11 mai 2023

Sweat (2020) de Magnus von Horn

SweatEn Pologne, Sylvia Zajac, une influenceuse sportive, propose sur les réseaux sociaux des séances de motivation au fitness et à l’épanouissement personnel. Elle a 600 000 suiveurs et gère sa carrière avec attention. Elle met en scène sa propre vie mais souffre aussi de ne plus avoir une véritable intimité…
Sweat est un film polono-suédois écrit et réalisé par le suédois Magnus von Horn. Il nous plonge dans l’univers de ces stars du net et nous donne une vision de l’envers du décor. Le réalisateur n’élargit pas le sujet, il reste au niveau de la personne elle-même et de sa difficulté à s’épanouir réellement. Il n’y a rien de bien nouveau, ce sont les mêmes problèmes que rencontrent les stars de cinéma et les personnes à (trop) grande notoriété. Le film peut certainement avoir un rôle éducatif auprès de personnes qui rêvent de suivre les traces de telles influenceuses mais, pour les autres, il paraît bien convenu et sans surprises. Magnus von Horn s’approche très près de ses personnages, et même des objets, il multiplie les mouvements de caméra désordonnés. Cela donne quelquefois de beaux résultats, mais la plupart du temps, c’est seulement très désagréable. Magdalena Kolesnik fait une belle interprétation.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Magdalena Kolesnik, Julian Swiezewski, Aleksandra Konieczna, Zbigniew Zamachowski
Voir la fiche du film et la filmographie de Magnus von Horn sur le site IMDB.

SweatMagdalena Kolesnik dans Sweat de Magnus von Horn.

3 janvier 2015

Ville conquise (1940) de Anatole Litvak

Titre original : « City for Conquest »

Ville conquiseIssu du quartier populaire du Lower East Side à New York, Kenny est conducteur de camions de chantier mais aussi un brillant boxeur amateur. Depuis toujours, il est amoureux de Peggy qui rêve de devenir danseuse… Adapté d’un roman d’Aben Kandel, City for Conquest (improprement traduit par Ville conquise, le sens étant plutôt « ville de conquête ») est un mélodrame plutôt conventionnel sur la réussite et l’amour. Il n’y rien de vraiment remarquable si ce n’est l’interprétation pleine de sensibilité de James Cagney. Le film fut un grand succès à l’époque, aux Etats-Unis du moins où la critique fut unanime pour louer le talent de son acteur principal.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: James Cagney, Ann Sheridan, Frank Craven, Donald Crisp, Arthur Kennedy, Anthony Quinn
Voir la fiche du film et la filmographie de Anatole Litvak sur le site IMDB.
Voir les autres films de Anatole Litvak chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur James Cagney

Remarques :
* Elia Kazan apparait dans un petit rôle de gangster. Le futur réalisateur aura également un rôle l’année suivante dans un autre film de Litvak, Blues in the night (1941).
* Jean Negulesco a remplacé brièvement Anatole Litvak lorsque ce dernier dû être soigné pour une blessure à l’oeil.
* Dans son autobiographie Cagney by Cagney (Doubleday 1976), James Cagney dit avoir beaucoup donné pour le tournage de certaines scènes assez poétiques qui devaient donner au film toute sa personnalité. Quand il a vu le film fini, sa surprise fut grande de voir que toutes ces scènes avaient été coupées au montage, « ne laissant qu’un mélodrame banal ». Dépité, il a ressenti le besoin d’écrire une lettre d’excuse à l’auteur du roman.

 

City for Conquest
James Cagney (2e à d.) et Anthony Quinn (à d.) sont des rivaux dans la conquête du coeur d’Ann Sheridan (à g.) dans City for Conquest d’Anatole Litvak.

Elia Kazan dans City for Conquest d'Anatole Litvak
Elia Kazan interprète un gangster dans City for Conquest d’Anatole Litvak.

3 novembre 2014

Le Cheik (1921) de George Melford

Titre original : « The Sheik »

