maudits de René Clément.

Les Maudits
Henri Vidal (le médecin français enlevé)  dans Les Maudits de René Clément.

Les Maudits
Jean Lozach (radio-opérateur) et Jean Didier (commandant du sous-marin) dans Les Maudits de René Clément. Henri Alekan est directeur de la photographie (et maître des éclairages).

Remarque :
* Basé sur une histoire originale de Victor Alexandrov et Jacques Companéez, le scénario de Les maudits a été écrit par René Clément, Jacques Rémy et Henri Jeanson pour les dialogues.

 

Les Maudits
Kurt Kronefeld et Jo Dest dans Les Maudits de René Clément.

Les Maudits

11 mars 2017

Top Secret! (1984) de Jim Abrahams, David Zucker et Jerry Zucker

Top Secret!En Allemagne de l’Est, un général veut réunir les deux Allemagne et en prendre la direction. Il organise un concert pour détourner l’attention et fait venir une vedette américaine de rock and roll… Top Secret est écrit et réalisé par Jim Abrahams, David et Jerry Zucker, les trois compères qui avaient créé Y a-t-il un pilote dans l’avion? en 1980. C’est une satire des films sur la Seconde Guerre mondiale. L’histoire est totalement farfelue, pleine d’anachronismes de lieux (il y a des taxis londoniens en Allemagne et la Résistance est française) et de temps (musicalement, nous sommes dans les années cinquante voire soixante alors que les allemands sont habillés comme des nazis et on peut voir des véhicules de plusieurs époques). Il y a de bons et même de très bons gags, avec beaucoup de détournements de poncifs. Cela n’arrête pas. En outre, les clins d’œil ou pastiches de films sont très nombreux. Val Kilmer se révèle très convaincant en star de rock’n roll, l’acteur chantant lui-même les morceaux avec beaucoup d’énergie. Moins connu que Y a-t-il un pilote dans l’avion? et incontestablement bien plus réussi que ses suites, Top Secret! est un vrai plaisir à regarder.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Val Kilmer, Lucy Gutteridge, Peter Cushing, Jeremy Kemp, Omar Sharif
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Listes des films pastichés ou évoqués :
Le magicien d’Oz (1939), Autant en emporte le vent (1939), Casablanca (1942), Les conspirateurs (1944), Espions sur la Tamise (1944), Tendre symphonie (1944), Cape et poignard (1946), Amour frénétique (1957), Frankenstein s’est échappé! (1957), La grande évasion (1963), Goldfinger (1964), La mélodie du bonheur (1965), Le crâne maléfique (1965), Les dents de la mer (1975), Une poignée de salopards (1978), Le lagon bleu (1980), Les aventuriers de l’arche perdue (1981), E.T., l’extra-terrestre (1982).

Top Secret!
Lucy Gutteridge et Val Kilmer dans Top Secret! de Jim Abrahams, David Zucker et Jerry Zucker.

Top Secret!
Ian McNeice et Omar Sharif dans Top Secret! de Jim Abrahams, David Zucker et Jerry Zucker.

2 février 2017

Les Vestiges du jour (1993) de James Ivory

Titre original : « The Remains of the Day »

Les vestiges du jourDans les années cinquante, Stevens, majordome au Manoir Darlington, décide de rendre visite à Miss Kenton, l’ancienne intendante avec laquelle il a entretenu une remarquable relation professionnelle. Il veut la convaincre de revenir à ses côtés. Au cours du voyage, il se remémore les années de l’Entre-deux-guerres. Son ancien maître Lord Darlington organisait alors des réunions internationales au plus niveau pour œuvrer à un rapprochement entre la Grande Bretagne et l’Allemagne… Il peut sembler étonnant qu’un roman aussi britannique que peut être Les Vestiges du jour ait été écrit par un japonais, Kazuo Ishiguro (il vit toutefois en Angleterre depuis l’âge de 6 ans). Qu’il soit brillamment porté à l’écran par un américain l’est encore plus. Mais James Ivory avait déjà prouvé qu’il était alors le plus britannique des réalisateurs américains. Il parvient à restituer toute la délicatesse et la profondeur du roman. Les thèmes sont nombreux mais celui de la recherche de la dignité ressort indéniablement. Ce qui peut être vu comme de la servilité ou de la dévotion est en fait l’aspiration à une certaine grandeur : Stevens est non seulement convaincu de la supériorité sociale de son maître mais aussi, et surtout, de sa supériorité morale. En le servant avec une indéfectible perfection, il est persuadé d’œuvrer à quelque chose de grand et de juste. Hélas, l’aristocratie est dépassée face au nouveau contexte international, elle fait partie d’un monde qui n’existe plus. Anthony Hopkins et Emma Thompson sont tous deux merveilleusement parfaits dans leur rôle. Les Vestiges du jour se revoit toujours avec le même intérêt qu’à sa sortie.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Anthony Hopkins, Emma Thompson, James Fox, Christopher Reeve, Peter Vaughan, Hugh Grant
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Remarques :
* Assez paradoxalement, le roman et le film aurait réveillé chez les britanniques une certaine nostalgie pour l’aristocratie (qu’aucune Révolution n’a fait disparaître). Elle est pourtant montrée comme totalement inapte à comprendre le monde du XXe siècle.
* Le manoir qui a servi de cadre au tournage est Dyrham Park, proche de Bristol dans le sud-ouest de l’Angleterre (Gloucestershire du Sud).
* On peut se demander si Kazuo Ishiguro s’est inspiré d’un personnage historique pour Lord Darlington. Le plus proche est Lord Londonderry qui a effectivement reçu Von Ribbentrop à Mount Stewart (Ulster) pour favoriser un rapprochement entre la Grande Bretagne et l’Allemagne. Pour en savoir plus (en anglais)…

