12 octobre 2019

La Fiancée du désert (2017) de Cecilia Atán et Valeria Pivato

Titre original : « La Novia del Desierto »

La Fiancée du désert (La Novia del Desierto)Argentine, de nos jours. Teresa a travaillé plus de trente ans au service de la même famille qui ne peut plus la garder ; elle l’envoie chez des parents à mille kilomètres de là. A la suite d’une panne de bus, elle perd son sac et va le chercher avec l’aide d’un vendeur ambulant…
La Fiancée du désert est le premier long métrage des deux réalisatrices argentines Cecilia Atán et Valeria Pivato. Leur récit est un road-movie délicat, minimaliste, hors du temps avec quelques notes poétiques. Sur le plan de la forme, les deux réalisatrices ont soigné leurs plans, sachant bien utiliser les grandes étendues désertiques, jouant beaucoup avec les reflets, et les cadres dans le cadre. Ces effets stylistiques peuvent toutefois sembler un peu trop voyants parfois, et donc nuire au naturel. Les deux personnages intriguent d’abord et deviennent rapidement attachants. Comme les réalisatrices l’expliquent : « Le monde de Gringo se résume à son camion, et face au désert aride, il constitue une figure à la fois rassurante et inquiétante, et c’est ce paradoxe qui fascine Teresa. Au fil de la route et des rencontres, cette femme silencieuse et à l’allure impénétrable reprend peu à peu des couleurs. »
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Paulina García, Claudio Rissi
Voir la fiche du film et la filmographie de Cecilia Atán et de Valeria Pivato sur le site IMDB.
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La Fiancée du désert (La Novia del Desierto)Paulina García dans La Fiancée du désert (La Novia del Desierto) de Cecilia Atán et Valeria Pivato.

Remarques :
* La Difunta Correa est un personnage mythique qui fait l’objet d’un culte au même titre qu’une sainte en Argentine, au Chili et en Uruguay. Elle possède un sanctuaire dans la localité de Vallecito, dans la province de San Juan, mais la majeure partie de son culte est rendu au bord des routes, dans d’humbles sanctuaires entourés de dizaines de bouteilles d’eau. Selon la légende, Deolinda Correa est morte de soif en traversant le désert avec son bébé dans les bras, mais celui-ci est parvenu à survivre en se nourrissant au sein de sa mère décédée.

La Fiancée du désert (La Novia del Desierto)Claudio Rissi et Paulina García dans La Fiancée du désert (La Novia del Desierto) de Cecilia Atán et Valeria Pivato.

23 août 2019

Foxtrot (2017) de Samuel Maoz

FoxtrotUne famille israélienne doit affronter une terrible nouvelle à propos de leur fils en poste sur un check-point isolé…
Foxtrot est le second long métrage du réalisateur israélien Samuel Maoz qui en a écrit le scénario. Contrairement à son film précédent Lebanon, cette histoire n’est pas autobiographique. Le réalisateur porte un regard sur son pays et surtout sur la  présence toujours forte de la Shoah dans la mémoire collective. Ainsi, certaines circonstances vont révéler des fêlures, des faiblesses profondes qui trouvent leurs origines dans ce « legs » lourd et générateur de culpabilité. La forme est originale, surtout par les cadrages et le placement de la caméra : le plus spectaculaire sont ces vues de haut, à la verticale, qui donne le sentiment que les personnages sont de petits pions sur un vaste échiquier. Dans la partie dans le désert, le cinéaste utilise des éléments oniriques ou surréalistes pour souligner l’absurdité de la situation. Finalement, il joue plus avec la forme qu’il n’étoffe son contenu, c’est sans doute le reproche que l’on peut lui faire mais son film mérite d’être remarqué.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Lior Ashkenazi, Sarah Adler, Yonaton Shiray
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Remarque :
* La ministre israélienne de la Culture, Miri Regev, a fortement critiqué le film en proclamant qu’il donnait une mauvaise image de l’armée israélienne. Comme souvent en pareil cas, ces attaques ont apporté au film une publicité inespérée et Foxtrot a connu un fort succès commercial en Israël.

FoxtrotLior Ashkenazi et Sarah Adler dans Foxtrot de Samuel Maoz.

FoxtrotLior Ashkenazi dans Foxtrot de Samuel Maoz.

