17 février 2018

Ex-Lady (1933) de Robert Florey

Ex-LadyHelen est une jeune femme indépendante, qui dessine avec brio des illustrations pour des magazines. Courtisée par plusieurs hommes, c’est Don, un jeune publicitaire, qu’elle aime et qui la presse d’accepter de l’épouser. Elle finit par lui céder…
La base du scénario de Ex-Lady est un projet de pièce co-écrite par Robert Riskin, scénariste qui a beaucoup travaillé pour Capra (It Happened One Night, Mr. Deeds, You Can’t Take It with You, et beaucoup d’autres…) Le propos est très inhabituel pour son époque car il montre une jeune femme très moderne, qui refuse le mariage pour rester libre et indépendante, ne veut pas d’enfants avant 40 ans et tient à sa carrière où elle réussit. Il s’agit certes d’un film pré-Code, c’est-à-dire tourné juste avant la généralisation du code de censure Hays en 1934, mais la façon dont le père rétrograde est montré hostile et buté ne laisse guère d’ambigüité. Ex-Lady est le premier film où Bette Davis est en tête d’affiche et Robert Florey (qui n’a eu le scénario que quelques heures avant le début du tournage) sait la mettre en valeur : il la filme souvent en légère contre-plongée dans des robes longues ce qui accentue le caractère longiligne de sa silhouette et la fait paraître très grande (alors qu’en réalité Bette Davis mesure 1m60). Par son apparence et son jeu, l’actrice donne beaucoup de personnalité à son personnage. Sa présence paraît d’autant plus grande que les autres acteurs sont un peu fades, à l’exception de Frank McHugh toujours délectable dans ses rôles d’excentriques.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Bette Davis, Gene Raymond, Frank McHugh, Monroe Owsley, Claire Dodd
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Florey sur le site IMDB.

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Remarque :
Ex-Lady est un remake (non annoncé) de Illicit d’Archie Mayo (1931) avec Barbara Stanwyck.

Ex-Lady
Bette Davis et Monroe Owsley dans Ex-Lady de Robert Florey.

Ex-Lady
Gene Raymond, Bette Davis et Robert Florey sur le tournage de Ex-Lady de Robert Florey.

14 décembre 2017

Starman (1984) de John Carpenter

StarmanEncouragé par les messages de bienvenue portés par Voyager 2, un extra-terrestre arrive sur la planète Terre. Son vaisseau ayant été endommagé, il demande à une jeune femme de l’accompagner jusqu’à un point de rendez-vous à 3000 kms de là. Pour cela, il prend la forme de son défunt mari… Starman est un film qui surprend dans la filmographie de John Carpenter. Le réalisateur avait besoin d’un succès pour se remettre en selle et a accepté cette commande. Le scénario est visiblement inspiré de Rencontres du troisième type dont il reprend l’idée pour se concentrer sur la relation intimiste entre l’extraterrestre et la femme forcée de le transporter. Il s’installe ainsi une étrange relation entre ces deux êtres fondamentalement différents mais le scénario est un peu paresseux et reste sur des notions très simples et très classiques, telle la force de l’amour (que l’humain est le seul à avoir découvert dans tout l’univers). On peut juste dire que les intentions sont louables. Le meilleur reste le début du film où Jeff Bridges installe brillamment son personnage de Candide mais la suite est vraiment trop répétitive et prédictible.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jeff Bridges, Karen Allen, Charles Martin Smith
Voir la fiche du film et la filmographie de John Carpenter sur le site IMDB.

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Remarques :
* La Columbia avait le choix entre les scénarios de Starman et de E.T. et a choisi le premier. Après le succès d’ E.T. dès sa sortie en 1982, Starman est resté plus de deux ans au placard avant que le studio ne se décide à le sortir.

* Le cratère de l’épilogue est bien situé près de Winslow, Arizona. Vu de haut sous Google Maps, il ressemble vraiment à un cratère lunaire : plus de 1 km de diamètre, une profondeur de 170 mètres, il fut créé par la chute d’un objet de 50 mètres de large il y a 50 000 ans. A l’époque, la région était recouverte d’une végétation luxuriante (ce n’est plus le cas aujourd’hui!)

* En 1986, la Columbia a tenté de prolonger le film par une série TV basée sur l’enfant né du couple qui avait des pouvoirs paranormaux. Ce fut un échec.

Starman
Jeff Bridges montre à Karen Allen où est sa maison dans Starman de John Carpenter.