Le cheikDans le Sahara, une jeune lady anglaise très libérée décide d’explorer le désert. Elle est enlevée par un jeune cheik arabe séduit par sa beauté et se retrouve à sa merci, entre ses mains… The Sheik fut avant tout un phénomène de société. Du jour au lendemain, Rudolph Valentino se retrouva propulsé au niveau de star adulée, devenant le premier grand latin lover du cinéma. Des spectatrices s’évanouissaient dans les cinémas, les vêtements d’inspiration arabe devinrent à la mode ; le mot « sheik » est même passé dans le langage courant pour désigner un séducteur. Sur le plan cinématographique pur, le film a moins d’intérêt : le scénario est assez simplet, mais sans être ennuyeux toutefois, et Valentino use et abuse d’effets d’expressions faciales Le cheik et de regards bien trop appuyés, souvent ridicules (1). Son pouvoir d’attraction a beaucoup été analysé par la suite. Il se situe certainement dans une certaine fragilité et une indéniable féminité. Bien que la publicité de l’époque pour The Sheik le présentait comme un macho dominateur, il ne l’est jamais vraiment : devant la femme qu’il aime, il est comme paralysé. Toujours est-il que toutes les femmes rêvaient de faire dominer par lui… pendant que tous les hommes le rejetaient et le critiquaient. Aujourd’hui, The Sheik est surtout intéressant à voir pour son aspect historique… (film muet)
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Agnes Ayres, Rudolph Valentino, Adolphe Menjou, Walter Long
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Remarques :
Le cheik* Après le succès de The Four Horsemen of the Apocalypse de Rex Ingram, Rudolph Valentino a demandé à la Metro (future M.G.M.) une augmentation de 50 dollars sur son salaire de 300 dollars par semaine. La Metro a refusé provoquant son départ. Adolphe Zukor l’a engagé immédiatement.

* Avant la sortie, les patrons de Paramount n’étaient pas franchement convaincus par le film et n’avaient donc pas anticipé un succès si phénoménal. A noter que Rudolph Valentino n’a pas le top billing : sur l’affiche, il est en deuxième position derrière Agnes Ayres.

* Suite : Le Fils du Cheik (The son of The Sheik) de George Fitzmaurice (1926), ultime film de Rudolph Valentino décédé la même année à l’âge de 31 ans.

(1) C’est pratiquement le seul film où Rudolph Valentino a ces expressions faciales exagérées. A propos de son regard, il faut garder à l’esprit qu’il était très myope, il a ainsi tendance à plisser les yeux. De plus, un très léger strabisme apporte quelque chose de particulier à son regard.

The Sheik
Le Cheik (Rudolph Valentino) et sa captive (Agnes Ayres) dans The Sheik de George Melford (1921).

24 février 2014

La danseuse des Folies Ziegfeld (1941) de Robert Z. Leonard et Busby Berkeley

Titre original : « Ziegfeld Girl »

La danseuse des Folies ZiegfeldEtre découvert par le célèbre créateur de spectacles Florenz Ziegfeld est le rêve de nombreuses jeunes femmes. Trois d’entre elles entrent ainsi dans la troupe. L’irruption de cette gloire soudaine dans leur vie va avoir des conséquences bien différentes… Ziegfeld Girl est l’un des nombreux films mettant en scène les célèbres Follies de Ziegfeld (1) qui marquèrent le Broadway des années dix et vingt. Robert Z. Leonard avait déjà réalisé Le Grand Ziegfeld (1936) qui avait connu un énorme succès. Assez logiquement, la M.G.M. lui confie donc la direction de cette superproduction, en tandem avec Busby Berkeley qui dirige les numéros musicaux et ballets. Le scénario est assez lénifiant, énième variation sur le conte de fées du succès, avec ses avantages mais aussi ses dangers. Des trois girls, c’est Lana Turner qui a la plus belle présence ; Hedy Lamarr est peu mise en valeur tout comme Judy Garland, mais cette dernière fait montre comme toujours d’une belle énergie. Même les ballets musicaux ne sont pas à la hauteur des grandes créations de Busby Berkeley : il charge ici beaucoup, mais il est vrai qu’il est ainsi dans la droite ligne de Ziegfeld. Le morceau musical le plus notable est probablement Minnie from Trinidad chanté par Judy Garland.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: James Stewart, Judy Garland, Hedy Lamarr, Lana Turner, Jackie Cooper, Ian Hunter, Charles Winninger, Edward Everett Horton
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Voir les livres sur les comédies musicales

Remarques :
* Dans la scène finale, l’un des décors reproduit celui du numéro le plus célèbre de Le Grand Ziegfeld : A Pretty Gil is like a Melody avec son grand gâteau.
* Originellement, le film devait être tourné en 1938 avec Eleanor Powell, Joan Crawford, Virginia Bruce et Walter Pidgeon.

(1) Florenz Ziegfeld Jr. (1867-1932) est sans aucun doute la plus grande personnalité de l’univers de Broadway. A partir de 1909, ses Follies devinrent vite le spectacle le plus célèbre de l’époque. Ses ballets et numéros musicaux alliaient fantaisie et reconstitution et faisaient rêver les spectateurs. Il n’hésitait pas à mêler les influences les plus diverses, pour un résultat d’assez mauvais goût mais toujours grandiose et spectaculaire.