Les Vestiges du jour
Anthony Hopkins et Emma Thompson dans Les vestiges du jour de James Ivory.

Les Vestiges du jour
Dyrham Park a servi de cadre pour le tournage de Les vestiges du jour de James Ivory.

13 mai 2016

Diplomatie (2014) de Volker Schlöndorff

DiplomatieLa nuit du 24 au 25 août 1944. Alors que les alliés avancent à grands pas, le sort de Paris est entre les mains du Général Von Choltitz, Gouverneur du Grand Paris, qui se prépare, sur ordre d’Hitler, à faire sauter la capitale. Le consul suédois Nordling parvient à s’introduire auprès de lui pour tenter de le convaincre de ne pas accomplir l’irréparable… Diplomatie est l’adaptation d’une pièce de Cyril Gély qu’André Dussollier et Niels Arestrup ont jouée plus de 200 fois sur les planches. Ils sont donc pleinement dans leurs personnages et savent donner une belle intensité à cette confrontation. La réalisation de Volker Schlöndorff, dont c’est ici le vingt-huitième long métrage, est sobre et juste, elle sait mettre en relief la qualité du texte. L’histoire est une extrapolation de faits réels puisque les deux hommes se sont effectivement rencontrés plusieurs fois mais il s’agissait de négocier un cessez-le-feu et la libération de prisonniers politiques. La réddition de Von Choltitz lors de la Libération de Paris avait déjà été l’objet du roman Paris brûle-t-il ? publié en 1964, adapté au cinéma deux ans plus tard par René Clément.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: André Dussollier, Niels Arestrup
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Remarque :
César de la meilleure adaptation en 2015.

Diplomatie
Niels Arestrup et André Dussollier dans Diplomatie de Volker Schlöndorff.

10 avril 2016

Le Tambour (1979) de Volker Schlöndorff

Titre original : « Die Blechtrommel »

Le TambourDès sa naissance dans la ville de Dantzig dans les années vingt, Oskar est lucide. Il est capable de prendre des décisions. A l’âge de trois ans, il reçoit en cadeau un tambour dont il ne va plus se séparer et, par dégoût envers le monde des adultes, décide de ne plus grandir… Le roman de Günter Grass (prix Nobel de littérature en 1999) avait beau avoir la réputation d’être inadaptable, cela n’a pas arrêté Volker Schlöndorff. L’une des difficultés majeures résidait dans le choix de l’acteur principal et le réalisateur eut beaucoup de chance de trouver David Bennent, fils de l’acteur Heinz Bennent, alors âgé de douze ans et qui souffrait de troubles de croissance. L’histoire est particulièrement riche. La toile de fond est une fresque historique allant de 1924 à 1945, l’histoire de Dantzig, ville écartelée entre l’Allemagne et la Pologne. Cette période est marquée par la montée du nazisme et par l’invasion allemande de 1939 qui fait entrer le monde dans la Seconde Guerre mondiale. Mais l’histoire principale est celle d’un petit garçon qui se refuse au monde des adultes. Il faut dire que sa vie, son existence-même, résulte d’un mensonge, d’un amour rendu impossible par les hommes. Son tambour devient son unique moyen d’expression, il ne communique pas autrement. Pire, il proteste si fort que son cri perçant peut briser le verre. En ce personnage, totalement hors du commun (et totalement fictif bien entendu), coexistent une bouffonnerie proche de la folie et une grande clairvoyance puisqu’il porte un regard sur le monde des adultes bien plus acéré que celui des adultes eux-mêmes. Volker Schlöndorff met tout cela en scène avec brio, une certaine splendeur même. Le Tambour fait partie des films qui marquent, ceux que l’on n’oublie pas.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Mario Adorf, Angela Winkler, David Bennent, Katharina Thalbach, Daniel Olbrychski
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Remarques :
* Palme d’Or à Cannes 1979 (ex-aequo avec Apocalypse Now).
* L’adaptation a été écrite par Volker Schlöndorff, Jean-Claude Carrière et Franz Seitz avec l’accord de l’auteur.
* D’une durée de 2h22 à sa sortie, Le Tambour est visible depuis peu dans une version Director’s Cut comportant environ 20 mn supplémentaires de scènes coupées au montage à la demande du distributeur de l’époque.
* Volker Schlöndorff a renoncé à adapter la partie du livre après 1945 car cela l’aurait obligé de changer d’acteur pour interpréter Oskar.