29 août 2017

Princess Bride (1987) de Rob Reiner

Titre original : « The Princess Bride »

Princess BrideUn petit garçon malade reçoit la visite de son grand-père qui lui lit un conte, les aventures mouvementées de la Princesse Bouton d’Or et de son ancien valet de ferme… Princess Bride est tiré d’un livre de William Goldman qui en a écrit lui-même l’adaptation. Le plus remarquable dans cette histoire est qu’elle peut aussi bien être vue par des jeunes enfants, qui y verront un beau conte de fées, que par des adultes qui se régaleront de l’humour au second degré, présent du début à la fin. C’est un humour assez élégant, que l’on pourrait qualifier de british si tout ce petit monde n’était pas américain (on peut pratiquement dire que seuls Cary Elwes et les lieux de tournages sont anglais). Le film de Rob Reiner est aussi un hommage au cinéma de cape et d’épée, Errol Flynn et Douglas Fairbanks en tête, Cary Elwes ayant été choisi entre autres pour sa ressemblance avec Fairbanks. Mandy Patinkin fait une brillante prestation. La musique est de Mark Knopfler. Partant d’un succès mitigé à sa sortie, Princess Bride a bâti sa réputation au fil des ans et certaines de ses répliques ont été largement reprises depuis. C’est un petit bijou d’humour dont on peut se délecter.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Cary Elwes, Mandy Patinkin, Chris Sarandon, Christopher Guest, Robin Wright, Peter Falk, Billy Crystal
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Princess Bride
Robin Wright et Cary Elwes dans Princess Bride de Rob Reiner.

Princess Bride
« Inconceivable! » : Mandy Patinkin, Wallace Shawn et André The Giant dans Princess Bride de Rob Reiner.

Princess Bride
Mandy Patinkin et Cary Elwes, habillé exactement comme Douglas Fairbanks dans The Mark of Zorro (1920).

Princess Bride
Les méchants : Chris Sarandon et Christopher Guest dans Princess Bride de Rob Reiner.

Princess Bride
Billy Crystal dans Princess Bride de Rob Reiner.

Remarques :
* Robin Wright et Cary Elwes sont tombés amoureux l’un de l’autre sur le tournage.
* André The Giant, qui interprète Fezzik, est d’origine française et mesure 2m24. Catcheur professionnel, il est alors âgé de 40 ans. Il décèdera cinq ans plus tard en 1993. Il n’a tourné que dans deux longs métrages.

22 juin 2017

Pauvres millionnaires (1959) de Dino Risi

Titre original : « Poveri milionari »

Pauvres millionnairesAmis depuis toujours, Romolo et Salvatore se sont mariés le même jour mais le voyage de noces commun tourne court. De retour à Rome, Salvatore se fait renverser par une riche jeune veuve et devient amnésique. Cette dernière s’entiche de lui et le fait nommer directeur du grand magasin où travaille Romolo… Après le succès du réussi Pauvres mais beaux, Dino Risi lui a donné deux suites : Beaux mais pauvres et ce Pauvres millionnaires. Nous retrouvons le même quatuor qui tente de s’établir après que les garçons aient trouvé un travail. L’histoire a perdu son caractère de regard social pour évoluer sur le terrain du burlesque pur. Le scénario est particulièrement improbable, ce qui n’est pas très grave en soi s’il exploitait bien les situations cocasses créées. Mais ce n’est pas vraiment le cas, hélas. Certes, il y a quelques bonnes trouvailles et de bons moments mais l’ensemble nous laisse sur une impression d’insatisfaction. Côté acteur, Renato Salvatori sort une fois de plus du lot : il n’a pas son pareil pour ces rôles de garçon aussi niais et immature qu’attachant. La fin était de toute évidence conçue pour permettre une suite qui ne vit pas le jour. Pauvres millionnaires fait partie de la première période de la filmographie de Dino Risi, avant ses plus belles réussites qui en firent un grand cinéaste.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Maurizio Arena, Renato Salvatori, Lorella De Luca, Alessandra Panaro, Sylva Koscina
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Pauvres millionnaires
Lorella De Luca, Maurizio Arena et Renato Salvatori dans Pauvres millionnaires de Dino Risi.

