4 juillet 2016

Guêpier pour trois abeilles (1967) de Joseph L. Mankiewicz

Titre original : « The Honey Pot »

Guêpier pour trois abeillesHomme cultivé et amateur de théâtre, Cecil Fox engage dans son palais vénitien un acteur américain pour l’aider à se livrer à une farce semblable à celle de la pièce Volpone de Ben Jonson : prétendant qu’il est sur le point de mourir, il invite trois femmes qui l’ont aimé en leur laissant croire qu’elles vont hériter de sa fortune… Après l’épisode difficile Cléopâtre, Joseph L. Mankiewicz n’a plus le même enthousiasme pour tourner et c’est en dehors des studios hollywoodiens qu’il finit par mettre en scène en Italie cette version modernisée de Volpone. Il transforme cette farce moralisatrice en intrigue à tiroirs, sur le thème de la cupidité et surtout de la tromperie et de la manipulation. Il est indéniable que Mankiewicz a soigné ses dialogues, souvent assez littéraires, mais le film est trop long, paraissant ressasser les mêmes scènes. Certes The Honey Pot ne manque pas de charme, l’interprétation de Rex Harrison en est un, mais il nous laisse sur un sentiment mitigé. Le réalisateur reprendra avec plus de bonheur le thème de la tromperie dans ses deux films suivants (et ultimes) : Le Reptile et le magnifique Le Limier.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Rex Harrison, Susan Hayward, Cliff Robertson, Maggie Smith, Adolfo Celi
Voir la fiche du film et la filmographie de Joseph L. Mankiewicz sur le site IMDB.

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Voir les livres sur Joseph L. Mankiewicz

Remarques :
* Volpone ou Le Renard est une comédie du dramaturge anglais Ben Jonson, représentée pour la première fois à Londres en 1606.

* Autre adaptation de la pièce de Ben Jonson :
Volpone ou l’amour de l’or de Maurice Tourneur avec Louis Jouvet et Harry Baur

The honey pot
Rex Harrison dans Guêpier pour trois abeilles de Joseph L. Mankiewicz.

The honey pot
Cliff Robertson et Maggie Smith dans Guêpier pour trois abeilles de Joseph L. Mankiewicz.

3 juillet 2016

Cría cuervos (1976) de Carlos Saura

Cría cuervosDans une vaste demeure madrilène, une petite fille Ana entend son père décéder dans la pièce voisine. Une femme en sort précipitamment. Bizarrement, la fillette entre dans la pièce, regarde son père et prend un verre de lait qu’elle va laver dans la cuisine… Ecrit et réalisé par Carlos Saura dans la dernière année de dictature franquiste, Cria Cuervos est une admirable réflexion sur le deuil, sur le monde de l’enfance, sur les souvenirs qui ne veulent s’effacer. Le récit débute de façon un peu mystérieuse pour dévoiler ensuite peu à peu l’univers de cette fillette seule avec ses deux soeurs : profondément marquée par la mort (ou plutôt par l’absence), elle parvient à se bâtir un monde à part où le rêve se mêle à la réalité, malgré la totale incompréhension du monde des adultes. Mais, comme on le sait, tous les films de Carlos Saura sont également une métaphore politique de son pays sous la chape de plomb du franquisme. Cette grande demeure coupée de l’extérieur représente ainsi l’Espagne, le père (et les hommes en général) le franquisme finissant, la mère est la république réduite au silence, la grand-mère la vie d’avant la dictature, la tante la bourgeoisie qui s’accommode des militaires. Les trois fillettes symbolisent l’avenir de l’Espagne et, en ce sens, le film de Saura est profondément optimiste. Âgée de neuf ans, Ana Torrent est assez inoubliable avec ses grands yeux noirs. Une fois de plus, Carlos Saura signe un film très fort avec sa façon assez unique de mêler inextricablement rêve, réalité, fantasmes et souvenirs.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Geraldine Chaplin, Ana Torrent, Mónica Randall, Florinda Chico
Voir la fiche du film et la filmographie de Carlos Saura sur le site IMDB.