13 octobre 2012

Ève (1950) de Joseph L. Mankiewicz

Titre original : « All about Eve »

ÈveAlors que l’actrice de théâtre Eve Harrington reçoit une récompense lors d’une soirée, plusieurs personnes se remémore sa rapide ascension… L’un des plus célèbres films de Joseph Mankiewicz, All about Eve fait partie de ces films qui semblent approcher une certaine perfection. Tout est brillant, à commencer par le scénario très intelligemment écrit par Mankiewicz sur la base d’une nouvelle de Mary Orr. La construction repose sur un flashback raconté par plusieurs personnages, une construction élégante que le réalisateur reprendra encore plus brillamment pour La comtesse aux pieds nus. Les dialogues sont d’une grande richesse avec de nombreuses répliques mémorables. La mise en scène est très maitrisée et l’interprétation admirable : c’est bien entendu Bette Davis qui est la plus remarquable dans son rôle d’actrice hantée par son âge avec ses accès d’humeur et son penchant pour l’alcool mais tous les rôles de premier et second plans sont parfaitement tenus. Cette peinture du monde du spectacle n’est pas dénuée d’acidité, c’est un monde où le mensonge côtoie l’arrivisme et le cynisme, même quand le talent est là. Film presque parfait, All about Eve connut un très grand succès et reçut de nombreux prix.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Bette Davis, Anne Baxter, George Sanders, Celeste Holm, Gary Merrill, Hugh Marlowe, Gregory Ratoff, Thelma Ritter, Marilyn Monroe
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Remarques :
* Mankiewicz a dit s’être inspiré de son ami Elian Kazan pour le personnage de Bill, le metteur en scène.
* La Sarah Siddons Society n’existait pas encore au moment du tournage de Eve. C’est une pure création de Mankiewicz. Du fait du succès du film, des amateurs de théâtre créèrent la vraie Sarah Siddons Society en 1952 et commencèrent à décerner un prix à une actrice particulièrement remarquée au cours de la saison passée. C’est maintenant l’un des prix les plus importants dans le monde du théâtre. Et la statuette remise est identique à celle du film!

23 janvier 2012

Embrasse-moi, idiot! (1964) de Billy Wilder

Titre original : « Kiss me, stupid »

Embrasse-moi, idiot!Un crooner, réputé pour être un homme à femmes, s’arrête dans le petit village de Climax pour prendre de l’essence. Pour le pompiste et son voisin qui écrivent des chansons et aspirent au succès, c’est une occasion inespérée. Ils sont prêts à tout pour placer une de leurs chansons et inventent tout un stratagème… Embrasse-moi, idiot! est une comédie très amusante qui porte un certain regard sur l’arrivisme et la société américaine. Le film fut trainé dans la boue par les ligues de vertu américaines ; la Critique emboîta le pas en le présentant comme étant assez abject et de mauvais goût. Il faut dire que personne n’est épargné. Billy Wilder s’attaque aux fondements du modèle américain, la réussite, la famille, l’épouse, et le fait que ses personnages soient des gens ordinaires en décuple la portée : cela pourrait être tout à chacun ce qui entraîne le spectateur sur la question « jusqu’où est-on prêt à aller pour réussir ? » Pour ne rien arranger, le seul personnage vertueux et intègre est une prostituée… Oui, le phénomène de rejet qui se manifesta à la sortie de Embrasse-moi, idiot! s’explique aisément. Les questions soulevées sont d’ailleurs toujours aussi actuelles : si aujourd’hui, nous sommes moins chatouilleux sur la famille, l’attrait du succès et de la réussite est toujours aussi fort, voire plus. Il est dommage que ce film ait été si maltraité, car Embrasse-moi, idiot! est une comédie assez subtile, bien rythmée et remarquablement interprétée.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Dean Martin, Kim Novak, Ray Walston, Felicia Farr, Cliff Osmond
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Remarques :
* Le professeur de piano devait être interprété par Peter Sellers. L’acteur eut une crise cardiaque après quelques semaines de tournage et Billy Wilder du tout reprendre avec Ray Walston qui s’en tire très bien, avec un jeu plus proche de Jack Lemmon que de Peter Sellers d’ailleurs (il faut dire que sa femme dans le film est la femme de Jack Lemmon dans la vraie vie!!)
* Le personnage de la prostituée avait été écrit pour Marilyn Monroe, ce subtil mélange de naïveté et de sensualité était effectivement un rôle sur mesure pour elle. Kim Novak est merveilleuse dans ce rôle, sans vraiment chercher à copier Marilyn.
* Dean Martin, de son côté, joue avec sa propre image, à la fois sur plan du coureur de jupons et du chanteur un peu sur le déclin qui résiste à la déferlante d’une nouvelle vague musicale.
* Certes, il n’y a pas de village nommé Climax au Nevada mais, aussi étonnant que cela puisse paraître, il existe une localité nommée « Climax » dans dix autres états américains (rappelons que « Climax » en anglais, comme en français d’ailleurs mais le mot est moins usité, peut désigner un orgasme).

Homonyme :
Embrasse-moi, idiot! (A fool there was) de Frank Powell (1915) avec Theda Bara.