19 mai 2017

Pauline à la plage (1983) d’ Eric Rohmer

Pauline à la plageFin de l’été sur une plage normande. Marion a la charge de Pauline, sa jeune cousine adolescente. Elles rencontrent Pierre et Henri et parlent de leurs visions de l’amour… Pauline à la plage est le troisième, et le plus connu, film de la série « Comédies et Proverbes » d’Éric Rohmer. Le proverbe illustré est « Qui trop parole, il se mesfait » de Chrétien de Troyes. On ne sera pas surpris qu’il y a soit question de paroles et de dialogues, sur un sujet éminemment subjectif : l’amour. Chacun des personnages en a sa propre définition, chacun a ses attentes. Malgré ce petit côté maniéré, ou du moins « maitrisé », toujours présent dans les films de Rohmer, les dialogues sonnent très justes, très authentiques ; ils semblent avoir été écrits par les personnages eux-mêmes. C’est bien cela qui est remarquable chez Rohmer : les dialogues sont toujours simples, les esprits chagrin pourront leur reprocher une absence de profondeur, et pourtant de l’ensemble ressort une réflexion des plus éclairantes, aux portes de la philosophie. Ici, ces différentes visions de l’Amour incitent au questionnement. Rohmer sait préserver simplicité et naturel chez ses personnages ; il joue ici parfaitement et sans en abuser avec la féminité d’Arielle Dombasle. Grace à toutes ces qualités, Pauline à la plage est atemporel : il se regarde avec autant d’intérêt aujourd’hui qu’il y a trente ans.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Amanda Langlet, Arielle Dombasle, Pascal Greggory, Féodor Atkine
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Remarques :
* Chrétien de Troyes est un poète français (env. 1130-1185) auteur de romans de chevalerie de la littérature arthurienne en octosyllabes tels Lancelot ou le Chevalier de la charrette, Perceval ou le Conte du Graal ou encore Erec et Enide.

Le cycle Comédies et proverbes d’Éric Rohmer :
1. La Femme de l’aviateur (1981) ou « On ne saurait penser à rien »
2. Le Beau Mariage (1982) ou « Quel esprit ne bat la campagne ? qui ne fait château en Espagne ? »
3. Pauline à la plage (1983) ou « Qui trop parole, il se mesfait »
4. Les Nuits de la pleine lune (1984) ou « Qui a deux femmes perd son âme, qui a deux maisons perd sa raison »
5. Le Rayon vert (1986) ou « Que le temps vienne où les cœurs s’éprennent »
6. L’Ami de mon amie (1987) ou « Les amis de mes amis sont mes amis »

Pauline à la plage
Amanda Langlet, Pascal Greggory et Arielle Dombasle dans Pauline à la plage de Éric Rohmer.

Pauline à la plage
Amanda Langlet, Simon de La Brosse et Féodor Atkine dans Pauline à la plage de Éric Rohmer.

Pauline à la plage
Eric Rohmer, Arielle Dombasle, Rosette et Pascal Greggory sur le tournage de Pauline à la plage de Éric Rohmer.

21 avril 2017

Cute Girl (1980) de Hou Hsiao-hsien

Titre original : « Jiu shi liu liu de ta »

Cute GirlFille unique d’un riche industriel, la jeune Wenwen accepte avec résignation le mariage arrangé par ses parents. Mais, juste avant de rencontrer son futur fiancé, elle décide de s’octroyer un séjour à la campagne chez sa tante. Elle fait alors la connaissance de Daigang… Cute Girl est la première réalisation du réalisateur taïwanais Hou Hsiao-hsien. L’histoire est très conventionnelle, sur le thème de l’amour  plus fort que tous les mariages arrangés. Il s’agit d’un film de commande, destiné à mettre en valeur le chanteur de pop taïwannaise Kenny Bee, ce qui explique la présence de plusieurs chansons (Fong Fei-Fei est aussi  chanteuse). L’ensemble est très léger et plutôt anodin mais une charmante fraicheur s’en dégage. Malgré une fin plutôt ridicule, Cute Girl est un film plaisant. Il ne faut toutefois pas trop y chercher les prémices du style du cinéaste.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kenny Bee, Anthony Chan, Feng Fei Fei
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Remarques :
* Le deuxième film de Hou Hsiao-hsien, Feng er ti ta cai (1981) (film qui n’est pas ressorti), réutilise le couple Kenny Bee et Feng Fei Fei.
* Hou Hsiao-hsien a en quelque sorte renié ses trois premiers films, affirmant qu’il avait débuté sa carrière avec Les Garçons de Fengkuei en 1983.

