25 avril 2016

La Dame de Monsoreau (1913) de Emile Chautard

La Dame de MonsoreauEn 1578, au début du règne d’Henri III, alors que le duc d’Anjou ne cesse de comploter contre son frère le roi, la belle Diane de Méridor accepte d’épouser le Comte de Monsoreau qu’elle n’aime pas pour se protéger des avances du duc d’Anjou. Un jour, elle sauve le Comte de Bussy blessé dans un duel… Réalisé en 1913, année faste pour le cinéma français qui dominait alors le cinéma mondial, La Dame de Monsoreau est adapté du roman homonyme d’Alexandre Dumas. Il s’agit d’une production des Studios Eclair, alors le troisième plus grand studio (après Pathé et Gaumont) mais dont on connait très mal la production car peu de films ont survécu. Le réalisateur de La dame de Monsoreau n’est même pas connu avec certitude : est-ce Maurice Tourneur, Victorin Jasset, Charles Krauss ou plus vraisemblablement Emile Chautard ? Ce qui frappe en premier, c’est la rapidité d’enchainements des scènes, surtout dans la mise en place de l’intrigue dont la compréhension peut être délicate pour une personne qui ne connait pas l’histoire. Le montage est en tous cas très dynamique. On remarquera un certain nombre de plans américains, ce qui était encore très rare alors. Les costumes sont nombreux et assez riches et les décors somptueux et très bien éclairés. Certaines scènes ont été tournées à Chenonceau. Le jeu des acteurs est assez théâtral, ce qui correspond aux normes de l’époque, mais sans excès. La copie qui a été restaurée reste assez abimée par endroits mais permet d’apprécier la grande qualité de cette production.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marie-Louise Derval, Henri Bosc
Voir la fiche du film et la filmographie de Emile Chautard sur le site IMDB.

Lire aussi la présentation sur le blog de Christine Leteux, Ann Harding’s Treasures

Remarque :
Le film est visible librement sur le site des Archives Françaises du Film.

La Dame de Monsoreau
Henri Bosc et Marie-Louise Derval dans La Dame de Monsoreau de Emile Chautard.

24 avril 2016

Blow-Up (1966) de Michelangelo Antonioni

Titre original : « Blowup »

Blow Up24 heures de la vie d’un photographe en vogue, dans le Swinging London du milieu des années soixante. Il va faire une découverte étonnante dans ses clichés… Blow Up marque un tournant dans la carrière d’Antonioni : c’est son premier film non-italien, le personnage principal n’en est pas une femme et la psychologie des personnages n’est pas l’objet du film. Antonioni se penche sur le rapport entre un individu et la réalité, sur son rapport avec le monde. La réalité perçue par l’appareil photographique est différente de celle qu’a perçue le photographe, changeant totalement la nature d’une scène à laquelle il a assisté. Grâce à la possibilité d’agrandissement (Blow-Up en anglais), la photo dévoile de plus en plus de choses, jusqu’à un certain point toutefois : trop agrandie, la photo devient semblable à la peinture abstraite du voisin du photographe, elle nécessite une interprétation (1). Le grain photographique devient alors générateur d’énigme. Les frontières sujet/objet et fiction/réalité sont donc mouvantes ou même s’effacent. C’est aussi une mise en abyme de la machine cinématographique et c’est pour cette raison que le film d’Antonioni eut une influence sur de nombreux réalisateurs (2). Accessoirement ou presque, le film est un témoignage de l’atmosphère du Swinging London sur lequel Antonioni porte un regard assez fasciné.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vanessa Redgrave, David Hemmings, Sarah Miles, Jane Birkin
Voir la fiche du film et la filmographie de Michelangelo Antonioni sur le site IMDB.