10 mai 2019

Cherry 2000 (1987) de Steve De Jarnatt

Cherry 2000Dans un futur proche, Sam Treadwell perd sa compagne androïde, un modèle rare qui n’est plus fabriqué. Il décide d’engager un tracker pour aller chercher un corps de remplacement dans de vieux entrepôts situés dans une zone peu fréquentable…
Cherry 2000 est un « film d’exploitation » (= film fait sans souci de qualité dans l’optique d’un bénéfice rapide) de science-fiction. Le début de l’histoire, dans la ville moderne, montre quelques idées intéressantes, tel ce monde incapable de produire des choses nouvelles ou encore la complexité des rapports hommes/femmes. Hélas, le film tourne rapidement à la fable post-apocalyptique dans le désert qui le réduit à n’être qu’une pâle copie de Mad Max. Un temps mis en attente, le film a été vite sorti du placard lorsque la popularité de Melanie Griffith a explosé avec Working Girl. On notera, dans les rôles secondaires, la présence de plusieurs acteurs dont le nom ne nous est pas inconnu. Cherry 2000 est bien moins intéressant que Miracle Mile du même réalisateur.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: David Andrews, Melanie Griffith, Harry Carey Jr., Ben Johnson, Laurence Fishburne, Pamela Gidley, Brion James
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Remarques :
* Le film est censé se dérouler en 2017.

Cherry 2000
Melanie Griffith et David Andrews dans Cherry 2000 de Steve De Jarnatt.

14 décembre 2018

Enemy (1985) de Wolfgang Petersen

Titre original : « Enemy Mine »

EnemyFin du XXIe siècle. La guerre fait rage dans l’espace entre les Humains et un peuple d’extra-terrestres reptiliens, les Dracs. Un pilote de chasse terrien et un Drac entre-détruisent leurs vaisseaux respectifs et atterrissent à la surface d’une planète inhabitée. Ils vont devoir s’entre-aider pour survivre…
Le thème de la peur de « l’autre » prend toujours une dimension particulière dans la science-fiction, où « l’autre » peut être extrêmement éloigné de nos critères standards d’humanité. Le scénario d’Enemy Mine (non basé sur un livre) est assez simple mais se révèle prenante et  la réalisation soignée de l’allemand Wolfgang Petersen lui donne une certaine ampleur. Les décors et effets spéciaux sont en effet de belle facture. Ce conte philosophique accorde une bonne place à la psychologie d’un extraterrestre et aux possibilités de dépasser les préjugés. Que le Drac soit interprété (de toute évidence malgré le costume et le maquillage) par un acteur noir n’est pas innocent. Le film n’eut hélas aucun succès.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Dennis Quaid, Louis Gossett Jr., Brion James
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Remarque :
* Le projet avait démarré sous la direction de Richard Loncraine qui fut renvoyé par la Fox. Wolfgang Petersen reprit le projet mais n’utilisa aucune des scènes, pourtant fort coûteuses, déjà tournée par Loncraine.

Enemy Mine
Dennis Quaid et Louis Gossett Jr. dans Enemy de Wolfgang Petersen.

Le film repose sur la même base de scénario que :
1) Robinson Crusoe sur Mars (Robinson Crusoe on Mars) de Byron Haskins (1964)
2) Duel dans le Pacifique (Hell in the Pacific) de John Boorman (1968)

Homonyme :
Enemy de Denis Villeneuve (2013) avec Jake Gyllenhaal et Mélanie Laurent.

16 septembre 2018

Mimosas, la voie de l’Atlas (2016) de Oliver Laxe

Titre original : « Mimosas »

Mimosas, la voie de l'AtlasUn petit groupe d’hommes et de chevaux accompagnent un vieux cheikh qui désire aller mourir auprès des siens, de l’autre côté des montagnes de l’Atlas. Pour gagner du temps, le vieux cheikh décide qu’ils iront au plus court, à travers la montagne…
Mimosas est le deuxième long métrage d’Oliver Laxe, réalisateur français d’origine espagnole. C’est un conte mystique que l’on pourrait qualifier de western maghrébin. Comme dans le western, l’isolement des montagnes désertiques fait ressortir des sentiments de base, tels tenir une promesse ou respecter les morts, qui deviennent une finalité de vie. Une dimension mystique vient se greffer avec l’un des personnages, un allumé de la foi : est-il un simple d’esprit ou un ange protecteur ? Le réalisateur nous propose en outre un second axe de réflexion en juxtaposant des scènes plus modernes de voitures-taxis, second axe qui est, il faut bien l’avouer, moins lisible, son lien avec l’histoire principale étant quelque peu obscur. L’énoncé de tous ces éléments peut laisser présager du pire mais tout l’art d’Olivier Laxe est d’intégrer tout cela sans aucune lourdeur, dans un ensemble qui nous transporte ailleurs. La photographie est très belle, ce qui contribue à l’envoutement.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Ahmed Hammoud, Shakib Ben Omar, Said Aagli
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Mimosas

Mimosas

Mimosas

Mimosas
Shakib Ben Omar et Ahmed Hammoud dans Mimosas, la voie de l’Atlas de Oliver Laxe.