Cute Girl
Feng Fei Fei dans Cute Girl de Hou Hsiao-hsien. A noter que l’actrice/chanteuse a été surnommée « The Queen of Hats »…

20 avril 2017

Poussières dans le vent (1986) de Hou Hsiao-hsien

Titre original : « Liàn liàn fengchén »

Poussières dans le ventDans un petit village de Taïwan, au milieu des années soixante, Ah-yuan et Ah-yun sont amis depuis l’enfance. Sans que ce soit dit, ils sont promis l’un à l’autre. Aussi quand Ah-yuan se rend en ville pour chercher du travail tout en finissant ses études avant le service militaire, Ah-yun le suit… Poussières dans le vent conclut le cycle autobiographique du réalisateur taiwanais, inauguré trois ans auparavant avec Les Garçons de Fengkuei (1983). On retrouve le thème du passage de la campagne à la ville, de la découverte d’un monde et de l’amour. Mais, cette fois, Hou Hsiao-hsien signe  un film d’une infinie délicatesse, il parvient à saisir l’impalpable, donnant presque un caractère de transparence à ses deux personnages principaux. L’image est très belle, avec de beaux plans fixes et des plans-séquences que le réalisateur multipliera par la suite. La musique ajoute encore de la délicatesse à l’ensemble.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Chen Shu-Fang, Hsin Shu-fen
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Remarque :
* On ne peut que remarquer l’importance du cinéma : les séances en plein air dans le village et le cinéma de quartier à la ville (l’ami de Ah-yuan qui l’héberge travaille dans un petit cinéma où on les voit peindre des affiches pour les films qu’ils passent).

 

poussières dans le vent
Chen Shu-Fang et Hsin Shu-fen dans Poussières dans le vent de Hsiao-Hsien Hou.

9 mars 2017

Un monde sans pitié (1989) de Eric Rochant

Un monde sans pitiéHippo est un trentenaire désabusé : face à un monde dominé par la crise économique, il vit au jour le jour, sans faire de plan. Seul l’amour reste véritable et salutaire à ses yeux. Il rencontre Nathalie, étudiante studieuse à l’École normale supérieure, tout à l’opposé de lui donc… Premier long métrage d’Eric Rochant (alors âgé de 28 ans), Un monde sans pitié fait partie de ces films que l’on qualifie de « générationnel » : toute une génération en manque de repères s’est reconnue dans cette semi-errance. Quand tous les idéaux sont morts, que nous reste t-il ? Hippo ne cherche pas à changer le monde, il ne s’intéresse à rien, il se contente de vivre aux crochets de ses parents et de son jeune frère lycéen, revendeur de cannabis, sur lequel il est censé veiller. Hippo ne construit rien, n’attend rien, sauf de l’amour qu’il conçoit assez égoïstement comme une relation possessive. Le film ne propose donc pas de modèle, nous ne sommes pas ici dans le « comment vivre ? » ; Eric Rochant fait seulement un constat, il porte un regard presque sociologique sur sa génération. C’est le premier grand rôle pour Hippolyte Girardot (qui, rappelons-le, n’a aucun lien de parenté avec Annie Girardot). Le succès du film le desservira quelque peu en l’enfermant dans un certain style de personnage. Eric Rochant, quant à lui, fait une entrée remarquée dans le monde du cinéma français, tout comme le fera son ami Arnaud Desplechins deux ans plus tard.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Hippolyte Girardot, Mireille Perrier, Yvan Attal, Jean-Marie Rollin
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Un monde sans pitié
Hippolyte Girardot et Yavn Attal dans Un monde sans pitié de Eric Rochant.

Un monde sans pitié
Jean-Marie Rollin et Hippolyte Girardot dans Un monde sans pitié de Eric Rochant.