Voir les autres films de Michelangelo Antonioni chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Michelangelo Antonioni

Remarques :
* Le groupe pop qui joue dans le club est The Yardbirds avec Jimmy Page et Jeff Beck. Jeff Beck est particulièrement déchainé, cassant sa guitare à la demande d’Antonioni qui était fasciné par ce que faisait Pete Townshend (des Who) sur scène.
* La musique est composée par Herbie Hancock.
* Le personnage du photographe est librement inspiré des photographes de mode David Bailey et Terence Donovan.
* L’appareil que David Hemmings utilise la plupart du temps est un Nikon F (reflex 35mm) qui bénéficia ainsi d’une belle publicité gratuite. Dans le studio, on le voit aussi utiliser un Hasselblad 500.

(1) A noter que cette particularité n’a pas disparu avec la photo numérique, bien au contraire : on ne peut agrandir une photo au-delà de la résolution du capteur (sauf dans les films hollywoodiens…)
(2) La filiation la plus évidente est celle de Conversation secrète de Coppola (1974) qui est au son ce que Blow-up est à l’image, et également Blow Out de Brian De Palma (1981) qui développe le thème en intrigue policière.

Blow-Up
David Hemmings dans Blow Up de Michelangelo Antonioni.

Blow up
David Hemmings agrandit et osculte ses clichés dans Blow Up de Michelangelo Antonioni.

23 avril 2016

Que la bête meure (1969) de Claude Chabrol

Que la bête meurePour venger la mort de son enfant, un homme se met à la recherche du chauffard qui l’a percuté sur une petite route de Bretagne. Il est déterminé, il le recherche pour le tuer et n’a pas l’intention d’abandonner avant de l’avoir trouvé…
Que la bête meure est au départ un roman de Nicholas Blake (1) paru en 1938. L’adaptation est signée Claude Chabrol et Paul Gégauff. C’est un film intense où Chabrol approche la perfection. Cela lui a valu d’être comparé à Hitchcock et à Fritz Lang, le premier pour l’habileté dans le dosage des éléments qui génère une tension croissante et le second pour le portrait du Mal et pour la réflexion induite sur la culpabilité. La détermination froide de son justicier et l’animalité de la « bête » qu’il va débusquer forment un antagonisme absolu. L’être abject personnifié par Jean Yanne symbolise aussi un style de vie archaïque ; il accumule tout ce qu’il y a de plus détestable. On aimerait pouvoir parler de caricature mais, hélas, ce n’en est pas vraiment une. Par sa réflexion sur les traits du caractère humain, par les sentiments contradictoires qu’il génère en nous, Que la bête meure va plus loin que la simple critique de la bourgeoise poujadiste de province dans laquelle on cantonne trop souvent Claude Chabrol ;  les pulsions parricides du fils lui donneraient même un petit air de tragédie grecque…
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Michel Duchaussoy, Caroline Cellier, Jean Yanne
Voir la fiche du film et la filmographie de Claude Chabrol sur le site IMDB.

Voir les autres films de Claude Chabrol chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Claude Chabrol

Remarque :
* L’inspecteur de police est interprété par Maurice Pialat, l’une de ses rares apparitions en tant qu’acteur. Pialat venait de réaliser son premier long métrage, L’Enfance nue, l’année précédente.

(1) Nicholas Blake est le pseudonyme du poète britannique Cecil Day-Lewis (le père de l’acteur Daniel Day-Lewis). Il a écrit une vingtaine de romans policiers entre 1935 et 1968 sous ce pseudonyme.

Que la bête meure
Caroline Cellier et Michel Duchaussoy dans Que la bête meure de Claude Chabrol.

Que la bête meure
Michel Duchaussoy et Jean Yanne dans Que la bête meure de Claude Chabrol.

Précédente adaptation :
La bestia debe morir (1952), film argentin de Román Viñoly Barreto.