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Remarques :
* Le titre vient d’un proverbe espagnol « Cría cuervos y te sacarán los ojos » qui signifie « Nourrissez des corbeaux et ils vous arracheront les yeux », maxime volontiers utilisée par les adultes pour se plaindre de l’ingratitude des enfants qui est donc détournée ici pour prendre un sens politique et prophétiser que la jeune génération balaiera le franquisme.

* La chanson Porque te vas (Parce que tu pars) a connu un succès international la même année, notamment en France où ce fut le tube de l’été 1976. Les paroles de cette chanson sont sur le thème de l’absence de l’être aimé et du souvenir qu’il laisse.

* Franco est mort à peine deux mois avant la sortie du film (donc après le tournage).

* Carlos Saura avait découvert la jeune Ana Torrent dans le beau film de Victor Erice L’esprit de la ruche (1973).

Cria Cuervos
Géraldine Chaplin et Ana Torrent dans Cría cuervos de Carlos Saura.

2 juillet 2016

Les Douze Salopards (1967) de Robert Aldrich

Titre original : « The Dirty Dozen »

Les douze salopardsPendant la Seconde Guerre mondiale, peu avant le Débarquement de Normandie, un major un peu rebelle se voit confier une mission très particulière : prendre douze criminels condamnés à des peines très lourdes et les entrainer en vue d’une mission suicide en échange d’une amnistie. Il s’agit d’aller attaquer un château en Bretagne où se réunissent de nombreux généraux allemands et d’en tuer le plus possible… Les Douze Salopards est adapté d’un roman d’E.M. Nathanson paru en 1965. Aucun élément ne permet d’avancer qu’une telle mission ait pu exister même si l’on pense plus ou moins certain que les armées ont utilisé des délinquants militaires pour des missions suicide. Le propos de Robert Aldrich est de montrer le vrai visage de la guerre, que la guerre ne peut être propre. Les Douze Salopards est donc un film profondément antimilitariste (rappelons que le film a été tourné en pleine période de la guerre du Vietnam), ce qui ne l’a pas empêché Aldrich d’être accusé d’avoir fait un film fasciste et hyper-violent. Assez paradoxalement, c’est la conséquence de la réalisation très efficace d’Aldrich : le film peut effectivement être perçu au premier degré, c’est à dire comme un film de guerre classique, malgré le cynisme du commandement, malgré les scènes censées provoquer le rejet, malgré la cruauté affichée. Il paraît même certain que ce fut le plus souvent le cas. Sur la forme, Aldrich prend son temps, décrivant assez longuement tout le processus de conditionnement mais il est servi par un remarquable plateau d’acteurs, d’où se détachent nettement Lee Marvin, John Cassavetes, Charles Bronson et Donald Sutherland. Le film connut un très grand succès.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Lee Marvin, Ernest Borgnine, Charles Bronson, Jim Brown, John Cassavetes, Richard Jaeckel, George Kennedy, Ralph Meeker, Robert Ryan, Telly Savalas, Donald Sutherland
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Aldrich sur le site IMDB.

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Remarques :
* The Dirty Dozen parait assez proche de The Secret Invasion de Roger Corman (1964).
* The Dirty Dozen a connu trois suites sous forme de téléfilms.
* Un remake serait en cours.

The Dirty Dozen
Lee Marvin dans Les douze salopards de Robert Aldrich.

1 juillet 2016

La Planète des singes: L’affrontement (2014) de Matt Reeves

Titre original : « Dawn of the Planet of the Apes »