7 juillet 2017

Gerry (2002) de Gus Van Sant

GerryGerry et Gerry roulent en voiture, sans un mot, dans un paysage rocailleux et désertique. Ils s’arrêtent et continuent à pied sur un chemin de grande randonnée. Plus loin, ils prennent un chemin de traverse et se perdent… Pour écrire Gerry, Gus van Sant et ses deux acteurs sont partis d’un simple fait divers. Le résultat est un film très étonnant où nous suivons les deux personnages dans leur errance silencieuse. Ils ne savent pas où ils vont mais ils avancent avec obstination. Si on ne peut que saluer l’originalité de la forme et les libertés prises avec le cadre traditionnel du récit cinématographique, on peut être déçu par le contenu réel (ou symbolique…) : soit Gus van Sant tombe dans les clichés (thème du double, le chemin, etc.), soit il donne dans l’abscons le plus total (la parabole « j’ai conquis Thèbes », la métaphore du rocher). Là où Gus van Sant réussit le mieux, c’est quand il fait du « Béla Tarr » : comme dans Les Harmonies Werckmeister, il fait de longs plans-séquences de marche, très près des personnages, où il joue avec le son des pas qui développent un rythme hypnotique, une musique propre (Gus van Sant admire Béla Tarr). Visuellement, le désert est assez photogénique dans son dénuement et les accélérés de nuages ont une beauté magistrale. La musique d’Arvo Pärt est aussi très belle. Mais l’ensemble nous laisse sur une impression de vacuité : on aimerait tant que tout cela ait un peu plus de sens (du moins un sens qui nous soit accessible)…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Casey Affleck, Matt Damon
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Gerry
Matt Damon dans Gerry de Gus Van Sant.

Gerry
Le plan le plus extraordinaire du film (à mes yeux) : un plan-séquence de plus de quatre minutes où les deux personnages (on ne voit que leurs visages, parfaitement parallèles) marchent côte à côte avec le son des pas (mixé assez fort) sur le sol caillouteux. Le son développe une musique hypnotique. Les pas sont d’abord synchronisés puis se désynchronisent peu à peu. Superbe. Matt Damon et Casey Affleck dans Gerry de Gus Van Sant.

Gerry
La métaphore (?) du rocher… Le double s’est mis dans une situation d’où il ne peut se libérer seul… Casey Affleck et Matt Damon dans Gerry de Gus Van Sant.

17 avril 2016

La Ville abandonnée (1948) de William A. Wellman

Titre original : « Yellow Sky »
Autre titre français : « Nevada »

La Ville abandonnéePoursuivi par une escouade de cavalerie après avoir dévalisé une banque, un petit groupe de hors-la-loi se réfugient dans un désert de sel et tentent de le traverser. A bout de forces, ils arrivent à une ville abandonnée de tous ses habitants sauf une jeune femme et son grand-père… Yellow Sky est adapté d’une histoire écrite par le grand scénariste W.R. Burnett qui dit s’être très librement inspiré de La Tempête de William Shakespeare. C’est un western assez âpre où Wellman semble avoir privilégié plus l’esthétisme et l’atmosphère que la psychologie des personnages. La tension est forte et constante, culminant lors de certaines scènes sans jamais retomber vraiment. Face au chef de bande Gregory Peck, Richard Widmark, ici dans l’un des tous premiers rôles, fait une belle prestation, rendant son personnage particulièrement inquiétant. La photographie, signée Joseph MacDonald, est assez belle avec de trouvailles remarquées comme ce plan en vue subjective montrant Gregory Peck de l’intérieur du fusil tenu par Anne Baxter. Yellow Sky est un beau et puissant western.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gregory Peck, Anne Baxter, Richard Widmark, John Russell, Harry Morgan
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Remake :
The Jackals (1967) de Robert D. Webb avec Vincent Price.

Yellow Sky
Anne Baxter et Gregory Peck dans La Ville abandonnée de William A. Wellman.