22 avril 2016

New York 1997 (1981) de John Carpenter

Titre original : « Escape from New York »

New York 1997Dans un monde situé juste après une troisième guerre mondiale, la ville de New York a été transformée en une gigantesque prison à ciel ouvert où les prisonniers sont livrés à eux-mêmes. Le légendaire fugitif et ancien soldat Snake Plissken a 24 heures pour y retrouver le président des États-Unis qui a été capturé par les détenus après le détournement de son avion… Ecrit dès 1976, dans la foulée du Watergate, par John Carpenter qui eut bien du mal à trouver un financement, New York 1997 est un film de science-fiction, de type post-apocalyptique. Il a toutefois toutes les apparences d’un film d’action. Avec un budget limité, John Carpenter est parvenu à créer un univers très crédible et à donner beaucoup de force et de présence à son anti-héro au bandeau sur l’oeil au point que se développa un culte autour de son personnage. L’ensemble est fort bien ficelé et plaisant, malgré l’absence de profondeur du scénario. Le film a été maintes fois copié, rarement avec bonheur…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kurt Russell, Lee Van Cleef, Ernest Borgnine, Donald Pleasence, Isaac Hayes, Harry Dean Stanton
Voir la fiche du film et la filmographie de John Carpenter sur le site IMDB.

Voir les livres sur John Carpenter

Remarques :
* Le film a été tourné à East St. Louis (Illinois), ville qui est sur la rive opposée du Mississippi à St. Louis (Missouri) et qui avait été en partie détruite par un gigantesque incendie en 1976, laissant des quartiers délabrés. La production a obtenu d’y faire couper le courant par périodes. Rappelons qu’en 1980, les images créées par ordinateurs n’étaient pas encore vraiment accessibles, du moins à une production moyenne. Même la vue de New York en wire-frame (fil de fer) dans le cockpit du planeur n’est pas issue d’un ordinateur : c’est une maquette avec du ruban adhésif phosphorescent…
* James Cameron est au générique, crédité pour les effets visuels à base de matte paintings.
* Suite : Los Angeles 2013 (Escape from L.A.) de John Carpenter (1996) avec Kurt Russell, Steve Buscemi et Peter Fonda, film d’un intérêt plus limité.
* Un remake est en préparation à la Fox…

New York 1997
Kurt Russell dans New York 1997 de John Carpenter.

21 avril 2016

Le Prince de New York (1981) de Sidney Lumet

Titre original : « Prince of the City »

Le Prince de New YorkUn policier new-yorkais de la brigade des stups accepte de témoigner dans le cadre d’une enquête sur la corruption à l’intérieur de la police… Huit ans après Serpico, Sidney Lumet replonge à nouveau dans le monde complexe de la police new-yorkaise. Il s’est une fois encore basé sur une histoire vraie, racontée dans un livre de Robert Daley. Le policier de Prince of the City est écartelé entre le remords, la fidélité envers ses partenaires et le sens moral dans un monde où les rapports entre la police et la pègre sont complexes, faits de manoeuvres et de sordides tractations. Il est pris dans un engrenage qui peut lui être fatal. Lumet a tenu à tourner cette histoire sans acteurs connus (c’est le premier grand rôle de Treat Williams) ce qui augmente l’impression d’authenticité. Tous les rôles sont remarquablement bien tenus. Le déroulement du scénario peut paraître un peu chaotique, une succession de scènes qui forment finalement un ensemble très cohérent. Malgré les quelque 2h45, il n’y a aucune longueur. La photographie, volontairement un peu sale et peu éclairée, évoque les films de la nouvelle génération, plus particulièrement Taxi Driver de Scorsese. Finalement, Prince of the City est un film bien plus intense et complexe que ne l’était Serpico.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Treat Williams, Jerry Orbach, Bob Balaban
Voir la fiche du film et la filmographie de Sidney Lumet sur le site IMDB.

Voir les autres films de Sidney Lumet chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Sidney Lumet

Le Prince de New York
Treat Williams dans Le Prince de New York de Sidney Lumet.