La Planète des singes: L'affrontementDix ans après qu’un virus foudroyant ait exterminé la race humaine, des singes évolués vivent en Californie juste au nord de l’ancienne San Francisco. Un jour, ils se retrouvent nez à nez avec un petit groupe d’humains et découvrent ainsi l’existence d’une colonie humaine à l’emplacement de l’ancienne ville. Pour la plupart, les singes n’ont pas oublié les sévices subis et les expériences menées par les humains mais ils obéissent à leur libérateur, le sage César… La Planète des singes: L’affrontement fait directement suite à La planète des singes: Les origines (2011). Nous sommes donc toujours bien avant le récit original de La Planète de singes imaginé par Pierre Boulle et porté à l’écran par Franklin J. Schaffner en 1968 (1). Comme le titre français le dévoile sans subtilité, l’histoire se résume à un affrontement entre les singes et les humains. Les personnages sont typés de façon très classique avec dans chaque camp des gentils et des méchants, il y a ceux qui réfléchissent avant d’agir et des têtes-brûlées va-t-en-guerre. Le fond du propos repose sur de grandes valeurs humanistes : la compassion, le respect de l’autre même s’il est différent, la transmission des valeurs nobles. Certes, le scénario n’est guère inventif mais la qualité de la réalisation rend le film assez plaisant avec notamment une belle utilisation de la motion-capture (les singes principaux sont joués par des humains bardés de capteurs qui ont été ensuite « habillés » par ordinateur). La fin laisse ouverte la possibilité d’une suite qui est prévue pour 2017.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Andy Serkis, Jason Clarke, Gary Oldman, Keri Russell
Voir la fiche du film et la filmographie de Matt Reeves sur le site IMDB.

(1) Le récit se déroule dans un futur proche, 2030 environ. Celui du film original de Schaffner se déroule en 3978 (la fusée était partie de Cap Canaveral en 1972 et ils avaient voyagé 2000 ans à une vitesse proche de la lumière ce qui donnait pour l’équipage 18 mois de temps relatif).

Dawn of the Planet of the apes
Jason Clarke et Andy Serkis (sur le cheval) dans La Planète des singes: L’affrontement de Matt Reeves.

Tous les films :
A) Cinq films de 1968 à 1973 :
La Planète des singes (Planet of the Apes) (1968) de Franklin J. Schaffner
Le Secret de la planète des singes (Beneath the Planet of the Apes) (1970) de Ted Post
Les Évadés de la planète des singes (Escape From the Planet of the Apes) (1971) de Don Taylor
La Conquête de la planète des singes (Conquest of the Planet of the Apes) (1972) de J. Lee Thompson
La Bataille de la planète des singes (Battle for the Planet of the Apes) (1973) de J. Lee Thompson.

B) Nouvelle adaptation du roman :
La Planète des singes (Planet of the Apes) (2001) de Tim Burton.

C) Série « Reboot » :
La Planète des singes : Les Origines (Rise of the Planet of the Apes) (2011) de Rupert Wyatt
La Planète des singes : L’Affrontement (Dawn of the Planet of the Apes) (2014) de Matt Reeves
La Planète des singes : La Suprématie (War for the Planet of the Apes) (2017) de Matt Reeves.
La Planète des singes : Le Nouveau Royaume (Kingdom of the Planet of Apes) (2024) de Wes Ball

30 juin 2016

Sommaire de juin 2016

Le ConformisteL'AméricainC'étaient des hommesLes Gardiens de la galaxieMusique pour madameBlanches colombes et vilains messieursL'Homme de la loiLe Retour de Martin Guerre

Le Conformiste

(1970) de Bernardo Bertolucci

L’Américain

(1969) de Marcel Bozzuffi

C’étaient des hommes

(1950) de Fred Zinnemann

Les Gardiens de la galaxie

(2014) de James Gunn

Musique pour madame

(1937) de John G. Blystone

Blanches colombes et vilains messieurs

(1955) de Joseph L. Mankiewicz

L’Homme de la loi

(1971) de Michael Winner

Le Retour de Martin Guerre

(1982) de Daniel Vigne

Le Droit d'aimerTerre de voluptéIntriguesLa Chair et le diableLa TentatriceQue viva Eisenstein!Tel père, tel filsLa Courtisane

Le Droit d’aimer

(1929) de John S. Robertson

Terre de volupté

(1929) de Sidney Franklin

Intrigues

(1928) de Clarence Brown

La Chair et le diable

(1926) de Clarence Brown

La Tentatrice

(1926) de Fred Niblo et Mauritz Stiller

Que viva Eisenstein!

