13 octobre 2023

Les Volets verts (2022) de Jean Becker

Les volets vertsDans la France des années soixante-dix, Jules Maugin est un acteur renommé et adulé. Maintenant soixantenaire, il est fatigué et son médecin lui demande d’arrêter l’alcool. Il se sent seul et vit mal la séparation avec sa partenaire…
Les Volets verts est un film français réalisé par Jean Becker. Il s’agit de l’adaptation du roman du même nom de Georges Simenon publié en 1950. L’histoire semble taillée sur mesure pour Gérard Depardieu, c’est d’ailleurs lui qui est à l’origine du projet en ayant conseillé aux producteurs du film de lire le roman. On retrouve les excès de l’acteur parvenu au sommet, qui est plus craint par son entourage qu’admiré, qui a perdu l’envie. Le roman est probablement beaucoup plus riche que le film qui n’offre pas vraiment une analyse de l’âme humaine mais plutôt le spectacle d’une sorte de monstre de foire. La mise en scène est très simple. L’ensemble se laisse regarder mais nous laisse indifférent.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gérard Depardieu, Fanny Ardant, Benoît Poelvoorde, Stéfi Celma, Anouk Grinberg, Fred Testot
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Fanny Ardent et Gérard Depardieu dans Les volets verts de Jean Becker.

11 mai 2023

Sweat (2020) de Magnus von Horn

SweatEn Pologne, Sylvia Zajac, une influenceuse sportive, propose sur les réseaux sociaux des séances de motivation au fitness et à l’épanouissement personnel. Elle a 600 000 suiveurs et gère sa carrière avec attention. Elle met en scène sa propre vie mais souffre aussi de ne plus avoir une véritable intimité…
Sweat est un film polono-suédois écrit et réalisé par le suédois Magnus von Horn. Il nous plonge dans l’univers de ces stars du net et nous donne une vision de l’envers du décor. Le réalisateur n’élargit pas le sujet, il reste au niveau de la personne elle-même et de sa difficulté à s’épanouir réellement. Il n’y a rien de bien nouveau, ce sont les mêmes problèmes que rencontrent les stars de cinéma et les personnes à (trop) grande notoriété. Le film peut certainement avoir un rôle éducatif auprès de personnes qui rêvent de suivre les traces de telles influenceuses mais, pour les autres, il paraît bien convenu et sans surprises. Magnus von Horn s’approche très près de ses personnages, et même des objets, il multiplie les mouvements de caméra désordonnés. Cela donne quelquefois de beaux résultats, mais la plupart du temps, c’est seulement très désagréable. Magdalena Kolesnik fait une belle interprétation.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Magdalena Kolesnik, Julian Swiezewski, Aleksandra Konieczna, Zbigniew Zamachowski
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SweatMagdalena Kolesnik dans Sweat de Magnus von Horn.

16 février 2022

Judy (2019) de Rupert Goold

Judy1968. Criblée de dettes, Judy Garland n’a pas vraiment de résidence fixe. Elle tente d’élever les deux jeunes enfants qu’elle a eus avec Sydney Luft mais ce dernier en réclame la garde. Pour pouvoir leur offrir un toit, elle accepte une série de concerts à Londres…
Judy est un film biographique musical américano-franco-britannique réalisé par Rupert Goold. Assez judicieusement, le film s’écarte de l’insupportable schéma traditionnel du biopic hollywoodien : il ne retrace pas la vie de la star mais se concentre sur la dernière année de sa vie, avec quelques flashbacks de l’époque du tournage du Magicien d’Oz. De plus, dans le mix habituel difficultés/succès, le récit s’attarde plus sur les difficultés sans chercher à utiliser le glamour du succès. Le résultat n’en est pas meilleur pour autant. Le récit n’est finalement pas très intéressant, les chansons de qualité très moyennes, la mise en scène peu inspirée. L’émotion n’arrive qu’à la toute fin (lors de l’inévitable « Over the rainbow »). Personnellement, je ne vois pas l’intérêt d’un tel film : ce n’est pas un hommage à Judy Garland, il n’incitera personne à regarder l’un de ses films. C’est surtout l’occasion pour une actrice de nous livrer une prestation de type « habitée par son personnage », de celles où il ne faut pas craindre de forcer son jeu. Ce type de composition plait beaucoup et Renée Zellweger a eu son Oscar réglementaire.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Renée Zellweger, Jessie Buckley, Finn Wittrock, Rufus Sewell, Michael Gambon
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JudyRenée Zellweger et Jessie Buckley dans Judy de Rupert Goold.