Ne pas confondre avec :
Un prince à New York (Coming to America) qui est une comédie de John Landis (1988) avec Eddie Murphy.

19 avril 2016

Les enfants nous regardent (1943) de Vittorio De Sica

Titre original : « I bambini ci guardano »

Les enfants nous regardentUne mère quitte son mari et son jeune fils pour aller vivre avec son amant… On peut, sans trop se tromper, dire que Les enfants nous regardent est un film de transition entre le cinéma des téléphones blancs de l’époque fasciste et le néoréalisme de l’après-guerre. Il s’agit du premier « grand film » de Vittorio De Sica : plus question ici de jouer le fils de bonne famille qui met les jeunes filles en émoi, il reste cette fois derrière la caméra et aborde un sujet plus sérieux et sociétal. Le héros est ici un petit garçon de sept ans qui assiste au naufrage du couple formé par ses parents. Le propos est moral au plus point (la mère n’a apparemment aucune excuse qui pourrait justifier son comportement) et donc pourrait s’inscrire pleinement dans cette sanctuarisation de la famille commune à toutes les idéologies fascistes. Cependant, le fait d’aborder des tabous comme l’adultère et le suicide a profondément dérangé le pouvoir mussolinien au point que la sortie du film ne put se faire que fin 1944, après la libération de Rome. Certains éléments préfigurent le néoréalisme notamment celui de montrer les défauts de la société au travers des yeux d’un être simple, un enfant. Le film n’a pas la perfection de Sciuscià et Le Voleur de bicyclette, il n’a pas cet équilibre subtil entre lyrisme et regard social, mais reste intéressant à plus d’un titre.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Emilio Cigoli, Luciano De Ambrosis, Isa Pola
Voir la fiche du film et la filmographie de Vittorio De Sica sur le site IMDB.

Voir les autres films de Vittorio De Sica chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Vittorio De Sica

Remarques :
* Il s’agit de la première grande collaboration de De Sica avec le scénariste Cesare Zavattini, qui est sans conteste l’un des scénaristes les plus importants de toute l’histoire du cinéma italien. Pour De Sica, il écrira les scénarios de Sciuscià, Le Voleur de bicyclette, Miracle à Milan, etc… jusqu’au Jardin des Finzi-Contini en 1970.

* La scène finale paraît peu subtile, d’un symbolisme simple et trop fort. L’historien (et grand spécialiste du cinéma italien) Jean A. Gili suggère que cette scène a pu être imposée par la censure.

 

Les enfants nous regardent
Luciano De Ambrosis et Emilio Cigoli dans Les enfants nous regardent de Vittorio De Sica.

18 avril 2016

Mademoiselle Vendredi (1941) de Vittorio De Sica

Titre original : « Teresa Venerdì »

Mademoiselle VendrediCriblé de dettes, un jeune pédiatre, charmant mais incompétent, accepte à contre-coeur le poste d’inspecteur sanitaire dans un orphelinat de jeunes filles… Mademoiselle Vendredi a été tourné par Vittorio De Sica juste après Madeleine, zéro de conduite. Il y tient encore le rôle principal. Nous sommes à nouveau dans un pensionnat de jeunes filles où un beau jeune homme se retrouve parachuté. Le scénario est ici moins original, extrêmement prévisible (ça finit par un mariage… ah zut, je ne voulais pas le dire). Le ton est léger, dans un style assez typique de la période mussolinienne. On pourra remarquer comment on s’y moque des gens qui ont de l’argent, que ce soient les créanciers tête à claques ou un couple de commerçants prospères béats devant leur fille qui se prend pour une grande poétesse. Plaisant mais assez anodin.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Vittorio De Sica, Adriana Benetti, Anna Magnani
Voir la fiche du film et la filmographie de Vittorio De Sica sur le site IMDB.

Voir les autres films de Vittorio De Sica chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Vittorio De Sica

Mademoiselle Vendredi
Adriana Benetti et Vittorio De Sica dans Mademoiselle Vendredi de Vittorio De Sica.