(2015) de Peter Greenaway

Tel père, tel fils

(2013) de Hirokazu Koreeda

La Courtisane

(1931) de Robert Z. Leonard

Marie WalewskaLes Liaisons dangereusesLa Course au mariLe Voile des illusionsSerpicoLe Bienfaiteur

Marie Walewska

(1937) de Clarence Brown

Les Liaisons dangereuses

(1988) de Stephen Frears

La Course au mari

(1948) de Don Hartman

Le Voile des illusions

(1934) de Richard Boleslawski

Serpico

(1973) de Sidney Lumet

Le Bienfaiteur

(1942) de Henri Decoin

Nombre de billets : 22

28 juin 2016

Le Conformiste (1970) de Bernardo Bertolucci

Titre original : « Il conformista »

Le ConformisteEn 1937, l’italien Marcello Clerici est envoyé en mission à Paris par les services secrets de Mussolini. Il doit obtenir des renseignements sur son ancien professeur de philosophie, devenu leader antifasciste et exilé en France, afin de préparer son assassinat… Le Conformiste est adapté du roman homonyme d’Alberto Moravia. Il nous retrace le parcours d’un homme devenu agent mussolinien, non par conviction mais par un mécanisme de défense psychologique : un épisode de son enfance lui a laissé un profond traumatisme qui le pousse à rechercher la normalité, à se fondre dans la masse. Or, dans l’Italie de l’avant-guerre, le conformisme, c’est d’être un fasciste. Toujours dans cette recherche de normalité, il s’est trouvé une fiancée jolie, bourgeoise et un peu idiote ; il va en revanche être désarçonné par une jeune femme très libérée, l’énigmatique compagne de son ancien professeur. Mais le refoulement sexuel et intellectuel laissé par son traumatisme le pousse à détruire tout ce qui l’attire. Dans sa forme, le film de Bertolucci est très beau. La construction est complexe tout en restant limpide, la photographie est superbe avec des rendus d’images différents selon les périodes du récit. L’image vient souvent renforcer ce sentiment de décadence, comme dans ces plans au grand angle d’intérieurs gigantesques. Production germano-italienne, le film a pourtant une distribution franco-italienne. Trintignant est superbe dans son personnage froid et antipathique auquel il donne une profondeur inouïe. Dominique Sanda est très belle, d’un grande présence à l’écran (on a presque l’impression que Bertolucci s’est laissé envoûter par son actrice tant certaines scènes la mettant en valeur paraissent appuyées). La musique de Georges Delerue apporte une dimension supplémentaire. Le Conformiste est un très beau film, d’une ambiance forte et au propos qui évite toute simplification ou manichéisme.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jean-Louis Trintignant, Stefania Sandrelli, Gastone Moschin, Enzo Tarascio, Dominique Sanda, Pierre Clémenti
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Remarques :
* Le directeur de la photographie, Vittorio Storaro, est l’un des plus grands, trois fois oscarisé (pour Apocalypse Now, Reds et Le Dernier Empereur). Il faut citer également Le Dernier tango à Paris, La Stratégie de l’araignée, 1900, Tucker, Dick Tracy, … Le Conformiste est l’un de ses premiers films.

* Les néons du générique et la musique de Georges Delerue peuvent être vus comme un hommage à Jean-Luc Godard (Le Mépris), réalisateur que Bertolucci admire. Il y a un autre clin d’oeil, plus difficile à détecter : le numéro de téléphone que Trintignant demande à l’opératrice pour avoir son ancien professeur est celui de Jean-Luc Godard !

Le Conformiste
Jean-Louis Trintignant, Stefania Sandrelli, Enzo Tarascio et Dominique Sanda dans Le Conformiste de Bernardo Bertolucci.

le Conformiste
Dominique Sanda et Stefania Sandrelli dansent une variante sensuelle de tango dans Le Conformiste de Bernardo Bertolucci.