10 mai 2021

Delirious (2006) de Tom DiCillo

DeliriousLes Galantine (Steve Buscemi) est paparazzi à New York. Toujours à l’affut d’un cliché vendeur, il rencontre Toby Grace (Michael Pitt), un SDF qui, à la recherche d’un toit et d’un peu de compagnie, lui propose de travailler gratuitement comme assistant…
Delirious est un film américain écrit et réalisé par Tom DiCillo. Il s’agit d’un regard satirique sur le monde des stars et de toux ceux qui les entourent. La première heure du film tient toutes ses promesses avec des situations assez réjouissantes et un Steve Buscemi qui nous gratifie d’un beau numéro. Son personnage est haut en couleur, désabusé mais inaltérable optimiste, ayant toujours des phrases toutes faites sur sa philosophie de vie. Face à lui, Michael Pitt a souvent du mal à se frayer une place avec son personnage prêt à tout encaisser et son charme naturel. Les dialogues sont savoureux. Hélas, après un passage à vide, l’histoire se termine avec une bluette sentimentale très convenue bien moins intéressante. Un film un peu délirant effectivement qui fait passer un bon moment.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Steve Buscemi, Michael Pitt, Alison Lohman, Gina Gershon
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DeliriousSteve Buscemi et Michael Pitt dans Delirious de Tom DiCillo.

Homonyme :
Delirious de Tom Mankiewicz (1991) avec John Candy et Mariel Hemingway

22 mars 2017

Maps to the Stars (2014) de David Cronenberg

Maps to the StarsHollywood est la ville des stars. A 13 ans, Benjie l’est déjà. Son père est un auteur à succès et coach de célébrités ; il aide ainsi l’actrice Havana Segrand à donner un nouveau souffle à sa carrière… Sur un scénario de Bruce Wagner, David Cronenberg nous présente un portrait plutôt acide de cette faune hollywoodienne génératrice de névroses, où la célébrité est l’unique credo. Ce monde en apparence idyllique est en réalité souvent cauchemardesque. Certes, le sujet a déjà été traité (et, il faut bien le reconnaître, plus brillamment) mais le scénario est intelligemment déroulé : après un début plutôt difficile à suivre, les liens entre certains personnages se précisent peu à peu. La situation apparaît alors de plus en plus terrifiante. Cette vision d’une société autant malsaine que décadente est certainement assez excessive, certainement outrée, noire sans aucun doute. Julianne Moore est assez étonnante. David Cronenberg avait ce projet depuis 2004. Il a eu beaucoup de mal à trouver un financement.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Julianne Moore, Mia Wasikowska, John Cusack, Evan Bird, Robert Pattinson
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Maps to the stars
Mia Wasikowska dans Maps to the Stars de David Cronenberg.

maps to the stars
Julianne Moore dans Maps to the Stars de David Cronenberg.

18 octobre 2016

Le Bonheur (1935) de Marcel L’Herbier

Le BonheurCaricaturiste de talent et anarchiste, Philippe Lutcher tente d’assassiner la star Clara Stuart à la sortie d’un music-hall. Au procès, cette dernière a une attitude qui surprend tout le monde… Le bonheur de Marcel L’Herbier est un mélodrame assez curieux. Il y a d’abord le propos de la pièce d’Henry Bernstein dont il s’inspire qui peut paraître un peu confus. On peut y voir diverses choses : un drame social situé dans des milieux sociaux opposés, une mise en abyme du spectacle, de la célébrité, l’effacement de la barrière entre la réalité et son image (Clara Stuart semble vivre sa vie comme s’il s’agissait d’une pièce). L’histoire est invraisemblable, ce qui n’est pas grave en soi, mais pour se tirer d’affaire, Marcel l’Herbier doit pratiquer des ellipses aventureuses. Réputé pour son classicisme (du moins depuis les débuts du parlant), il montre ici une indéniable inventivité. Nous sommes très loin du théâtre filmé. Mais le plus curieux est du côté de l’interprétation, point fort du film, avec des acteurs presque pris à contre-emploi. Gaby Morlay montre une fragilité étonnante, très palpable, Charles Boyer est un exalté perturbé par ses sentiments et Michel Simon vient ajouter une touche d’humour en directeur artistique efféminé.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gaby Morlay, Charles Boyer, Jaque Catelain, Michel Simon, Paulette Dubost
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Gaby Morlay dans Le Bonheur de Marcel L’Herbier.

Homonymes :
Le Bonheur d’Aleksandr Medvedkin (1935)
Le Bonheur d’Agnès Varda (1965) avec Jean-Claude Drouot

9 décembre 2014

La Déesse (1958) de John Cromwell

Titre original : « The Goddess »