21 février 2017

Contes italiens (2015) de Paolo Taviani et Vittorio Taviani

Titre original : « Maraviglioso Boccaccio »

Contes italiensEn 1348, alors que la peste frappe cruellement Florence, sept demoiselles et trois jeunes hommes décident de quitter la ville et de s’isoler à la campagne. Là, pour tromper l’ennui, ils décident que chaque jour, l’un d’entre eux devra raconter une histoire… Librement inspiré du Décaméron de Boccace, Contes italiens est un superbe hymne à l’amour, à la beauté et à la vie. Après un préambule sur les dégâts de la peste, les frères Taviani reprennent cinq contes, parmi les cent que compte le roman. Trois sont à caractère plutôt dramatiques sur le thème de la force de l’amour ; ce sont les plus beaux, les plus émouvants, les plus déchirants même pour le dernier. On est transportés par leur puissance évocatrice. Deux contes plus légers, et un peu plus courts, servent en quelque sorte d’intermède récréatif. La réalisation est parfaite, l’image est d’une grande beauté et la musique tient une grande place, apportant une dimension supplémentaire. Il est un peu désolant de voir la critique laminer un tel film, le qualifiant hâtivement d’ « académique ». Il ne faut pas les écouter : à plus de quatre-vingts ans, les frères Taviani ont signé un film étonnamment jeune ; il est en outre assez féminin (Paolo Taviani, lui-même, le confirme). Contes italiens est une petite merveille.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Carolina Crescentini, Flavio Parenti, Kim Rossi Stuart, Riccardo Scamarcio, Kasia Smutniak, Jasmine Trinca
Voir la fiche du film et la filmographie de Paolo Taviani et Vittorio Taviani sur le site IMDB.
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Précédente adaptation :
Le Décaméron (Il Decameron) de Pier Paolo Pasolini (1971), comportant dix contes et bien entendu très différent. Le réalisateur l’a renié par la suite.

Contes italiens
Contes italiens de Paolo et Vittorio Taviani.

Contes italiens
Conte 1 : Riccardo Scamarcio et Vittoria Puccini dans Contes italiens de Paolo et Vittorio Taviani.

Contes italiens
Conte 2 : Kim Rossi Stuart dans Contes italiens de Paolo et Vittorio Taviani.

Contes italiens
Conte 3 : Michele Riondino et Kasia Smutniak dans Contes italiens de Paolo et Vittorio Taviani.

Contes italiens
Conte 4 : Carolina Crescentini et Leonardo Santini Contes italiens de Paolo et Vittorio Taviani.

Contes italiens
Conte 5 : Jasmine Trinca dans Contes italiens de Paolo et Vittorio Taviani.

9 février 2017

Her (2013) de Spike Jonze

HerDans un futur proche, Theodore est un trentenaire légèrement dépressif après la séparation de sa femme. Il se laisse convaincre par une publicité pour un nouveau système d’exploitation de son ordinateur, un système décrit comme « intelligent »… Pourra-t-on un jour tomber amoureux d’une intelligence artificielle ? La question est loin d’être anodine et Spike Jonze l’aborde de façon très pertinente. Contrairement à ce que l’on lire un peu partout, son Theodore ne tombe pas amoureux d’une voix (ce qui donnerait au mieux un film puéril), il tombe amoureux d’une intelligence auto-évolutive, qui va s’adapter à sa situation particulière, à son caractère. Théodore lui demande en premier de mettre de l’ordre dans ses emails mais, au final, elle va remettre de l’ordre dans sa vie et au passage lui faire découvrir le véritable sens de l’amour. Rien de moins! Bien entendu, on pourra relever des incohérences techniques ici et là mais cela n’a pas d’importance, Spike Jonze aborde la question sous le bon angle. En plus d’être séduisant sur le fond, le film est séduisant dans sa forme par la douceur de la photographie aux couleurs chaudes (le bleu a été banni par le directeur de la photographie Hoyte Van Hoytema) et par ses superbes gros plans à faible profondeur de champ. L’environnement futuriste est assez sobre mais très bien rendu. L’interprétation est au niveau de l’ensemble : Joaquim Phoenix excelle pour exprimer toutes les nuances de son personnage. Her est un merveilleux film.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Joaquin Phoenix, Scarlett Johansson, Amy Adams, Rooney Mara
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Remarques :
* Spike Jonze dit avoir été inspiré par les films de Woody Allen, notamment Crimes et Délits.
* Steven Soderbergh a aidé Spike Jonze en lui proposant un montage fait en une nuit. certaines idées de coupe ont été gardées.
* La voix du « gamin » malpoli holographique est celle de Spike Jonze.
* Her n’est que le quatrième long métrage de Spike Jonze qui est prolixe en matière de courts métrages (IMDB lui attribue 48 réalisations).

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Joaquin Phoenix et Amy Adams dans Her de Spike Jonze.

Her
Joaquin Phoenix, heureux d’être sur la plage avec Samantha dans la poche, dans Her de Spike Jonze.