5 septembre 2023

Jenny, femme marquée (1949) de Douglas Sirk

Titre original : « Shockproof »

Jenny, femme marquée (Shockproof)Jenny est en liberté conditionnelle après cinq ans de prison pour meurtre. Le juge des libertés lui trouve un travail et un logement. Mais son ancien amant vient la voir, celui pour lequel elle avait commis le meurtre. Le juge des libertés lui rappelle alors qu’elle ne doit plus le voir et va s’arranger pour qu’il en soit ainsi…
Jenny, femme marquée (Shockproof) est un film américain réalisé par Douglas Sirk. Il s’agit d’un film noir, fortement teinté de mélodrame, avec une note de drame social. Le thème est celui du pardon, de la deuxième chance. Le scénario a été écrit par Samuel Fuller (qui réalisera son premier long métrage la même année) avec l’intervention d’Helen Deutsch qui modifia la fin à la demande de la Columbia. Cette fin, très artificielle, vient gâcher tout l’édifice. Pour le reste, le film montre une belle construction mais n’offre aucune surprise, le mélodrame est assez appuyé et conventionnel.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Cornel Wilde, Patricia Knight, John Baragrey, Esther Minciotti
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Remarques :
• A noter que les acteurs principaux, Cornel Wilde et Patricia Knight, étaient mariés à l’époque du tournage. Ils ont divorcé en 1951.
• Pour une fois, le titre français est plus approprié, le titre original a certainement été choisi pour des raisons commerciales car il semble n’avoir que peu de rapports avec le contenu du film.

Jenny, femme marquée (Shockproof)Patricia Knight et Cornel Wilde dans Jenny, femme marquée (Shockproof) de Douglas Sirk.

5 juillet 2023

Demain est un autre jour (1956) de Douglas Sirk

Titre original : « There’s Always Tomorrow »

Demain est un autre jour (There's Always Tomorrow)Clifford Groves, un chef d’entreprise qui mène une vie bien réglée entre son travail, son épouse et leurs trois enfants, voit sa vie perturbée lorsque Norma, collaboratrice à ses débuts, vient lui rendre une visite inattendue…
Demain est un autre jour (There’s Always Tomorrow) est un film américain en noir et blanc réalisé par Douglas Sirk, adaptation d’un roman de Ursula Parrott. Il s’agit d’un mélodrame, l’un des meilleurs signés par Douglas Sirk. Il n’use d’aucun effet facile et son propos est assez subtil. Si, comme dans tous les films hollywoodiens de cette période, la morale sera respectée, le récit met à mal l’image de la famille idéale américaine. L’homme au centre de cette histoire n’est pas un quarantenaire volage qui recherche les aventures ; non, il est très déçu que toutes les gentilles attentions envers sa femme tombent à plat, cette dernière faisant passer les enfants avant tout. Cette famille idéale a toutes les allures d’une prison et le final est ambigu : est-ce bien un « happy end » …? L’art de Douglas Sirk est dans la subtilité car son film peut tout aussi bien être vu comme une fable moraliste que comme une mise à mal du modèle de la famille américaine. Nous sommes ici loin du mélodrame conventionnel. Très belle prestation de Barbara Stanwyck.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Barbara Stanwyck, Fred MacMurray, Joan Bennett, William Reynolds, Pat Crowley, Gigi Perreau, Jane Darwell
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Remarque :
* Plus de dix ans auparavant, Barbara Stanwyck et Fred MacMurray formaient le couple mythique du très beau film noir Assurance sur la mort (Double Indemnity) de Billy Wilder (1944).

Demain est un autre jour (There's Always Tomorrow)Barbara Stanwyck et Fred MacMurray dans Demain est un autre jour (There’s Always Tomorrow) de Douglas Sirk.

2 octobre 2019

Des filles disparaissent (1947) de Douglas Sirk

Titre original : « Lured »

Des filles disparaissentA Londres, un tueur en série attire des jeunes femmes par petites annonces et avertit à l’avance la police de son crime par l’envoi d’un poème sibyllin. Lorsque l’américaine Sandra Carpenter voit son amie disparaître, elle accepte de travailler pour Scotland Yard et de servir d’appât…
Entre deux décennies où il s’est consacré aux mélodrames, Douglas Sirk a été plutôt éclectique pendant celle des années quarante. Ce film noir est un remake de Pièges, tourné en France par Robert Siodmack en 1939 alors qu’il avait fui l’Allemagne nazie. Que Douglas Sirk n’ait eut qu’un budget assez réduit pour réaliser Lured ne se ressent guère, ni dans les décors ni les costumes. L’atmosphère est assez forte alimentée par une belle galerie de personnages au comportement suspect et inquiétant. Lucille Ball tient le rôle  central de cette histoire avec beaucoup d’aplomb et de charme ; elle est vraiment remarquable. George Sanders est égal à lui-même, l’acteur était alors au faite de sa popularité et tournait beaucoup. Les seconds rôles sont tous très bien tenus par un beau plateau d’acteurs. Lured n’eut aucun succès à sa sortie mais bénéficie aujourd’hui d’un regain d’intérêt, après restauration. Il le mérite.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: George Sanders, Lucille Ball, Charles Coburn, Boris Karloff, Cedric Hardwicke, Joseph Calleia, Alan Mowbray
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Des filles disparaissentLucille Ball, Charles Coburn et George Sanders dans Lured (Des filles disparaissent) de Douglas Sirk.