26 juin 2016

L’Américain (1969) de Marcel Bozzuffi

L'américainAprès onze ans passés aux Etats-Unis, Bruno revient dans sa ville natale Rouen et retrouve ses amis qui ont changé… L’Américain est l’unique réalisation de l’acteur Marcel Bozzuffi. Il a écrit lui-même le scénario de cette chronique au ton très juste sur le temps qui passe. Il se dégage une certaine mélancolie, voire nostalgie d’une période pleine d’insouciance et d’amitiés fortes. Les amis se sont séparés, certains partant à la guerre (d’Algérie), d’autres suivant leur chemin propre. Ces chemins sont très différents les uns des autres. Peut-on rester en symbiose avec les mêmes personnes avec le temps qui passe ? Ah, voilà une bonne question que l’on a tous été amené à se poser à un moment ou à un autre… L’américain peut également être vu comme un portrait de la France des années soixante marquée par la monotonie des vies et le manque d’opportunités, sur fond de déchirement dû à la guerre d’Algérie. Outre sa femme Françoise Fabian, Marcel Bozzuffi a réuni un beau plateau d’acteurs. Jean-Louis Trintignant marque le film par sa présence et lui donne toute son assise. L’Américain est un film très personnel, franchement atypique à son époque, que ce soit par son sujet, son rythme assez lent, ou le simple fait d’être réalisé par un acteur. Il mérite vraiment d’être découvert.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Louis Trintignant, Bernard Fresson, Marcel Bozzuffi, Simone Signoret, Rufus, Françoise Fabian, Jean Bouise
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Remarque :
* On pourra remarquer une petite apparition de José Artur (il est l’un des joueurs de poker).

L'américain
Jean-Louis Trintignant et Françoise Fabian dans L’Américain de Marcel Bozzuffi.

25 juin 2016

C’étaient des hommes (1950) de Fred Zinnemann

Titre original : « The Men »

C'étaient des hommesBlessé de guerre et paralysé des jambes, Wilcheck est soigné dans un hôpital pour soldats paraplégiques. Il refuse de voir sa fiancée de peur de lire la pitié dans ses yeux mais celle-ci s’obstine et sollicite l’aide du docteur… Produit par Stanley Kramer et réalisé par Fred Zinneman (futur réalisateur de Le Train sifflera trois fois et Tant qu’il y aura des hommes), The Men est un film peu connu qui cherche à mettre en valeur un autre type de bravoure que celui du combat, celui qui est nécessaire pour rebâtir sa vie en fauteuil roulant. Assez inévitablement, le film est alourdi par un excès de sentimentalisme sans que cela oblitère toutefois le propos. The Men est le premier film de Marlon Brando. Adepte de la fameuse Méthode de l’Actors Studio, l’acteur est allé vivre plusieurs semaines dans un véritable hôpital pour soldats paraplégiques pour mieux s’imprégner de son personnage. Son interprétation est effectivement assez puissante, elle transfigure le film qui aurait été certainement anodin sans lui. Marlon Brando, qui avait déjà triomphé avec son interprétation à Broadway d’Un tramway nommé désir (qui sera son deuxième film), fit ainsi une entrée remarquée dans le monde du cinéma.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marlon Brando, Teresa Wright, Everett Sloane, Jack Webb
Voir la fiche du film et la filmographie de Fred Zinnemann sur le site IMDB.

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Remarques :
* En plus de son long séjour en hôpital, Brando resta sur un fauteuil roulant tout le temps que dura le tournage.
* De nombreux (49) soldats paraplégiques apparaissant dans le film sont ceux avec qui il séjourna durant plusieurs semaines. L’équipe de basket et de water-polo est une authentique équipe.

The Men
Marlon Brando et Teresa Wright dans C’étaient des hommes de Fred Zinnemann.