17 avril 2016

La Ville abandonnée (1948) de William A. Wellman

Titre original : « Yellow Sky »
Autre titre français : « Nevada »

La Ville abandonnéePoursuivi par une escouade de cavalerie après avoir dévalisé une banque, un petit groupe de hors-la-loi se réfugient dans un désert de sel et tentent de le traverser. A bout de forces, ils arrivent à une ville abandonnée de tous ses habitants sauf une jeune femme et son grand-père… Yellow Sky est adapté d’une histoire écrite par le grand scénariste W.R. Burnett qui dit s’être très librement inspiré de La Tempête de William Shakespeare. C’est un western assez âpre où Wellman semble avoir privilégié plus l’esthétisme et l’atmosphère que la psychologie des personnages. La tension est forte et constante, culminant lors de certaines scènes sans jamais retomber vraiment. Face au chef de bande Gregory Peck, Richard Widmark, ici dans l’un des tous premiers rôles, fait une belle prestation, rendant son personnage particulièrement inquiétant. La photographie, signée Joseph MacDonald, est assez belle avec de trouvailles remarquées comme ce plan en vue subjective montrant Gregory Peck de l’intérieur du fusil tenu par Anne Baxter. Yellow Sky est un beau et puissant western.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gregory Peck, Anne Baxter, Richard Widmark, John Russell, Harry Morgan
Voir la fiche du film et la filmographie de William A. Wellman sur le site IMDB.

Voir les autres films de William A. Wellman chroniqués sur ce blog…

Lire la critique du site DVDClassiks

Remake :
The Jackals (1967) de Robert D. Webb avec Vincent Price.

Yellow Sky
Anne Baxter et Gregory Peck dans La Ville abandonnée de William A. Wellman.

Yellow Sky
Richard Widmark (au centre) dans La Ville abandonnée de William A. Wellman.

16 avril 2016

Le Procès Paradine (1947) de Alfred Hitchcock

Titre original : « The Paradine Case »

Le Procès ParadineUn brillant avocat londonien accepte de défendre Maddalena Paradine, une femme en vue de la haute société qui est accusée d’avoir empoisonné son mari, un ex-officier militaire aveugle… Le Procès Paradine est assez généralement considéré comme l’un des films les moins notables de la filmographie d’Alfred Hitchcock. A juste titre. Le défaut le plus criant du film est dans son casting. Penser que le très américain Gregory Peck puisse être crédible une seule seconde en avocat britannique paraît assez surréaliste. Hitchcock a toujours imputé ce défaut et tous les autres au producteur David O. Selznick qui, il est vrai, avait l’habitude de s’impliquer dans le tournage des films qui lui tenaient à coeur : il a choisi certains acteurs, réécrit de nombreuses scènes arguant que Ben Hecht n’avait pas terminé sa tâche, ordonné de retourner de nombreuses scènes, supervisé le montage et l’insertion de la musique. Même si Le Procès Paradine n’est pas un grand Hitchcock, il comporte néanmoins de belles scènes, à commencer par la toute première du film où la caméra « enveloppe » Maddalena Paradine (cette belle et très juste formule est de Patrick Brion…), et aussi les scènes de procès filmées par trois ou quatre caméras, dont une placée très haut pour des plongées vertigineuses. La scène la plus étonnante, et la plus difficile à réaliser techniquement, est celle de l’arrivée de Louis Jourdan : par un habile mouvement tournant, on le voit passer derrière le box de l’accusée qui est au premier plan, n’osant se retourner pour le regarder.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gregory Peck, Ann Todd, Charles Laughton, Charles Coburn, Ethel Barrymore, Louis Jourdan, Alida Valli
Voir la fiche du film et la filmographie de Alfred Hitchcock sur le site IMDB.