Le Tambour
David Bennent dans Le Tambour de Volker Schlöndorff.

2 avril 2016

Intrigues en Orient (1943) de Raoul Walsh

Titre original : « Background to Danger »

Intrigues en OrientPendant la Seconde Guerre mondiale, un espion nazi tente d’assassiner l’ambassadeur allemand en Turquie en laissant croire que les coupables sont des russes. Son but est de pousser la Turquie qui est restée neutre à se mettre sous protection allemande. Son plan ayant échoué, il va tenter autre chose… Intrigues en Orient est adapté d’un roman d’Eric Ambler adapté par le grand scénariste W.R. Burnett. Le film fait partie des « petits » Raoul Walsh, le réalisateur avouant dans ses mémoires l’avoir « expédié ». C’est un de ces films destinés à renforcer le sentiment patriotique des américains. Il est néanmoins très bien fait et très prenant, la tension monte graduellement et on ne s’ennuie pas une seconde. Nous retrouvons face à face Sydney Greenstreet et Peter Lorre, tandem que la Warner a utilisé plusieurs fois, avec bonheur le plus souvent, au début de la décennie quarante. Tout laisse à penser que le studio tentait là de retrouver le succès qu’avait eu Casablanca. C’est George Raft qui, cette fois, interprète l’américain intrépide, déterminé et sans peur.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: George Raft, Brenda Marshall, Sydney Greenstreet, Peter Lorre, Osa Massen
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Background to danger
George Raft et Osa Massen dans Intrigues en Orient de Raoul Walsh.

Background to danger
Peter Lorre, Brenda Marshall et George Raft dans Intrigues en Orient de Raoul Walsh.

Background to danger
George Raft et Sydney Greenstreet dans Intrigues en Orient de Raoul Walsh.

9 mars 2015

Les Enchaînés (1946) de Alfred Hitchcock

Titre original : « Notorious »

Les enchaînésLa fille d’un américain condamné pour espionnage au profit des nazis fait la rencontre d’un homme séduisant. Celui se révèle être un membre du contre-espionnage qui, sachant ses idées opposées à celles de son père, lui propose d’aller infiltrer au Brésil un groupe composé des anciens amis de son père… Ecrit par le talentueux Ben Hecht (avec le concours de David O. Selznick, Clifford Odets et Alfred Hitchcock), Notorious (Les enchaînés) mêle très habilement amour et espionnage. La construction et le déroulement sont d’une simplicité qui force l’admiration car la tension et le suspense y sont intenses. Comme le souligne très justement Patrick Brion (1), on pourra noter que le personnage du méchant (merveilleusement interprété par Claude Rains) est assez subtilement défini car il apparaît sous bien des aspects plutôt une victime qui reste sincère dans ses sentiments envers celle qu’il aime alors que le gentil Cary Grant apparaît assez cynique. Ingrid Bergman interprète une femme qui se sent indigne de l’amour de celui qu’elle aime et prend de très grands risques pour se racheter à ses yeux. La mise en scène limpide d’Hitchcock contribue à faire de Notorious un film quasiment parfait.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Cary Grant, Ingrid Bergman, Claude Rains, Louis Calhern, Leopoldine Konstantin
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Les Enchaînés de Alfred Hitchcock
Claude Rains, Cary Grant et Ingrid Bergman dans Les Enchaînés (Notorious) d’Alfred Hitchcock.

Remarques :
* Cameo : Alfred Hitchcock apparait lors de la réception, buvant une coupe de champagne face à la table des serveurs.
* Alfred Hitchcock raconte avoir été rendre visite avec Ben Hecht en 1944 (soit un an avant l’explosion d’Hiroshima) au Dr. Millikan pour lui demander quelle taille pouvait avoir une bombe atomique. Le scientifique a répondu par une démonstration de près d’une heure que tout cela était impossible. Après cette entrevue, Hitchcock a été surveillé par le FBI pendant trois mois ! (il ne l’a appris que bien plus tard.)
* Sous le Code Hays, un baiser ne devait en aucun cas excéder trois secondes. Alfred Hitchcock y parvient manifestement tout en respectant le code à la lettre… (en plusieurs fois).
* Le plan assez remarquable avec la tasse de café nette au premier plan et Ingrid Bergman assise dans le fauteuil également nette à l’arrière plan a été obtenu grâce à une très grande tasse de café.
* David O. Selznick a cédé juste avant la sortie la moitié de ses droits à la R.K.O. parce qu’il ne croyait guère à l’uranium (qui a finalement peu d’importance dans le film) et aussi parce qu’il devait financer Duel au soleil avec Jennifer Jones qu’il avait récemment épousée. Il a dû sûrement le regretter puisque le film a rapporté près de cinq fois son coût.

(1) Patrick Brion Hitchcock (Editions de la Martinière, 2000)