24 juin 2016

Les Gardiens de la galaxie (2014) de James Gunn

Titre original : « Guardians of the Galaxy »

Les gardiens de la galaxiePour avoir réussi à dénicher un mystérieux globe sur une planète abandonnée, l’aventurier Peter Quill alias Star-Lord se retrouve pourchassé par le puissant Ronan, dont les désirs de destruction menacent l’univers tout entier. Quill parvient à s’allier avec quatre aliens disparates : la belle et énigmatique Gamora, Rocket, un raton laveur malin et fin tireur, Groot, un humanoïde semblable à un arbre et Drax le Destructeur qui ne rêve que de vengeance… Les Gardiens de la galaxie est adapté du Marvel Comics du même nom. Pour une fois, ce n’est pas un super-héros qui est au centre de l’histoire mais une petite équipe de personnages aussi loufoques qu’improbables. Le raton laveur est particulièrement réussi avec son humour permanent et une voix qui imite Joe Pesci dans Les Affranchis (sans les gros mots, bien entendu). L’histoire en elle-même est assez simple mais riche en rebondissements. L’ensemble est enlevé, d’un rythme si soutenu que beaucoup de personnages secondaires sont assez peu exploités, ce qui laisse avec une vague impression de scénario un peu bâclé. Production Walt Disney, Les Gardiens de la galaxie est un film très divertissant, qui exhale la bonne humeur.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Chris Pratt, Zoe Saldana, Dave Bautista, Bradley Cooper, Lee Pace, Michael Rooker, Glenn Close, Benicio Del Toro
Voir la fiche du film et la filmographie de James Gunn sur le site IMDB.

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Remarques :
* Caméo : Stan Lee, créateur des super-héros de Marvel Comics, fait son traditionnel caméo en la personne d’un homme qui parle à une jeune femme bien plus jeune, il est remarqué par Rocket se moque de lui en demandant où est sa femme.
* La suite est prévue pour 2017.

Les Gardiens de la galaxie
L’équipe de choc des Gardiens de la galaxie de James Gunn : Zoe Saldana, raton de synthèse (voix = Bradley Cooper), Chris Pratt, arbre de synthèse (voix = Vin Diesel) et Dave Bautista.

23 juin 2016

Musique pour madame (1937) de John G. Blystone

Titre original : « Music for Madame »

Musique pour madameVenu tenter sa chance à Hollywood, un jeune ténor italien est repéré par des truands qui l’utilisent pour faire diversion dans une réception où ils volent un collier d’une grande valeur. Le ténor est recherché activement par la police comme principal suspect… Music for Madame est produit par Jesse L. Lasky, l’un des grands pionniers d’Hollywood. Il s’agit de sa première production pour la RKO. Le scénario est paresseux, l’histoire n’est guère développée, assez décevante même. Le plus remarquable dans ce film est la présence du ténor Nino Martini que Lasky avait découvert à Paris et encouragé, au moment des débuts du parlant, à venir faire carrière à Hollywood. Le ténor, qui s’est souvent produit au Metropolitan Opera de New York, n’est en fait apparu notablement que dans trois ou quatre films et Music for Madame est l’un d’eux. Le scénario a ménagé plusieurs opportunités de le voir (et entendre) chanter ; sa prestation sur ce point est remarquable. Joan Fontaine, âgée de 19 ans, est ici dans l’un de ses premiers films, 1937 sera pour elle l’année du lancement réel de sa carrière ; ce n’est pas en tous cas grâce à Music for Madame car le film n’eut aucun succès.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Nino Martini, Joan Fontaine, Alan Mowbray, Billy Gilbert, Alan Hale, Grant Mitchell
Voir la fiche du film et la filmographie de John G. Blystone sur le site IMDB.

Voir les autres films de John G. Blystone chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* On remarquera le clin d’oeil appuyé à It Happened one Night de Capra dans la scène de l’auto-stop.
* John G. Blystone n’est pas un débutant non plus puisqu’il a débuté sa carrière dans les années dix et doit sa réputation à une coréalisation avec Buster Keaton (Les Lois de l’hospitalité) et deux films de Laurel et Hardy, postérieurs à ce film et qui termineront sa carrière.

Music for Madame
Joan Fontaine et Nino Martini dans Musique pour madame de John G. Blystone.

Music for Madame
Nino Martini sur le tournage de Musique pour madame de John G. Blystone.