Voir les autres films de Alfred Hitchcock chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Alfred Hitchcock

Remarques :
* Caméo : Alfred Hitchcock est bien visible à l’arrivée du train dans le Cumberland. On le voit juste derrière Gregory Peck, portant une contrebasse.
* Selznick a acheté les droits du roman de Robert Smythe Hichens en 1933 avant même qu’il ne paraisse en librairie.
* Les scènes montrant la campagne du Cumberland ont réellement été tournées dans le Cumberland (qui, rappelons-le, est la très belle région au nord-ouest de l’Angleterre située juste sous l’Ecosse).
* Le conducteur de la petite calèche dans le Cumberland est interprété par Snub Pollard, acteur comique de l’époque du muet qui a joué avec Harold Lloyd. L’acteur a beaucoup tourné de petits rôles par la suite : IMDB le crédite de 584 films !

Le Procès Paradine
Gregory Peck et Ann Todd dans Le Procès Paradine de Alfred Hitchcock.

14 avril 2016

International House (1933) de A. Edward Sutherland

International HouseA l’hôtel International House de la ville chinoise de Wu-Hu, des représentants des grandes puissances arrivent pour tenter d’acquérir l’invention du Professeur Wong : un procédé pour transmettre les images par la voie des airs… L’histoire de cette comédie loufoque et débridée n’est qu’un prétexte pour avoir des personnages très différents. Nous sommes là dans un genre proche des Marx Brothers avec des jeux de mots qui fusent et situations totalement farfelues. Face à un W.C. Fields en pleine forme (il n’apparaît qu’assez tardivement), le premier rôle féminin est tenu par Peggy Hopkins Joyce, une ex-danseuse des Ziegfeld Follies qui faisait alors régulièrement la une des journaux pour ses mariages à répétition avec des millionnaires. Elle joue son propre rôle, jouant avec son image scandaleuse et avec sa mauvaise réputation. On trouve aussi George Burns et Gracie Allen, un duo comique, ici franchement hilarant en docteur affublée d’une assistante un peu dérangée. On remarquera aussi la présence de Bela Lugosi, en agent russe et ex-mari jaloux, l’un de ses rares rôles comiques. Les démonstrations de l’invention du professeur (en fait, c’est ni plus ni moins qu’un mode primitif de télévision) sont l’occasion de petites scènes avec des vedettes de radio de l’époque mais aussi avec le crooner Rudy Vallee ou encore un morceau débridé de Cab Calloway.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Peggy Hopkins Joyce, W.C. Fields, Rudy Vallee, Stuart Erwin, George Burns, Gracie Allen, Bela Lugosi, Franklin Pangborn
Voir la fiche du film et la filmographie de A. Edward Sutherland sur le site IMDB.

Voir les autres films de A. Edward Sutherland chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Dans une scène, Peggy Hopkins Joyce se demande sur quoi elle est assise et W.C.Fields, découvrant qu’il s’agit d’un chat, s’exclame « Oh, it’s just a pussy ». Cette réplique aurait particulièrement irrité le Hays Office dont le code de censure se généralisera l’année suivante. Il faut avouer qu’ils avaient d’autres raisons d’être scandalisés par ce film qui est, de toute évidence, à classer parmi les films « pre-Code ». A noter que la chanson de Cab Calloway « Reefer Man » a été souvent censurée lors des diffusions par les télévisions américaines car il y est fortement question de drogue.

* Peggy Hopkins Joyce a fait l’objet d’un livre : Gold Digger: The Outrageous Life of Peggy Hopkins Joyce de Constance Rosenblum (Metropolitan Books/Henry Holt & Company, 2000). Elle a collectionné les maris millionnaires et les diamants. Chaplin, qui a été l’un de ses amants, se serait inspiré de ses récits pour certaines scènes de A Woman of Paris.

International House
Edmund Breese, Peggy Hopkins Joyce et W.C. Fields dans International House d’Edward Sutherland.