La déesseLa Déesse (The Goddess) raconte le parcours d’une jeune fille en manque d’amour qui devient une actrice adulée mais extrêmement perturbée psychiquement. Bien entendu, la production a nié toute ressemblance avec une actrice existante mais tout le monde a reconnu Marilyn Monroe dans ce portrait. Le choix du sujet est étrange car, rappelons-le, Marilyn était alors toujours en vie et on peut se demander s’il n’y avait pas de la part de la Columbia une volonté délibérée d’éreinter l’image de la grande star qui lui avait échappée (1). Le choix de l’interprète principale est tout aussi étrange : Kim Stanley est alors une actrice assez inconnue (elle l’est d’ailleurs restée, hélas) qui n’a ni l’âge ni le physique pour le rôle. Malgré ces handicaps, sa performance est franchement remarquable. Kim Stanley est passée par l’Actors Studio et cela se sent : elle se donne à fond et montre une palette étonnamment riche de sentiments. Les seconds rôles sont en outre très bien tenus. The Goddess est structuré en trois parties, bien séparées avec des titres : l’enfance, l’adolescence et la starification. L’histoire montre comment l’accession au statut de star n’a fait qu’amplifier les manques de la jeune femme qui se retrouve comme enfermée dans son mal-être, sans issue possible. Le film est étrangement prémonitoire du futur destin de Marilyn, quelque quatre années plus tard. Pour sa particularité et pour la performance de Kim Stanley, The Goddess mérite notre intérêt.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Kim Stanley, Lloyd Bridges, Steven Hill, Betty Lou Holland
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Remarques :
* John Cromwell est avant tout un réalisateur de mélodrames. Il a débuté avec le parlant à la toute fin des années vingt. Les cinéphiles le connaissent surtout pour The Goddess et pour Dead Reckoning, un film noir très classique de 1947 avec Humphrey Bogart et Lizabeth Scott mais on lui doit aussi une des versions du Prisoner of Zenda, celle de 1937, une biographie de Lincoln, Abe Lincoln in Illinois (1940), et l’intéressant Of Human Bondage avec Bette Davis (1935).

* Le scénario a été écrit par Paddy Chayefsky, à qui l’on doit également The Americanization of Emily (1964).

* John Cromwell a déclaré que son film avait été massacré au montage par Paddy Chayefsky qui a supprimé de nombreuses scènes montrant la réaction des personnages.

* The Goddess est le premier long métrage de Kim Stanley qui avait auparavant beaucoup joué à Broadway et à la télévision. Après ce film, elle y retournera pour continuer sa carrière, ne tournant que très peu de films (5 en tout, le dernier étant L’Etoffe des Héros (1983) où elle tient le bar des pilotes). Au moment du tournage de The Goddess, elle a presque 33 ans, soit le double de son personnage dans la partie « adolescence », ce qui est un peu beaucoup…

(1) La Columbia a eu Marilyn Monroe sous contrat en 1948 mais ne l’a pas gardée, une bévue de plus pour le rustre et borné Harry Cohn (patron de la Columbia) qui l’avait alors déclarée avec sa délicatesse habituelle « pataude et sans aucun talent ».

The Goddess
Kim Stanley dans The Goddess de John Comwell

3 novembre 2014

Le Cheik (1921) de George Melford

Titre original : « The Sheik »

Le cheikDans le Sahara, une jeune lady anglaise très libérée décide d’explorer le désert. Elle est enlevée par un jeune cheik arabe séduit par sa beauté et se retrouve à sa merci, entre ses mains… The Sheik fut avant tout un phénomène de société. Du jour au lendemain, Rudolph Valentino se retrouva propulsé au niveau de star adulée, devenant le premier grand latin lover du cinéma. Des spectatrices s’évanouissaient dans les cinémas, les vêtements d’inspiration arabe devinrent à la mode ; le mot « sheik » est même passé dans le langage courant pour désigner un séducteur. Sur le plan cinématographique pur, le film a moins d’intérêt : le scénario est assez simplet, mais sans être ennuyeux toutefois, et Valentino use et abuse d’effets d’expressions faciales Le cheik et de regards bien trop appuyés, souvent ridicules (1). Son pouvoir d’attraction a beaucoup été analysé par la suite. Il se situe certainement dans une certaine fragilité et une indéniable féminité. Bien que la publicité de l’époque pour The Sheik le présentait comme un macho dominateur, il ne l’est jamais vraiment : devant la femme qu’il aime, il est comme paralysé. Toujours est-il que toutes les femmes rêvaient de faire dominer par lui… pendant que tous les hommes le rejetaient et le critiquaient. Aujourd’hui, The Sheik est surtout intéressant à voir pour son aspect historique… (film muet)
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Agnes Ayres, Rudolph Valentino, Adolphe Menjou, Walter Long
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Remarques :
Le cheik* Après le succès de The Four Horsemen of the Apocalypse de Rex Ingram, Rudolph Valentino a demandé à la Metro (future M.G.M.) une augmentation de 50 dollars sur son salaire de 300 dollars par semaine. La Metro a refusé provoquant son départ. Adolphe Zukor l’a engagé immédiatement.

* Avant la sortie, les patrons de Paramount n’étaient pas franchement convaincus par le film et n’avaient donc pas anticipé un succès si phénoménal. A noter que Rudolph Valentino n’a pas le top billing : sur l’affiche, il est en deuxième position derrière Agnes Ayres.

* Suite : Le Fils du Cheik (The son of The Sheik) de George Fitzmaurice (1926), ultime film de Rudolph Valentino décédé la même année à l’âge de 31 ans.

(1) C’est pratiquement le seul film où Rudolph Valentino a ces expressions faciales exagérées. A propos de son regard, il faut garder à l’esprit qu’il était très myope, il a ainsi tendance à plisser les yeux. De plus, un très léger strabisme apporte quelque chose de particulier à son regard.

The Sheik
Le Cheik (Rudolph Valentino) et sa captive (Agnes Ayres) dans The Sheik de George Melford (1921).