Yellow Sky
Richard Widmark (au centre) dans La Ville abandonnée de William A. Wellman.

3 avril 2016

Le Crabe-Tambour (1977) de Pierre Schoendoerffer

Le Crabe-TambourSur un bâtiment de la Marine Nationale chargé de porter assistance aux bateaux de pêche français près de Terre-Neuve, un commandant et son médecin-capitaine évoque un homme qu’ils ont bien connu, surnommé Crabe-Tambour, un officier qu’ils ont connu en Indochine et qui a eu ensuite un parcours trouble… Pour écrire son roman Le Crabe-Tambour qui a servi de base à ce film, Pierre Schoendoerffer s’est inspiré de la vie de Pierre Guillaume, un officier de marine condamné pour avoir participé au putsch d’Alger en 1961 et pour être passé ensuite du côté de l’OAS. Le film se présente comme une suite de discussions, d’évocation de souvenirs illustrés de flashbacks. Le propos de ces officiers est marqué par la désillusion, la nostalgie, mais aussi une froide lucidité qui génère le sentiment d’être mis de côté et dépassé. Pierre Schoendoerffer se montre en totale empathie avec eux et ne porte aucun jugement, aucune condamnation sur leurs dérives. En choisissant le très photogénique Jacques Perrin pour incarner le personnage principal et en lui plaçant comme compagnon inséparable un chat noir, il fait même de son personnage central une figure mythique voire christique, la personnification d’un idéal. Tout cela est un peu gênant et, aussi, un peu ennuyeux. Le plus beau reste les images de mer déchaînée et le réalisme des scènes de vie à bord, c’est toujours ce genre de scènes que Schoendoerffer réussit le mieux, d’autant plus que Raoul Coutard est derrière la caméra. Le film connut un beau succès, salué par trois Césars.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jean Rochefort, Claude Rich, Jacques Perrin, Aurore Clément, Jacques Dufilho
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Le Crabe-Tambour
Jean Rochefort et Claude Rich dans Le Crabe-Tambour de Pierre Schoendoerffer.

Le crabe-Tambour
Jacques Perrin dans Le Crabe-Tambour de Pierre Schoendoerffer.

29 novembre 2015

Le Tigre du Bengale / Le Tombeau hindou (1959) de Fritz Lang

Titre original : « Der Tiger von Eschnapur / Das indische Grabmal »

1ere partie : « Le Tigre du Bengale »
2eme partie : « Le Tombeau hindou »

Le Tigre du BengaleAu début du XXe siècle, en Inde, un architecte allemand a répondu à l’invitation du maharadjah d’Eschnapur de venir restaurer le palais et construire des hôpitaux. En chemin, il sauve la vie d’une jeune danseuse en éloignant un tigre féroce. La jeune femme se rend elle aussi à Eschnapur, le maharadjah l’ayant fait venir en espérant se faire aimer d’elle… Il faut préciser en tout premier que Le Tigre du Bengale et Le Tombeau hindou forment un seul et même film en deux parties ; même si cela reste possible, il n’est pas judicieux de les voir séparément. Le Tigre du Bengale met en place les personnages et installe une situation génératrice de puissantes tensions qui n’éclatent vraiment que dans Le Tombeau hindou, riche en action et mouvementé.

Le Tombeau hindouA la fin de sa carrière, Fritz Lang fait un retour aux sources : 26 ans après l’avoir quittée, il revient en Allemagne pour tourner une nouvelle version d’un scénario écrit en 1921 par Thea von Harbou (1) et qu’il n’avait pu réaliser lui-même, s’étant fait souffler le projet par l’autrichien Joe May. Richard Eichberg en avait fait un remake en 1938 d’une qualité assez moyenne mais le projet de Lang est d’une toute autre ampleur, doté d’un budget important. Comme le plus souvent dans les scénarios de Thea von Harbou, les personnages sont animés par des pulsions assez simples, la passion, l’ambition, la jalousie, et l’histoire les place dans des situations elles-aussi simples mais limpides et très fortes. La perfection esthétique, épurée avec une grande économie de mouvements de caméra, fait écho à cette simplicité du propos et ajoute à la profondeur de l’ensemble. Fritz Lang retrouve l’esprit avec lequel il tournait ses films muets pour aller sonder les profondeurs de la nature humaine. L’image est très belle, fastueuse et riche en couleurs. Debra Paget est d’une grande beauté mais le personnage le plus remarquable est certainement celui de Chandra, le maharadjah, auquel Walter Reyer donne une belle intensité. Le Tigre du Bengale peut être délicat à faire apprécier à des yeux modernes qui vont parfois ne voir là qu’un film kitsch avec des effets trop visibles (oui, le cobra est en carton-pâte, mais quelle importance ?) Le film a d’ailleurs divisé dès sa sortie et l’historien Jacques Lourcelles remarque à juste titre que ses détracteurs lui ont reproché ce qui justement fait sa force : « une inactualité géniale qui réduit l’univers à quelques désirs contradictoires et monstrueux de l’homme… »
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Debra Paget, Paul Hubschmid, Walther Reyer, Claus Holm, Sabine Bethmann
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Le Tombeau hindou
Debra Paget dans Le Tombeau hindou de Fritz Lang

