1 avril 2022

Le Labyrinthe du silence (2014) de Giulio Ricciarelli

Titre original : « Im Labyrinth des Schweigens »

Le Labyrinthe du silence (Im Labyrinth des Schweigens)Allemagne, Francfort-sur-le-Main, 1958. Interpellé par un journaliste, le jeune procureur Johann Radmann commence à enquêter sur les camps de la mort d’Auschwitz. Il découvre l’horreur et rassemble des pièces décisives pour inculper de nombreuses personnes…
Le Labyrinthe du silence est un film historique allemand coécrit et réalisé par Giulio Ricciarelli dont c’est le premier long métrage (Giulio Ricciarelli est italien mais vit en Allemagne). Le film s’inspire de ce que l’on a appelé le « Second procès d’Auschwitz », procès visant 22 membres de la direction du camp, qui s’est déroulé en 1964-65, c’est-à-dire 16 ans après le Procès de Nuremberg. Le film ne montre pas le procès mais retrace la recherche de preuves par un jeune procureur (personnage composite puisque dans la réalité ils furent trois). Le réalisateur s’attache à montrer la difficile prise de conscience d’une société qui avait évacué ces souvenirs encombrants : c’était un sujet dont on ne parlait pas et, pour les plus jeunes à la fin des années cinquante, le nom d’« Auschwitz » n’évoquait rien. Le réalisateur a su choisir une approche intelligente du sujet, évitant tout effet, sans reconstitution de scènes du camp. Il ne cherche pas non plus à donner des leçons mais plutôt à susciter une réflexion sur la responsabilité individuelle, sujet qui reste (et restera certainement toujours) d’actualité.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Alexander Fehling, André Szymanski, Friederike Becht, Johannes Krisch, Johann von Bülow
Voir la fiche du film et la filmographie de Giulio Ricciarelli sur le site IMDB.

Le Labyrinthe du silence (Im Labyrinth des Schweigens)Alexander Fehling dans Le Labyrinthe du silence (Im Labyrinth des Schweigens) de Giulio Ricciarelli.

28 août 2019

Jugement à Nuremberg (1961) de Stanley Kramer

Titre original : « Judgment at Nuremberg »

Jugement à NurembergA la suite du Procès de Nuremberg des grands dignitaires nazis (1945-46), douze procès secondaires, appelés parfois « procès successeurs », se déroulèrent dans la zone d’occupation américaine. Le film de Stanley Kramer s’inspire du « procès des juges » qui se tint en 1947 : 16 personnes, anciennement juristes, procureurs et juges, furent inculpés. Dans le film, ils ne sont plus que quatre à comparaître et l’histoire se concentre sur le plus emblématique d’entre eux. Si, il faut bien l’avouer, Stanley Kramer n’a pas toujours convaincu de la qualité de sa réalisation, Jugement à Nuremberg le montre à son meilleur. Son film est intense et restitue bien la gravité du sujet. Il questionne sur la notion de responsabilité personnelle et collective, et aussi sur la culpabilité. L’intensité est encore plus forte avec l’insertion des images d’archives filmées à l’ouverture des camps de concentration, images épouvantables qui créent un choc. C’est l’un des tous premiers films montrant ces terribles documents (1). Le récit donne une large place aux scènes de prétoire. Stanley Kramer a réuni un plateau prestigieux. Un seul acteur montre une certaine outrance dans son jeu (et c’est lui qui a gagné l’Oscar) : Maximilian Schell en avocat de la défense. Les autres acteurs savent trouver le ton juste. Quelle que soient les critiques que l’on peut lui faire, le film a les qualités de son sujet : ces procès sont l’un des plus grands évènements historiques du XXe siècle, une première dans l’histoire de l’Humanité. Malgré une durée de 3 heures, le film draina une large audience.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Spencer Tracy, Burt Lancaster, Richard Widmark, Marlene Dietrich, Maximilian Schell, Judy Garland, Montgomery Clift, William Shatner
Voir la fiche du film et la filmographie de Stanley Kramer sur le site IMDB.

Voir les autres films de Stanley Kramer chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Stanley Kramer

Remarques :
* L’utilisation du zoom était encore récente en 1961. Les quelques « coups de zoom » très brutaux peuvent s’expliquer ainsi. Ils paraissent ridicules aujourd’hui.
* Les personnages Ernst Janning (interprété par Burt Lancaster) et Emil Hahn (celui qui n’a aucun remords) (interprété par Werner Klemperer) sont inspirés de personnages réels.
* Le blocus de Berlin par les soviétiques (24 juin 1948 – 12 mai 1949) n’eut pas lieu pendant le procès des juges (13 février 1947 – 3 décembre 1947) mais il eut bien lieu pendant d’autres « procès successeurs ».
* Lorsque la première du film se tint à Berlin le 14 décembre 1961 (devant tout un parterre de journalistes transportés à grand frais), le verdict dans le procès d’Adolf Eichmann récemment retrouvé et enlevé par les israéliens en Argentine, avait été rendu deux jours auparavant.
* Pour en savoir plus sur ce procès : lire la page dédiée sur le U.S. Holocaust Memorial Museum. (en anglais)

(1) Il faut bien entendu mentionner le court métrage d’Alain Resnais Nuit et Brouillard qui les montraient dès 1956.

 

Jugement à NurembergBurt Lancaster dans Jugement à Nuremberg de Stanley Kramer.

Jugement à NurembergMaximilian Schell et Richard Widmark dans Jugement à Nuremberg de Stanley Kramer.

17 juin 2012

The Reader (2008) de Stephen Daldry

The ReaderPeu après la guerre, en Allemagne, un jeune adolescent a une aventure avec une femme trentenaire, contrôleuse de tramway. Epris de littérature, il lui lit des livres avant et après avoir fait l’amour. Elle disparaît soudainement sans rien dire… The Reader est l’adaptation du roman controversé de Bernhard Schlink, Le Liseur. L’histoire débute de façon un peu banale, une initiation amoureuse, mais bascule ensuite dans quelque chose de beaucoup plus vaste qui soulève beaucoup de questions sans d’ailleurs y apporter de réponse (y en t-il une ?) La culpabilité individuelle et la culpabilité d’une nation se télescopent. Ralph Fiennes et Kate Winslet font de très belles prestations mais la surprise vient du jeune David Kross qui parvient à exprimer toute une palette de sentiments, très riche dans son jeu. The Reader est un film puissant, il fait certainement partie des films qui laissent une trace en nous.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Ralph Fiennes, Kate Winslet, David Kross, Bruno Ganz
Voir la fiche du film et la filmographie de Stephen Daldry sur le site IMDB.

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