Des filles disparaissentGeorge Zucco et Lucille Ball dans Lured (Des filles disparaissent) de Douglas Sirk.

Des filles disparaissentBoris Karloff dans Lured (Des filles disparaissent) de Douglas Sirk.

5 novembre 2018

Accord final (1938) de Douglas Sirk et Ignacy Rosenkranz

Accord finalAdepte des jeux de hasard, un célèbre virtuose du violon fait le pari, un soir de beuverie, d’épouser avant deux mois la dixième jeune fille qui franchira la porte du Conservatoire de musique le lendemain matin. Il parie son unique et inestimable Stradivarius…
Ce n’est que récemment que l’on sait avec une quasi-certitude que Accord final a été en réalité dirigé par Douglas Sirk (1). En revanche, on ne sait si Ignacy Rosenkranz (ou I.R. Bay), crédité comme auteur du scénario et réalisateur, a vraiment existé ou s’il s’agit d’un pseudonyme du cinéaste allemand. Le film est une fantaisie sur le thème de l’amour. On y retrouve une belle brochette d’acteurs français qui donne beaucoup de solidité dans les seconds rôles. Tout cela est charmant mais, il faut bien l’avouer, plutôt anodin.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Käthe von Nagy, Jules Berry, George Rigaud, André Alerme, Raymond Aimos, Georges Rollin, Jacques Baumer, Josette Day, Bernard Blier
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(1) Fin 1937, Douglas Sirk (Hans Detlef Sierck) a réussi à quitter l’Allemagne sous le prétexte d’aller en Afrique du Sud effectuer les repérages d’un film qui ne verra jamais le jour. Après un bref séjour à Rome, il gagne la Suisse où Sirk supervise Accord final pour un producteur indépendant admirateur de son film Schlussakkord (La neuvième symphonie, 1936). Sierck a rompu unilatéralement son contrat avec la UFA et tient à éviter toute poursuite judiciaire ; il réussit à garder l’anonymat sur ce film qui sera signé Ignacy Rosenkranz, alias I.R. Bay.
Dans sa présentation du film au Cinéma de Minuit, Patrick Brion signale que c’est le livre d’Hervé Dumont Histoire du cinéma suisse qui a levé le voile sur son identité.

Accord final
Josette Day dans Accord final de Ignacy Rosenkranz (I.R. Bay) et Douglas Sirk.

13 mai 2014

L’aveu (1944) de Douglas Sirk

Titre original : « Summer Storm »

L'aveuDans la Russie de 1912, peu avant la Révolution, le jeune juge de province Fedor Petroff est fiancé à Nadena Kalenine. Il est également ami avec le riche comte Volsky et c’est chez ce dernier qu’il fait la connaissance de la fille du bucheron du domaine, Olga, et tombe sous le charme… Summer Storm est inspiré d’une nouvelle de Tchekhov, La Partie de chasse. Deuxième film américain de Douglas Sirk, il fait partie de ce que l’on a coutume d’appeler « la première période américaine » du réalisateur, celle où il n’était pas encore totalement entré dans le moule d’Hollywood. Effectivement, Summer Storm est bien plus un film européen dans l’âme qu’un film américain. Douglas Sirk dit avoir bénéficié d’une totale liberté artistique pour tourner ce projet qui lui tenait à coeur, avec peu de moyens certes mais sans contrainte. Il brosse avec talent le portrait d’un lâche et d’une arriviste dans un monde sur le point de basculer. Le style est sobre, le déroulement du scénario est remarquable. Si Linda Darnell n’est pas toujours parfaitement crédible en paysanne, George Sanders est parfait dans ce type de rôle de personnage assez veule mais le plus surprenant est le choix d’Edward Everett Horton pour interpréter le comte, l’acteur apportant une pointe comique dans un registre tragique. Cela donne à cette adaptation une note assez personnelle et ajoute à cette impression d’être en équilibre entre deux mondes.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Linda Darnell, George Sanders, Edward Everett Horton, Anna Lee, Hugo Haas
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Homonyme :
L’aveu de Costa-Gavras (1970) avec Yves Montand et Simone Signoret.

24 juillet 2012

A scandal in Paris (1946) de Douglas Sirk

Titre français parfois utilisé : « Scandale à Paris »

Scandale à ParisCette biographie romancée de la première partie de la vie de Vidocq nous raconte comment, après s’être évadé de prison, il est devenu chef de la police… A Scandal in Paris est le troisième film américain de Douglas Sirk. Pour ce film, il a bénéficié d’une totale liberté qui compense largement le budget réduit. Ainsi, il s’agit d’un film assez personnel et Douglas Sirk dira plus tard que c’est là son film préféré. Il est assez européen par son style et par les talents utilisés. A Scandal in Paris est une fantaisie élégante qui utilise avec bonheur les talents naturels de George Sanders pour ce type de rôle, montrant un subtil mélange d’intelligence et de raffinement. Douglas Sirk est surtout connu pour les grands mélodrames de sa fin de carrière. Le méconnu A Scandal in Paris nous montre que le reste de sa filmographie est loin d’être inintéressant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: George Sanders, Signe Hasso, Carole Landis, Akim Tamiroff, Gene Lockhart
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Remarque :
Jacques Lourcelles a une très belle formule pour décrire A Scandal in Paris : un « film d’esthète où la gravité affleure sans cesse sous les scintillements d’un divertissement très raffiné. »