le Tombeau hindou
Walther Reyer dans Le Tombeau hindou de Fritz Lang

le Tombeau hindou
Debra Paget dans Le Tombeau hindou de Fritz Lang

le Tigre du Bengale
Walther Reyer, René Deltgen et Jochen Brockmann dans Le Tigre du Bengale de Fritz Lang

(1) Fritz Lang et Thea von Harbou se sont mariés en 1922.

Précédentes versions :
* Das indische Grabmal de Joe May (1921) en deux parties :
1 Die Sendung des Yoghi (= La mission du Yogi)
2 Der Tiger von Eschnapur
avec Conrad Veidt dans le rôle du maharadjah.

* Der Tiger von Eschnapur de Richard Eichberg (1938) en deux parties :
1 Der Tiger von Eschnapur
2 Das indische Grabmal
avec Philip Dorn dans le rôle du maharadjah.

3 novembre 2014

Le Cheik (1921) de George Melford

Titre original : « The Sheik »

Le cheikDans le Sahara, une jeune lady anglaise très libérée décide d’explorer le désert. Elle est enlevée par un jeune cheik arabe séduit par sa beauté et se retrouve à sa merci, entre ses mains… The Sheik fut avant tout un phénomène de société. Du jour au lendemain, Rudolph Valentino se retrouva propulsé au niveau de star adulée, devenant le premier grand latin lover du cinéma. Des spectatrices s’évanouissaient dans les cinémas, les vêtements d’inspiration arabe devinrent à la mode ; le mot « sheik » est même passé dans le langage courant pour désigner un séducteur. Sur le plan cinématographique pur, le film a moins d’intérêt : le scénario est assez simplet, mais sans être ennuyeux toutefois, et Valentino use et abuse d’effets d’expressions faciales Le cheik et de regards bien trop appuyés, souvent ridicules (1). Son pouvoir d’attraction a beaucoup été analysé par la suite. Il se situe certainement dans une certaine fragilité et une indéniable féminité. Bien que la publicité de l’époque pour The Sheik le présentait comme un macho dominateur, il ne l’est jamais vraiment : devant la femme qu’il aime, il est comme paralysé. Toujours est-il que toutes les femmes rêvaient de faire dominer par lui… pendant que tous les hommes le rejetaient et le critiquaient. Aujourd’hui, The Sheik est surtout intéressant à voir pour son aspect historique… (film muet)
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Agnes Ayres, Rudolph Valentino, Adolphe Menjou, Walter Long
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Remarques :
Le cheik* Après le succès de The Four Horsemen of the Apocalypse de Rex Ingram, Rudolph Valentino a demandé à la Metro (future M.G.M.) une augmentation de 50 dollars sur son salaire de 300 dollars par semaine. La Metro a refusé provoquant son départ. Adolphe Zukor l’a engagé immédiatement.

* Avant la sortie, les patrons de Paramount n’étaient pas franchement convaincus par le film et n’avaient donc pas anticipé un succès si phénoménal. A noter que Rudolph Valentino n’a pas le top billing : sur l’affiche, il est en deuxième position derrière Agnes Ayres.

* Suite : Le Fils du Cheik (The son of The Sheik) de George Fitzmaurice (1926), ultime film de Rudolph Valentino décédé la même année à l’âge de 31 ans.

(1) C’est pratiquement le seul film où Rudolph Valentino a ces expressions faciales exagérées. A propos de son regard, il faut garder à l’esprit qu’il était très myope, il a ainsi tendance à plisser les yeux. De plus, un très léger strabisme apporte quelque chose de particulier à son regard.

The Sheik
Le Cheik (Rudolph Valentino) et sa captive (Agnes Ayres) dans The Sheik de George Melford (1921).